mardi 15 février 2011

Huitième livre du défi

The joy of sex dr. Alex Comfort, (1972). édition de 2008, Crown Publishers, New-York, 288 pages

"The joy of sex" est un classique déjà lu dans ma jeunesse. Je l'avais prêté à un amant malhabile qui en avait bien besoin et qui ne me l'avait jamais rendu. Dans les photos de l'époque, il y avait des couples de toutes les couleurs et des toisons pubiennes fournies. Les photos et dessins de la nouvelle édition présentent le même couple aux corps superbes, jeunes et souriants, blancs, qui illustrent avec classe la sexualité humaine. Très joli à regarder. Mais j'avoue que je préférais la variété des corps et des styles de l'ancienne édition. Ça coûte moins cher de n'avoir qu'un seul couple au lieu de plusieurs, évidemment. On coupe partout, misère! Le titre est adéquat, c'est bien de joie, de plaisir sain, de tendresse aussi dont on parle et qu'on décrit. Un beau livre, vraiment.

Est-ce que je recommande? Bien sûr, évidemment, c'est un classique que vous devriez avoir dans votre bibliothèque ou à tout le moins emprunter à la bibliothèque comme j'ai fait!

lundi 14 février 2011

La Saint-Valentin

J'aime cette fête. Plus c'est kitch et plus j'aime. J'ai décoré avec des coeurs, on mangera des pâtes rouges (teintées à la betterave) en forme de coeur et comme dessert, devinez... un gâteau rouge en coeur à la framboise. Bien sûr, il y a sur la table une belle nappe du dollarama avec des.... ? coeurs! oui, bravo, vous l'avez. Et je me sens heureuse et ludique et j'ai hâte de voir la réaction de ma belle Seize ans, ça et l'annonce que nous partons dans quelques jours en Floride (je viens à l'instant d'acheter les billets) devraient rendre cette St-Valentin enneigée mémorable.

Septième livre du défi

La méthode Dukan, dr. Pierre Dukan, Flammarion Québec pour l'édition canadienne, 2011, 353 pages.

Il n'y a personne de plus illogique qu'une femme qui veut maigrir. Après avoir lu une critique négative de la méthode par la diététicienne Hélène Baribeau du site Passeport santé, je n'ai retenu qu'un seul élément de conclusion de sa critique, soit "En conclusion, je n'ai aucun doute sur l'efficacité du régime Dukan (...)", s'ensuivait une mise en garde sévère sur la durée de cette efficacité (poids repris rapidement, effet yoyo etc) et sur les carences possibles associées à un tel régime. Moi, je me suis arrêtée à la promesse de l'efficacité et j'ai couru acheter le bouquin!

C'est comme un régime protéiné, alors ça marche tout à fait. Très restrictif, viande et pas toutes, oeufs, laitages archi maigres et c'est tout! Pas trop compliqué à suivre et en plus, à cause des corps cétoniques, on n'a pas faim. Après quatre jours, j'avais perdu cinq livres. Et puis le cinquième qui devait être le dernier avant la deuxième partie du régime (protéines+légumes et protéines pures en alternance), j'ai mangé un fruit, une salade avec une cuillerée d'huile d'olive (péché mortel, les huiles sont totalement interdites, sauf... l'huile minérale! Ouache!). Bon, j'ai repris une livre. Et puis, ensuite, les légumes réintroduits, j'ai fini de maigrir, tout en ayant des repas drabes. Les journées sans aucun fruit ni légume (un jour sur deux), je culpabilisais, moi qui ai bien appris ma leçon des légumes anti-cancer indispensables à une bonne santé. Ce qui fait que le régime, je l'ai lâché. Dommage un peu, ça marchait. Mais lisez-la donc la critique de madame Baribeau, éclairée et de gros bon sens. Alors, j'ai un beau livre neuf que je vais aller revendre à l'Échange. Next!

Est-ce que je recommande? Non, non et non.

samedi 12 février 2011

Sixième livre du défi

Le thaumaturge et le comédien, de Paul Laurendeau, Les écrits francs s.a., 2008, Montréal, 360 pages

C'est l'histoire d'une femme violemment battue par un homme. Il est thaumaturge, c'est donc un faiseur de miracles. Cet homme violent peut aussi faire preuve d'une grande douceur et il a réussi par ses pouvoirs à guérir le jeune fils mourant de cette femme qu'il se mettra à battre après la guérison. Celle-ci est mariée à un roi qui est révulsé par sa présence. Noble donc cette femme, cette Dulciane éprise de sa suivante, Rosèle aux cheveux noirs. C'est Rosèle qui raconte et elle raconte bien. Époque, châteaux, courses éperdues, secrets, révolution, tendresse, papiers secrets. Femme diminuée, estropiée, aveuglée. Dix ans passent. Roturiers contre noblesse. Les roturiers gagnent, Dulciane meurt.

Partie deux, temps futurs. Réalisatrice de cinéma. Choix des comédiens. Celui qui jouera le rôle du thaumaturge est particulier.... unique. Mais je ne vais pas vous révéler les secrets de cette histoire, de ce temps futur où la jalousie et la culpabilité ont disparu de la terre, où les roturiers qui sont au pouvoir mangent avec des canifs, où la pire des calamités serait d'avoir du Sang bleu.

Alors, récit prenant, plein d'imagination, atmosphère à la fois crédible et fantaisiste. Beaucoup de pudeur. Délicatesse. Un peu trop de "conne" et "con" et "connard" à mon goût mais ce sont des mots qui m'ont toujours déplu. Je suis entrée facilement dans l'histoire et serais restée plus longtemps encore dans la première partie. Je dois préférer les temps anciens aux modernes! En gros, une oeuvre intéressante et originale. J'ai aimé.

Est-ce que je recommande? Oui!

Drames

Dès que je suis rassurée, un nouveau drame survient avec Vingt ans. Cette fois, c'est le père qui menace de quitter le pays avec l'enfant. Elle prend la menace au sérieux et pleure toutes les larmes de son corps. Je ne sais pas quoi penser. Je crois qu'il s'agit d'une menace vide. Il n'a pas d'argent, pas de passeport. Il est fâché, il sait comment l'atteindre. Autre mauvaise nouvelle, ils ont perdu leur garderie. Plus grave celle-là, vu que l'autre je n'y crois pas. La garderie, c'était la stabilité et l'encadrement pour Petit-fils. Respirer. Ne pas prendre ça sur mon dos. J'y arrive mal, je suis tendue comme une barre, j'ai échappé une assiette au dîner et je me suis pris un doigt dans la porte-miroir. Héhé! Mon corps me trahit. Yoga? Je n'en fais plus. Marche rapide? Cinéma? Lecture? Lecture, ce serait bien, j'en ai fait un défi, ne l'oublions pas. Pour l'instant, j'ai choisi ménage et ma maison s'en vient spic & span!

Mon premier réflexe, c'est de trouver des solutions pour ma fille. Mais ma raison a pris le relai et je me suis tue et j'ai bien fait. Elle est arrivée ici en criant, en hurlant même et comme son fils n'était pas là, je lui ai demandé de se calmer. J'en ai marre de ses hurlements. Elle s'est alors mise à crier plus fort que j'étais insensible et sans coeur, s'est emparé du lit d'enfant et s'est mise à le déménager toute seule en me disant de m'enlever du chemin. Ma fille en furie, je connais tellement. Et elle réussit encore à m'atteindre, à chaque fois. De tels excès me bouleversent et m'épuisent. Je dois travailler sur moi. Finalement, on ne la trouvait plus. Elle s'était enfermée dans une des salles de bain et pleurait, prostrée au sol. C'est alors qu'elle a fini par raconter la chicane avec le père du bébé et ses menaces de partir au loin avec le petit.

vendredi 11 février 2011

Assurances

Dossier du remboursement du voyage par les assurances complet, pensais-je. Je suis allée porter les nombreux documents demandés en personne. Bien m'en prit. "Pourriez-vous vérifier les documents maintenant?" demandai-je. Tout était là mais la copie du chèque ne devait pas venir de l'agence de voyage mais bien de la banque, à mes frais évidemment. Une course de plus.

On dirait que je ne peux rien planifier d'autre tant que ce dossier n'est pas clos et réglé. Remboursez-moi et nous passerons au suivant!

Je ne suis pas certaine que ce soit la bonne attitude. Ma vie me semble vide tout d'un coup. Ce voyage remplissait pas mal mes pensées. Je serais partie mardi, dans cinq jours.

Se retourner de bord rapidement, c'est faire preuve de souplesse d'esprit. C'est une faculté à cultiver. Mais voyager pour voyager n'a aucun sens. Petite impasse ici. Bien petite. Un iota. une graine. Une poussière.

Bon, je conseillerais quoi à quelqu'un d'autre? Je lui dirais que le changement a toujours du bon, tout dépend ce qu'on en fait. Tout part de nous. On est responsable de sa vie. Quand tout tourne dans tous les sens, il faut arrêter la roue. Prendre une pause. Faire des listes. Bonne idée les listes. Et cocher. Premier item: la banque. J'y cours.

jeudi 10 février 2011

Nouvelle amie

Je m'en suis fait une. Comme ça. Assises l'une à côté de l'autre à une réunion d'information, on s'est mises à jaser et puis à rigoler. Comme des fillettes. Connivence immédiate. Un peu plus et je lui demandais "Veux-tu être mon amie?" On n'a pas eu besoin de le dire. On s'est tout naturellement donné nos numéros de téléphone. Je l'appelle la semaine prochaine. Ça m'a fait penser à la conversation de la soirée précédente avec Seize ans, alors qu'elle me disait la chance qu'elle avait et que nous avions tous dans la famille, d'avoir beaucoup d'amies et de s'en faire facilement. Je fais partie de la gang.

lundi 7 février 2011

S'inquiéter pour rien

Petit-fils va bien. Bien, bien, bien, bien. Il a eu vingt mois. Il ne parle pas beaucoup mais ce n'est pas faute d'essayer. En fait, il parle beaucoup, comme me dit Seize ans, c'est juste qu'on aurait besoin d'un traducteur. Il dit maman et maintenant anmaman (c'est moi ça), encore, et d'autres mots que je ne comprends pas et il chante Frère Jacques avec des paroles inintelligibles mais un air très sûr. Il sera musicien. Ou acrobate. C'est un enfant moteur, court, grimpe, saute. Mange très habilement avec une fourchette (c'est nouveau). Tout est nouveau avec lui d'ailleurs, je ne le vois pas une quinzaine et je suis estomaquée de le retrouver si grandi, si sage, si espiègle. Un petit chou. Très rieur. S'est endormi comme un charme cette fois. Semble sécurisé. La maman, que nous sommes allés cueillir chez elle le lendemain pour le brunch, est patiente et attentive. Peu importe qui répond à ses besoins et à quel rythme, il y a quelqu'un de compétent qui le fait. Je suis rassurée, rassérénée et je retrouve avec plaisir mon rôle de grand-maman gâteau cerise sur le sunday que je n'aurais jamais dû quitter. Ouf!

Pas encore commencé le livre 6. Il est pourtant tentant. Au début, je croyais, à cause de la disposition du texte, que c'était une pièce de théâtre. Non, il s'agit d'un roman, dans un royaume.

La fin de semaine, je lis ... les journaux. C'est un de mes plaisirs auquel je ne veux pas renoncer. Je m'en achète plusieurs que je déguste lentement. Cette fois-ci, avec Petit-fils dans le décor, même pas eu le temps encore! Je lirai mes vieilles nouvelles tranquillement, au retour de chez le dentiste.

vendredi 4 février 2011

Cinquième livre du défi

Raphaël Ader, Regardez dans la fêlure Éditions Léo Scheer, 2010, 146 pages

Vous m'aviez dit d'abandonner les livres qui ne m'intéressaient pas, Daniel Pennac me l'avait dit aussi, mais il aura fallu Christiane Charette pour que j'écoute enfin. J'ai donc laissé en plan le livre qui précède Regardez dans la fêlure et j'ai bien fait. Je me suis dit que vu que j'aimais tant lire les blogues, vu que je me complaisais dans leur simplicité, leur quotidienneté, leur trivialité, leur spontanéité, un livre tiré d'un blogue allait me convenir. J'avais lu avec plaisir la Mère indigne et le chauffeur de taxi aussi quand ils avaient été publiés sur papier. Cette fois, c'est un blogue français qui est édité, celui d'un homme de 36 ans, franchement névrosé, ce qui le rend fort sympathique en partant. Il n'arrive pas à bander avec une femme ou bien s'il bande, il n'arrive pas à jouir et pourtant dans son intimité à lui, il bande à fond. On a droit à sa vie la plus intime, à ses angoisses, ses maux de ventre, sa constipation chronique qui le fait tant souffrir. Parfois, il nous quitte pour aller aux toilettes mais on aura un compte-rendu au retour. Il souffre ouvertement, moralement, sympathiquement. Il est tout sauf ennuyant. Et c'est bien écrit, style blogue, court, percutant, simple, efficace. Il s'analyse constamment, voit un psy, prend des médicaments. Sa famille aimée est dysfonctionnelle, père avec maladie mentale, mère alcoolique, soeur fuckée on ne sait pas trop pourquoi. Peu importe, il les aime malgré sa peur de leur ressembler. Il habite Paris et ne se verrait pas ailleurs.

Est-ce que je recommande? Oui, c'est bien écrit, intéressant même si finalement, il ne se passe rien du tout. "Que raconter quand sa vie est vide,en suspens, quand on attend encore, au seuil de la maturité, qu'elle commence? Tout. La vie elle-même, à bout portant, dans sa misère et sa grandeur irréductible."

La bibliothèque de Christiane Charette (suite et fin)

L'hôtel du lac de Anita Brookner, Belfond, 1988
Les règles du consentement, du même auteur, Fayard, 2004

Toute l'oeuvre de Brookner est à lire. Elle décrit avec élégance et sensibilité des gens sans histoire.

Pour la description d'un amour absolu, infini, total, celui qui occupe chaque parcelle de nos pensées, de notre être: Lettres d'une inconnue de Stephen Zweig. Vienne, le centre du monde. Complexité des émotions. L'auteur s'est suicidé au Brésil.

Sandor, Métamorphoses d'un mariage. L'auteur s'est aussi suicidé.

Annie Ernaud Passion simple. Économie de langage.

Carnets d'une coquette raisonnable, d'Hélène Millerand. Les coquettes se reconnaîtront. Lecture exclusivement féminine. La coquetterie comme un mode de vie. La coquette ne s'ennuie jamais.

La fuite de Rimbaud d'Alain Borer. Rimbaud marchait tout le temps et on lui a amputé une jambe. Il meurt jeune.


Patti Smith complete de Patti Smith.
Patti Smith a 60 ans. Elle ne fait aucune concession. En allant voir qui était la punk Patti, j'ai réalisé que madame Charette l'avait rajeunie de 5 ans. Le temps passe si vite!

Le grand cahier d'Agata Kristof, Seuil, 1986
Une trilogie. Histoire de jumeaux de 10 ans.

Jean Echenoz, Des éclairs, Éditions de Minuit, 2010

Hervé Guibert, À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie, Gallimard, 1990

Yannick Haenel. Jan Karski, Gallimard, 2009

À une question du public "Quel auteur vous a le plus touchée?" elle répond spontanément Gil Courtemanche, avec Je ne veux pas mourir seul, l'histoire autobiographique d'un homme qui se met à nu sans complaisance, un homme malade qui se juge durement, avec courage. Émouvant.

jeudi 3 février 2011

Les petites madames

Je ne sais pas si je me répète. Possible. Je pense que oui en fait. Mon entraîneur, alors qu'il n'était pas encore mon entraîneur, alors que je faisais des téléphones pour en trouver un, m'a répondu quand je lui ai décrit mon âge et ma forme physique "Aucun problème, j'ai beaucoup d'expérience avec les petites madames." Je lui ai alors répondu entre mes dents, TRÈS sérieusement et en me mettant à le tutoyer alors que je le vouvoyais cérémonieusement avant (je suis une vouvoyeuse, vous avez dû le remarquer) "Écoute-moi bien, jeune homme, petite madame, c'est condescendant et inacceptable, ou bien tu changes ton vocabulaire ou bien, non seulement je ne te prends pas pour entraîneur, mais je te fais une réputation de misogyne absolu, et j'ai tout plein d'amies passé la ménopause, entendu?" Ce qui s'ensuivit, un éclat de rire qui ne dérougissait pas, m'a convaincue que le mec avait de la classe, de l'écoute et un furieux sens de l'humour. Il est avec moi depuis neuf mois maintenant et ces qualités se sont révélées absolument délicieuses.

Ma fille bouledogue

Je l'aime cette fille. On a de grosses chicanes. On se déchire. On se percute. On s'affronte. Mais je l'aime cette fille. À travers la colère, la rancune, les cris et les prises de bec, il reste un profond attachement mutuel. Que je sens. Que je sais. Elle me remet en question. Elle me fait évoluer. Elle ne me laisse jamais indifférente. Jamais.

Déception

Finalement, ça me dérange pas mal de ne plus aller en Égypte. Ma consolation, ce serait de visiter ce beau pays devenu démocratique. Je m'interroge de plus en plus sur la pertinence d'aller dans des pays qui ne respectent pas les droits et la liberté de leurs citoyens. Si on les élimine tous cependant, il ne reste plus grand chose à visiter...

mercredi 2 février 2011

Christiane Charette

Christiane Charette était à la Grande Bibliothèque hier soir pour nous parler de ses lectures préférées. Tout en noir selon son habitude, les cheveux abondants et noirs aux épaules, mince et jolie, la dame aura 60 ans le mois prochain. Brillante, articulée et résolument sexy, elle est un charmant exemple pour les femmes qui vieillissent. C'est la femme vintage par excellence (référence au livre de Jocelyne Robert). Elle anime une émission du matin très intéressante à la radio de radio-canada et doit se lever à quatre heures du matin ce que son corps trouve très difficile, a-t-elle confié lors d'une réponse à une question du public. Ça ne paraissait pas du tout. Esprit vif dans un corps en santé.

Guy Berthiaume, qui faisait l'entrevue, ayant été son chum il y a quarante-cinq ans, ils se sont permis de se tutoyer! Elle vampirise ses livres, les martyrise, les habite, les souligne, rature et n'en prend pas soin. Il y en a partout chez elle, les bibliothèques sont pleines et il y en a dans toutes les pièces, même sur le plancher. Son conjoint est un aussi grand lecteur qu'elle. Elle en achète et en reçoit beaucoup en cadeau, en prête et en donne aussi. Plus jeune, elle était une lectrice fidèle, qui lisait tout d'un auteur aimé. Elle a lu Colette au complet ainsi que D.H. Laurence et Édith Wharton.

J'ai bien ri de ses lectures de jeunesse car elles sont rigoureusement identiques aux miennes: La comtesse de Ségur et la fameuse Sylvie hôtesse de l'air, de René Philippe. Tout comme elle, j'ai tout lu les livres de la comtesse et tous les Sylvie aussi. On a bien des points communs, elle et moi! Ses parents lisaient beaucoup (mon père aussi, énormément et tout le temps) et sa mère disait "Quand on lit, on ne s'ennuie jamais".

Sa première héroïne découverte à travers les livres, c'est la grande Coco Chanel. Elle a beaucoup lu sur elle et a mis L'allure de Chanel de Paul Morand, dans la liste des lectures suggérées. Pour Chanel, le vêtement est une architecture et tout part de l'épaule. Moi, moi, moi disent sa vie et ses vêtements aussi. Elle devait être confortable en les portant, c'était essentiel. Chanel ne pouvait supporter une femme entravée par ses vêtements. Paul Morand fait parler Chanel dans son bouquin. Elle avait pris sa retraite puis est revenue à la création à 71 ans. Elle est morte dans son lit à 86 ans en revenant de travailler. Quel bel exemple pour les femmes!

Marilyn Monroe est également une femme qui l'a intéressée. Lire Mémoires imaginaires de Marilyn de Norman Mailer, où il la fait parler au "je".

Berthe Morissot est une autre femme fascinante qui a été modèle pour Manet et a épousé le frère du peintre. Elle s'habillait toujours en noir comme Christiane Charette, qui a ainsi trouvé un moyen simple et accessible de simplifier sa garde-robe. Berthe Morissot-le secret de la femme en noir, de Dominique Bona, Grasset, 2000

Également à lire sur le sujet de l'habillement en noir Why do architects wear black?

Ma soeur mon épouse est recommandé mais je n'ai pas pris de note sur celui-là et je ne me rappelle plus pourquoi. C'est de Lou Andréas Salomé.

Dialogue en ruines de Laurent Michel Vacher trône à la hauteur des yeux dans sa bibliothèque préférée. Il est la présence livresque d'un homme qu'elle a aimé et qui est décédé trop jeune, à quarante-cinq ans, Jean Papineau, un grand philosophe qui l'a marquée et dont elle parle encore avec émotion (c'est une émotive, cette femme-là!).

Elle adore Édith Wharton et recommande chaudement The age of innocence qui s'est mérité un prix Pulitzer, ça se passe à New-York. Wharton lui fait penser à Henry James mais en moins austère. Dans sa liste de la même auteure, on a aussi Chez les heureux du monde (1905), le livre de poche, 2009 et tout ce qu'elle a publié. Elle a tout lu.

Des pays lointains de Julien Green, premier livre d'une trilogie. Cet auteur est un écrivain mystique, né en France de parents américains. Le livre raconte l'histoire d'Élisabeth. Un univers dense, une végétation opulente. Les Noirs y sont très présents. Plantations, foisonnement, chaleur, sensualité, guerre de Sécession. Elle s'y est plongée corps et âme, avec ravissement. Une brique de 900 pages comme celle-là, elle n'en lit pas quand elle travaille. En vacances, elle lit une moyenne de 400 pages par semaine (c'était une question du public).

Je n'ai pas fini de vous livrer sa liste, j'y reviendrai dans un prochain billet. Il faut profiter de ce beau soleil et ... déneiger l'auto. Bonne journée à toutes et tous!

mardi 1 février 2011

Allaitement

J'ai essayé de mettre dans mon blogue la photo de Sophie Durocher allaitant son fils, la photo qui est maintenant son avatar sur twitter. En vain. Vous arriverez facilement à la trouver cependant en cherchant "Sophie Durocher photo d'allaitement". Je pense que plus les femmes vont exposer ce sein qu'on ne saurait voir, librement, avec un sourire dévastateur et une assurance de béton, plus rapidement les mentalités vont changer. Il y a comme une révolution de l'allaitement, une fierté légitime, une ouverture et une solidarité qui émergent. Au lieu de la petite maman bien cachée dans son coin, il y a maintenant des femmes fières, fortes et qui s'affichent avec leur bel enfant en santé. Que cette mode se répande, que le Québec qui est réputé pour ses belles femmes le soit aussi pour ses belles femmes qui allaitent!

lundi 31 janvier 2011

Bilan du premier mois du défi lecture

J'ai eu à réaliser concrètement que je lisais peu ou pas de livres. J'en feuillette, je vais à la fin et je passe au suivant. Le défi m'oblige à la rigueur et à la patience. Pour l'instant, le défi n'est pas très plaisant pour moi. Il relève plus du devoir. Je n'ai éprouvé du plaisir que dans un seul livre, soit "Un amour de mère", que j'ai trouvé très bien à tous points de vue ou presque. Les autres m'ennuient et parfois me font rigoler tellement ils sont mal écrits, c'est le cas du dernier que je n'ai pas complété encore. Je vous en reparlerai.

J'ai créé de nouvelles habitudes. M'installer au lit avec un livre à peu près tous les soirs, parfois pour quelques pages seulement, pas grave, l'habitude est prise. Un espèce de rituel après m'être brossé les dents. C'est bien.

Je croyais lire rapidement et c'est le cas quand un sujet m'intéresse, mais sinon, je suis plutôt tortue.

Je ne suis pas en avance mais, n'allant plus en voyage, je n'ai pas à l'être non plus et je sais que je vais arriver à compléter mon défi, un livre à la fois. J'y tiens.

Il reste que pour l'instant, le défi est un vrai défi, car s'il n'était pas là, je n'ouvrirais pas vraiment de livres. Il a donc vraiment sa raison d'être et je suis fort heureuse de constater qu'il a attiré tant de gens intéressants qui lisent tant de livres tout aussi intéressants. Ma liste de lecture est longue et je suis persuadée (ou du moins j'espère) que j'arriverai à trouver des oeuvres qui vont me passionner et me faire battre le coeur (peut-être que j'en demande un peu beaucoup là! Héhé!). Merci d'être là pour m'encourager.

dimanche 30 janvier 2011

Ruminations

Mon voyage en Égypte est compromis. Ça ne me dérange pas tant que ça. On dirait curieusement que je n'y ai jamais cru même si les billets d'avion sont bien dans mon tiroir à côté des passeports. Mais les dés ne sont pas encore tout à fait jetés. Attendons l'annulation officielle.

Je vais bruncher avec ma mère aujourd'hui. Petit-fils et Vingt ans n'y seront pas. Je m'inquiète pour Petit-fils mais je me soigne. Accepter ce qu'on ne peut pas changer. Ce qui me choque, c'est qu'on n'a pas dix-neuf mois deux fois, que cet âge tendre est la formation pour tout le reste de sa vie, que si des étapes charnières sont loupées, il est difficile de les reprendre. Mais je ne dois pas imaginer le pire, rien que le meilleur. Envoyer des ondes positives à distances. Je m'en ennuie aussi tout simplement. Son lit est toujours ici, non réclamé. Ses rires, ses courses folles dans la maison, sa façon de montrer ce qu'il veut, son regard si franc, ses petits bras dans mon cou.

On dirait que je ne l'ai pas vu depuis très longtemps et pourtant il était là au brunch de dimanche dernier!

Garder mes distances. Tenir mon bout. Ne pas prêter l'auto. Me respecter. Me faire respecter.

Être fâchée contre Vingt ans n'a pas de sens. Je le suis pourtant encore. Je ne suis pas rancunière d'habitude. Elle a frappé fort cette fois. J'ai trop donné. Aucune appréciation. Pour elle, tout lui est dû. C'est ma faute.

samedi 29 janvier 2011

Exposition, intimité, impudeur et vibrateur

Vu "Parce que c'est lui" l'exposition recommandée par FC. Des photos de Chloée Sainte-Marie prises par Gilles Carles quand elle était jeune surtout. Après, malade, il ne pouvait plus. Elle était belle, Chloée Sainte-Marie et l'est toujours à 49 ans. Dans tous ses nus, il y a l'éloge de la touffe. Les hommes trouvaient érotiques les poils pubiens féminins, avant. Avant que la pornographie n'impose les sexes imberbes et impudiquement étalés. Dans ma jeunesse, on n'aurait jamais songé à s'épiler là. Il y avait des poèmes pour célébrer les jardins secrets, les buissons bienheureux, les boisés de tous les délices. Et les hommes aimaient ça, tous mes souvenirs le confirment.

On la voit donc déguisée, aguicheuse, innocente, avec des perruques, des yeux incendiaires, en déjeunant. Elle a des yeux magnifiques et les yeux ne se démodent pas. Tout aussi jolis aujourd'hui ses yeux, plus encore même, car on regarde moins le corps des femmes qui vieillissent. Bien que son corps soit remarquablement conservé, elle n'a pas pris une once, ce qui aide beaucoup à la juvénilité. On entre donc chez eux, dans leur cuisine à l'évier taché. Reconstruction méticuleuse. Les photos parlent. Une pièce qui m'a vraiment touchée est celle où on expose des photos toutes petites, épinglées individuellement au mur, authentiques et vulnérables. Des photos du quotidien, des amies, dans la neige, la famille, l'enfance. Très touchant de se mettre à nu comme ça devant de purs étrangers. Une impression de viol d'intimité et pourtant ce n'est pas du viol si on expose, si on recherche le regard, si on demande ouvertement d'aller voir, si on fait de la publicité pour ça. L'intimité étalée. Léger malaise. C'est de l'art. L'art déstabilise. Je suis déstabilisée. C'est de l'art. C'est intime, oui et c'est beau de se donner en pâture sans calculer, entìèrement. Prenez-moi, voici ma vie, mon corps, ma jeunesse, mes amours. Prenez-moi, regardez-moi, aimez-moi! C'est une recherche d'amour que j'ai perçue également. Voilà qui je suis et je ne puis être autre. Aimez-moi.

Au retour, nous passons devant un magasin d'accessoires érotiques. Une jeune femme avec des piercings fume sa cigarette à la porte. Je lui souris et je la salue. Elle retire sa cigarette pour me faire le plus charmant des sourires. Je continue et puis reviens sur mes pas (après en avoir informé mon amie quand même héhé!), lui demande si elle est la vendeuse. "Non, non, la conseillère, ce n'est pas la même chose." Le magasin est vide, on la suit à l'intérieur. J'ai toujours eu peur d'entrer dans ces antres du plaisir. Trop vieille, trop gênée, pas à ma place. Mais là, avec ma jeune conseillère aux piercings, je me sentais bien à l'aise. On a tâté, senti, fait vibrer des appareils le plus souvent roses. Elle expliquait tout et avait tout essayé, la jeune femme! et pouvait donc nous conseiller en connaissance de cause. J'en suis ressortie avec un monstre mauve, bien fière de moi d'être passée à l'action. Mon amie s'est acheté des boules chinoises, bien jolies. Pas donnés ces gadgets érotiques. Un gros marché.

Quatrième livre du défi

L'histoire du scorpion qui ruisselait de sueur, de Akram Musallam, Actes sud, 2010 pour la traduction française, 111 pages

C'est un petit livre qui m'a paru bien long. Petite corvée du soir. J'ai décroché rapidement. Déjà que la photo de la jaquette ne corresponde pas à la réalité de l'histoire du livre m'a irritée dès la première page de lecture. Sur la couverture, on voit un scorpion tatoué sur une épaule et on apprend tout de suite que ledit scorpion se trouve en fait au bas du dos de la femme que l'auteur baise et qui inspire supposément le reste du récit. Pudeur ou bêtise?

Mais ce qui inspire réellement le récit, c'est le vide. Vide de la jambe coupée du père de l'auteur, jambe absente qui lui pique et l'auteur enfant gratte le vide pour soulager la démangeaison du paternel. Vide de l'escalier manquant dans l'hôtel. Vide du stationnement où il s'assoit entre deux lignes jaunes pour pondre son roman. Vide du roman que j'ai trouvé plate, vous l'avez compris.

Pas mal écrit cependant. Et ce n'est pas parce que moi je n'ai pas accroché que d'autres ne le feront pas.

Mais est-ce que moi je recommande? Non.

jeudi 27 janvier 2011

Chantalou et Manuela

Il faut aller voir le blogue de Manuela, la petite fille de Chantalou, qui est arrivée d'Haïti il y a un an, les yeux perdus, le sourire absent et le corps si maigre. Elle avait trois ans et demi, on ne lui en donnait pas deux. Elle est devenue une ravissante petite fille, aux yeux brillants et au rire cristallin. En la voyant si menue avec son gros ventre à son arrivée, j'ai vu mes enfants adoptées à moi et surtout Vingt ans en fait qui était famélique. J'ai pleuré évidemment mais même vous qui n'avez pas adopté, vous pleurerez peut-être en voyant la vidéo de la première année de cette ravissante petite Manuela.