Ordinaire ma vie. Je me demande pourquoi qui que ce soit la lirait. Et puis, je me rappelle que j'écris d'abord et avant tout pour moi, pour mon plaisir à moi, pour pouvoir me relire dans un an aussi et constater ce qui a changé, évolué, ce qui stagne aussi. Salutaire. L'an dernier, à cette date-ci, j'étais sur le point de rencontrer monsieur Relation, une personne qui a changé ma vie, qui a laissé des traces. Une personne que je suis contente d'avoir rencontrée mais que j'aurais préféré ne pas avoir connue. Étrange? Oui.
L'année passée, à cette date-ci, j'habitais encore ma grande maison et l'urgence de la quitter me rendait folle. Ma fille était enceinte, je n'étais pas si certaine que ce soit une bonne nouvelle mais quand même, je pensais que oui, envers et contre tout et tous. Et quel bonheur il est, ce petit-enfant si heureux, si simplement heureux, si facile à décoder par sa mère, qui exulte dans sa maternité, du moins quand elle n'est pas toute seule à pleurer chez elle. Ma fille n'est pas faite pour la solitude, mais qui l'est? Ils étaient chez nous, fille et petit-fils, tôt le matin, je suis allée les chercher, pour ce qui est des déplacements avec Bébé, ma fille n'est comme pas équipée, me semble que c'était simple dans mon temps, le bébé dans un porte-bébé et un petit sac à couches sur le dos et nous pouvions découvrir le monde. Mais ma fillette-à-moi, elle a des bagages volumineux déjà sans bébé (ben quoi, il lui faut tout son kit de maquillage! c'est une princesse, cette enfant-là, une belle princesse aux ongles faits, une ravissante princesse, je ne vais pas la critiquer pour ça, elle ne se laisse pas aller, la belle, oh! que non! Mère mais femme d'abord!), alors avec bébé, qui est un bébé pesant, compact, un futur joueur de football, la lourdeur du fardeau immobilise la voyageuse, la rend sédentaire bien malgré elle, ma fille aux ailes si bien développées, le poids des bagages l'amarre, la colle à la piste, l'englue dans son quotidien, elle s'y noie et s'étouffe dans ses larmes.
Hier, elle n'était que joie pour rencontrer notre ex-locataire, qui est aussi la fille de mon ex-chum, qui est donc également une ex-belle-fille qui a longtemps partagé notre vie. Je l'ai rencontrée quand elle avait six ans, une mère inadéquate, folle. Parlons-en des mères. Celle-là faisait partie de la Fraternité Blanche, qui prône le jeûne et les châtiments corporels, le jeûne pour purifier et les coups pour sortir le diable de l'enfant. Ces enfants-là devaient être parfaits, rien de moins. Quand j'ai rencontré leur père, il me semblait évident qu'il fallait les sauver, les sortir de ce milieu contraignant, constipé, stérile, trop propre, d'un ordre sans faille qui fait peur. La travailleuse sociale qui a fait l'évaluation a été bien d'accord, en ouvrant le réfrigérateur impeccablement vide et en trouvant un magnifique brocoli biologique dans l'armoire comme seul aliment, ce brocoli étant le repas du soir de la famille. C'est comme ça que l'ex a eu la garde de ses deux enfants, un peu malgré lui.
L'année passée, ma plus grande entrait à l'hôpital psychiatrique, on l'y gardait de force et elle recevait un diagnostic officiel de bipolarité. Qu'en est-il advenu? Elle ne prend plus de médicaments et a abandonné tout suivi. Pour l'instant, ça semble aller. Un jour à la fois. Je ne cours pas après les catastrophes.
Il y a Haïti qui est toujours avec moi. Ne pas les laisser sombrer dans l'oubli. On en parle moins. Dangereux. Ils auront besoin de notre aide si longtemps.
15 commentaires:
Vous êtes insomniaque?
Non, je dors très bien mais je suis réveillée en pleine forme au milieu de la nuit! ;o)
Difficile de faire le point sur soi sans faire le point sur les autres, non?
On en reparle en 2011?
Baltha
Bof! C'était pas vraiment un point sur Moi-moi, Baltha. J'en ferai un autre billet de mon moi-même, bonne idée que vous avez là.
Loin d'être plate, votre vie, chère consoeur blogueuse! Toujours quelque chose de si vrai, de si intensément authentique!
Vous avez déjà pas mal d'adeptes, c'est intéressant et bien écrit, voilà deux bonnes raisons.
Moi j'aime vous lire et pourquoi la simplicité et le vrai serait plate à lire?
J'aime avoir des nouvelles de vous et de votre fille, de son enfant...C'est un peu une histoire que je lis alors svp continuez de me raconter cette belle histoire qui est la vôtre ;)
Pourquoi lire la vie des autres ? Parce qu'on y retrouve un peu de la nôtre parfois et l'on voit que l'on n'est pas seul à affronter certains problèmes, mais pas du tout d'autres fois, chacun a sa manière de fonctionner et ça permet d'avoir un regard différent qui nous enrichit. S'intéresser à la vie des autres et commenter, c'est un beau moment de partage, je trouve. Ca ouvre à la réflexion d'un côté comme de l'autre. La vie est mouvement et vous avez beaucoup bougé en une année, rien n'est pire que la stagnation. Il faut toujours avancer.
Merci pour toutes ses nouvelles :)
Ça fait du bien à lire!
Et ça doit faire du bien à écrire aussi.
Loin d'être plate, votre vie, elle est plutôt merveilleuse dans vos yeux.
@La Mère Michèle, pour être vrai, c'est vrai, mon blogue n'a rien de la fiction! ;o)
@Solange, merci!
@Anna-Belle, je continue, je continue, merci!
@Monique, je continue à avancer et vous avez donc raison, faut pas stagner sur place, tellement d'accord là-dessus.
@Josie, merveilleuse ma vie? Ça dépend des jours. Aujourd'hui,tiens, c'est tout à fait le cas et pourtant, rien de bien différent d'hier. Tout est dans l'état d'esprit et dans le positivisme, mais vous le savez, ma chère.
Bon, votre vie est peut-être plate, mais vous la racontez de façon si intéressante qu'on prend plaisir à vous lire.
Il y a des gens plates qui ont une vie très active (genre Stephen Harper) et des gens très actifs qui ont une vie plate. Je préfère lire votre blogue que celui de Stephen Harper.
Et puis...de lire qu'on qualifie votre vie de plate, amène peut-être en vous un sentiment du genre: "Wooo là, ma vie est pas si plate que ça après tout!". :)
Fou comme le temps file hein!!!
Pierre, une vie plate racontée de façon intéressante, héhé!
À la vitesse de l'éclair, Juliette!
Toutes les vies se ressemblent. Ce qui rend l'histoire intéressante, c'est la façon de la raconter.
Bienvenue chez moi, Valérie!
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