vendredi 30 novembre 2007
Tannée
jeudi 29 novembre 2007
De l'une et de l'autre
De ma grande amie P qui n'était pas une si grande amie avant et qui l'est devenue parce que nous partageons nos vulnérabilités et notre rage et notre résistance à vieillir même combat et rires et parce que nous nous regardons dans la glace de la salle des dames quand nous sortons avec leur lumière crue et qu'elle me montre ses cheveux qui se raréfient et je la comprends et elle aime ma tête fournie et je lui montre les rides nouvelles là au coin des pommettes et elle me comprend et je la complimente sur sa peau encore lisse et elle me montre le creux de ses bras là où c'est moins ferme et on se conseille des exercices et puis on se dit qu'on est des cas désespérés et que quels que soient les exercices il faut se résigner un peu ça n'ira pas en s'améliorant et on rit et elle me dit qu'elle a du scotch chez elle et buvons donc un peu un tout petit peu pour oublier le temps qui passe et demain sera un autre jour et nous irons au yoga et dans un nouveau petit café ensuite et c'est moi qui invite mais non c'est moi dit-elle et nous nous chicanons et c'est un plaisir de la voir rire elle a un rire sensuel et je me dis que si j'étais un homme ce serait bon de baiser avec elle elle exulte la vie sa peau est ambrée et sucrée je suis certaine que sa peau est sucrée sans avoir besoin d'y goûter.
De la jeune professeure de yoga qui remplaçait hier et qui a vécu un an en Thaïlande et qui a une voix mystique qui nous a transportées dans l'au-delà avant même d'entendre cette voix sacrée seulement avec le recueillement de son corps la lenteur de ses gestes déjà le ton était donné la paix émanait de cette personne sage son égo tranquille laissait la place à la communion avec l'univers nous n'étions plus sur la rue Notre-Dame nous flottions entre ciel et terre le karma des prêtresses en offrande au nom de la souffrance planétaire une pratique enlevante calme une communion universelle.
De ma belle-soeur devant son écran géant qui comprend si bien les plans et me les explique la lumière entre malgré la grisaille bureau vitré confort café latte elle viendra visiter avec moi compétence action encouragement merci.
De ma fille la plus vieille des filles celle qui n'est plus là chez nous ma beauté fatale vive lumière souffrante qui se débat dans une vie difficile survivante petit appart caché pas de table pas grave fille qui se maquille et fait et défait ses superbes cheveux surnage va s'en tirer ma douce fille violente coupée de nous et d'elle-même ma belle enfant bienaimée tout l'espoir du monde t'accompagne.
mercredi 28 novembre 2007
Le discernement
Vivre le moment présent. Remarquer les petits progrès, les minuscules progrès que personne d'autre ne remarquerait. Faire savoir que nous, on les a vus et s'assurer que ce soit le cas de l'enfant aussi. Ne pas surprotéger. Élargir ses horizons. Amener l'enfant au musée, au concert, en voyage. Même s'il y a réticence. Ne pas considérer quoi que ce soit comme impossible et hors d'atteinte. On peut avoir des surprises. Favoriser les activités parascolaires valorisantes. Répéter souvent qu'on a confiance en elle.
Lui apprendre très tôt les habiletés de vie, la débrouillardise et lui permettre de pratiquer ce qu'elle a appris, même si dans le fond de nous on a la trouille de la laisser partir toute seule. Si elle se sent capable, ne pas freiner son élan. Ne jamais faire pour elle ce qu'elle sait faire et voir à ce qu'elle sache en faire beaucoup. Du concret.
Lui faire confiance. Se faire confiance. Penser présent plus que futur. Parce que le futur fait peur un peu dans une société où on nous martèle qu'il n'y a pas de salut hors du secondaire cinq. Elle n'aura jamais de secondaire cinq. Mais plus elle aura d'atouts dans son jeu, d'habiletés et d'assurance, moins la peur sera présente.
Lui dire de tout notre coeur que nous sommes fière d'elle. Tellement. Parce que c'est vrai.
lundi 26 novembre 2007
Les compliments
Vous me décevez là. Profondément. Les compliments n'ont rien à voir avec l'honnêteté. En cette matière, il ne faut pas faire preuve d'avarice et de mesquinerie. Les compliments sont le liant des relations amoureuses, le sourire du coeur, l'expression d'une cour qui persiste et signe, la signature du désir, la délicatesse des intentions.
Ma coiffeuse aussi m'a déçue. Les dames savent bien que les coiffeuses sont les meilleures psychologues qui soient et qu'on leur raconte des choses absolument intimes qu'on ne confierait même pas à notre meilleure amie ni à notre vraie psychologue d'ailleurs. La mienne me rend la pareille, j'ai donc l'impression de connaître son mari. Il devait réparer leur système de chauffage, le mari. Depuis des mois. Et voilà qu'il décide de s'y mettre, hier à dix-huit heures, pendant qu'elle préparait le souper. Elle a vécu ça comme une agression. Il a fallu fermer l'électricité plusieurs fois, le poulet n'a jamais cuit, tout était à l'envers et ils ont fini par manger des sandwichs. Elle était enragée. Je lui demande si elle l'a remercié. "Remercié? Pour m'avoir gâché la soirée? Pour avoir mis toute la maison à l'envers? Je ne lui ai pas parlé de la soirée et je lui en veux encore."
Ouf! Et pourtant, le systéme fonctionnait et la maison était chaude et le mari avait travaillé fort pour ça. Et il n'a récolté que de la froideur et du blâme. Elle a dû sentir par mon silence poli que je prenais le bord de son mari car elle a un peu changé de ton et a fini ma coupe en me disant qu'il était fin au fond et qu'elle arrangerait ça ce soir!
J'ai pensé aux compliments à cause de mon voisin. Non pas mon Voisin, un autre. Celui qui habite tout à côté de chez moi, qui est retraité et qui posait ses décorations de Noël alors que je rentrais chez moi. Il s'arrête et m'appelle "Madame Libre, il faut que je vous dise quelque chose."
Bon, la clôture, ou notre brique commune peut-être ou bien mon arbre qui va un peu dans sa cour et dont il voudrait couper des branches. C'est ce à quoi je pense en m'approchant. "Madame Libre, je sais que je ne suis pas gêné de vous dire ça, mais l'autre soir, quand je vous ai vue sortir, je vous ai trouvée tellement belle qu'il fallait que je vous le dise."
C'est pas charmant ça? Gratuit et imprévu.
dimanche 25 novembre 2007
Les pieds
Il y a deux semaines, c'était un atelier sur la nuque. Intéressant aussi. Ne jamais jamais dormir sur le ventre. Les dommages étant amplement démontrés par la physiothérapeute qui donnait l'atelier, planches anatomiques à l'appui. Dormir sur le dos ou sur le côté. Et si on dort sur le côté, se munir d'oreillers vraiment hauts, en tout cas quatre fois plus hauts que le petit oreiller que j'utilisais. J'ai fait le changement et je m'en porte mieux.
Le spleen de novembre et mes livres
Le yoga ne fait pas maigrir. Peut-être le yoga ashtanga, oui, mais je n'en fais qu'une fois par semaine. Je ne fais aucun autre exercice, sauf un peu de marche, que le yoga. Peut-être devrais-je varier mes activités.
Voir Voisin a remonté mon moral pendant quelques jours.
J'ai en tête de déménager. Mes critères:
1) Près, tout près d'un métro et j'ai des stations précises en vue.
2) Du neuf! Je n'ai jamais habité dans du neuf et ça me tente beaucoup.
3) Bien insonorisé.
Je n'ai pas beaucoup d'autres critères finalement! Je devrais trouver. Vendre d'abord ici ou bien acheter en premier et vendre ensuite?
Ça sera tout un changement de quitter ma maison. J'y habite depuis 24 ans. J'y ai élevé mes enfants et ceux des autres aussi. J'ai été longtemps famille d'accueil. J'ai travaillé plein d'heures dans mon grand jardin avec un réel plaisir. J'ai toute une section de ma bibliothèque consacrée au jardinage. Il faut aller vers autre chose. Je sais et je sens que c'est la chose à faire.
Ma bibliothèque est le livre ouvert sur ma vie (jeu de mots ici, hum hum!). Des livres en espagnol. Plein de livres sur la puériculture, sur l'éducation des enfants. Livres sur l'adoption. Section jardinage. Livres sur la psychologie, le développement de soi. Livres sur la santé, la ménopause, l'alimentation, le végétarisme. Grande section de livres de cuisine. Une passion, les beaux livres de cuisine. J'aime les feuilleter, parfois sans faire une seule recette, juste pour le plaisir. Même chose pour les livres de décoration. Je feuillette, je me remplis la tête de beaux décors (mettre tout ça au passé, je le les ai pas ouverts depuis au moins dix ans!) et pourtant, mon décor réel est blanc et nu. Et puis la dernière section, qui prend toujours de l'expansion, celle sur le yoga, la méditation, le boudhisme. Mes livres sont la seule possession matérielle dont je ne veux pas me départir.
Il y a aussi une section animalière. Eh oui! J'ai déjà eu plein de petites bêtes dont des chiens de race. Des chiens asiatiques surtout. Un chowchow qui s'est mis à mordre traumatisé par l'incendie de notre maison, de nombreux pékinois que je chérissais, fiers et indépendants comme des chats, et qui finissaient toujours par se perdre ou se faire voler. C'est pour ça que j'en ai eu plusieurs!
Évidemment une section sur les hommes et la sexualité, sujets qui me passionnent. Je me suis d'ailleurs procuré un nouveau bouquin au salon du livre L'homme nouveau expliqué aux femmes de Gérard Leleu. Je vous en reparlerai.
Période de changements donc. Y compris pour le yoga. Je prends un cours de professeure de yoga alors qu'il n'est pas évident du tout que je veuille l'enseigner. Je devrais aller voir un orienteur. Tant de choses que je devrais faire ...... y compris avoir plus de plaisir dans la vie.
vendredi 23 novembre 2007
Le yoga, encore le yoga
Le dimanche matin, un homme tout à fait sympathique, réservé, mystique tout en étant facile d'accès, simple et compétent, est venu nous instruire des yoga-sutras de Pantajali. On les a chantés avec lui, en choeur et avec tout notre coeur. C'était super beau. Un moment de grâce. Un homme dans la cinquantaine avancée (à l'oeil, mais les yogis ont l'air jeunes) mais père de deux jeunes bébés. Donc un homme qui a une jeune femme. Qui a un maître aux Indes. Une belle personne vraiment.
Sinon, je songe à abandonner cette formation qui n'est même pas accréditée. Je ne précipite rien cependant. Le ras-le-bol peut aussi faire partie du cheminement. Je persévère mais je garde les yeux ouverts.
Lundi, mardi, je n'ai rien fait. Repos. Pas vrai, mardi, je suis allée à mon cours de Pilates, mais la prof ne s'est pas présentée! J'ai jasé avec une prof du cegep, une femme bien intéressante. Finalement, je n'ai pas perdu mon temps.
Mercredi matin, yoga-pilates, avec deux autres élèves seulement. Je décide de me pointer au cours de dix-huit heures, avec plein de jeunes cette fois, et des gars en plus pour faire changement. Des étudiants de McGill pour la plupart. Une dynamique survoltée. Hatha flow, qui est une espèce de Ashtanga yoga un peu modifié, très athlétique. J'aime beaucoup ça. Un yoga vraiment cardio avec beaucoup de communion dans l'effort. Avant, j'y allais tous les mercredis et puis, j'ai relâché en partie parce que je me trouvais mauvaise mère de laisser Treize ans seule tous les soirs.
Hier soir, cours de prof encore. Cette fois, les torsions. Beau thème avec du travail au mur et du travail à deux. J'ai aimé le cours. Et puis ce soir, yoga Iyengar, de loin le plus professionnel de tous, le plus puriste, celui dans lequel chaque élève est suivi de près.
Alors, le yoga, je n'ai pas lâché même si je ne sais pas clairement vers quoi ça va me mener.
Débraguetter
jeudi 22 novembre 2007
La lecture rapide
Un homme ne trompera pas une chieuse, il la chérira, la respectera, en prendre soin, aimera et désirera passer du temps avec elle. Beau programme, non? La chieuse ne s'en laisse pas imposer, elle tient l'Homme sur le qui-vive, il n'est jamais sûr de rien avec elle et ça excite sa libido et son esprit d'aventure. La chieuse demeure aimable et polie et tout temps, ce n'est pas une emmerdeuse. Elle ne nargue pas le Mari, elle ne cherche pas à discuter inutilement, elle agit.
Le point central du livre revient beaucoup à ceci: la chieuse doit se distinguer en tout temps de la mère. Les femmes materneraient trop leur conjoint, or, qui veut coucher avec sa mère?
Monsieur semble se désintéresser du couple? Pas de discussion. La chieuse déstabilise. Elle disparaît, sème le doute. Normalement, le conjoint raccroche illico, inquiet de la perdre. Dans certains cas, il disparaît lui aussi et pour toujours mais ça, c'est pas dans le livre! ;o)
La chieuse, vous l'aurez deviné, est excellente au lit. N'oubliez pas, toujours se distinguer de la mère pour entretenir le désir. Elle ne lésine pas non plus sur les compliments, les femmes en seraient trop avares, selon l'expérience de l'auteure. Les compliments devant porter surtout sur l'apparence physique, et particulièrement celle de l'engin du monsieur et sur ses qualités d'amant, les hommes ne se fatigueraient jamais d'avoir des commentaires positifs à ce niveau.
Dans le concret. La chieuse est au restaurant avec un prospect. Elle veut manger une salade car elle fait attention à sa ligne et elle ne boit pas de vin. Monsieur insiste pour qu'elle mange un steak et commande une bouteille de vin. La chieuse ne réplique pas, elle dit ses préférences une seule fois et puis c'est tout. Alors, elle ne mangera que la salade et daignera baigner ses lèvres une seule fois dans le verre de vin, qu'elle laissera ensuite intact sur la table tout comme le steak. Le tout avec le sourire. Pas de discussion, de l'action.
Selon l'auteure, voilà le genre de femmes qui attire les mecs et celui qu'ils auraient envie d'épouser. Les femmes ordinaires, celles qui ne sont pas chieuses, auraient tendance à materner leur hommes, à essayer subtilement ou non de le changer, à vouloir discuter tout le temps de leur couple, ce qui ne rejoint pas du tout le conjoint et même l'horripile, à faire son lavage, à lui faire la cuisine, à se mourir d'amour pour lui. Bref, elles deviennent rapidement des bobonnes sans attrait que le mec prend pour acquis.
mardi 20 novembre 2007
Les retrouvailles
Moi: Je peux te voir?
Voisin: Quand?
Moi: Tout de suite.
Voisin: Tu veux me parler?
Moi: Non.
Il a ri. J'aime quand il rit comme ça de bon coeur.
Voisin: Viens-t-en. Je vais déverrouiller la porte.
Je ne suis pas allée au yoga. J'ai couru jusque chez lui. Il m'attendait dans son lit. Nu. Je me suis déshabillée en vitesse et je suis allée le rejoindre. On n'a pas eu à se dire un mot. Nos corps enthousiastes ont parlé pour nous. Avec éloquence.
lundi 19 novembre 2007
Le salon
Mes parents
-Oups! dis-je à ma mère, le coeur dans l'eau en songeant à la peine que mon père qui ne se doutait de rien avait dû éprouver, peine qui devait être immense à en juger par celle que je ressentais alors que maman, qui elle aussi venait d'être mise brutalement au courant des infidélités de mon chum, me racontait cet événement. "Il a fait quoi, papa, quand il a vu ça?"
-"Il était pas mal en état de choc. Et puis, il s'est ressaisi, tu connais ton père, il est vite!"
-"Frédéric l'avait vu?"
-"Peut-être pas. Mais ton père est venu calmement devant lui. Laisse-moi te dire que la fille est débarquée pas mal vite des genoux de ton chum. Alors ton père a tendu la main à Frédéric, dignement, tu le connais, et il lui a dit qu'il venait le féliciter pour le bébé. Ensuite, il s'est tourné vers la fille et lui a dit "bonsoir, mademoiselle" et puis il est rentré à la maison. Quand il est arrivé ici, il était blanc comme un drap.
-Papa doit vraiment haïr Frédéric maintenant.
-Bien sûr que non, de me répondre ma mère.
-Non?
-Frédéric est le père de notre petit-fils et il va toujours être le père de notre petit-fils. On ne peut pas l'haïr et il sera toujours bienvenu chez nous. Quoi qu'il fasse. Et quand ton père va se défâcher et digérer les événements, c'est exactement ce qu'il va lui dire. Et puis, on ne sait pas ce qui va arriver. Peut-être que tout va s'arranger entre vous.
Ça ne s'est pas arrangé entre nous comme couple mais le ton était donné. Mes parents (qui sont des gens extraordinaires, vous ne trouvez pas?) avaient clairement exprimé la vérité: quoi qu'il advienne, Frédéric était le père de mon fils, donc mon fils avait un père. Frédéric ne m'aimait plus, il en aimait une autre mais il aimait son fils et il fallait se concentrer là-dessus. Mon bébé avait le droit d'avoir deux parents et il n'y avait aucune raison pour qu'il en soit autrement.
dimanche 18 novembre 2007
Le bébé
J'avais presque vingt-sept ans, mon chum, un an de plus. J'enseignais depuis plusieurs années déjà, Frédéric venait de terminer sa maîtrise et de trouver un emploi, on habitait ensemble depuis six ans, on était amoureux. Des conditions idéales.
Autant j'étais heureuse, autant le futur papa se renfermait. Il était souvent de mauvaise humeur. Le stress, je supposais. Parfois, on aurait dit qu'il regrettait. Je me mis spontanément à partager ma joie avec d'autres plutôt qu'avec lui. Je travaillais, j'avais plein d'amies, une famille supportante, j'étais en pleine santé. Je ne souffrais donc pas vraiment de l'attitude de Frédéric, je me disais que l'idée de la grossesse faisait son chemin plus lentement chez lui, c'est tout.
J'avais une grossesse facile, qui m'émerveillait. Je me sentais parfaitement heureuse, comblée. J'étais enceinte de six mois quand une amie m'a mise au courant "pour mon bien". Pour mon bien? Briser mon rêve, me faire du mal, me marquer au fer rouge, pour mon bien? Vraiment?
"Ça ne peut plus durer. Il faut que tu le saches, Femme Libre. Frédéric se promène partout avec une fille et ce n'est pas platonique, je t'assure. Ils ne se cachent même pas! C'est une ancienne blonde qu'il avait à l'adolescence, Lise. Elle était grosse et laide avant, mais elle a beaucoup changé, elle a même eu les seins refaits. Elle a l'air pas mal pitoune maintenant."
Je ne le croyais pas. Je l'ai confronté. Il n'a pas nié. Mon monde sécurisant et aimant s'écroulait.
Ce n'était pas possible. Je m'accrochais à lui, sans aucune pudeur, sans fierté. Je m'accrochais physiquement. Je me souviens d'une fois où il voulait sortir et je le retenais par la chemise. Il me disait "Lâche-moi ou bien je vais te pousser. Lâche-moi. " Je ne lâchais pas et il m'avait poussée. Il s'était sauvé en courant, comme quand on veut fuir un monstre. Il courait dans l'escalier. Je restais prostrée sur le sol et je pleurais, je pleurais tellement. Et puis, je m'étais relevée et j'avais parlé à mon bébé. Je lui disais que tout irait bien, qu'on se débrouillerait très bien, qu'on serait heureux. Je lui ai donc parlé à ce bébé-là. Je lui en ai donc chanté des chansons, en le flattant à travers mon ventre.
Je voulais qu'il ait un père. Il fallait qu'il ait un père. Je ne pouvais pas envisager qu'il n'en ait pas!
On faisait l'amour avec l'énergie du désespoir, Frédéric et moi. Tout le temps. À travers mes larmes et rarement mais parfois à travers les siennes. Et puis, il disparaissait quelques jours. Revenait. On recommençait. Je ne voulais pas qu'il me quitte. Je voulais qu'il la quitte. Il ne pouvait pas. "Je t'aime mais je ne peux pas me passer d'elle"me disait-il. Je m'accrochais.
Jusqu'à la naissance, je me suis accrochée à lui. Et puis, je l'ai insulté à l'hôpital pendant l'accouchement. Cette partie-là, je ne m'en souviens pas du tout. C'est lui qui m'a raconté. Il est revenu à la maison avec le bébé et moi. Notre bébé. Il était fier. Pendant cinq jours, il s'est occupé de nous. Il m'a fait à manger, il a donné le bain au bébé, il a changé les couches. Pendant cinq jours, je suis restée dans mon lit à allaiter. Rien d'autre. Allaiter, demander un verre d'eau, demander à manger, allaiter. Tranquille dans mon lit. J'ai repris mes forces. La cinquième journée, je l'ai mis à la porte. Il est parti chez elle.
jeudi 15 novembre 2007
Jean-Luc et Claudette
Jean-luc (quittant des yeux son article sur les accomodements raisonnables pour fixer Claudette directement dans les yeux avec un sourire): C'est une bonne idée. Je ne voulais pas te le dire, mais ton manteau se fait vieux.
Claudette: C'est sûr que du Kanuk, c'est cher.
Jean-Luc: La qualité, ça se paie. Quand est-ce que tu veux aller magasiner ça? Je pourrais aller te reconduire, si tu veux.
Claudette: Tu ferais ça? T'es fin! Et puis, j'irai peut-être voir Louise qui habite dans ce coin-là. Tu viens magasiner avec moi?
Jean-Luc se lève cette fois et vient entourer le cou de sa femme amoureusement: Le magasinage et moi...... euh!...... tu me connais, je serais marabout pendant toute la soirée. Vas-y donc avec Louise. Moi, je vais revenir ici ou bien j'irai à la Grande Bibliothèque. C'est ça, si tu vois que mon cellulaire ne répond pas, c'est que je suis à la Grande Bibliothèque. Je t'appellerai vers l'heure du souper et j'irai te prendre chez Louise.
Claudette sourit, saisit les mains affectueuses qui caressent ses cheveux: T'es tellement fin. J'appelle Louise et je vais me préparer.
Jean-Luc s'enferme dans la salle de bain avec son cellulaire et il signale mon numéro. "Femme Libre, écoute, c'est inespéré, je vais aller te voir dans une heure. On aura tout l'après-midi."
Je laisse la lasagne que je préparais en plan. Je cours me doucher, me coiffer, me maquiller, j'enfile des vêtements érotiques et j'attends Jean-Luc, palpitante dans mon lit.
Le scénario précédent est fictif. Mais il aurait pu devenir réalité si j'avais poursuivi une relation avec ce Jean-Luc, un homme cultivé, sensible, qui écrivait comme un Dieu et me promettait de baiser comme un Dieu aussi. Hier, en chattant avec lui sur msn, sa réponse à ma question "Quand un homme marié serait-il disponible pour me voir?" a été "Le mercredi soir quand je suis supposé aller au gym et la fin de semaine aussi, mais ça, pas tout le temps, je le sais à la dernière minute." J'ai alors décidé que c'était trop pour moi, trop ou trop peu et j'ai imaginé l'histoire qui précède. Des Jean-Luc et des Claudette, il y en a tout plein. Vous en êtes peut-être un, cher lecteur.
mardi 13 novembre 2007
L'aveu
Ce n'est pourtant pas parce qu'il a été remplacé. Réseau contact est un désastre cette fois. Je ne pogne plus du tout auprès des hommes de mon âge, comme je le disais à En direct des Îles. Et puis, des hommes de mon âge libres, il y en a vraiment ridiculement peu. Ce n'est pas le cas des hommes mariés, par contre, et là, je pourrais facilement piger dans le tas. Mon amie P, elle, me dit de changer mon âge sur ma fiche, pas plus compliqué que ça. Tant qu'on est dans la quarantaine, la barrìère psychologique n'est pas encore levée. Mais dès qu'on devient une quinquagénaire, ce mot doit être bien laid, oui, il est laid j'avoue, alors dès qu'on a cinquante ans, on devient le sujet de moquerie, de rejet, parfois de haine. Cette catégorisation négative n'affecte pas les hommes, qui, eux, se bonifient en vieillissant. Il faut donc se définir autrement que par le regard des autres, avoir une grande confiance en soi et en ses capacités. Bref, la conclusion de cette étude, c'est que d'écrire quarante-neuf ans sur une fiche réseau contact peut faire une grande différence. Mais je suis comme Zachary Richard, dont j'ai vu le fantastique spectacle la semaine passée, incapable de voler et de mentir!
lundi 12 novembre 2007
Le plaisir ou son absence
Je fais du yoga depuis quatre ans, au début une fois par semaine, ensuite davantage et puis intensivement tous les jours depuis le printemps dernier. Depuis septembre, je fais une formation de professeur qui encadre davantage ma démarche. Je sens que je change, subtilement et parfois dramatiquement. Je suis forte, calme, assurée. Le yoga comme voie de transformation personnelle, c'est ce que je vis. Et comme toute transformation profonde, ce n'est pas facile et pas toujours accompagné de plaisir.
La vie est difficile. Ainsi commençait le livre de Scott Peck "Le chemin le moins fréquenté." Une phrase choc, une vérité incontournable, la vie est difficile. Je suis en plein là-dedans, j'affronte la difficulté de la vie au lieu de fuir. Je me crée des contraintes, je les surmonte et je suis fière de moi et dans cette fierté, il y en a du plaisir.
Il m'arrive aussi d'en avoir tout à fait ras-le-bol du yoga et de la discipline et c'est le cas ce soir. Demain sera un autre jour. En attendant, je trouve ce billet tout à fait ridicule. On dirait que j'essaie de me convaincre moi-même et c'est pas mal ça aussi.
On court tous un peu après quelque chose, le bonheur, l'amour, le sens de la vie. Je ne fais pas exception. Je suis extraordinairement ordinaire. Le yoga permet d'arrêter de courir un peu tout en ayant l'impression d'aller quelque part. Réalité ou illusion?
dimanche 11 novembre 2007
Pourquoi je fais du yoga
Je fais du yoga pour changer mon schéma préétabli, pour devenir une meilleure personne, pour m'ouvrir dans tous les sens, ouverture physique, ouverture mentale, ouverture spirituelle, ouverture et compassion envers moi, ouverture et compassion envers les autres.
Je fais du yoga pour me tenir en forme, pour assouplir mon corps, pour vieillir en beauté et en santé et non pas pour retarder le vieillissement qui est un processus de transformation inéluctable, un instrument de changement, une ouverture vers l'au-delà.
Je fais du yoga pour me donner un cadre de vie, une discipline, une disponibilité à moi-même.
Je fais du yoga pour prendre du temps pour moi, parce que je suis importante, parce que la vie va trop vite, parce qu'il n'en tient qu'à moi de la ralentir, parce que je suis belle, bonne, capable.
Je fais du yoga pour partager le mouvement et les respirations avec un groupe, parce que c'est beau, parce que chacun travaille à son rythme, parce qu'il y a une atmosphère de concentration, de recueillement, de joie dans l'effort.
samedi 10 novembre 2007
vendredi 9 novembre 2007
Le yoga Iyengar
J'ai pris mes premiers cours à l'école Iyengar de Montréal sur la rue St-Denis il y a deux ans et demi. Je m'étais inscrite sur les recommandations d'une amie qui y avait étudié plusieurs années et souhaitait s'y remettre. Je me trouvais bien bonne dans ce temps-là, je prenais des cours de hatha yoga au sous-sol de l'église et puis j'avais fait un stage au centre Sivananda de Val-Morin et je prenais des cours au centre Sivananda sur le boulevard St-Laurent. J'ai trouvé le premier cours Iyengar extrêmement difficile, épuisant, éreintant. Je faisais tout de travers, je ne savais pas comment plier la mausus de couvertures, je m'enfargeais dans les blocs que je ne savais pas où placer, je n'étirais pas assez les bras, la prof était constamment en train de me corriger. Ça n'a pas été long que je l'ai prise en grippe et j'avais l'impression que c'était réciproque. Mais je persévérais malgré tout et je retournais au cours suivant sans jamais aimer ça. Seule la relaxation finale, savasana, m'apportait de la satisfaction. J'appréciais aussi l'impression d'avoir grandi à la fin d'une séance. Mais quand est venu le temps de payer pour de nouveaux cours, je me suis sauvée la tête basse. Je voulais essayer le yoga ailleurs, dans la joie, sans carcan. En fait, la goutte qui a fait déborder le vase, ce sont les fameuses courroies avec lesquelles il fallait s'attacher. Je détestais cette impression d'être prisonnière, surtout quand j'avais les bras attachés, c'était très désagréable. Une fois, je l'ai dit à la prof qui me reprochait de ne pas assez serrer les lanières que je me sentais étouffer ainsi ligotée, elle m'a alors répondu fermement "Vous allez vous habituer" et a elle-même resserré les courroies. J'avais affaire à plus forte que moi! J'ai quitté la classe peu après, je n'ai pas renouvelé mon abonnement au cours.
Mais voilà que, des années plus tard, mon expérience m'a fait réaliser que Iyengar avec toute sa rigueur est la meilleure école et j'y suis retournée plus humble et prête à apprendre dans la discipline cette fois, prête à dépasser mes limites, à suivre les règles et à avancer dans ma pratique patiemment, rigoureusement, docilement. Je l'ai choisi cette fois et j'y trouve beaucoup de satisfaction.