Hier soir, ma fille partie et partie heureuse, je me sentais légèrement euphorique. Mon frigo était vide et j'adore quand mon frigo est vide. Je me sens alors vraiment libre. Comme je ne suis pas gaspilleuse (c'est dans mes gènes), quand il y a des aliments en vue dans le frigo, je me sens obligée de cuisiner. Et puis, nourrir ses enfants, c'est dans mes gènes aussi, je n'y échappe pas. Alors, le frigo enfin vide, c'était un spectacle absolument réjouissant. J'ai décidé d'aller au yoga, ce qui m'a permis de constater que mon dos était remis. Je pétais le feu. Il faisait froid, j'ai eu envie d'un film, il était 20 heures quarante-cinq, il fallait me grouiller. Un film obscur, Blissfully yours, 2002, un film de Apichatpong Weerasethakul (oui, oui, cet Apichatpong-là! celui qui a remporté la Palme d'or au festival de Cannes 2010 pour "Lung Boonmee reluck chat") était à l'affiche au cinéma du Parc à 21 heures. Vite, vite, recherche dans l'internet, une histoire lente de relations humaines dans la forêt avec la lumière du soleil, scènes sexuelles sensuelles, bon, en plein mon genre et il n'y aura pas un chat. J'aime bien être toute seule dans une salle de cinéma. J'y cours, j'y vole!
Surprise, la salle était pleine! Et le film étrange, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais ses images me sont restées dans la tête. J'ai lu toutes les critiques que j'ai pu trouver. Des scènes longues de détails, les mains qui coupent des fruits et les mêlent à des crèmes, des mains qui forment de savantes brochettes, chaque petit geste filmé, des jambes dans l'eau, long et lent plan sur ces quatres jambes et bruit de clapotis d'eau et puis deux de ces jambes qui s'efflleurent. La jeune femme du film n'est pas jolie, elle a de mauvaises dents mais quelle authenticité. On ne croirait pas que c'est un film, juste la vraie vie et la lumière dans les sous-bois thaïlandais et une histoire sociale de réfugié birman vivant illégalement en Thaïlande. Jamais un réalisateur occidental n'aurait fait ce genre de film, sans action apparente, un film sur les gestes, lent, long, ennuyeux un peu, avec des instants de bonheur et de clapotis dans l'eau. Comme la vie.
6 commentaires:
je ne connais pas le film dont tu parles, mais ça me rappelle drôlement le film "L'Odeur de la papaye verte" un film franco-vietnamien, très lent, très intime, très sensuel, avec une belle réflexion sur la condition des femmes au Vietnam.
Je viens de regarder un extrait sur Youtube. En effet, il ne semble pas y avoir beaucoup de dialogue, mais c'est très relaxant comme film.
L'odeur de la papaye verte est aussi un très bon film que j'ai beaucoup apprécié, Éléonore. J'ai férocement envie de parcourir l'Asie, Vietnam, Cambodge et maintenant Thaïlande. Très excitant tout ça! ;o)
Pur Bonheur, ce réalisateur est très versatile car il a aussi fait des films d'action comme "The adventures of Iron Pussy". Il est fascinant. Plus je lis sur lui,plus j'ai envie de voir tous ses films (et aussi envie d'aller faire un tour en Thaïlande!).
Avec ta description très imagée, ça me donne vraiment le goût d'aller voir ce film!
Je n'ai vu aucun film d'Apichatpong Weerasethakul.
Clapotis, un de mes mots préférés.
C'est un film qui calme quand on accepte qu'il ne s'y passera rien ou pas grand chose, Nanou!
Clapotis, clapotis, clapotis, c'est si joli en effet, Mijo.
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