Je vois toujours le mercredi mon petit garçon et sa famille qui viennent du Bengladesh. La semaine passée, l'organisme de bénévolat organisait une fête, avec repas, animation, prix et jeux et histoires racontées par de vraies auteures de livres pour enfants. L'enfant, sa bénévole et UN parent étaient invités. Pourquoi un seul parent et pas les deux? Parce que l'organisme a des fonds limités et la salle ne peut accueillir plus de deux cent personnes. Je crois qu'on faisait des exceptions pour les frères et soeurs.
J'ai donc donné l'invitation à la mère un mois avant l'événement. Comme elle ne comprend pas bien le français, je la lui explique clairement. Elle demande alors si elle peut amener son mari. C'est bien écrit un parent mais je lui dis que je vais m'informer, ce que je fais. On me réitère qu'on est désolé, mais que les fonds ne permettent pas d'inviter toute la famille, on ne peut pas faire d'exception et bla, bla, bla. La semaine suivante, j'explique donc soigneusement encore à la mère la situation. Je trouve ça bête un peu moi-même de séparer des familles mais je ne le lui dis pas. Vous avez bien compris? Oui, oui. Allez-vous venir quand même? Oui, elle viendra. Fiou! Je m'en fais un plaisir de cette fête moi et comme mon petit garçon ne semble pas sortir beaucoup (il est en pyjama quand j'arrive à trois heures et demie!), ça va lui faire du bien. Elle ne semble pas comprendre très bien où se trouve la salle de réception malgré mes explications. Je propose donc de venir la chercher et que nous marchions ensemble. Marché conclu.
Le jour de la fête, l'enfant et la mère sont bien habillés et souriants quand j'arrive. Moi aussi, j'ai mis mes beaux atours. Il y a de l'excitation dans l'air! Le papa aussi est bien habillé. Alors que nous sortons de la maison, il nous suit. Malaise. Bon, je suppose qu'il nous accompagne et qu'il partira une fois à la porte. Plus nous marchons, plus je me doute que ma supposition est mauvaise. Il vient! Typique. J'ai enseigné aux immigrants tant d'années, je connais bien cette façon de faire. On ne s'oppose pas, on dit oui à ce qui est demandé avec le sourire et puis, on fait le contraire, tout simplement et sans aucune explication.
Heureusement que nous sommes arrivés à l'heure, ce qui veut dire que nous étions en avance, vu que tout le monde était en retard. Ça aussi, c'est typique. Dans plusieurs cultures, si on vous invite pour six heures, il est impoli de se pointer avant sept heures. Alors vu que nous étions dans les premiers, nous avons pu nous choisir une bonne table mais nous avons déstabilisé les arrangements prévus, étant donné que les tables étaient des tables à neuf (trois couples parent-enfant-bénévole) et que nous étions quatre. À un moment donné (dès l'arrivée en fait), j'ai décidé de relaxer, de laisser faire et de profiter du moment présent. C'est ce que la famille faisait de toute façons. On a bien mangé, on a écouté de belles histoires, je n'ai pas osé boire parce que ma famille est musulmane, mais j'aurais pu si j'avais voulu, on servait du vin. Aucun plat ne contenait du porc et il y avait plusieurs mets végétariens.
On avait eu la brillante idée de mettre des plants de tomates comme décoration de table. C'était joli et en plus, on pouvait repartir avec! Nous sommes partis de là avec de beaux diplômes, mon petit garçon a eu un beau livre en cadeau et ses parents, plein de plants de tomates (débrouillards, ils faisaient toutes les tables pour emporter les plants orphelins)! Une belle soirée.
On veut le faire redoubler sa première année. Alors que c'était péché il y a quelques années de même y penser, le redoublement revient en force dans nos écoles. Il commence pourtant à lire. Il a fait d'énormes progrès dans le dernier mois. Je ne sais trop quoi en penser alors je me tais.
12 commentaires:
Et bien... :-) lol Chez les africains, quand tu invites quelqu'un, il peut aussi bien retontir avec deux ou trois amis, ou même sa famille au complet, sans t'aviser à l'avance... :-) lol C'est très très typique... :-) lol Il y a quelques mois, j'ai invité le meilleur ami de Martin à souper... J'avais fait une recette africaine qu'il aime... :-) Il est arrivé avec trois copains que je connais et ensuite, on est sortis ensembles... :-) lol Je suis allée danser avec quatre grands cavaliers... ;-) lol C'est cool les surprises hein??? ;-) lol
Valéry xxxxxxx
Valéry! Héhé! En effet.... ;o)
Pour le redoublement, surtout si tôt dans le parcours, il ne faut pas voir ça comme une mauvaise chose. Le redoublement sert à s'assurer que les connaissances sont acquises et solides. Pensez-vous vraiment que ce sera nuisible à ce petit bonhomme de revoir à nouveau tout ce qu'il aurait dû apprendre cette année et qu'il n'a peut-être pas saisi puisqu'il commence tout juste à lire?
Il ne faut pas penser qu'à la lecture, il y a aussi des mathématiques, un peu de géographie, des notions d'histoire... S'il ne peut pas recevoir d'aide de ses parents, il doit acquérir une base solide.
Il y a autant de partisans pro-redoublement qu'il y en a contre, Gen! Avec la réforme, on voulait donner la chance aux petits de voir les objectifs en deux ans, il n'y avait donc plus de redoublement après la première année.
On avait en effet constaté que le redoublement attaque durement l'estime de soi et que les redoubleurs précoces étaient les futurs décrocheurs précoces. La solution: s'en occuper intensivement de ces enfants en difficulté, diminuer le nombre d'élèves, donner du coaching, des cours privés, de la récupération, de l'orthopédagogie intensive. Avec tout ça, on aurait pu en sauver des enfants! Mais comme ça coûtait trop cher, on s'est contenté de quelques séances en orthopédagogie... en groupes en plus! Et comme la difficulté chez l'enfant n'est diagnostiquée que très tard dans l'année (je me demande d'ailleurs pourquoi), l'aide arrive tardivement. Une demi-heure d'orthopédagogie de groupe par semaine à partir de mars ou avril, ça ne fait pas des enfants tellement plus forts qu'avant. Des miettes.
Alors, on fait redoubler. Comme avant. Alors que de multiples études ont démontré que ça marchait rarement.
Ce petit-là, c'est un cauchemar pour lui. Il en pleure. Il va perdre ses amis et tout recommencer à zéro. Il n'en aura pas de programme spécial. Il va faire ses lignes de "a" et de "i" comme tout le monde, comme ces petits qui sont plus jeunes que lui qui seront dans sa classe. Pas si facile de redoubler.
Pour avoir vécu ce que ça donne des cohortes où il y a eu zéro redoublement, je suis férocement pour.
Surtout qu'on n'a pas prouvé qu'en ne faisant pas redoubler, on améliorait le taux de décrochage. Pas dans l'état actuel des mesures d'appui (qui sont inexistantes, comme vous le soulignez).
Alors il reste le redoublement. Et, oui, on en sauve quelques-uns de cette façon. Il faut par contre que l'encadrement parental leur fasse comprendre que c'est pour les aider, qu'ils vont se faire de nouveaux amis, qu'ils vont être le plus vieux, le plus grand de la classe (ça devient vite un motif de fierté au primaire), etc.
Oui, il faut que les parents acceptent le redoublement et le valorisent. On n'est est pas là du tout. C'est une déception évidemment. Ils doivent le digérer. D'autant plus qu'il fait des progrès. Pas simple.
Si le redoublement ne diminue pas le décrochage et si l'absence de redoublement produit le même résultat, il faut être plus inventif. Je propose qu'on leur donne plutôt tout de suite leur diplôme de secondaire 5, dès qu'ils ne passent pas. Avec cette mesure, je suis persuadé que le taux de décrochage va diminuer. Je suis même étonné que le Ministère de l'Éducation n'y ait pas pensé plus tôt.
Hahaha! Je le savais bien que vous trouveriez la solution, monsieur Pierre! On en parle-tu assez du fameux décrochage? Misère! Oui, donnons-leur leur diplôme et qu'on en entende plus parler!! ;o))
Pouahahahahahahahaha... :-D lol Ils sont tellement de plus en plus à chercher de nouveaux moyens de niveler par le bas que je ne serais pas surprise qu'ils la retiennent l'idée... ;-) lol N'oublions pas que les décrocheurs sont aussi souvent des élèves doués... mais que l'école n'a pas réussi à passionner tant ils ne s'y sont pas sentis interpelés intellectuellement... :-o À force de trop vouloir aider et valoriser les élèves en grande difficulté, on en est venus à perdre ceux qui ont les capacités intellectuelles de faire de longues études... :-(
Vous savez, je pense qu'on valorise trop les études de nos jours... Bon... Je ne voudrais pas que vous vous mépreniez sur le sens de mes écrits... Je pense sincèrement qu'il est important de s'éduquer... Par contre, certaines personnes ne sont juste pas douées pour les études... :-S Ça ne veut pas dire pour autant qu'ils ne sont pas intelligents loin de là!!! :-o Souvent ce sont des génies dans d'autres domaines mais on s'acharne à vouloir les faire réussir scolairement pour les revaloriser plutôt que de valoriser leurs forces... :-S
Ma meilleure amie a un fils profondément dyslexique et avec plusieurs difficultés au niveau des apprentissages académiques... Mais cet enfant est si débrouillard et si doué pour tout ce qui est manuel!!! :-o Il est loin d'être idiot croyez-moi!!! :-o Dans certains domaines, il surpasse largement tous les autres enfants de son âge: il est débrouillard et il a un sens inné de comment démonter, remonter et réparer des tas d'objets... :-o Son frère réussi super bien à l'école mais est loin d'avoir les forces de son frère qui pourtant, est dans une classe spéciale depuis des années... Mais bon, à presque 15 ans, il lit à peine et difficilement... :-S
À une autre époque, M. aurait été très valorisé et très apprécié de ses camarades... On l'aurait vu comme un bon travaillant, débrouillard, fort et dégourdi... Sa femme (ou quelqu'un d'autre) l'aurait aidé dans les domaines où il n'était pas trop bon, par exemple, en lisant et écrivant pour lui au besoin... Et on aurait ri de son "pousseux de crayon" de frère... :-S
Pourquoi en tant qu'humains n'admettons-nous juste pas la différence??? Et qu'il n'existe pas qu'une seule voie pour être valorisé et considéré intelligent??? Pourquoi ne pas juste aider les enfants à développer LEURS forces plutôt que de chercher mordicus à les conformer à quelque chose dans lequel ils ne peuvent que subir des échecs??? :-(
Valéry xxxxxxx
Comment expliquer que la plupart des élèves qui redoublent en secondaire 1 sont encore en situation d'échec l'année suivante?
Doubler pour faire doubler, sans aide, sans mesures "originales" d'aide à l'apprentissage est totalement un non-sens propre à satisfaire l'opinion publique qui voit le redoublement comme une panacée.
Vous avez bien fait de décrocher pour l'autre parent accompagnateur.
Quelle bonne idée comme petite fête...
Et oui, ça prend vraiment tout un village pour élever/éduquer un enfant.
Ici, ils ont commencé un système basé sur les compétences au moment où mon premier entrait au primaire l'an dernier. Je ne connais rien d’autres alors je ne peux pas juger si c’est mieux que le système traditionnel ou pas. J’aime la philosophie derrière. Mais j’ai l'impression que les profs n'ont pas encore saisi le système. Ce qui donne un nouveau système appliqué avec une ancienne mentalité. Et ça, ça ne fonctionne pas si bien.
Le suivi des enfants pour les parents n’est pas facile avec un tel système. J’ai la chance d’avoir des enfants brillants qui en plus fonctionnent très bien à l’école, pour l’instant. Je ne sais pas comment les enfants qui ont des difficultés s’en sortent. En principe, chaque enfant devrait s’en sortir mieux que dans le sytème traditionnel peu importe le type de problèmes.
Le principe étant pas de redoublement. Alors je n’ai pas du tout compris pourquoi quatre enfants redoublaient cette année… Je ne rentre pas dans le débat pour ou contre le redoublement. C’est courant ici vu la situation linguistique du pays et le nombre d’étrangers qui y résident. Le taux de décrochage est élevé et on en parle souvent, d’où le changement de système (la cynique en moi vous dirait que c’est aussi la politique, les ministres de l’éducation voulant toujours laisser leur trace en reformatant tout).
Mammouth
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