Une de mes nombreuses amies a au moins cent livres de trop. Une belle femme qui a du style. Elle voyage en classe affaires dans les avions parce qu'elle n'entre plus dans les bancs réguliers. Quand je l'ai connue, c'est quand même récent, elle était aussi grosse et il semble qu'elle soit comme ça depuis 20 ans au moins. Elle n'est pas que son poids évidemment. On a beaucoup de points communs, c'est une femme charmante qui a un humour délicieux, elle aime le cinéma et les sorties tout comme moi et on se voit relativement souvent ces temps-ci.
L'année passée, je l'avais emmenée au Weight Watchers. Emmenée est un bien grand mot, elle était volontaire tout de même! Première rencontre, enthousiasme mutuel et puis elle m'appelle pendant la semaine, compte ses points, tout va bien. Deuxième rencontre, elle n'est pas là, un imprévu me dira-t-elle. Troisième rencontre, encore absente. Et ça a fini là pour elle. Elle s'était supposément tourné une cheville, ne pouvait marcher, donc c'était remis à plus tard et le plus tard a été jamais. Je n'ai plus jamais reparlé de perte de poids avec elle.
Et voilà qu'elle se plaint ces temps-ci. De toutes sortes de bobos. Qui ont un lien direct avec son poids, selon mes connaissances. Je ne suis pas doc mais un squelette n'est pas fait pour porter autant de kilos. Le corps réagit à la surcharge. Quand elle me parle de toutes les pilules pour l'arthrose et autres maux qui l'affligent et du fait qu'elle se réveille douloureuse chaque matin, je fais le lien (évident!) avec sa surcharge pondérale. Surprise dans ses yeux! Misère! Coudons, son doc qui lui prescrit allégrement tous ces médicaments ne lui en parle jamais? Il n'ose pas? C'est un sujet tabou?
Je lui dis que je me suis inscrite à fitnesspal, gratuit et efficace et que j'ai l'intention de perdre mon fameux quinze livres en trop à l'automne. Elle s'informe poliment mais ne prend rien en notes.
Coudons! C'est sa vie, c'est son corps, rien n'est simple au niveau du surpoids, j'en sais quelque chose. Mais là, fumer, être gros, ne pas prendre soin de soi, ce sont des frais qu'on impose à toute la société.
Je veux rester son amie, je veux qu'on se voit encore, elle est délicieuse et charmante. Je peux l'écouter se plaindre, oui, si elle fait quelque chose pour remédier à la situation. Si elle ne fait rien, c'est des ses affaires (relativement, nous supportons tous le coût de son obésité) mais la prendre en pitié pour les nombreux bobos qui en découlent, non.
26 commentaires:
c'est parfois si difficile de s'avouer ses propres defaults ou vices...
arreter de fumer, c'est dur, la pour moi, 10 jours sans tabac, je redoute le retour a la vraie vie, en dehors du monde du yoga ou la tentation sera plus forte...je n'ai pas de problemes de poids mais le regime, c'est vraiment dur, courage confiance vigilance, encouragez votre amie en douceur...
On se voile tous la face pour une chose ou une autre je pense. Parfois on ne voit pas ce qui parait évident pour tous.
Dommage pour votre amie, car là, c'est la santé qui est en jeu, c'est vraiment aux médecins de l'informer ! Autant je peux comprendre qu'en tant qu'amie, parler de cela soit difficile, autant de la part d'un médecin, je trouve ça inadmissible...
Écoute, je crois que vous avez fait votre part. C'est certain qu'en bonne amie que vous êtes, l'entendre se plaindre vous donne envie de lui donner conseils et trucs mais c'est à elle que revient le responsabilité. Occupez-vous de vous et peut-être exagérez un peu les bienfaits de votre perte de poids...elle va peut-être cliquer!
Je le sais que c'est dur!!! Je me bats pour garder mon poids depuis toujours il me semble et la cigarette, j'ai vu Voisin galérer pour s'en débarrasser jusqu'à la maladie totale, le coeur malade, le médecin qui menace et même là, il rechutait. Nos poisons nous hantent. Ce qui me dérange de cette amie, ce n'est pas tant son poids que le fait qu'elle se plaigne de maux divers sans même essayer de se débarrasser des kilos excédentaires. Elle ferait des efforts infructueux, retomberait dans sa graisse et je serais tout ouïe et compréhension. Je le sais que c'est dur, lilasvb, n'en doutez pas. Et j'admire votre persévérance.
Pour ce qui est de la douceur... hum... ce n'est pas ma principale qualité, vous avez raison. Je vais tenter de faire attention. Mais je ne promets rien! ;o)
Cath, on dirait que plusieurs médecins ont peur de traumatiser leurs clients! Pas le mien en tout cas, mon spécialiste du diabète (je n'en fais pas mais je suis à risques) qui me fait les gros yeux si je n'ai pas maigri et m'expose et me réexpose les dangers que je cours.
J'ai fait ma part, oui, Michèle. Il faut que ça vienne d'elle. Mais ça ne vient pas justement! Héhé!
C'est vrai que je ne fais pas toujours preuve de compassion. Ni avec les autres, ni avec moi-même non plus. À méditer.
Elle est suprise que tu "oses" lui rappeller, pas parce qu'elle n'y avait pas pensé elle-même. Elle le voit le problème. Elle l'a en pleine face tous les jours. C'est déjà assez difficile de vivre avec un surplus de poids, elle n'a pas besoin de se le faire rappeller. Je sais que c'est bizard et que peu de gens comprennent cette attitude. Les gens obèses sont beaucoup sur la défensive, mais personnellement, je n'aime pas ce genre de commentaires parce qu'on se mêle de ma vie privée. C'est un problème que tous peuvent voir, mais ça n'en fait pas une affaire publique et ça ne veut pas dire que je suis à l'aise à en parler. Parlerais-tu à ton ami de son impuissance sexuelle ou de ses problèmes de couple si tu étais capable de voir ce problème en un coup d'oeil, comme l'obésité? Probablement pas. J'ai perdu environ 30 livres depuis Mai et j'ai reçu beaucoup de commentaires positifs, mais ça me rends très incomfortable et j'essaie de garder le tout secret...
Je crois que tu as fait ta part en lui donnant des conseils et astuces pour la perte de poids. Maintenant, si tu souhaite qu'elle reste ton amie, laisse la faire. Si elle décide de se prendre en main, parfait, sinon tu évites le sujet. En le mentionnant, tu risques seulement de lui faire de la peine.
Voilà mon conseil de grosse ;)
Votre délicieuse amie se doute t-elle que vous discutez de SA maladie sur internet ????
mimi la grosse
mimi la grosse, j'espère bien qu'elle ne s'en doute pas! Bien que je ne dise rien que je ne lui dise pas à elle. Que je sois peu sympathique à ses maux causés par son mal, elle le voit bien. Je ne dis pas que je fais bien ni que ce soit la bonne attitude. Je discute de plein de gens et de choses qui m'arrivent, mon pseudo anonymat m'aide (je dis pseudo parce qu'il y a des gens qui me lisent que j'ai rencontrés). C'est vrai que c'est une maladie probablement mais ce n'est pas l'avis de tous et si c'est une maladie, faut la soigner, évidemment. Je suis très consciente que ce billet peut blesser les personnes obèses, si je suis si dure, c'est tout probablement parce que je suis une obèse moi-même, qui n'a que dix ou vingt livres de trop peut-être, mais qui doit travailer énormément pour ne pas que les choses dégénèrent et qui n'arrive pas trop à le perdre ce fameux poids en trop. Mais je ne lâche pas.
Mayieve, oui, je vais me taire sur le sujet et ne plus lui mentionner que ses douleurs sont dues à son excès de poids. Ça a été dit, je ne répéterai pas.
Et en fait, si elle n'avait pas parlé et reparlé de ses problèmes d'arthrose et de fatigue chronique et de difficulté à marcher, je n'en aurais pas parlé de son poids. On n'avait plus reparlé de poids depuis l'histoire avortée des Weight Watchers et il y a presque un an de ça.
Désolée de vous avoir blessée, mais quand je parle avec une amie j'ai encore le désir innocent que cela reste entre nous.
Mimi
Il y a une distinction entre la pitié et l'empathie.
L'obésité est une maladie et une immense partie est mentale, vous le savez.
Vous vous dites obèse (j'en doute, mais bon, vous avez du poids à perdre) et vous vous demenez, normal que cela vienne vous chercher cette «absence» de combativité. En même temps, vous n'êtes pas dans ses souliers. J'y crois beaucoup au concept de résilience et vous, vous l'êtes, avec ferveur même.
Je trouve pertinent le commentaire de Mayieve. L'obésité c'est au vu et au su de tous, les gens obèses depuis toujours ont toute une protection.
Blessée? Non, bien sûr, Mimi. euh... ce blogue raconte ma vie et ceux et celles qui en font partie en font aussi partie. Anonymement. Et je ne leur demande pas la permission, c'est exact. Si jamais je suis "découverte", (c'est tout de même arrivé) soit je négocie avec la personne, soit je deviens carrément privée. J'ai d'ailleurs privatisé ce blogue quelques mois à cause d'un ancien amoureux qui en connaissait l'existence. Et puis... ça n'a plus eu d'importance qu'il me lise ou pas et je suis redevenue publique.
Oui, le commentaire de Mayieve est certainement pertinent, Unautreprof et les gens sont bien libres de réagir comme ils le veulent à leurs problèmes et même de le nier le problème.
Je ne suis pas toujours empathique c'est vrai et je ne fais absolument jamais semblant de l'être quand je ne le suis pas. L'hypocrisie, je ne connais pas ça.
Je ne suis pas obèse en poids, mais je suis certainement obèse dans ma tête vu que je dois constamment lutter pour ne pas devenir obèse de poids. Faire attention, faire de l'exercice que ça me tente ou non, faire des efforts et c'est pour la vie et si je relâche, je prends du poids. Alors, je connais le phénomène. Je ne suis pas une petite mince naturelle qui juge les gros, je fais partie des gros qui ne sont pas si gros à force d'efforts et de restrictions.
L'obésité, ce n'est pas qu'un problème de santé mentale, c'est beaucoup plus large que ça, c'est maintenant une calamité, un problème de société et ça atteint maintenant les enfants, du jamais vu.
Bonjour Femme Libre,
Avez-vous pensé que le problème de poids de votre amie a une dimension très affective-émotive.... Et que vous le traitez de façon très rationnelle? Vous (les deux personnes) ne parlez donc pas le même langage.
En lisant votre post, je me rends compte que vous donnez une interprétation personnelle des problèmes de santé de votre amie en les reliant à la surchage de poids. C'est peut-être vrai.... et peut-être pas! Je fais de l'arthrose au genou gauche depuis des années, c'est mauditement douloureux... et je n'ai pas de problèmes de poids. Dans votre discours, vous faites des liens rationnels, votre amie vous parle de problèmes de santé de façon émotive... Vous a-t-elle demandé de la prendre en pitié? Si son état vous irrite, avez-vous tenté de lui répondre poliment que ses problèmes vous désolent, mais qu'en fin de compte, il lui revient de se responsabiliser.... À cette étape, vous devriez être à même de déceler si votre amie est en mesure de faire les liens nécessaires pour assumer son état. Et dites-vous bien qu'elle ne réagira peut-être pas rapidement.... Chacun-e a son propre rythme, n'est ce pas?
En terminant, j'oserais vous dire: compassion, compassion et compassion (ce qui ne veut pas dire pitié!).
Amitiés,
A
Je suis certaine que son médecin lui en parle, mais c'est comme le reste c'est plus facile d'oublier.
Et bien,
tu me connais, j'ai horreur des détours, surtout lorsque je vois la personne se plaindre constamment, ne rien faire et prendre la pente vers le bas... Je pense que ça se dit quelque chose du genre: "Écoute, je t'aime et je commence sincèrement à m'inquiéter pour toi, pour ta santé."
Je viens de lire Jeune quinquagénaire et j'approuve aussi, ça a bien de l'allure!
Cent livres, c'est pas rien...Et la santé en prend sûrement un coup, c'est certain! En tout cas, moi je me suis prise en main avant que ça aille trop loin...Je filais mal avec 50 livres en trop, j'imagine qu'avec 100 livres les petits bobos sortent! Chantalou xx
Les médecins me sidèrent des fois... Plutôt que de parler franchement prévention et guérison, ils préfèrent adopter l'attitude de l'autruche et donner des médicaments pour patcher les bobos... Médicaments qui ont des effets secondaire auxquels on ajoute donc d'autres médicaments pour combattre ces effets indésirables... La santé en pilules, coûteuse pour la société et payante pour les compagnies pharmaceutiques plutôt que la prévention, la responsabilisation de la personne face à sa santé vis-à-vis de son mode de vie...
Le débat n'est pas à savoir si l'obésité est, ou n'est pas une maladie... Ni même de discuter de la résilience, ou pas, de telle ou telle personne... Ou des excuses plus ou moins ésotériques, émotives et tout le tralala expliquant le phénomène... Oui on peut faire le choix de rester gros et bien vivre avec son problème d'obésité morbide... Sauf que... Il reste que les risques de plusieurs maladies graves augmentent sensiblement quand on arrive à un certain niveau d'obésité... Et les gens ont plus facilement l'approche "magique" et soit-disant facile de la médication plutôt que de se soigner de la seule manière permanente et efficace qui soit: c'est-à-dire de changer ses habitudes de vie...
Mais bon, c'est comme dans tout le reste... On ne veut plus se prendre en mains et s'assumer... Toutes les excuses sont bonnes pour se laisser aller, être gros, ne pas faire d'exercice... On se fie sur le doc et la sacro-sainte médecine pour nous patcher en cas de besoin... :-S
Valéry qui, comme Femme Libre, travaille fort pour garder la précieuse santé et éviter pilules et tout le tralala...
Sans avoir été obèse, l'an dernier j'avais quand même 25 livres en trop et dès le lever le matin, j'avais mal aux chevilles, comme si elles ne pouvaient supporter cette nouvelle charge.
Et bien depuis que j'ai perdu ce surplus de poids en un an, elles ne me font plus mal. Ce n'a pas été facile, et ce ne l'est toujours pas encore, je suis souvent au resto et je dois faire des choix santé dans les menus. Mais ça reste faisable, il suffit de le vouloir vraiment. Il me reste un petit 5 lbs, qui reste là, bien installé. Dur dur.
je lis un roman sur le sujet, en ce moment... «un si joli visage», dont la personnage principale est obèse. Bientôt la critique sur mon blogue, lorsque j'aurai terminé. Jusqu'ici, c'est plutôt bien écrit (traduit, devrais=je dire).
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