vendredi 10 février 2012

La mère et la fille

"Ma fille a eu un accident avec l'auto de son chum," me dit-elle catastrophée au téléphone.

Moi, ton tout aussi catastrophé ou presque: "Elle va bien? Il y a des blessés?"

Elle:"Mais non, mais tu avoueras que c'est vraiment embêtant. La voiture est une perte totale."

Moi, ton plus catastrophé du tout et qui pense que je devrais me faire les ongles: "Les assurances vont payer."

Elle:" C'est pas ça, mais c'est que je comptais sur cette voiture pour mon déménagement, moi."

Je me suis demandé ce que je faisais à lui parler. J'ai eu envie de la brasser un peu, beaucoup. C'est la même qui appelle sa fille pour qu'elle vienne la chercher quand elle me visite, le soir, oui, le samedi soir et sa fille quitte son chum avec qui elle habite et prend la voiture du chum et vient chercher sa mère et la conduire chez elle. Et elle a 26 ans cette fille-là. Misère!

Et là. sa fille vient d'avoir un accident, elle a peut-être eu peur sa fille et en plus ce n'est même pas sa voiture à elle. Le chum, il en pense quoi de tout ça? Et là, la seule chose qui dérange cette mère qui est supposément mon amie, plus trop certaine, moi, bon, la seule chose qui la dérange, c'est son petit nombril à elle, son déménagement à elle qu'elle n'a pas eu l'idée d'organiser elle-même, mais non, sa fille est là. Bon, pas de mes affaires tout ça. C'est quand je suis déprimée que ce genre de choses me touche. Heureusement, j'ai du yoga aujourd'hui. Va me faire du bien.

Pas de mes affaires. Mais pourquoi ça me dérange autant alors?

14 commentaires:

Josie a dit...

Peut-être parce qu'on pense choisir nos ami(e)s parce que nos valeurs principales se rejoingnent et que dans ce cas-ci, vous avez eu en pleine face que ce n'est pas le cas...?

unautreprof a dit...

Probalement que ce n'est pas la première fois que vous la trouvez centrée sur son nombril. Aussi, vous auriez été si soulagée que votre fille soit correcte que l,auto aurait été le moindre de vos soucis alors c'est difficile à comprendre.
Non?

Ça l'est pour moi aussi.

Solange a dit...

Parce que c'est choquant des personnes qui comptent toujours sur les autres pour tout.

herbert a dit...

Bonjour, Femme libre.
Mais tu sais bien qu'une lorgnette, ça a deux bouts...

Bonne journée.

Je t'embrasse.

Une femme libre a dit...

Josie, j'étais fâchée contre elle et je le lui ai dit. Rien n'est tout blanc ou noir cependant. Cette mère s'est beaucoup "sacrifiée" pour sa fille unique. Elle lui a payé de longues études, des stages à l'étranger, des voyages. Sa fille est son premier sujet de conversation. Ça a été très difficile quand elle s'est fait un amoureux et a quitté la maison cet été. Elle s'y accroche, se trouve des maladies, s'en crée en fait en ne prenant pas soin d'elle. Je ne lui ai pas dit tout ça, non, mais quand même, je n'ai pas été "gentille" dans notre conversation d'hier. Je ne m'en sentais pas bien sur le moment, mais là, je me dis que si ça met fin à l'amitié, c'est correct.

Une femme libre a dit...

unautreprof, exact, nous sommes fort différentes, elle et moi, mais elle a des forces et des qualités que je n'ai pas et je l'admire pour certaines choses. Elle planifie ses voyages pendant toute l'année et part tout l'été (elle est prof) avec une petite valise qui peut aller dans l'avion avec elle. Elle amenait sa fille jusqu'ici (et je fais la même chose avec la mienne!). Elle a voyagé beaucoup comme ça. C'est une femme curieuse et intelligente. Mais sa dépendance à sa fille est malsaine. Oui.

Une femme libre a dit...

Solange, oui, tout à fait. Absolument.

Une femme libre a dit...

La lorgnette a deux bouts, c'est bien ce que je me disais, Herbert.

unautreprof a dit...

Ah que j'aime le commentaire de Herbert!
Évidemment, elle a aussi ses qualités, ça va de soi.

Pierre F. a dit...

Est-ce qu'à mots voilés elle voulait emprunter votre voiture pour son déménagement?

Une femme libre a dit...

Unautreprof, oui, elle a ses qualités mais avoir donné beaucoup à son enfant n'achète pas de droits sur sa vie d'adulte. Si on donne, c'est gratuit ou du moins, ça devrait l'être.

Pierre, Hon! je n'y avais même pas pensé!

Lud. a dit...

Je ne sais pas quelle est la culture d'origine de votre amie, mais dans le livre d'Amy Chua, dont je parle sur mon blog, ça dit ceci: «Pour les Chinois, lorsqu'il s'agit de parents, il n'y a rien à négocier. Les parents sont les parents, on leur doit tout (même si ce n'est pas le cas) et on doit tout faire pour eux (même si ça détruit votre vie).»

Alors peut-être que sa fille agit ainsi par piété filiale??

Une femme libre a dit...

La mère est québécoise et la fille agit ainsi par culpabilité, j'en mettrais ma main au feu, Lud. Mais qui sait vraiment? Les relations familiales sont d'une très grande complexité.

Une femme libre a dit...

En fait, ce qui m'énerve le plus, Solange a mis le doigt dessus: c'est cette propension à dépendre des autres pour organiser sa vie, cette façon de faire pitié également, en se créant des maladies qui deviennent réelles à force d'y croire. C'est vrai que maintenant elle a de la misère à se déplacer, alors... elle ne se déplace plus! empirant du coup son cas. Moins on en fait, moins on peut en faire. Oui, je prends sa fille en pitié, surtout depuis que je sais que sa fille lui a conseillé de se rapprocher géographiquement de ses amies, "ses amies", ça semble être moi, car elle cherche un logement près de chez moi. C'est très bien que je prenne mes distances, je pense.