L'adoption internationale est vraiment devenue un chemin de croix. Des attentes interminables (mais qui finissent par se terminer, fiou!) et moins d'enfants adoptables qu'avant. Les futurs parents souffrent, calculent, s'inquiètent et se demandent si un jour, ils auront enfin le bonheur de fonder une famille. On compâtit certainement avec cette angoisse et cette souffrance, car ça en devient réellement une, tellement l'attente tue. Certains lâchent prise, d'autres s'accrochent. Il y a ce besoin de réconfort entre parents qui attendent, de support, d'écoute, même s'il n'y a rien à dire finalement sauf répéter encore et encore que c'est dur et qu'il n'y a pas de nouvelles.
Et puis un jour il y en a et l'attente est oubliée?
Je ne sais pas. Ma première adoption a eu lieu il y a vingt ans et il n'y en avait pas d'attente. En fait, les enfants, très nombreux, étaient officieusement proposés avant même que le parent soit évalué! Quand j'ai adopté la première, c'est l'orphelinat qui m'a téléphoné six mois plus tard pour m'informer que sa soeur venait d'arriver à l'orphelinat et qu'ils me la "réservaient" mais que fallait que je me dépêche de me faire réévaluer parce que la petite était prête à partir. Trois mois plus tard, j'allais la chercher. Il s'est avéré que ce n'était pas la soeur de la première, mais là, c'est une autre histoire!
L'idéal, et on le sait tous, c'est évidemment que les enfants ne soient pas abandonnés et qu'ils puissent vivre heureux dans leur pays et leur famille d'origine. C'est le but à atteindre. Abandonner un enfant à cause de la misère est un scandale. Abandonner un enfant parce que c'est une fille et qu'on a droit qu'à un seul enfant qui se doit d'être un garçon en est un autre. Il y a des scandales derrière l'adoption internationale. Le parent adoptant n'en est pas responsable, évidemment. Et quand un enfant est en orphelinat, il faut l'y en sortir et lui donner une famille, absolument. Chaque enfant a droit à une famille. Mais chaque famille a-t-elle droit à un enfant?
11 commentaires:
Est-ce qu'on est pas très exigeant avec les familles qui veulent adopter?
Exigeant dans quel sens, Solange?
Je veux dire, on ne fait pas d'enquête pour savoir s'ils sont aptes à s'occuper des enfants.
Bonjour Solange,
Oui, il y en a une "enquête", c'est l'évaluation psycho-sociale faite par un(e) travailleurs social agréé ou bien un(e) psychologue. Tout y passe, l'enfance des parents, leur relation entre eux, leur équilibre émotif, leur santé, leur argent, on visite la maison, on rencontre tout le monde y compris les autres enfants s'il y en a et c'est ce professionnel qui décide si ces parents potentiels peuvent adopter. Et si jamais il les refuse, il a l'obligation d'en aviser le SAI pour éviter que les gens voulant adopter ne se présentent tout simplement chez un autre évaluateur en répondant différemment aux questions cette fois. Ça se faisait avant! Des gens inaptes qui "apprenaient" à force de refus ce qu'il fallait ou ne fallait pas dire!
Les parents adoptants ont besoin de qualités spéciales, d'une grande ouverture et d'un réalisme à tout épreuve. Un bon psy ou t.s. doit les renseigner sur les réalités de l'adoption.
Les évaluateurs ne sont pas toujours neutres cependant et y vont avec leurs valeurs et leur expérience. Ainsi, moi, je voulais adopter un garçon ou une fille, pas d'importance le sexe de l'enfant, je voulais un enfant qui avait besoin d'une famille, point. Non, non, non, m'a dit la travailleuse sociale qui m'évaluait. Un garçon a besoin d'un modèle masculin. J'en ai, des modèles masculins, fils déjà là, chum, père, frères, amis etc. Non, non, non, un garçon a besoin d'un modèle quotidien adulte qui vit avec lui, vous êtes célibataire, vous demandez une fille. Pas négotiable. C'est ce que j'ai fait. Je me suis ainsi retrouvée avec un garçon (fait maison!) et mes trois filles.
Mon amie voisine adoptante célibataire elle aussi n'a pas eu cette consigne de son évaluatrice! Elle n'a pas choisi le sexe et a finalement adopté trois garçons et une fille et tout se passe très bien. Ils ont de 9 à 24 ans ses enfants!
Ah cette fameuse évaluation... Nous l'attendons depuis presque sept ans et oh que ça me stresse...
Sept ans d'attente pour être évalué pour une adoption? C'est beaucoup, c'est énorme. Adoption québécoise, Ellora?
Oui, adoption québécoise régulière. C'est moins long avec ce qu'ils appellent la Banque mixte, mais nous avons opté pour la traditionnelle.
Comme ça fonctionne par région au Québec, nous avons changé de Centre jeunesse trois fois et chaque centre fonctionne à sa façon. Nous avons choisi de partir des Laurentides parce qu'on a eu une expérience très frustrante avec eux et de venir nous installer à Montréal où ça roule un peu mieux.
Lors de notre dernière rencontre avec eux, ils parlaient de sept ou huit enfants adoptés à Montréal par année. Ce n'est vraiment pas beaucoup. Alors on comprend pourquoi ceux qui en ont les moyens vont à l'étranger.
De notre côté, nous n'avions pas assez d'argent, mais nous étions surtout plus à l'aise avec l'adoption québécoise. Mais ça aiguise la patience!
L'évaluation me fait tellement peur... On s'entend que c'est loin de la méthode utilisée par la majorité des couples qui veulent un enfant. Au lieu d'être seuls dans un lit à avoir du plaisirs, on s'explique en long et en large devant des inconnus!
C'est devenu très long à l'étranger aussi, Ellora. Sept ans en Chine, quatre aux Philippines.
Pas si pire l'évaluation, une bonne occasion de parler de soi et de son couple, de faire le point.
Je vous souhaite le meilleur!
Ah que je me reconnais dans ces écrits... disant qu'on attend, et qu'on a rien à dire. En effet, c'est vrai qu'on a rien à dire. Du moins, on choisit bien ce qu'on veut dire, et si on veut seulement parler de l'adoption, tant qu'on n'a pas l'enfant, il n'y a rien à dire, c'est vrai ;-)
Oublier cette attente? non... moi en tout cas, je ne l'oublierai pas... 6 ans 1/2 d'attente, ça ne peut pas s'oublier, et je ne veux pas l'oublier. Cette attente a fait en sorte que je suis ce que je suis maintenant, et si elle n'avait pas eu lieu, je ne serais pas autant préparée, tout simplement parce que je n'en aurais pas eu le temps. L'attente a son lot de désavantage, mais elle a aussi son lot d'avantages. J'en ai lu des histoires qui ne sont pas à l'eau de rose et de bonbons... j'en ai lu aussi des très belles... j'ai lu des blogues, livres, forums, trouvé des amies/amis. Je me suis préparé pour la venue de cet enfant... et malgré tout, je doute encore que je le suis suffisamment, je doute que je serai à la hauteur. Malheureusement, toute cette lecture et histoire de réseaux sociaux, ça amène aussi une pression sur les épaules des parents, car on veut tellement être selon le modèle des livres, qu'on finit par se dire que c'est stressant l'adoption...
Bien malgré nous, l'attente fait encore partit de notre quotidien, et elle achève... enfin... on le souhaite, car veut, veut pas, cette attente mine l'énergie à la longue...
À Ellora: oui, c'est stressant les évaluations psychos, mais au bout du compte, on finit toujours par se dire que c'était inutile de se stresser...;-)
Ça ne devrait pas être stressant et les parents adoptifs ne devraient pas se demander la perfection. Il y a comme une peur de l'erreur qui s'installe surtout avec toutes les mises en garde sur les enfants de l'adoption qui viennent avec des défis. Et c'est vrai que les livres et leurs nombreux conseils et mises en garde peuvent rendre anxieux au lieu de rendre service. Tiens, le docteur Chicoine défend de coucher avec son enfant adopté et pourtant, les parents relaxes que je connais qui l'ont fait en se souciant davantage de leur sommeil que des préceptes médicaux s'en portent plutôt bien et leur enfant aussi!
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