lundi 16 juin 2014

Drama

Quand Vingt ans ne va pas bien, ça paraît. Elle est totalement transparente. Pas en paroles, en attitude. Ainsi, c'est les yeux rougis qu'elle s'est présentée chez moi pour aller au brunch. Heureusement que son amie était avec elle, car sinon je n'aurais pas vraiment su pourquoi elle pleurait tant. J'aurais évidemment pensé au type mais j'aurais pu croire qu'il l'avait encore violentée.

Bien que ce soit le cas. Violence psychologique. On est donc rentrées il y a maintenant une semaine et cette fois, ma fille est bien allée chez lui, mais elle a continué à vivre. Elle n'a pas manqué l'école, elle est allée coucher deux fois chez sa meilleure amie, elle est allée au cinéma sans lui. Ouf! C'était trop. Fallait qu'il la rattrappe et la mette à sa main.

Voilà donc qu'elle lui raconte tout spontanément et innocemment qu'elle était sortie avec un gars pendant leur séparation. Pas de réaction immédiate de sa part. Mais elle décide d'aller coucher chez son amie, la même, celle qui est comme une soeur pour elle, celle qui était là en pleurs quand j'ai appelé la police, celle qui est dysphasique et qui veut devenir pâtissière, celle qui va à la même école qu'elle et dans la même classe qu'elle, celle dont j'adore les parents, celle-là. Il ne dit rien.

Mais le dimanche matin, il lui texte qu'il veut rompre. Il ne comprend pas et n'accepte pas qu'elle soit allée avec un autre gars et se demande si vraiment elle l'aime.

Ma fille est dévastée et c'est ce qu'il veut. Elle s'en va sur le balcon, prostrée et en larmes, ferme la porte patio et la voilà à lui parler, à lui expliquer, à supplier, à réitérer la profondeur et la sincérité de son amour ( c'est ce que j'imagine, je n'entends pas, moi, de l'intérieur de la maison!).

Or, ce gars n'a pas du tout l'intention de la quitter (mon interprétation), bien au contraire, ce qu'il veut, c'est mettre le grappin dessus plus solidement. Qu'elle se consacre à lui, qu'elle quitte amies et famille, qu'elle soit comme avant, toute à lui à écouter ses rêves et cauchemars quand ils se présentent, et à manquer l'école le lendemain s'il l'a tenue éveillée toute la nuit. Sa chose. Dont il peut faire ce qu'il veut.

On finit par partir pour le restaurant. Péniblement. Mon fils y est. Merveilleux fils!

Ma fille texte pendant le repas. Mais moi aussi, je texte...  à mon fils!

Je lui explique la situation. Il invite sa soeur à nager dans la piscine de son condo après le brunch. Et les voilà partis.

Le soir, elle me téléphone pour me dire qu'elle dort là, qu'il va les reconduire, son amie et elle, à l'école le lendemain.

Un peu plus tard, c'est Fils qui appelle. Dit que sa femme et lui ont réussi à la convaincre de ne pas retourner avec le type. Mais c'est branlant. Ouain. Faut être très présents pour elle, qu'il dit. On l'est présents, mais moi, pas trop confiance. Elle veut plaire à tous et à son grand frère particulièrement. Alors elle dit bien ce qu'il veut. Mais si le type se pointe et lui refait ses grandes déclarations d'amour avec promesse de mariage et d'enfants, je pense qu'elle cèdera.

10 commentaires:

Gen a dit...

Qui sait... Peut-être que le grand frère, avec qui elle semble avoir une relation très peu conflictuelle et qui est heureux en ménage, pourrait avoir une influence là où vous, qui vivez avec elle au jour le jour, en avez moins.

Faut pas perdre espoir.

Une femme libre a dit...

J'ai vu mon fils ce matin car il a laissé sa voiture chez moi, il habite en banlieue, travaille au centre-ville et utilise d'habitude sa bicyclette ou les transports en commun (pratique d'avoir un stationnement de libre!). Il va garder sa soeur à coucher ce soir aussi et il est bien conscient que c'est branlant et que si elle revoit le type, tout est foutu. Je laisse aller. Merci à mon fils!

Je pense que le fait que mon fils soit en couple et dans un couple heureux peut jouer, oui. Il a une excellente relation avec ses soeurs en effet. Heureusement que je ne l'ai pas écouté quand il était ado! J'ai adopté sa petite soeur quand il avait quinze ans et il avait dit à la travailleuse sociale qui nous évaluait "Arrêtez-la s.v.p.! On est déjà trois enfants, c'est bien assez!"

Gen a dit...

Lolol! Pauvre fiston, il devait déjà trouver que les deux autres sœurs lui en faisait voir de toutes les couleurs! ;)

Une femme libre a dit...

Mes quatre enfants sont très unis et solidaires. Je suis bien fière de ça. On se tient dans la famille, l'agresseur de ma plus jeune doit le sentir. On ne la laissera pas tomber. Ce soir, on va tous aller voir Petit-fils jouer au soccer, même ma plus vieille va venir. On se serre les coudes.

Gen a dit...

J'en doute pas! :) Mais je comprends qu'à 15 ans, fiston voyait sans doute les choses différemment! ;) (je suis sûre que si vous lui rappeliez cette anecdote, lui aussi il se dirait que vous avez bien fait de ne pas l'écouter! ;)

Une femme libre a dit...

Tiens! C'est une bonne idée, je vais la lui rappeler, je gage qu'i va nier avoir jamais dit ça mais c'est bel et bien écrit dans le rapport de la travailleuse sociale et ça avait tourné à mon avantage "Il y a une belle ouverture dans cette famille et la liberté d'expression est favorisée. Ainsi, l'adolescent de la maisonnée n'hésite pas à dire qu'il préférerait ne pas avoir une nouvelle soeur. Ce à quoi, la mère lui a répondu que c'était elle qui adoptait, pas lui!Les rôles sont clairs, bien définis, et chacun évolue en sécurité dans un environnement ouvert mais également encadrant."

Pur bonheur a dit...

Il y a cette semaine dans LaPresse, une série d'articles sur l'adoption internationale. Le coté 'moins rose'. Super intéressant. Je pense à ma cousine en lisant. Elle a adopté deux chinoises et l'une d'elle est un 'vrai paquet de troubles' selon ce que j'entend. Dans LaPresse, certains parents prennent des solutions extrèmes...

Une femme libre a dit...

@Pur Bonheur
Oui, je lis. C'est bien qu'on en parle de ce genre de problèmes reliéa aux troubles de l'attachement.

Mais la situation actuelle de ma cadette n'ont rien à voir avec l'adoption. Il y a plein de femmes pas adoptées et de tout âge qui sont victimes de violence conjugale. Un fléau.

Pur bonheur a dit...

Ah mais je ne visais pas vos adoptions. Mais vu que vous êtes une spécialiste sur le sujet et je voulais vous mettre au courant des articles.

Une femme libre a dit...

Il y en a et il y en aura de moins en moins des adoptions internationales. Huit ans d'attente pour un enfant chinois actuellement, même chose pour le Vietnam. Les pays confient leurs enfants plus vieux ou handicapés, plus leurs jeunes bébés. En Haïti, où c'était si facile, c'est devenu archi compliqué et le processus est cruel, on rencontre notre futur enfant et on passe une semaine avec lui, pour s'attacher mutuellement. Et ensuite, retour chez nous et attentte... d'un an,des fois deux! Le jeune enfant de deux ans qu'on a rencontré en a quatre et ne se rappelle évidemment pas de nous. Au moins en Chine, quand on a l'appel attendu pendant huit ans, on part peu après chercher l'enfant.