On avait une chambre dans un chalet partagé. Pas vraiment d'intimité. On entendait tout. Mais pas si grave, étant donné qu'on passait notre temps dehors. On apportait notre literie et serviettes et tout et tout. Le papier de toilette était fourni. Salle de bain partagée. On n'en meurt pas. Faut dire que mes amis, eux, avaient leur propre salle de bain dans leur petite chambre, tandis que moi, à la dernière minute comme ça, j'ai eu ce qui restait et j'en suis bien chanceuse!
Bon, alors, manque de confort et nourriture correcte sans plus. Pourquoi aller là donc?
Pour la nature, pour le calme, pour la sécurité et pour les animateurs.
Le genre d'endroit où tout est près et tu peux laisser aller ton enfant jouer sans t'inquiéter. Bon, moi, je surveillais beaucoup quand même, mais ce n'était pas mon enfant non plus et je savais le drame terrible s'il lui arrivait quoi que ce soit. N'oublions pas que ses parents étaient inquiets de s'en séparer.
La grande qualité de ce camp, ce sont ses moniteurs. Des étudiants en éducation, psychologie, travail social qui font ce travail pour l'expérience bien plus que pour le salaire, car ce n'est pas payant. Des étudiants qui ont à coeur de transmettre des valeurs, qui n'acceptent aucune discrimination envers qui que ce soit, ni sexisme et qui sont un exemple de respect des autres et de la nature. Du beau et bon monde.
Les enfants sont encadrés et heureux et probablement heureux d'être encadrés. La petite fille trisomique de ma voisine de chambre était choyée dans son groupe et ses moniteurs avaient l'air ravis de l'intégrer.
Ces camps ont une mission sociale mais personne ne sait qui d'entre nous avait payé moins cher et c'est très bien ainsi! Respect et joie de vivre étaient au rendez-vous.
J'ai rencontré les amis adoptants de celle qui m'avait invitée. Ça a cliqué tout de suite. On en avait des choses à se raconter.
Petit-fils qui est capricieux et méfiant pour la nourriture n'a pas mangé les deux premiers jours. Ça inquiétait beaucoup mon amie. Pas moi. Le soir, il pleurait en disant qu'il allait mourir de faim. Je lui répondais que non, que ça prenait trente jours pour mourir de faim et ne lui donnais aucune attention ni admonestation (rien du style "mange quelque chose, tu n'auras rien plus tard et tu vas avoir faim", non, silence) pour son désir de manger ou pas et quand il disait à la cuisinière en tenant son cabaret qu'il n'aimait pas ça, je disais pas grave, je poussais son cabaret plus loin, le remplaçais par le mien et me faisais servir sans m'occuper de lui.
La troisième journée, il a mangé ce qui était servi. Là encore, je n'ai fait aucune remarque. Mon amie le félicitait "bravo, tu as bien mangé!" Depuis quand on félicite quelqu'un parce qu'il mange? Mais je ne disais rien à elle non plus. Liberté. La quatrìème journée, il était en file avec les ados pour avoir une deuxième portion de .... hot chicken!
Si j'étais le parent, le problème serait considéré réglé. Mais hier, on est allés bruncher sans ma mère cette fois car elle est à l'hôpital et sa maman lui demandait ce qu'il voulait et il faisait des caprices et tout était comme avant. Le soir, j'ai appelé ma fille pour lui raconter les aventures culinaires de Petit-fils. Elle a été fâchée qu'il passe deux jours sans manger et m'a trouvée cruelle de l'avoir laissé avoir faim. Avoir su, je ne lui aurais rien raconté!
Quand un enfant a un problème alimentaire, ça vient généralement de ses parents, j'en suis persuadée.
9 commentaires:
Je dois dire qu'à chaque fois où vous parliez de problèmes de "rigidité alimentaire", je me mordais la langue pour ne pas commenter. (Le problème existe en effet, mais il est très très rare et normalement lié à un problème d'hyper sensibilité aux goûts et textures).
Parce que ce qu'on explique dans tous les livres de nutrition de l'enfant, c'est qu'il faut faire exactement ce que vous avez fait à la base de plein air : on offre les aliments à l'enfant et on le laisse choisir ce qu'il mange. Mais on ne lui donne rien d'autre s'il n'a pas mangé assez de la sélection proposée. (On peut l'avertir qu'il n'aura rien d'autre, mais on ne le force pas à manger et on ne le félicite pas s'il mange)
Au bout de deux ou trois jours à avoir faim, l'enfant va apprendre à manger de tout ou, à tout le moins, à éviter uniquement les aliments qui le dégoûtent profondément.
Malheureusement, la plupart des parents ont tellement peur que leur enfant meurt de faim qu'ils vont céder à tous les caprices. (Bon, j'admets que ça doit pas être facile de voir son enfant pleurer de faim, mais à ce que j'ai compris, on n'a pas à endurer ça souvent pour que le message passe).
Ma fille me tombe sur les nerfs ces temps-ci, Gen. Aucun remerciement pour avoir pris soin de son enfant, que des critiques! Je ne me mêle plus de rien et je vais attendre qu'on me demande conseil... et je peux attendre longtemps eheh!
On a lu les mêmes livres. ;o) J'ai même un diplôme de l'université de Montréal en "Petite enfance et intervention précoce" que j'ai fait à temps perdu parce que ça m'intéressait.
J'aime beaucoup ton approche avec petit-fils et les repas. Comme quoi on peut régler cela en un rien de temps si on s'y prend bien.
On règle et les parents dérèglent, Pierre! Pas grave.
On règle et les grands-parents dérèglent aussi! ( sourire aux lèvres) La semaine passé, nous avons souper chez les beaux-parents . Puce était seule dans la maison avec sa grand-mère... Elle lui a dit qu'elle n'aimait pas le saumon ( c'était le menu) et qu'elle voulait un hot Dog. Qu'est-ce que la grand - mère à répondu? Oui ma petite chérie je vais te faire un hot Dog! Grrrrr!
C'est normal, c'est la grand-mère! Elle est là pour gâter, chouchouter. L'influence principale et réelle vient des parents.
Je fais la même chose quand Petit-fils me visite occasionnellement. Des fois, il veut manger le soir à l'heure du coucher. J'appelle alors sa mère devant lui et c'est elle qui décide.
Dans notre semaine en base de plein air, j'avais pleins pouvoirs sur lui... pendant une semaine! Et je n'allais tout de même pas apporter des repas pour lui alors que la base en fournissait et que j'avais payé pour ça! Ça a quand même prouvé la théorie selon laquelle un enfant ne se laisse pas mourir de faim. ;o)
Maman raconte,
Je pense que ce qui nuit aux parents, c'est l'émotivité. Ma fille est fâchée quand son enfant ne veut pas manger, elle se sent personnellement attaquée, elle va le menacer d'un ton agressif "Si tu ne manges pas, tu n'auras rien d'autre, tu vas mourir de faim et moi je ne te donnerai rien." Évidemment, quand il pleure plus tard parce qu'il a faim, elle se sent coupable et lui donne à manger. Cercle vicieux. Et quand il mange, elle vit ça comme une victoire personnelle et le félicite!
Alors que si le désir ou non-désir de manger de l'enfant est accueilli avec une totale indifférence, c'est déstabilisant et ça lui enlève du pouvoir. Ou plutôt ça lui en donne: le pouvoir de décider de qui entre ou pas dans sa bouche et son corps. Les enfants ne sont pas différents de nous à ce niveau: l'idée même qu'une autre personne puisse décider ce que je dois manger et combien je dois manger me donne la nausée. Intrusion invasive et cruelle.
J'ai pris des notes, ma fille n'a pas souper, pas collationner et elle n'est pas morte! Pas facile de garder tout cela en tête quand l'émotion prend le dessus! Je ne lâche pas, non non non!;-)
Oh! Vraiment, tu as réussi Maman raconte? C'est très difficile pour un parent. J'en parlais à mon entraîneur et il me disait que jamais il ne pourrait laisser ses enfants sans manger, quitte à aller leur chercher les frites qu'ils réclament! Il me trouvait "limite cruelle" (ses paroles hehe!)
L'important, c'est de garder le sourire et de ne surtout pas utiliser la nourriture ou son absence comme punition. Ben, moi, je souriais quand Petit-fils disait mourir de faim, je riais presque. Émotivement, ça ne me faisait pas un pli. Peut-être parce que la privation de nourriture, je connais ça avec ma perte de poids. ;o)
Continue à nous tenir au courant. Ta belle petite est si charmante. Je ne la connais que virtuellement mais ce que tu écris sur elle m'enchante à chaque fois! j'aime ça les petites filles qui ont de la personnalité. Elle ira loin, je le prédis.
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