mercredi 6 avril 2016
Suite
alors les deux filles sont assises devant leur assiette et un parent assis sur la troisième chaise supervise que les enfants mangent "bien". Les parents mangent ensemble (quand le père camionneur est là) le soir quand les enfants sont couchés. J'ai moi-même des problèmes alimentaires, vous le savez! Oui, ça vient de mon enfance. C'est complexe parce que l'alimentation est reliée à l'affectivité. Cette mère a eu une enfance très difficile en Éthiopie. On en parle souvent devant un café quand j'arrive pour mon bénévolat et que les bébés dorment. Elle prépare de bons repas frais pour ses enfants, est contre la congélation et perdre de la nourriture est inacceptable. Elle a connu la faim. Alors, ce qu'elle a cuisiné, il faut que les enfants le mangent! C'est vraiment trop émotif pour que je m'en mêle de quelque façon que ce soit.
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9 commentaires:
ah oui, c'est effectivement émotif! Pas facile de ne pas transmettre nos bibittes... D'un côté, on peut reproduire, de l'autre, on peut aller dans un autre extrême, comme semble le montrer ton exemple. Un milieu parfait n'existe pas!
et sûrement qu'elle fait ça pour leur bien en plus, c'est ça qui est le ironique dans tout ça, et ça arrive partout, de différentes façons.
Oui, elle fait ça "pour leur bien". Elle s'inquiète beaucoup que ses enfants ne mangent pas assez. C'est très important pour elle.
Je me doutais qu'il devait y avoir une composante émotive dans ce gavage. J'peux pas m'empêcher de trouver ça triste, mais bon.
Moi aussi mes problèmes alimentaires viennent de mon enfance. Ma mère, qui s'était toujours trouvée grosse, m'a incitée à faire des régimes à répétition. Maintenant, je n'ai plus de signaux de satiété ou de faim. Faut que je me fie à l'horloge, à la balance, au compteur de calorie et/ou à des tailles de portion pour savoir si je mange assez ou trop. Raison pour laquelle ma fille mange ce qu'elle veut, dans la quantité qu'elle veut. Je mets de bons aliments dans son assiette et le reste, je la laisse le gérer.
Oui, c'est certainement triste, mais, pour le moment, on n'y peut rien. Les parents ne sont cependant pas les seules influences dans la vie de leurs enfants, tous les quatre seront en garderie dés cet été et la petite de cinq ans fera son entrée à la maternelle. La mère veut travailler. L'été d'après, la plus vieille ira passer son été en France chez sa grand-mère. C'est une famille ouverte sur le monde et leurs idées évoluent.
Tout comme toi, je n'ai pas transmis mes problèmes alimentaires à ma progéniture. Les trois premiers sont de grands minces. La plus jeune est de poids normal bien qu'un peu contaminée. C'est celle qui m'a le plus vue "au régime"! Il lui arrive de se peser et de me demander si le poids est normal. Je dis toujours oui!
C'est un bien triste constat mais c'est la réalité : on peut transmettre nos comportements alimentaires déficients même avec la meilleure volonté du monde, même en aimant nos enfants, nos petits-enfants, même en voulant leur donner ce qu'il y a de meilleur dans la vie. On essaie toujours de redonner ce qu'on a reçu mais en mieux... Et ça va au-delà de nos habitudes alimentaires...
Ce qui peut rendre les parents stressés, Zoreilles, ce sont toutes les connaissances actuelles sur l'importance de la petite enfance et sur son influence sur tout le reste de la vie. Avant, les gens croyaient que ce dont on ne pouvait pas se souvenir plus tard n'avait aucun impact d'où le fameux dicton "il ne s'en souviendra plus le jour de ses noces". Oui, on transmet beaucoup mais il y a des enfants combattants qui résistent! Quand je regarde mon petit jumeau tonique qui a réussi, à force d'exiger et de protester non seulement à coucher avec ses parents ("sinon, il réveille tout le monde", dira la mère) et donc à être allaité à volonté la nuit, qui réussit aussi à être endormi dans le porte- bébé le jour ("si je ne le mets pas là-dedans il peut passer toute la journée sans dormir") et donc à être stimulè et en contact étroit avec sa mère, je me dis qu'il a un comportement gagnant et que ça semble inné.
Ces sujets me passionnent depuis toujours : l'inné et l'acquis. Ce qu'on a d'inscrit dans notre ADN par rapport à ce qui nous vient de notre éducation. Comment composer avec tout ça? Si je pouvais recommencer ma vie, j'étudierais ça parce que ça me questionne depuis toujours! Je n'ai pas vraiment de réponses, juste des questions...
Par exemple, le jumeau qui a un comportement gagnant comme tu viens de le décrire... Et tu touches à un autre sujet qui m'a beaucoup interpellée : la maman qui a connu des problèmes de faim dans son enfance et qui veut tout donner à ses enfants, même trop, et qui risque ainsi de leur causer plus tard d'autres sortes de problèmes.
J'ai connu il y a environ 15 ans un cousin qui avait été donné en adoption dès sa naissance. Nos mères sont deux sœurs. Il a voulu connaître sa famille biologique et c'est ainsi que nous nous sommes connus... et même reconnus. Il n'a plus de lien avec sa famille biologique, il a fait ce choix que je comprends totalement. Et pourtant, lui et moi, on est restés très amis, et c'est incroyable comme on pense pareil, comme on est parents jusqu'au fond de l'âme, comme on a un parcours qui se ressemble. On dirait qu'il est mon frère, il me ressemble plus que mes deux frères.
Quand j'ai eu ma fille, il y a 29 ans, ma mère qui était venue me voir à l'hôpital, regardait tous ces bébés à la pouponnière et elle avait eu une réflexion que je n'oublierai jamais : « Aujourd'hui, ils sont tous égaux, c'est en sortant d'ici qu'ils n'auront plus une chance égale ». Ça m'avait fait de la peine.
Zoreilles,
C'est vrai que c'est passionnant! L'inné et l'acquis.
Et l'éducation et les valeurs. Le destin existe-t-il et si oui, peut-on le modifier?
Le mieux est-il l'ennemi du bien?
Tant de questions.
Peu de réponses ou bien des réponses bien différentes.
Passionnant tu dis? Tellement!
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