vendredi 4 février 2011

La bibliothèque de Christiane Charette (suite et fin)

L'hôtel du lac de Anita Brookner, Belfond, 1988
Les règles du consentement, du même auteur, Fayard, 2004

Toute l'oeuvre de Brookner est à lire. Elle décrit avec élégance et sensibilité des gens sans histoire.

Pour la description d'un amour absolu, infini, total, celui qui occupe chaque parcelle de nos pensées, de notre être: Lettres d'une inconnue de Stephen Zweig. Vienne, le centre du monde. Complexité des émotions. L'auteur s'est suicidé au Brésil.

Sandor, Métamorphoses d'un mariage. L'auteur s'est aussi suicidé.

Annie Ernaud Passion simple. Économie de langage.

Carnets d'une coquette raisonnable, d'Hélène Millerand. Les coquettes se reconnaîtront. Lecture exclusivement féminine. La coquetterie comme un mode de vie. La coquette ne s'ennuie jamais.

La fuite de Rimbaud d'Alain Borer. Rimbaud marchait tout le temps et on lui a amputé une jambe. Il meurt jeune.


Patti Smith complete de Patti Smith.
Patti Smith a 60 ans. Elle ne fait aucune concession. En allant voir qui était la punk Patti, j'ai réalisé que madame Charette l'avait rajeunie de 5 ans. Le temps passe si vite!

Le grand cahier d'Agata Kristof, Seuil, 1986
Une trilogie. Histoire de jumeaux de 10 ans.

Jean Echenoz, Des éclairs, Éditions de Minuit, 2010

Hervé Guibert, À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie, Gallimard, 1990

Yannick Haenel. Jan Karski, Gallimard, 2009

À une question du public "Quel auteur vous a le plus touchée?" elle répond spontanément Gil Courtemanche, avec Je ne veux pas mourir seul, l'histoire autobiographique d'un homme qui se met à nu sans complaisance, un homme malade qui se juge durement, avec courage. Émouvant.

jeudi 3 février 2011

Les petites madames

Je ne sais pas si je me répète. Possible. Je pense que oui en fait. Mon entraîneur, alors qu'il n'était pas encore mon entraîneur, alors que je faisais des téléphones pour en trouver un, m'a répondu quand je lui ai décrit mon âge et ma forme physique "Aucun problème, j'ai beaucoup d'expérience avec les petites madames." Je lui ai alors répondu entre mes dents, TRÈS sérieusement et en me mettant à le tutoyer alors que je le vouvoyais cérémonieusement avant (je suis une vouvoyeuse, vous avez dû le remarquer) "Écoute-moi bien, jeune homme, petite madame, c'est condescendant et inacceptable, ou bien tu changes ton vocabulaire ou bien, non seulement je ne te prends pas pour entraîneur, mais je te fais une réputation de misogyne absolu, et j'ai tout plein d'amies passé la ménopause, entendu?" Ce qui s'ensuivit, un éclat de rire qui ne dérougissait pas, m'a convaincue que le mec avait de la classe, de l'écoute et un furieux sens de l'humour. Il est avec moi depuis neuf mois maintenant et ces qualités se sont révélées absolument délicieuses.

Ma fille bouledogue

Je l'aime cette fille. On a de grosses chicanes. On se déchire. On se percute. On s'affronte. Mais je l'aime cette fille. À travers la colère, la rancune, les cris et les prises de bec, il reste un profond attachement mutuel. Que je sens. Que je sais. Elle me remet en question. Elle me fait évoluer. Elle ne me laisse jamais indifférente. Jamais.

Déception

Finalement, ça me dérange pas mal de ne plus aller en Égypte. Ma consolation, ce serait de visiter ce beau pays devenu démocratique. Je m'interroge de plus en plus sur la pertinence d'aller dans des pays qui ne respectent pas les droits et la liberté de leurs citoyens. Si on les élimine tous cependant, il ne reste plus grand chose à visiter...

mercredi 2 février 2011

Christiane Charette

Christiane Charette était à la Grande Bibliothèque hier soir pour nous parler de ses lectures préférées. Tout en noir selon son habitude, les cheveux abondants et noirs aux épaules, mince et jolie, la dame aura 60 ans le mois prochain. Brillante, articulée et résolument sexy, elle est un charmant exemple pour les femmes qui vieillissent. C'est la femme vintage par excellence (référence au livre de Jocelyne Robert). Elle anime une émission du matin très intéressante à la radio de radio-canada et doit se lever à quatre heures du matin ce que son corps trouve très difficile, a-t-elle confié lors d'une réponse à une question du public. Ça ne paraissait pas du tout. Esprit vif dans un corps en santé.

Guy Berthiaume, qui faisait l'entrevue, ayant été son chum il y a quarante-cinq ans, ils se sont permis de se tutoyer! Elle vampirise ses livres, les martyrise, les habite, les souligne, rature et n'en prend pas soin. Il y en a partout chez elle, les bibliothèques sont pleines et il y en a dans toutes les pièces, même sur le plancher. Son conjoint est un aussi grand lecteur qu'elle. Elle en achète et en reçoit beaucoup en cadeau, en prête et en donne aussi. Plus jeune, elle était une lectrice fidèle, qui lisait tout d'un auteur aimé. Elle a lu Colette au complet ainsi que D.H. Laurence et Édith Wharton.

J'ai bien ri de ses lectures de jeunesse car elles sont rigoureusement identiques aux miennes: La comtesse de Ségur et la fameuse Sylvie hôtesse de l'air, de René Philippe. Tout comme elle, j'ai tout lu les livres de la comtesse et tous les Sylvie aussi. On a bien des points communs, elle et moi! Ses parents lisaient beaucoup (mon père aussi, énormément et tout le temps) et sa mère disait "Quand on lit, on ne s'ennuie jamais".

Sa première héroïne découverte à travers les livres, c'est la grande Coco Chanel. Elle a beaucoup lu sur elle et a mis L'allure de Chanel de Paul Morand, dans la liste des lectures suggérées. Pour Chanel, le vêtement est une architecture et tout part de l'épaule. Moi, moi, moi disent sa vie et ses vêtements aussi. Elle devait être confortable en les portant, c'était essentiel. Chanel ne pouvait supporter une femme entravée par ses vêtements. Paul Morand fait parler Chanel dans son bouquin. Elle avait pris sa retraite puis est revenue à la création à 71 ans. Elle est morte dans son lit à 86 ans en revenant de travailler. Quel bel exemple pour les femmes!

Marilyn Monroe est également une femme qui l'a intéressée. Lire Mémoires imaginaires de Marilyn de Norman Mailer, où il la fait parler au "je".

Berthe Morissot est une autre femme fascinante qui a été modèle pour Manet et a épousé le frère du peintre. Elle s'habillait toujours en noir comme Christiane Charette, qui a ainsi trouvé un moyen simple et accessible de simplifier sa garde-robe. Berthe Morissot-le secret de la femme en noir, de Dominique Bona, Grasset, 2000

Également à lire sur le sujet de l'habillement en noir Why do architects wear black?

Ma soeur mon épouse est recommandé mais je n'ai pas pris de note sur celui-là et je ne me rappelle plus pourquoi. C'est de Lou Andréas Salomé.

Dialogue en ruines de Laurent Michel Vacher trône à la hauteur des yeux dans sa bibliothèque préférée. Il est la présence livresque d'un homme qu'elle a aimé et qui est décédé trop jeune, à quarante-cinq ans, Jean Papineau, un grand philosophe qui l'a marquée et dont elle parle encore avec émotion (c'est une émotive, cette femme-là!).

Elle adore Édith Wharton et recommande chaudement The age of innocence qui s'est mérité un prix Pulitzer, ça se passe à New-York. Wharton lui fait penser à Henry James mais en moins austère. Dans sa liste de la même auteure, on a aussi Chez les heureux du monde (1905), le livre de poche, 2009 et tout ce qu'elle a publié. Elle a tout lu.

Des pays lointains de Julien Green, premier livre d'une trilogie. Cet auteur est un écrivain mystique, né en France de parents américains. Le livre raconte l'histoire d'Élisabeth. Un univers dense, une végétation opulente. Les Noirs y sont très présents. Plantations, foisonnement, chaleur, sensualité, guerre de Sécession. Elle s'y est plongée corps et âme, avec ravissement. Une brique de 900 pages comme celle-là, elle n'en lit pas quand elle travaille. En vacances, elle lit une moyenne de 400 pages par semaine (c'était une question du public).

Je n'ai pas fini de vous livrer sa liste, j'y reviendrai dans un prochain billet. Il faut profiter de ce beau soleil et ... déneiger l'auto. Bonne journée à toutes et tous!

mardi 1 février 2011

Allaitement

J'ai essayé de mettre dans mon blogue la photo de Sophie Durocher allaitant son fils, la photo qui est maintenant son avatar sur twitter. En vain. Vous arriverez facilement à la trouver cependant en cherchant "Sophie Durocher photo d'allaitement". Je pense que plus les femmes vont exposer ce sein qu'on ne saurait voir, librement, avec un sourire dévastateur et une assurance de béton, plus rapidement les mentalités vont changer. Il y a comme une révolution de l'allaitement, une fierté légitime, une ouverture et une solidarité qui émergent. Au lieu de la petite maman bien cachée dans son coin, il y a maintenant des femmes fières, fortes et qui s'affichent avec leur bel enfant en santé. Que cette mode se répande, que le Québec qui est réputé pour ses belles femmes le soit aussi pour ses belles femmes qui allaitent!

lundi 31 janvier 2011

Bilan du premier mois du défi lecture

J'ai eu à réaliser concrètement que je lisais peu ou pas de livres. J'en feuillette, je vais à la fin et je passe au suivant. Le défi m'oblige à la rigueur et à la patience. Pour l'instant, le défi n'est pas très plaisant pour moi. Il relève plus du devoir. Je n'ai éprouvé du plaisir que dans un seul livre, soit "Un amour de mère", que j'ai trouvé très bien à tous points de vue ou presque. Les autres m'ennuient et parfois me font rigoler tellement ils sont mal écrits, c'est le cas du dernier que je n'ai pas complété encore. Je vous en reparlerai.

J'ai créé de nouvelles habitudes. M'installer au lit avec un livre à peu près tous les soirs, parfois pour quelques pages seulement, pas grave, l'habitude est prise. Un espèce de rituel après m'être brossé les dents. C'est bien.

Je croyais lire rapidement et c'est le cas quand un sujet m'intéresse, mais sinon, je suis plutôt tortue.

Je ne suis pas en avance mais, n'allant plus en voyage, je n'ai pas à l'être non plus et je sais que je vais arriver à compléter mon défi, un livre à la fois. J'y tiens.

Il reste que pour l'instant, le défi est un vrai défi, car s'il n'était pas là, je n'ouvrirais pas vraiment de livres. Il a donc vraiment sa raison d'être et je suis fort heureuse de constater qu'il a attiré tant de gens intéressants qui lisent tant de livres tout aussi intéressants. Ma liste de lecture est longue et je suis persuadée (ou du moins j'espère) que j'arriverai à trouver des oeuvres qui vont me passionner et me faire battre le coeur (peut-être que j'en demande un peu beaucoup là! Héhé!). Merci d'être là pour m'encourager.

dimanche 30 janvier 2011

Ruminations

Mon voyage en Égypte est compromis. Ça ne me dérange pas tant que ça. On dirait curieusement que je n'y ai jamais cru même si les billets d'avion sont bien dans mon tiroir à côté des passeports. Mais les dés ne sont pas encore tout à fait jetés. Attendons l'annulation officielle.

Je vais bruncher avec ma mère aujourd'hui. Petit-fils et Vingt ans n'y seront pas. Je m'inquiète pour Petit-fils mais je me soigne. Accepter ce qu'on ne peut pas changer. Ce qui me choque, c'est qu'on n'a pas dix-neuf mois deux fois, que cet âge tendre est la formation pour tout le reste de sa vie, que si des étapes charnières sont loupées, il est difficile de les reprendre. Mais je ne dois pas imaginer le pire, rien que le meilleur. Envoyer des ondes positives à distances. Je m'en ennuie aussi tout simplement. Son lit est toujours ici, non réclamé. Ses rires, ses courses folles dans la maison, sa façon de montrer ce qu'il veut, son regard si franc, ses petits bras dans mon cou.

On dirait que je ne l'ai pas vu depuis très longtemps et pourtant il était là au brunch de dimanche dernier!

Garder mes distances. Tenir mon bout. Ne pas prêter l'auto. Me respecter. Me faire respecter.

Être fâchée contre Vingt ans n'a pas de sens. Je le suis pourtant encore. Je ne suis pas rancunière d'habitude. Elle a frappé fort cette fois. J'ai trop donné. Aucune appréciation. Pour elle, tout lui est dû. C'est ma faute.

samedi 29 janvier 2011

Exposition, intimité, impudeur et vibrateur

Vu "Parce que c'est lui" l'exposition recommandée par FC. Des photos de Chloée Sainte-Marie prises par Gilles Carles quand elle était jeune surtout. Après, malade, il ne pouvait plus. Elle était belle, Chloée Sainte-Marie et l'est toujours à 49 ans. Dans tous ses nus, il y a l'éloge de la touffe. Les hommes trouvaient érotiques les poils pubiens féminins, avant. Avant que la pornographie n'impose les sexes imberbes et impudiquement étalés. Dans ma jeunesse, on n'aurait jamais songé à s'épiler là. Il y avait des poèmes pour célébrer les jardins secrets, les buissons bienheureux, les boisés de tous les délices. Et les hommes aimaient ça, tous mes souvenirs le confirment.

On la voit donc déguisée, aguicheuse, innocente, avec des perruques, des yeux incendiaires, en déjeunant. Elle a des yeux magnifiques et les yeux ne se démodent pas. Tout aussi jolis aujourd'hui ses yeux, plus encore même, car on regarde moins le corps des femmes qui vieillissent. Bien que son corps soit remarquablement conservé, elle n'a pas pris une once, ce qui aide beaucoup à la juvénilité. On entre donc chez eux, dans leur cuisine à l'évier taché. Reconstruction méticuleuse. Les photos parlent. Une pièce qui m'a vraiment touchée est celle où on expose des photos toutes petites, épinglées individuellement au mur, authentiques et vulnérables. Des photos du quotidien, des amies, dans la neige, la famille, l'enfance. Très touchant de se mettre à nu comme ça devant de purs étrangers. Une impression de viol d'intimité et pourtant ce n'est pas du viol si on expose, si on recherche le regard, si on demande ouvertement d'aller voir, si on fait de la publicité pour ça. L'intimité étalée. Léger malaise. C'est de l'art. L'art déstabilise. Je suis déstabilisée. C'est de l'art. C'est intime, oui et c'est beau de se donner en pâture sans calculer, entìèrement. Prenez-moi, voici ma vie, mon corps, ma jeunesse, mes amours. Prenez-moi, regardez-moi, aimez-moi! C'est une recherche d'amour que j'ai perçue également. Voilà qui je suis et je ne puis être autre. Aimez-moi.

Au retour, nous passons devant un magasin d'accessoires érotiques. Une jeune femme avec des piercings fume sa cigarette à la porte. Je lui souris et je la salue. Elle retire sa cigarette pour me faire le plus charmant des sourires. Je continue et puis reviens sur mes pas (après en avoir informé mon amie quand même héhé!), lui demande si elle est la vendeuse. "Non, non, la conseillère, ce n'est pas la même chose." Le magasin est vide, on la suit à l'intérieur. J'ai toujours eu peur d'entrer dans ces antres du plaisir. Trop vieille, trop gênée, pas à ma place. Mais là, avec ma jeune conseillère aux piercings, je me sentais bien à l'aise. On a tâté, senti, fait vibrer des appareils le plus souvent roses. Elle expliquait tout et avait tout essayé, la jeune femme! et pouvait donc nous conseiller en connaissance de cause. J'en suis ressortie avec un monstre mauve, bien fière de moi d'être passée à l'action. Mon amie s'est acheté des boules chinoises, bien jolies. Pas donnés ces gadgets érotiques. Un gros marché.

Quatrième livre du défi

L'histoire du scorpion qui ruisselait de sueur, de Akram Musallam, Actes sud, 2010 pour la traduction française, 111 pages

C'est un petit livre qui m'a paru bien long. Petite corvée du soir. J'ai décroché rapidement. Déjà que la photo de la jaquette ne corresponde pas à la réalité de l'histoire du livre m'a irritée dès la première page de lecture. Sur la couverture, on voit un scorpion tatoué sur une épaule et on apprend tout de suite que ledit scorpion se trouve en fait au bas du dos de la femme que l'auteur baise et qui inspire supposément le reste du récit. Pudeur ou bêtise?

Mais ce qui inspire réellement le récit, c'est le vide. Vide de la jambe coupée du père de l'auteur, jambe absente qui lui pique et l'auteur enfant gratte le vide pour soulager la démangeaison du paternel. Vide de l'escalier manquant dans l'hôtel. Vide du stationnement où il s'assoit entre deux lignes jaunes pour pondre son roman. Vide du roman que j'ai trouvé plate, vous l'avez compris.

Pas mal écrit cependant. Et ce n'est pas parce que moi je n'ai pas accroché que d'autres ne le feront pas.

Mais est-ce que moi je recommande? Non.

jeudi 27 janvier 2011

Chantalou et Manuela

Il faut aller voir le blogue de Manuela, la petite fille de Chantalou, qui est arrivée d'Haïti il y a un an, les yeux perdus, le sourire absent et le corps si maigre. Elle avait trois ans et demi, on ne lui en donnait pas deux. Elle est devenue une ravissante petite fille, aux yeux brillants et au rire cristallin. En la voyant si menue avec son gros ventre à son arrivée, j'ai vu mes enfants adoptées à moi et surtout Vingt ans en fait qui était famélique. J'ai pleuré évidemment mais même vous qui n'avez pas adopté, vous pleurerez peut-être en voyant la vidéo de la première année de cette ravissante petite Manuela.

Troisième livre du défi

Ru de Kim Thuy, Libre expression, 2009, 145 pages

Madame Thuy est une jolie jeune femme au sourire extraordinaire. Elle a beaucoup de charisme et de personnalité. Sous le charme, après l'avoir vue à Tout le monde en parle, j'ai acheté son livre le lendemain. Feuilleté, lu les parties sur Granby, sur le grille-pain qui servait de miroir, sur la traversée en bateau. Sourire et puis j'ai abandonné et mis de côté "pour plus tard" quand elle a parlé de l'oncle Deux et des histoires de princesses.

Je l'ai donc repris pour le défi. Écriture plutôt ordinaire. Petits tableaux. Images du Vietnam. Portraits finement campés de prostituées, de vendeurs, de professionnels prospères devenus laveurs de planchers. Pas de révolte, juste des images, des flashs qui vont du présent au passé. Des pages courtes parfois, quelques lignes, et puis le texte reprend sur un autre sujet suggéré par le précédent.

C'est court.

Est-ce que je recommande? Je ne sais pas. Je pense que je n'aime pas les biographies.

Je me sens vaguement coupable de ne pas aimer tant que ça. En fait, rien de pas correct dans ce livre qui a gagné des prix dont le prestigieux prix du Gouverneur général. Impression que je devrais aimer et être touchée. Elle a eu une vie difficile, nous la raconte sobrement, doucement, sans se plaindre. Je suis certaine en plus que j'aimerais cette personne criante de sincérité.

mardi 25 janvier 2011

Déboussolée

Ysengrimus a beau croire le contraire, dans la situation actuelle, je ne peux agir que sur moi. Je suis encore en c..... deux jours après la chicane avec ma fille. J'en ai trop fait, j'ai trop offert, j'ai trop donné et je m'en veux pour ça. Trop tard pour ce qui est déjà fait, mais je dois vraiment en tirer des leçons pour l'avenir. Il faut que je cesse d'être considérée comme une vache à lait par mes enfants. C'est moi qui ai créé cette situation. Je n'aime pas les conflits, soit. Mais là, il faut mettre mes limites. Mon auto est à sa place, dans mon stationnement. Bien pratique ce matin d'ailleurs, le réveil de Seize ans n'a pas sonné et j'ai pu lui éviter un retard en allant la reconduire à l'école. Je n'ai parlé que de ça entre les lever de poids avec l'entraîneur ce matin, de l'effronterie de ma fille qui est allée jusqu'à me dire que j'étais jalouse parce que son appartement était plus neuf que le mien! Je me sens aussi bébé qu'elle et j'ai bien de la misère à prendre ça cool. Du travail sur soi, Une femme libre, du travail sur soi, mais cette fois, je ne sais pas trop comment arriver à me calmer. Je suis sans repères, déboussolée. Et il y a mon petit-fils là-dedans. Je ne décroche pas. Je n'aime pas ça.

lundi 24 janvier 2011

Deuxième livre du défi

Un amour de mère de Rosa Matteucci (titre original: cuore di mamma), Christian Bourgeois éditeur, 2009 pour la traduction française, 110 pages

Un charmant petit livre que j'ai lu en une petite soirée. Charmant n'est peut-être pas le mot approprié pour cette description efficace, nuancée et parfaitement triviale de lieux et de gens. On s'y croirait. Le réalisme sans compromis. Gris, glauque, vrai. Cette mère antipathique qui se rend aux toilettes dès que sa pauvre fille de quarante ans arrive pour le week-end. "Constipée de nature, elle ne faisait jamais, sauf quand sa fille arrivait." (p.29)

Vol, repas de Noël, espoirs amoureux, attaque, désespoir, hamster grisonnant qui tourne sans arrêt dans sa cage, froid qui s'installe durablement, goutte à goutte. Le quotidien qui s'égrenne. Les émotions. Rien de plate dans cette vie si plate. Bien écrit, élégant, économe. Rosa Matteucci a du talent, aucun doute là-dessus. Ça se lit comme on déguste un bonbon un peu amer, en suçant jusqu'au bout. On aimerait que ça continue un peu ou beaucoup encore. Du coup, la fin semble bâclée. Seul défaut de ce petit bijou d'écriture.

Je recommande! Qu'on le lise!

dimanche 23 janvier 2011

Défi lecture 2011 prise deux

Il n'est pas trop tard pour vous inscrire au Défi lecture. La preuve: je n'en suis qu'au deuxième volume et je vais quand même réussir mon défi. Alors ne vous gênez pas et joignez-vous à nous. Il s'agit de lire 52 livres dans notre année.

C'est le fun. On commence à lire les mêmes livres. Marico et Madame Croque-Cerise ont lu Ken Follett et Gen, Zolasoleil et moi lisons ou lirons "Ru".

samedi 22 janvier 2011

Liberté

On la trouve parfois où on n'avait aucunement l'idée de la chercher. Dans cette phrase hier chez la coiffeuse d'un salon flyé dont je dois bien être la plus vieille cliente " Vas-y, laisse aller ta créativité. Je suis ouverte à tout!" Quand j'avais un chum, j'aurais été inquiète d'avoir une coupe qui lui déplaise. Malgré cette immense ouverture de ma part, malgré le nom et le prix du salon, la jeune coiffeuse par ailleurs charmante m'a fait une coupe de grand-mère. Misère! Je n'aurais jamais dû lui dire que je m'en allais m'occuper de mon petit-fils quand elle me demandait ce que j'allais faire de ma soirée. J'ai couru après. J'aurais dû lui répondre que comme elle, je m'en allais à l'Igloofest, un concept tout à fait rigolo dans le Vieux-Port. Douze dollars pour entrer mais ensuite les consommations sont chères sur place et on ne peut pas apporter son propre alcool. Ma jeune coiffeuse, économe, comptait faire le plein de matières énergisantes et électrisantes avant même de se rendre sur les lieux de la fête.

Seize mois et demi que je n'ai pas baisé, Monsieur Relation et puis un speedo vu trois fois que je ne compte même pas et puis finito. Je viens de le calculer, je n'avais pas réalisé que ça faisait si longtemps. Je pourrais me sentir frustrée et désespérée. Même pas. Et pourtant, jamais jusqu'ici, je n'avais sérieusement envisagé ce célibat sans sexualité avec un autre comme une forme acceptable de vie. Moi qui ai longtemps eu comme projet (pas abandonné) de faire l'amour tous les jours. Or, on y survit. Avec fierté même. Parce que courir les hommes c'est humiliant. Et moi je suis fière, droite, entière. Je ne dis pas plus jamais mais je dis ne plus jamais vouloir plaire à tout prix.

Premier livre du défi

Life, de Keith Richards en collaboration avec James Fox
Robert Laffont, novembre 2010, 663 pages

Keith Richards est un des guitaristes des Stones. Il est né en 1943, ce qui lui fait 68 ans. Grand et mince, son plat préféré est la saucisse avec de la purée. Il la prépare souvent lui-même et en donne même la recette dans sa biographie. Il a eu trois enfants avec sa première femme dont un bébé qui est mort à deux mois. Il était alors en tournée et n'a pas cru bon revenir. Il parle cependant d'une grande douleur. Or, c'est rare qu'il parle d'émotions. Je l'ai trouvé froid, distant, préoccupé surtout par la musique et par la drogue. Les deux sont reliées. C'était un héroïnomane, un junkie comme il l'écrit. Maintenant, il est clean mais il a consommé pendant presque toute sa vie. La drogue l'aidait à travailler pendant des jours et surtout des nuits sans dormir. Il réveillait n'importe qui à n'importe quelle heure quand il voulait créer.

À l'approche de la quarantaine, il rencontre une jeune femme de 23 ans, dont il loue la grande beauté, Patti. Il l'épouse, a deux filles avec elle et ils sont toujours ensemble. Les photos familiales de cette deuxième famille sont très belles. Des sourires, un air détendu. Il avait pas mal lâché la drogue dure à ce moment-là. C'est à cette femme qu'il fait bien attention de louer dans son livre (ben quoi, elle est toujours vivante, il ne veut pas que sa vie devienne un enfer!), qu'il dédie sa biographie.

Ils se font harceler, investiguer et arrêter un peu partout à cause de la drogue, mais l'endroit où on lui fait un vrai procès, une ville qu'il semble vraiment détester, c'est Toronto. Et puis, il y a l'histoire avec Margaret Trudeau qu'il relate dans son bouquin. Margaret aussi en parle dans sa propre biographie. Leurs récits sont pas mal différents, ça m'a fait rire. C'est à Mick Jagger que Margaret s'intéressait, pas à Keith. C'est à Mick que tout le monde s'intéressait d'ailleurs.

On dirait, en lisant la biographie de Richards, que les Stones ne sont formés que de deux personnes, Mick et Keith. Il le décrit comme un frère plus que comme un ami. Il le démolit par bout, mettant en évidence l'égo demesuré de Mick et en même temps, doit reconnaître son immense talent. Ils se déchirent, se séparent et puis reviennent ensemble. Plus de quarante ans qu'ils se partagent la scène. Une relation intense, difficile mais solide.

J'en aurais énormément long à dire. C'est une brique. Mais je me lance tout de suite dans la lecture du bouquin numéro deux, qui va m'intéresser bien davantage, c'est clair!

vendredi 21 janvier 2011

Faits

1) Ma fille est une femme adulte

2) Je suis fâchée parce que je lui ai donné de l'argent qu'elle n'utilise pas comme je l'avais prévu.

3)Le père de Petit-fils s'occupe de son enfant.

4) Le père de Petit-fils habite un taudis.

5) La mère de Petit-fils habite dans un bel appartement neuf.

6) Je suis la grand-mère de l'enfant

7) Je n'ai aucun droit (bof! si peu, en allant en cour, les grands-parents peuvent obtenir des droits de visite minimaux) ni responsabilité légaux envers mon petit-fils.

8) J'ai une responsabilité morale.

9)Mon petit-fils est en bonne santé, il est de poids et grandeur normaux, il est éveillé. Il ne parle presque pas mais il n'a que 19 mois donc il n'y a pas de retard si grand à ce moment-ci. Il est en avance au niveau moteur.

10) Il est préférable que mon petit-fils ne vive pas dans les conflits et la chicane.

11) Une fois les parents séparés, les occasions de chicane devraient logiquement diminuer.

12) Personne ne m'a demandé de le garder ce soir. Je l'ai offert.

13)Cette situation me rend émotive.

14) On ne peut opérer des changements que sur soi.

15) Je dois m'interroger sur l'origine de cette émotion de colère, de tristesse et de déception qui m'habite

16) Quand on donne, on donne. Les receveurs font ce qu'ils veulent avec le don. Toute autre utilisation d'un cadeau s'appelle de la manipulation.

17) Les gens, y compris nos enfants adultes, sont libres.

18) Rien ne m'oblige à donner quoi que ce soit à qui que ce soit qui n'est pas mon enfant à charge.

19) Rien ni personne ne m'oblige à garder mon petit-fils.

20) La terre va continuer à tourner et mon petit-fils à vivre si je me retire du dossier.

21) La garde partagée est contestée par plusieurs spécialistes qui préconisent plutôt un seul milieu stable d'appartenance.

22) Il y a bien des manières d'assumer sa parentalité.

23) Il y a bien des choses que j'ignore de la situation actuelle.

24) Il ne faut pas se fier aux apparences.

Mettre ses culottes

Je ne suis pas la mère de mon Petit-fils, je suis sa grand-mère et je veux conserver un rôle de grand-mère, être un plus, pas l'essentiel. Il faut réagir. Petit-fils s'en vient encore ici après la garderie et ma fille refusait même de rester à souper. Elle voulait le prendre à la garderie, l'amener chez moi et fuir. Non, tu restes à souper. Primo. Secondo, on le déménage quand le lit de ton petit garçon?

Il n'a pas encore vu le chic appartement de sa mère, le petit coeur.

Je fais part à la mère d'une activité lecture pour poupons à la bibliothèque samedi. Comme le bébé couche chez moi, nous pourrions y aller ensemble, Fille, Bébé et Grand-maman. Elle me répond qu'elle n'a pas le temps mais que je peux bien y aller si je veux. Que je l'appelle après et elle viendra le chercher pour le conduire chez son père.

Ouf!

Le lit va partir en fin de semaine. Je vais le lui livrer de force. Sinon, ce sera une garde "partagée" entre le père et la grand-mère. Je ne rendrais service à personne en assumant des responsabilités qui ne m'appartiennent pas.

mercredi 19 janvier 2011

Silence

Je n'écris pas parce que je me dis que quand je vais écrire ce sera pour crier triomphalement que je l'ai terminé mon fameux premier livre du défi de 52 livres. Cinquante-deux livres dans une année! Non, mais j'ai pensé à quoi moi là??? C'est un défi bien plus gros pour moi que je ne le pensais. ÉNORME. Est-ce que je lis mon livre? Oui, bien sûr... un peu. Je suis à la page 475 quand même. Mais ce n'est pas encore la fin. Je m'en approche. Et là, je m'en vais à mon bénévolat que j'adore et qui consiste à ... lire!!!