samedi 8 novembre 2008

St-Henri

Il y a trop de choix possible. C'est étourdissant. Épeurant aussi. Je ne suis pas une femme toujours courageuse. J'ai envie de me terrer, de me cacher, de faire semblant qu'il n'y a aucun choix, que je les ignore, que ma vie peut continuer, pareille, morne, identique. Et pourtant, ce n'est pas moi non plus. Il y a toute cette éclosion, des élans, cette jeunesse qui ne me quitte pas, une soif de vivre inextinguible, cette ouverture, la confiance et le futur qui m'apparaît tellement vaste, grand, immense, sans fin.

"Réalises-tu qu'on en a plus derrière que devant nous?", me dit P alors que nous revenons d'un cours de yoga-Pilates auquel je l'ai accompagnée et que nous nous promenons émerveillées dans les rues de Bonheur d'occasion, oui, nous avons marché sur la rue de la famille Lacasse!

"Euh! Tu parles de quoi là?" mon grand sourire extasié était tombé un peu et ses paroles m'exaspéraient sournoisement. J'avais comme une envie d'écolière de lui donner une jambette, ou de gambader en lui tenant la main et en évitant les lignes du trottoir.

"À notre âge, on a plus d'années de vie derrière nous que devant, tu te rends compte de ça?"

"Non!!" que je lui ai répondu juste au moment où je me rendais compte. Le ciel était gris sur St-Henri.

"Allez, viens, P, je te paie un expresso, ils en font des excellents maintenant dans le quartier." Et je l'ai entraînée en lui prenant le bras et en marchant très vite, trop vite pour elle mais moi c'était mon pas coutumier et je n'avais aucune envie de ralentir.

14 commentaires:

Anonyme a dit...

Femme libre, pardonnez-moi d'ignorer le contenu de votre billet tant la forme me jette à terre. Je me meurs de lire votre premier roman! Mais peut-être en avez-vous déjà quelques uns à votre actif, qui sait. En tout cas, il y a des jours où je me demande vraiment qui vous êtes. ;-)

Lud. a dit...

J'adore me promener là où des personnages qui m'ont touchée ont été. J'ai découvertça avec la littérature québécoise. Non seulement je voyage en lisant comme je m'organise pour aller voir «en vrai»... je ne me suis jamais repentie de m'être ramassée dans les laurentides en train de chercher le lac supérieur de la marie-lune de Dominique Demers ni le plateau de Michel Tremblay ni, comme vous, St-Henri de Bonheur d'Occasion. Ce livre m'a vraiment marquée!

Lud. a dit...

oh oui: laissez faire votre amie P. Quelle défaitiste! Je suis sûre que vous vivrez au moins 55 ans de plus, donc vous n'avez pas plus de la moitié du chemin de fait! elle peut-être, mais pas vous! il vous en reste bcp trop à vivre avec toute cette soif que vous avez et toute cette forme, aussi, il faut le dire! Vous allez encore en donner et en recevoir énormément. DE TOUT. Je vous le souhaite, en tout cas!

Solange a dit...

C'est a resasser des choses comme ça qu'on vieilli plus vite, profitons du temps qu'il reste sans compter les jours. Votre billet d'aujourd'hui est particulièrement bien écrit,vous avez beaucoup de talent.

Anonyme a dit...

Marcher vite...c'est pas la technique de Voisin ça? loll

Anonyme a dit...

Logiquement il a raison mais dans les faits, même à 20 ans on peut avoir vécu toute sa vie car le lendemain, on aura un accident d'auto fatale. Alors à quoi bon y penser si c'est que pour vivre en "attendant" ?

Et puis, même à 20 ans si l'on se fait une vie platte, redondante et sans buts, on es déjà mort sans le savoir.

Je suis vivant, et vous ?

herbert a dit...

Bonjour,toi, femme libre , que j'apprécie tant. Je partage le point de vue d'Encre.
On lit avec tant de plaisir ce que tu écris.
Et j'ai fait connaissance de St-Henri et Florantine...

Merci.

Et bon dimanche.

Mamzell_McJ a dit...

Moi tout ce que je connais de St-Henri ce sont ces jeunes qui passent leur rage sur une glace de hockey...

Et bien sûr... Bonheur d'occasion

Une femme libre a dit...

Il y a trop de jours où je me demande aussi qui je suis, Encre...

Il y a quelques choses d'émouvant à marcher dans les pas de personnages de roman, Lud. P est plus réaliste que défaitiste,pleine d'espoir et de foi en la vie,en fait, c'est la seule et unique personne qui a réagi en me félicitant sans ambages ni bémols à l'annonce de la grossesse de ma fille!

Héhé! Tout à fait, Pierre, la technique de la fuite!

Exact, Mazsellan,la jeunesse a probablement peu à voir avec l'âge chronologique.

J'espère que vous viendrez nous visiter pour vrai, Herbert, même si nous sommes moins exotiques que l'Afrique.

J'adore Saint-Henri, Juliette,ne vous laissez pas aveugler par une joute de hockey pour juger de ce patelin riche en histoire! Revenez en d'autres circonstances.

Une femme libre a dit...

Oui, profiter du temps présent, Solange. Tellement plus difficile qu'il n'y paraît.

Pur bonheur a dit...

Moi je crois plutôt que le meilleur est devant nous. La cinquantaine nous fait réaliser que le temps file, qu'il ne faut pas le gaspiller et se dire chaque matin: Aujourd'hui c'est le premier jour du reste de ma vie :D

Anonyme a dit...

Mais qui a écrit ce billet? Est-ce notre Femme Libre préférée ou Grabrielle Roy?

Une femme libre a dit...

J'adore Gabrielle Roy, alors merci du compliment, petite Fadette!

Une femme libre a dit...

Un commentaire très pertinent, Pur Bonheur et que j'endosse. Et en plus, dans la cinquantaine, on est encore en pleine santé alors tout est possible.