J'ai enseigné pas mal toute ma vie. Aux immigrants adultes surtout, cours de francisation et initiation à la vie québécoise, alphabétisation aussi. C'est ce que je préférais, l'alphabétisation. Été conseillère pédagogique aussi. Moins aimé, les profs sont exécrables, surtout les moins compétents qui auraient le plus besoin de conseils mais qui y sont réfractaires. Par définition, un prof sait tout ou pense qu'il sait tout. Heureusement, avec le temps, certains se rendent compte qu'ils ne savent rien et c'est alors qu'ils enseignent le mieux.
Bon, alors je prends ma retraite tôt parce que je veux devenir famille d'accueil à temps plein. Au même moment, ma plus vieille entre en centre d'accueil. Je renonce au projet de famille d'accueil.
Heureusement, j'avais fait un certificat en petite enfance et famille à l'université de Montréal. Je décide de travailler à temps partiel dans un centre de la petite enfance. Entrevue. La directrice et son assistante sont impressionnées. C'est que je sais tout, tout, tout et que j'ai réponse à tout. Le sujet me passionne et m'a toujours passionnée. Engagée sur le champ pour compléter le vendredi l'horaire d'une éducatrice qui travaille quatre jours. Je viens bénévolement le lendemain pour rencontrer les enfants et l'éducatrice et le vendredi matin, à huit heures, je suis au poste!
Horrible journée! Les enfants ne me suivent pas, je les perds partout. Une fois dans le local, ils tentent de se sauver. La sieste? Personne ne dort et je n'ai même pas pensé à fermer les rideaux. La directrice doit venir m'aider. Je suis au bord des larmes et quand la journée finit, je donne ma démission! Entre la théorie et la pratique, il y a deux mondes!
10 commentaires:
Ahah!
Ils ont sans doute senti ton insécurité et ton manque d'expérience et de confiance avec un groupe! Effectivement, en 2 minutes, dans un groupe de 8 ou 10 enfants, tout peut basculer! C'est l'expérience qui fait la différence... On a beau avoir éduqué des enfants à la maison, avoir étudié en petite enfance, il faut toujours bien commencer par "la" première journée.
Je te montrerais bien mes trucs, mais je pense bien que de toute façon, tu ne répéteras pas l'expérience!
Eheh! Non, je ne répéterai pas. Et toi,tu leur enseignes la musique en plus. Chapeau!
Ma plus vieille étudie dans ce domaine et elle a pas mal de succès avec les enfants. Je pense que sa plus grande force, c'est de pouvoir se mettre à leur place, comprendre ce qui les intéresse et ainsi capter leur attention.
Elle me racontait qu'un des petits de la garderie où elle travaillait au centre-ville était d'origine asiatique et parlait à peine un peu d'anglais à son arrivée. Ma fille avait également observé que l'enfant avait peu de contact physique avec son père que celui-ci venait le porter à la garderie et il paraît que ce soit fréquent chez les asiatiques.
Alors, durant les premiers jours, pour l'apprivoiser, elle allait tout simplement s'asseoir à côté de lui, sans lui parler directement et lisait une histoire à haute voix, en tournant lentement les pages. Après quelques jours, de ce petit manège, sans dire un mot, le petit a posé sa main sur le bras d'Anne-Marie pendant qu'elle lisait. Elle savait alors qu'elle l'avait gagné.
Quand elle est revenue à la garderie, plusieurs mois plus tard, le petit qui parlait maintenant beaucoup mieux et qui avait grandit l'a reconnue et s'est précipité vers elle pour lui faire un calin. Anne-Marie me disait que dans ces moments-là, elle a le sentiment d'exercer le plus beau métier au monde.
Mais c'est le plus beau métier du monde! Rien de plus important que de contribuer à la santé mentale et physique de jeunes citoyens. Et la vraie prévention, c'est dans la petite enfance qu'on la fait. Chaque dollar investi pour aider un enfant va être une économie sociétale en centre d'accueils, cures de désintox, itinérance. Tout part de l'enfance, peut-être pas tout tout tout mais énormément beaucoup.
Une belle histoire qu'elle t'a racontée là, ta fille.
Tout n'est qu'une question de confiance et d'expérience! Je ne crie jamais, tout se fait en douceur. Ils m'écoutent au doigt et à l'oeil.
Pierre a aussi raison: on doit se mettre à leurs places et s'aventurer dans ce qui capte leur attention!
Oh Pierre, mon p'tit cœur à fondu.
Il faut croire en l'importance des petits gestes et de la patience.
Ton histoire me fait penser à ce qu'une maître-associée m'avait dit : que c'était notre responsabilité de trouver la bonne porte d'entrée avec un jeune pour créer le contact. Elle travaillait auprès de jeunes délinquants. Et elle la trouvait leur porte.
Nanou,
Crier est contre-productif et insécurisant pour les enfants, c'est certain! C'est pourtant une méthode souvent employée par... les mères!
Un autre prof,
Il y a pourtant des jeunes et enfants qui ont "une porte d'entrée" fermée à double tour. Pas toujours facile d'en trouver la clé et des fois, carrément impossible, je pense aux enfants qui ont des troubles de l'attachement sévères, par exemple.
Effectivement , dans ce cas, on l'accepte, on reste présent, calme, gentil et conséquent. Faut surtout pas le prendre personnel.
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