Peut-être pas si nouvelle que ça, depuis le temps que j'essaie des trucs avec ma fille. Elle s'est donc inscrite toute seule dans une école pour adultes qui a une classe spéciale pour adultes ayant des troubles d'apprentissage et elle a commencé lundi dernier.
Ma fille a des problèmes chroniques de retard, depuis toujours me semble-t-il. Le fait qu'elle ne comprenne pas bien l'heure et ne sache pas compter est un facteur important dans l'affaire. Mais il y a autre chose aussi. Bref, jusqu'ici, n'étant jamais en retard moi-même, j'ai été portée à pousser, répéter, crier même en désespoir de cause pour qu'elle s'active et ne soit pas en retard. Regarder quelqu'un s'enliser comme ça, se faire du tort et manquer de respect pour les autres en les faisant attendre,sans rien faire pour l'aider est presque impossible pour moi. J'interviens.
Mais rien n'est impossible si on le veut vraiment. Je dirige ma vie et mes actions. J'ai donc décidé que cette fois, je ne me mêlerais pas des retards, quelles qu'en soient les conséquences. Elle risque en effet de se faire mettre à la porte de l'école.
Je l'ai donc mise au courant que je ne m'en mêlais plus.
Lundi matin, elle est partie juste à temps et je ne l'ai plus vue avant mercredi midi. Lundi et mardi, elle couchait chez des amies. Le mercredi, elle commence l'école à 13h. Ça lui prend quarante-cinq minutes pour se rendre. Trente si elle court mais elle ne court pas. Elle arrive chez nous à 11h50. Demande à quelle heure elle doit partir (n'oublions pas qu'elle ne sait pas compter). Je lui dis midi quinze. Mon travail s'arrête là. Quand je constate qu'elle prend sa douche, me semble que ça n'a aucun bon sens. Et en plus, ses douches sont longues. Normalement, je serais allée frapper à la porte pour lui donner l'heure, il est déjà midi et lui dire d'accélérer. Je serais même retournée plusieurs fois à cette porte, plus le temps passait et je l'aurais peut-être ouverte pour lui crier, excédée, qu'elle serait en retard.
Cette fois, non. Je me suis retenue. Je suis capable. C'est difficile mais je suis capable.
Résultat: retard.
Hier soir, c'était notre soirée théâtre chez Jean-Duceppe. Quarante-cinq minutes avant l'heure du départ, je lui demande d'enlever ses écouteurs (elle chante à l'ordi) et lui dis que je me prépare pour le théâtre et qu'elle devrait faire la même chose. "Oui, oui". Quarante-cinq minutes plus tard, elle est toujours à l'ordi. Je mets mon manteau et lui remets son billet. "On se voit là-bas?" "Où?" demande ma fille, l'air surpris. "Au théâtre.
À plus tard!" et je quitte.
On a un abonnement avec une amie. Celle-ci était surprise que Dix-neuf ans ne soit pas avec moi. Je lui ai expliqué ma nouvelle attitude et lui ai dit que je prenais le risque que ma fille manque la pièce, ce qui serait dommage et pour elle (elle adore le théâtre) et pour moi (j'aime sa compagnie et ça m'écoeure un peu de gaspiller le prix d'un billet!), mais il faut assumer ce qu'on a décidé.
Quand nous arrivons à nos places, surprise! ma fille est là! Cette fois, ma nouvelle atitude avait marché. Yé!
Mais ce matin, non. Elle commence l'école à huit heures 25. Pas levée à sept heures trente. Je frappe à sa porte pour lui demander d'un ton détaché si elle a de l'école ce matin. "Oui, oui". Une fois que je la sais réveillée, je décide de ne plus m'en mêler. Pénible. Elle ne se lévera qu'à 7h45 et quittera la maison à 8h27, très détendue et pas pressée du tout. Je vous rappelle qu'elle commence à 8h25. Moi, je reste de bonne humeur et ne lui parle pas une seule fois de l'heure.
8 commentaires:
Je trouve que c'est une bonne attitude, elle va bien s'apercevoir de l'effet que ces retards ont sur les autres. En tous les cas ça vaut la peine de persister.
Moi aussi, je trouve qu'elle va être obligée de se prendre en main avec votre nouvelle méthode. Vous la supervisez juste assez.
Bravo! Excellente attitude à mon sens pour contribuer à la rendre responsable. Tant qu'il n'y a pas danger de mort ou conséquence grave, ça vaut la peine de les laisser faire leurs expériences, même si ça signifie qu'ils doivent se casser un peu la gueule.
Si elle venait te voir par la suite, demandant de l'aide, ce serait autre chose, mais on n'en est pas encore là.
Merci, je continue comme ça. Elle est peu là, couchée chez une amie hier encore.
Que c'est difficile d'être une Maman... Une maman aimante et pas du tout contrôlante surtout...
J'admire ton attitude, je t'encourage à continuer mais Simonac que c'est pas facile, je fatiguais autant que toi à te lire.
Elle est pas beaucoup là, vraiment, Zoreilles. Devrais-je m'en inquiéter? Je l'ai sortie (avec ses soeurs qui ont eu beaucoup à faire là-dedans!) des griffes d'un abuseur, va-t-elle tomber dans les griffes d'un autre? Je ne peux pas la faire enfermer. Je suis là pour elle, je ne peux pas faire plus. Je l'énerve quand je ne cesse de vérifier où elle est et avec qui, elle va avoir vingt ans dans trois mois, je dois laisser aller. Hier, je n'ai même pas vérifié où elle couchait. Je pense chez une amie à Longueil mais je ne suis pas certaine. Je vais cependant téléphoner dans l'après-midi pour un petit coucou.
L'attitude est bonne, oui la laisser murir en intervenant le moins possible!
Mélissa, ça semble porter fruit car elle est partie à temps ce matin!
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