samedi 9 août 2008

Complicatologie

Il y a cet homme de 58 ans qui me cruise avec fidélité sur réseaucontact. C'est déjà suspect en partant car je n'y affiche pas ma photo et les hommes de cet âge étant très recherchés ne prennent pas même la peine de consulter les fiches féminines sans photo. Mais celui-ci est persévérant et c'est louche. Je finis par la lui envoyer ma photo dans le but de m'en débarrasser car, voyez-vous, ma tactique est d'envoyer une mauvaise photo, où j'ai l'air madame et avec un sourire nunuche, si la photo ne les décourage pas, alors soit l'intérêt est réel pour ma brillante personnalité, soit c'est un amateur de madames au sourire nunuche, soit il me trouve jolie malgré l'air madame et nunuche et évidemment la troisième explication sera la mienne!

La photo ne le décourage pas et il m'envoie la sienne. Il continue donc à me fréquenter réseaucontacquement tout en ayant bien pris soin de préciser qu'il ne veut pas d'engagement. Je lui dis des petits bonjour de temps en temps mais j'ai en fait l'impression qu'il doit en cruiser en masse des femmes sur le réseau alors je n'ai pas de réel intérêt.

Et puis arrive jeudi après-midi, la veille du retour de Quatorze ans de son deuxième camp de vacances, donc ma dernière journée de liberté et puis, incroyable, pendant un moment, il fait vraiment beau, un soleil éblouissant à travers toute cette pluie et je dois sortir, je veux et je dois et ça presse! Allons escalader le Mont-Royal. Spontanée, j'appelle quelques amies, qui sont sérieuses elles et qui n'ont pas que l'escalade en tête. Bon, d'accord. Et puis, je vais sur Réseaucontact et j'invite Cinquante-huit ans, surprise! Il dit oui. J'adore la spontanéité. On se retrouve quarante-cinq minutes plus tard.

Il a un beau sourire et est fort sympathique. Je ne suis pas physiquement attirée au premier abord mais les premières impressions sont parfois trompeuses et puis on est là pour faire de l'exercice et je suis contente d'être accompagnée. J'y serais allée de toutes façons mais c'est mieux à deux. Alors on monte et on discute en même temps. Un peu de pluie de temps en temps qui ne nous dérange pas vraiment et puis il a un parapluie quand l'ondée se fait trop forte. Il n'a jamais vécu en couple mais a eu des blondes à long terme, pas d'enfants, travaille dans un cegep, aime voyager, joue au golf, lit. On lui a découvert un diabète il y a six mois et il ne semble pas s'en inquiéter. Pauvre lui! Moi qui connais si bien cette affreuse maladie et qui la redoute tant, je pense que j'ai réussi à l'inquiéter un peu...

Il me colle de temps en temps, me dit que je suis belle, je me pousse alors un peu plus loin. Mais notre randonnée se passe très bien, j'adore bouger et je me sens en pleine forme quand nous redescendons et j'aime sa compagnie, légère et sympathique. On décide d'aller manger des moules, en chemin vers le restau, on passe devant le bureau de mon ostéopathe. Je lui raconte alors comment elle m'a réglé un mal de dos en deux visites et en ne me touchant légèrement que dans le cou et dans le haut du dos. Je lui démontre la douceur de son toucher et je le vois alors fermer les yeux sous mes doigts. Cet abandon passager me touche vraiment.

On va manger des moules. Le repas se passe super bien et je deviens de plus en plus à l'aise et intéressée. J'aime ce qu'il me raconte. On entre dans une librairie ensuite, il regarde des livres de son bord et moi du mien, je vais le voir de temps en temps mais il n'est pas très volubile. Normal, il veut bouquiner tranquille. Au sortir de la librairie, froideur extrême, palpable, un mur de glace entre nous. Je ne comprends pas. Que s'est-il donc passé dans cette librairie? Nous nous quittons sans une bise, un simple au revoir frisquet. Je me sens mal. Je voudrais bien ne rien ressentir du tout car il faut rester sans attentes lors de ces rencontres et ça je le sais, mais là, je me demande ce qui a bien pu se passer dans cette librairie qui l'a refroidi à ce point-là. Je décide de communiquer avec lui dès mon retour à la maison, trop intriguée pour laisser les choses là. Je reçois la réponse classique de rejet, qu'il a bien aimé la soirée, que c'était agréable, que je suis une femme formidable mais "je ne désire pas poursuivre" et le bonne chance d'usage. Je ne l'avais pas vue venir celle-là, mais pas du tout, aucunement.

J'avais aussi un message de Beaubrun qui est en vacances, il m'écrivait des choses gentilles et me demandait si c'était possible qu'on se revoit dès son retour. Décidément, les plus jeunes sont bien plus simples.

29 commentaires:

Anonyme a dit...

Tout simplement, j'aime bien la dernière phrase pour des raisons qui sont miennes et non discutées précédemment.

Anonyme a dit...

Le pépin ne s'est pas passé dans la librairie, mais bel et bien sur la montagne. Je vous cite:

"Il me colle de temps en temps, me dit que je suis belle, je me pousse alors un peu plus loin."

C'est cette action et cette attitude qui a tué votre cas. Sans doute heureusement d'ailleurs, je ne suis pas ici pour vous juger... Mais dites vous bien qu'à la librairie, c'était dejà scellé. Il méditait, à la rigueur, la stratégie d'une sortie toute décidée...

C'est ça, les cyber-rencontres, le ebay des sentiments, les âmes humaines qui passent d'un petit paquet à l'autre, comme quand on collectionnait des cartes de joueurs de baseball...

Paul Laurendeau

Anonyme a dit...

Bonjour FemmeLibre,

Finalement, il ne vous a peut-être pas trouvé assez nunuche, vous devrez faire un effort de cohérence la prochaine fois. Lol

IL a dû sentir qu'il ne vous plaisait pas physiquement et une fois seul dans sa bulle, il en a peut-être conclus que ça resterait sans doute platonique. À mon avis, sa froideur marque bien la déception. Reste à savoir ce qui l'a réellement déçu.

Qui a proposé l'arrêt à la librairie? Lui ou vous?

Pur bonheur a dit...

'Soupe au lait' classique!

Anonyme a dit...

"Décidément, les plus jeunes sont bien plus simples."

Ça fait bien plaisir à lire pour un homme de 32 ans comme moi!

Si seulement toutes les dames de votre âge comprenaient ça...

Une femme libre a dit...

Tant mieux si vous adorez mes phrases et j'aimerais bien savoir ces raisons qui vous appartiennent, Mazsellan! Mais je ferai preuve de discrétion et ne les demanderai pas! ;o)

Je pense que c'est une interprétation vraisemblable, Paul, bien que nous ne le saurons jamais exactement. Je trouvais qu'il manquait de subtilité et c'est pour ça que je me poussais. Les cyberrencontres ne sont pas pires que les autres rencontres, il y en a pour tous les goûts!

L'idée de s'arrêter à la librairie venait de moi, Pierre. Il y a tant d'explications possible. Votre interprétation ressemble à celle de Paul, je pense que vous avez tout probablement raison tous les deux. Après tout, qui peut mieux interpréter le comportement d'un homme qu'un autre homme?

Non, pas soupe au lait, c'est un homme calme qui ne s'est fâché à aucun moment mais en sortant de la librairie, il voulait fuir et ça, c'était clair!

Héhé! Ou bien les hommes jeunes font face à d'autres sortes de complications, Anarcho-Pragmatiste! Mon fils qui a 28 ans se sauve dès qu'une compagne devient trop sérieuse et parle de mariage ou de bébés. Je suis certaine que les jeunes femmes le trouvent bien compliqué!

Encre a dit...

On peut bien spéculer tant qu'on voudra sur les causes de son silence, on en restera toujours aux conjectures. L'essentiel n'est-il pas que vous vous soyez débarrassée à bon compte d'un individu qui devenait trop collant? ;-)

Mamzell_McJ a dit...

Monsieur Laurendeau... toujours dans le mile.

Ah Femme Libre. faudrait bien qu'on prenne un café un jour hahahah!!!!

Anonyme a dit...

L'errreur d'interprétation cardinale, ce serait d'en tirer des conclusions excessives sur vos propres mérites intrinsèques. Fondamentalement, c'est tant pis pour lui, pas pour vous...

Ce n'est pas un juge. Ce n'est jamais qu'un piton semblable a cent mill autres pitons...

Paul Laurendeau

Solange a dit...

Il n'en valait pas la peine, consolez-vous avec beau brun.

Une femme libre a dit...

Encre, Paul, Solange, je n'ai pas de peine en tant que tel que ça n'ait pas fonctionné. Il faut être solidement immunisée contre le rejet pour faire ce style de rencontres car c'est une règle intrinsèque du jeu. Non, cette fois, c'est mon manque de perspicacité, l'ignorance totale du rejet alors que j'étais persuadée que tout se passait si bien, c'est ça qui me sidére.

Juliette, un café, mais oui, pourquoi pas?

herbert a dit...

Bonjour, toi.
On aurait pu penser à un roman qui commençait...Mais il n'a pas eu le temps de commencer. Ou plutôt de commmencer de commencer.
Ce qui était tout de même un commencement.
Bonne journée.
Que le soleil soit avec toi.

Anonyme a dit...

"Ou bien les hommes jeunes font face à d'autres sortes de complications, Anarcho-Pragmatiste! Mon fils qui a 28 ans se sauve dès qu'une compagne devient trop sérieuse et parle de mariage ou de bébés. Je suis certaine que les jeunes femmes le trouvent bien compliqué!"

En effet, je désespérais envers les femmes de la vingtaine en partie à cause de ça. Je ne veux rien savoir d'une relation de couple routinière et trop stable. Je veux que ça bouge.

Par contre, une relation ami-amant régulier-complice intellectuel sans fidélité obligée de part et d'autre et chacun chez soi m'intéresse au plus haut point, peu importe l'âge de la dame.

Mais ma principale complication réside dans le fait que j'ai de la difficulté à me laisser aller quand j'éprouve des sentiments pour une femme. Je veux trop bien faire...

Caro et cie a dit...

Où alors est-ce votre choix de livres qui lui a démontré hors de tout doute, que vous étiez trop cultivée pour lui? ;-)

Caro et cie a dit...

Où alors, est-ce votre choix de livre qui lui a démontré hors de tout doute, que vous étiez bien trop cultivée pour lui? ;-)

Une femme libre a dit...

Vous éprouvez de la difficulté à vous laisser aller? Quel dommage! C'est pourtant là la plus grande source de joie mutuelle dans une rencontre sexuellle réussie, ce lâcher-prise total, cet abandon partagé, cette confiance en l'autre qui ne nous jugera pas et nous appréciera tel ou telle que l'on est. Quand on trouve un partenaire avec cette philosophie d'abandon et de non-performance, on a découvert un trésor.

Une femme libre a dit...

Je ne fais jamais rien qui ne me tente pas profondément quand je fais l'amour, je ne me force à rien, je suis l'inspiration du moment et je vis des moments absolument et pleinement heureux avec un partenaire qui est dans le même était d'esprit et de disponibilité.

Une femme libre a dit...

état

Une femme libre a dit...

Cher Herbert, le roman n'a pas eu le temps de commencer en effet mais j'ai vu la montagne, je l'ai vaincue et même si ce n'était pas le Kilimandjaro, j'en ai éprouvé de la joie toute simple!

(je ris ici parce que si vous n'avez jamais visité Montréal, vous allez peut-être imaginer le Mont-Royal comme un grand mont digne d'explorateurs émérites, alors qu'à la vérité, on en fait le tour facilement en deux heures!)

Une femme libre a dit...

Héhé! Ça doit être ça, Caro!!

Anonyme a dit...

J'ai surtout de la misère à me laisser aller quand j'ai des sentiments pour une femme, surtout au début. Ça me prend plus de temps à être à l'aise dans ces circonstances.

Anonyme a dit...

"Quand on trouve un partenaire avec cette philosophie d'abandon et de non-performance, on a découvert un trésor."

Je suis d'accord mais il faut que je m'assure que c'est le cas de ma partenaire, ce qui n'est pas toujours évident.

Une femme libre a dit...

L'amour complique parfois les choses Anarcho-Pragmatiste!

Une femme libre a dit...

Mais en fait cette philosophie d'abandon et de non-performance, elle devrait faire partie de soi (ou pas) et ne pas varier au gré des partenaires. Non qu'il ne fasse pas faire preuve d'adaptabilité mais tout simplement parce que d'être soi-même est un facteur de bonheur, de bien-être et d'équilibre.

Une femme libre a dit...

Non qu'il ne faille

Méli a dit...

Oui, il faut être fait fort... M'ennuie pas de ça, j'en ai vécu tout plein de ce genre de rencontres... il faut se dire qu'on a fait une activité agréable, un point c'est tout ! ;-D

Lud. a dit...

Il me semble que cet homme est d'une espèce à éviter. «Homus Complicadus»! Autant fuir tout de suite et sauter sur ceux qui prennent la vie sans se casser la tête avec des regrets! :)

Anonyme a dit...

@ anachro..
vous dites: Par contre, une relation ami-amant régulier-complice intellectuel sans fidélité obligée de part et d'autre et chacun chez soi m'intéresse au plus haut point...

J'ai vécu ainsi.. oui, c'était mon idéal pendant un certain temps, c'est très plaisant, enrichissant, liberté total..etc.. mais après quelques années.. on se rend compte d'un vide dont on ne peut identifier car on se proclame satisfait de ce choix..mais insénieusement un vide sans nom...vient t'habiter, habiter ta demeure..
Un vide sans nom.... est la réponse et le prix à payer pour choisir de vivre de cette façon. Mais, peut-être êtes-vous pas rendu là encore. Ça va venir un jour.. ce vide sans nom..espérant que le temps sera encore en votre faveur à ce moment.

On partage tout, absolument tout avec tous... sauf sa vie..
C'est pas parce qu'il y a foule que l'on est pas seul..

Un vide sans nom... cognera à votre porte un jour..

Véga

Anonyme a dit...

Bien plus simples les plus jeunes??

Pas si sûre, peut-être que vous êtes tombée sur une bonne «talle» mais de façon générale, je me permets de douter de cela et j'ai 29 ans...

Il sont peut-être aussi trop «simples» comme vous dites. ;-) Je trouve qu'ils manquent souvent d'expérience de vie, de mâturité, de galanterie, ne savent pas ce qu'ils veulent... Peut-être que j'irai éventuellement voir chez les plus vieux, contrairement à vous!! Pas plus de 35-36 ans par contre...