Je vois des documentaires. Bouleversants. Criants de vérité. Des catastrophes, des restants de catastrophes, des gens courageux, des visages burinés, l'impression de regarder des images d'un autre siècle et pourtant, ces gens-là existent vraiment, tout de suite, aujourd'hui, avec leur misère, leur travail acharné, leurs traits burinés et le monde qui les a oubliés tout seuls avec les petits bouts de bois qu'ils ramassent dans les décombres, pieds nus, pour se reconstruire une maison de leurs mains nues, sans outils. Leurs corps décharnés avec pour tout repas du riz avarié. Déchirant. J'admire ces cinéastes courageux qui montrent la réalité sans faire de commentaire. Les images parlent.
Les films de fiction sont presque aussi déprimants. Plusieurs. Les deux films québécois vus qui sont dans la course sont noirs. Aussi noirs l'un que l'autre. Une petite lueur d'espoir à la fin, mais vacillante. Des personnages fuckés autant dans un film que dans l'autre. Des qualités artistiques, oui, mais de la longueur, de la lenteur, et finalement peu de profondeur. Si je devais me faire une idée du Québec à partir de ces films, je trouverais que les paysages sont magnifiques comme dans "route 132", que les acteurs jouent fort bien, et c'est le cas également dans "Tromper le silence" de Julie Hivon, mais je concluerais que les Québécois sont de grands blessés émotifs, qui trempent dans le drame et boivent et fument et volent et se mutilent pour soigner leurs grands bobos. Il sacrent, parlent peu et sont solitaires. Les gens de la campagne de "route 132" avec la magnifique Andrée Lachapelle qui est toujours aussi magnifique même si on l'a affublée de vêtements de petite vieille, ceux-là semblent sains. Le Québec rural, il n'y a que ça de vrai? Est-ce le message? Y en-a-t-il un message? Ai-je aimé ces deux films? J'aurais voulu aimer celui de Julie Hivon, il faut encourager les femmes. J'aurais beaucoup voulu aimer. Mais non. Attention, je ne dis pas que ce soient des films dénués de qualités cinématographique, il y a de belles images, fortes même. Mais le propos ne m'a pas touchée. Une femme solitaire qui ne vit que pour son art qui s'est querellée avec son frère lui-même un grand fucké et qui trouve un gars plus fucké encore pour en faire le sujet d'une exposition et indirectement redonner un sens à sa vie, voilà le sujet, le propos. Évidemment, le grand fucké a vécu un drame, on le découvre dans le film. Triste.
Je suis un peu tannée des films tristes, ça paraît? Semblerait que ce soit ceux-là qui gagnent des prix ou à tout le moins qui se retrouvent en compétition, car c'est difficile de trouver des films plus joyeux, sans tomber dans la comédie grosse et grasse comme "Chance" de Abnair Benaim, que je ne recommande pas. Il y a pourtant moyen de faire un film qui se passe en grande partie dans un hôpital et qui met en scène des jeunes qui souffrent de la fibrose kystique, avec sensibilité, réalisme et espoir, comme dans le magnifique "Adem (Oxygène)" qui est certainement mon préféré parmi les 17 films que j'ai vus jusqu'ici.
6 commentaires:
17 films ! Mais comment faites-vous ?
Je ne sais pas si j'aurais le courage de voir autant de films en si peu de temps, surtout s'ils sont dépriments.
Cinq films par jour en moyenne, je commence à neuf heures du matin, Trex!
Aujourd'hui, j'en ai vu de très bons et pas déprimants, Solange. Il y en a de tous les genres, c'est la beauté de la chose. Ça ne me demande aucun courage, au contraire, je suis dans le plaisir et la découverte. J'adore ce festival!
Bonjour, Femme libre.
Finalement un bilan positif dans le négatif...
Merci beaucoup.
Je t'embrasse.
Moi, je crois que j'aurais un peu mal au fessier à regarder tant de films par jour lol! Moi aussi je ne "tripe" pas sur les films bizarres québécois et qui finissent mal en plus. Un gros merci pour ce résumé des films visionnés. Chantalou xx
Plus positif que négatif, Herbert, bien plus!
Je me sens dans un autre monde, dans plusiseurs autres mondes, Chantalou, car je vois surtout (mais pas exclusivement) des films qui ne risquent pas de revenir en salles et qui me font voyager. Passer du drame à l'action et au film d'amour en l'espace de quelques heures, c'est tout de même magique. Et il y a l'atmosphère aussi, les autres fous du cinéma qui en voient autant que moi, des fois plus et les belles discussions enflammées dans les files d'attente. Il y a pas mal de retraités et encore plus de retraitées, vous vous en doutez bien, mais aussi des gens qui ont choisi cette période pour prendre leurs vacances et qui vivent à l'hôtel et voient cinq ou six films par jour.
Publier un commentaire