Vannak, Hui
Bou Meng, a survivor from khmer rouge prison S-21 Documentation center of Cambodgia, 2010, Phnom Penh, Cambodia, 80 pages
On l'a visitée cette prison, on a vu les salles de tortures, le petit pot en fer qui servait de latrine pipi-caca aux prisonniers enchaînés pendant des mois, douchés une fois par semaine au boyau d'arrosage, couchés à même le sol ou dans des lits en fer pour les haut-gradés (qui étaient davantage torturés et "interrogés"), dans le noir et le froid, seuls. On a même vu leur photo, car Pol Pot tenait des registres précis des prisonniers, avec photo et numéro. On les photographiait même des mois après leur enfermement, alors qu'ils ressemblaient à des bêtes, les yeux ahuris de souffrance, la barbe longue, le corps squelettique plein de plaies et de pus. Les tortionnaires, des adolescents pour la plupart, pouvaient laisser aller leur sadisme, on les y encourageait. Le prisonnier était un ennemi à détruire, on devait savoir des renseignements. La majorité ont avoué "leurs crimes", ont inculpé des innocents à leur tour, tout pour que la souffrance arrête. On les surveillait étroitement pour ne pas qu'ils se suicident. L'enfer.
Dans cette prison, il y a eu sept survivants! Et voilà qu'à la porte, il y avait ce vieil homme frêle qui vendait ses livres. Un des survivants, Bou Meng, qui continue à se battre pour que justice soit rendue. Car ce n'est pas le cas, non, on leur a pardonné à ces tortionnaires, certains sont même encore au sein du gouvernement. J'ai été émue de le voir là, encore vaillant, encore capable de sourire, un tout petit sourire timide. Il m'a dédicacé son livre et j'en suis fort honorée. Le récit de ses souffrances est intolérable. On aimerait que ce soit de la fiction, mais c'est arrivé pour vrai.
Durant le régime de Pol Pot, deux millions de personnes innocentes ont été tuées, soit le tiers de la population du Cambodge.
3 commentaires:
Ce livre a l'air bouleversant. J'aurais bien aimé rencontré cet homme.
C'est incroyable qu'il est réussi à survivre à tant de souffrance. Une belle rencontre et un livre sûrement très intéressant.
@Catherine, bouleversant, oui, tout à fait!
@Solange, s'il a survécu, c'est à cause de ses talents artistiques. On cherchait un artiste pour faire des portraits de Pol Pot, il s'est proposé et ses conditions de détention se sont adoucies car les tortionnaires voulaient le garder en vie pour profiter de son talent.
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