jeudi 28 août 2008

Enfance

Quand elles étaient petites, je les ai couvées, entourées, maternées, stimulées. Elles étaient inscrites à plein de cours et d'activités, toujours partantes pour mordre dans l'action, et moi j'étais dans les estrades, le coeur plein de fierté, je criais, je les encourageais, je les adorais. Je me rappelle des petites robes matelot du dimanche, toutes pareilles, de leurs tresses travaillées avec tellement d'amour et de patience, des chapeaux de paille et puis des petits bas de fantaisie dans les souliers vernis. Le soir, après le bain, je les transportais une par une dans mon lit et je les y lançais dans leurs éclats de rire et puis venait la session de crémage, le gros tube de crème hypoallergène à la main et elles se détendaient et se laissaient faire, ricaneuses. Après le pyjama, on se mettait toutes sous mes draps et c'était l'histoire, sans fin car elles en voulaient toujours une autre. Une fois au lit, j'aimerais dire qu'elles s'endormaient comme des anges mais ça n'arrivait jamais. Les cauchemars de leurs premières années venaient alors les envahir. La plus vieille a pleuré et crié pendant deux heures tous les soirs pendant .... presque deux ans. Oui, on consultait en psychiatrie, oui, je faisais tous les rituels, oui, j'ai essayé plein de techniques, en vain. À la fin, je couchais les autres dans mon lit, je fermais les portes et j'allais les reporter dans la chambre quand les cris étaient finis.

16 commentaires:

Anonyme a dit...

On fait toutes de notre mieux (enfin tous pr pas oublier les papas) et être maman c'est surtout et beaucoup de l'instinct...

Mamzell_McJ a dit...

On doit appeler ça de _l'amour_ faire preuve d'autant de patience. Je ne trouve pas d'autres mots.

J'aurais été incapable...

Anonyme a dit...

Bonjour FemmeLibre,

C'est pour ces moments que ça en vaut la peine. J'appele cela: des bulles de bonheur.

Ça m'a rappelé ces "Papa, raconte-moi une histoire dans le noir..." qui m'amenaient à improviser des histoires avec les critères données par les enfants: Généralement, un animal, son nom et un lieu. Parfois, c'était ordinaire, mais il y en a quelques unes dont les enfants me parlent encore.

Avoir des enfants, c'est apprendre à donner; C'est aussi apprendre ce qu'est l'amour inconditionnel. Il y a cette période, plus difficile à l'adolescence, qu'on appelle l'âge ingrat, mais plus tard, quelques années plus tard, quand ils sont vraiment devenus des adultes, c'est une autre belle période qui s'enclenche. Ils comprennent alors la valeur de ce qu'ils ont reçu et souvent, vont reproduire à leur tour, ces moments magiques qui ont peuplés leurs enfances.

Vous êtes une très bonne mère, n'en doutez pas.

Pur bonheur a dit...

J'aime bien cette expression 'vêtements du dimanche' que ma mère disait souvent, vu que tous les dimanche nous allions chez mon grand-père à la campagne.
Sinon, il ne faut pas être amère, tu sais tes filles vont vieillir et se rappeler ces bons moments, quand elles auront elles-même des enfants. Peut-être ce jour-là vont-elles réaliser à quel point tu as bien pris soin d'elles et être reconnaissantes.

Une femme libre a dit...

Je ne sais pas vraiment si c'est de l'instinct ou pas, la brune. Moi, en tout cas, je voulais beaucoup être mère, ça avait une énorme importance pour moi et ces trois enfants-là, je suis allée les chercher au bout du monde et j'ai payé pour les avoir en temps et en argent. J'y tenais beaucoup et leur présence et leur éducation m'ont apporté d'immenses joies et beaucoup de fierté en dépit des difficultés.

Vous auriez certainement été capable parce que vous n'auriez tout simplement pas eu le choix, Juliette!

Je sais que je suis une trés bonne mère, pas parfaite, mais raisonnablement bonne, oui. Ce qui m'inquiète un peu, c'est cet épuisement parental actuel alors que la job n'est pas encore finie. Je n'ai plus de jus. C'est le vide, le trou noir, l'impasse. Je vais finir ce qui a été commencé mais le plaisir est parti et il ne reste la responsabilité et le travail.

J'espère de tout mon coeur que ma plus vieille qui peine tellement pour s'occuper d'elle-même n'en aura jamais d'enfant, Pur Bonheur, ce serait la catastrophe.

unautreprof a dit...

Ma collègue qui a adopté 3 filles et aussi accueilli des enfants en tant que famille d'accueil dit souvent aux parents des élèves de nos classes qui s'inquiètent qu'on devrait tous voir une photo de notre enfant à 30 ans et un bref résumé sur lui et que ça nous rassurait.
Bien sûr, ça n'enlève pas le doute, la fatigue, l'écoeurement.

Elle a beau, cette collègue, être une femme extra, comme vous, par moments, c'est plus difficile.

C'est fou de constater que des gens comme vous et elles existent, font ce don de soi. Aussi, il me semble normal et sain d'avoir des passes où, comme vous dites, d'avoir hâte qu'ils "sacrent" tous leur camp!

Anonyme a dit...

Je crois qu'être parent ne se fait pas que dans la joie, parfois c'est plus dur, parfois c'est plus délicat... on peut... on a le droit... il faut juste apprendre à l'accepter.
Etre une bonne mère c'est cela non ? Etre faillible...

Anonyme a dit...

J'ose... Où était et où est le père ?

Une femme libre a dit...

Merci de votre compréhension, Un autre prof!

Oui, être une bonne mère c'est être faillible et se remettre en question. Mais il y a tant de définitions et de perceptions différentes sur ce qui fait ou ne fait pas une bonne mère, la brune...

Osez, Mazsellan, osez. Le monde appartient à ceux qui osent. J'ai eu une fils alors que j'étais en couple et il a été élevé en garde partagée. Douze ans plus tard, j'ai adopté trois petites filles en célibataire. J'avais bien un chum mais il n'habitait pas avec nous et n'était pas le père de mes enfants. Nous nous apportions cependant un soutien émotif qui aidait énormément.

Anonyme a dit...

Merci ;-) Je ne saurai rajouter un mot intelligent puisque que c'est une situation que je ne vis pas, que je n'ai pas vécue.

Annette a dit...

Femme libre,

Ce que vous vivez avec vos filles m'attriste. J'aimerais vous donner des conseils, mais la mienne n'a encore que 5 ans et même ses plus grosses peines ou nos difficultés sont encore bien loin des vôtres. Comme le dicton dit 'Petit enfant, petit problème, grands enfants, grands problèmes'.

Essayez de garder espoir. Vous en avez plusieurs et il y en aura certainement un ou deux qui vous réservent de grandes joies pour plus tard.

Amicalement

Une femme libre a dit...

Je ne pense pas qu'on élève des enfants pour avoir de grandes joies plus tard. Les joies,il faut les trouver quand les enfants sont petits, c'est à ce moment-là qu'elles existent. Malheureusement, il arrive trop souvent que l'on soit trop fatigué ou trop occupé ou trop centré sur le futur pour les voir.

Annette a dit...

Femme libre,

Je suis tout à fait d'accord avec vous. Avec l'arrivée de ma petite, j'ai vraiment changé mes priorités et mon emploi du temps pour pouvoir profiter de tous ces moments magiques.

C'est plutôt en vous lisant que je me suis particulièrement interrogée. Qu'arriverait-il si une adolescence particulièrement difficile et qui se prolonge m'amenait à assurer la responsabilité juridique du rôle de mère mais sans en puiser ni plaisir ni énergie, et ce pour une longue période m'amenant à me sentir épuisée ?

Est-ce qu'alors je regarderais vers l'arrière en me rappelant tous les émerveillements et plaisirs passés? Certainement.

Est-ce que j'essaierais de me dire qu'il y a aussi de l'espoir à l'horizon, même ténu? Certainement aussi.

Une femme libre a dit...

Personne n'est à l'abri des adolescences difficiles et je suis contente que vous en soyiez consciente. Nous supportons la famille d'une amie de Quatorze ans actuellement. Leur fille unique, sans problème particulier (sauf des problèmes d'apprentissage)vient de faire une fugue de quatre jours. Elle n'a donc pas commencé l'école avec Quatorze ans. Les parents se mouraient d'inquiétude. Elle refuse toujours de dire où elle était et avec qui mais Quatorze ans en sait plus. Il y a cependant des adolescences très faciles. C'est du cas par cas.

Je pense qu'il faut aller chercher de l'aide et c'est ce que j'ai fait et ce que je ferai encore. À un moment donné, il faut aussi décrocher et penser à soi. Quand on a fait son possible, coudons... c'est leur vie. Moi, passé dix-huit ans, je leur souhsite bonne chance mais je ne vais pas me rendre malade. Ça donnerait quoi et ça aiderait qui? Là, il reste Quatorze ans et je vais trouver assez d'énergie pour passer à travers avec elle. Je cherche les meilleures ressources pour ses problèmes d'apprentisage. Ce sont des frais effarants tous ces cours privés.

Je vous souhaite beaucoup de bonheur avec votre petite de cinq ans, Annette! Elle commence la maternelle? Que d'émotions!

Une femme libre a dit...

Mazsellan, j'aime avoir votre avis que vous ayez vécu la situation ou pas!

Méli a dit...

Pas facile tout ça, car vous êtes seule pour faire face à tout ça et effectivement, ça doit être assez demandant, très demandant et pour le moment, ça nourrit moins en retour... Heureusement, tout passe et les moments difficiles ne sont pas éternels et sûrement que d'autres moments plus nourrissants reviendront et aideront à vous refaire de l'énergie ! Mais pour le moment, je comprends que c'est exigeant et même épuisant... Ça ressemble à un "passage à vide"... mais vous êtes forte et équilibrée et ça vous aide, heureusement...