dimanche 31 août 2008

Visite

Il y a Dix-neuf ans qui s'en vient faire les cheveux de sa petite soeur. Je suis tout énervée. Je ne l'ai pas vue depuis trois mois. Dans quel état vais-je la retrouver? Elle viendra en taxi, en taxi!!! alors qu'elle fait une demande de bien-être. Je le sais parce qu'on me demande une contribution parentale. Non, mes amis, la responsabilité parentale ne finit pas à dix-huit ans. Mais je proteste et j'ai écrit une lettre de refus de contribuer. On verra bien ce qu'il en adviendra. Je ne sais toujours pas où ma fille habite. Elle ne veut pas que j'aille la chercher pour ne pas que je l'apprenne. Pas d'interrogation ce matin sinon elle va fuir.

6 commentaires:

Anonyme a dit...

Sauf qu'elle revient. Et l'émotion est palpable de partout. Ne vous l'avais-je dit?

Paul Laurendeau

Anonyme a dit...

Bonjour FemmeLibre,

J'avais personnellement 21 ans quand j'ai vraiment senti que j'étais devenu un adulte et je n'ai joint le marché du travail qu'à 22 ans. De 18 à 21 ans, j'ai eu une période de flottement où j'ai végété, ne sachant pas trop ce que j'allais faire de ma vie. Mon frère et ma soeur ont suivi un parcours similaire.

Ma mère m'a confié plus tard que c'est une époque où elle était pas mal découragée de voir qu'on n'allait nulle part, se demandant ce qu'on allait faire de notre vie, remettant en question ses propres qualités parentales, mais à l'époque elle n'en a rien dit.

Le passage des enfants au mode adulte n'est pas toujours facile. Un jour on se sent adulte, le lendemain on veut juste qu'on s'occupe de nous. Les jours qu'on se sent adulte, on prend parfois de mauvaises décisions et on s'attend à ce que nos parents répare les pots cassés le lendemain. C'est une période ingrate pour les parents.

Mes parents ont continué à nous supporter financièrement et à nous encourager durant cette période et finalement, quelques années plus tard, les chemins se sont tracés et nous avons tous pris notre place.

Aujourd'hui, nous sommes tous les trois exactement là où on avait envie d'être.

Vous en avez marre, je comprend très bien. D'autant que votre situation est assez particulière et vous ne l'avez pas eu facile au cours des dernières années.

Pourquoi ne pas simplement profiter de l'occasion et mettre 14ans à profit pour préparer une bonne bouffe qui soulignera la venue de sa grande soeur?

Oubliez tout le reste, l'espace d'un instant et faites de cet instant un bon moment pour vous tous. 19 ans n'a sûrement pas envie d'entendre combien elle est irresponsable de prendre un taxi plutôt que de prendre le transport en commun alors qu'elle est sans le sous. Ça n'arrangera pas les choses de lui en parler.

Si vous vous projetiez 5 ans en avant, où "24ans" aimerait-elle être? Où 14ans qui sera alors 19ans aimerait-elle être?

Où aimeriez-vous qu'elles soient?

Et...

Que pourriez-vous faire aujourd'hui, pour les orienter dans cette direction?

Pourquoi ne pas profiter de ce moment pour justement demander à vos enfants de se projeter 5 ans en avant?

Je pense que c'est là notre rôle de parent quand ils sont à cette étape de leur vie.

Dans la parabole du fils prodigue, le père a fait une grande fête quand son rebelle de fils est revenu à la maison. Je parie qu'il avait 19 ans, lui aussi. ;)

unautreprof a dit...

Vous nous en donnerez des nouvelles.

Grande-Dame a dit...

Bien que cette jeune femme semble patauger dans un chaos intérieur continuel depuis un bon bout, je vous trouve admirable dans votre attitude avec elle.

Vous refusez d'y perdre davantage d'énergie et de ressources que nécessaire, vous la laissez assumer ses décisions et expériences de vie de jeune adulte et vous tentez d'être zen à travers cela, pour vous.

Cette enfant ne pourrait avoir de meilleure mère pour lui apprendre à se responsabiliser et s'assumer.

Anonyme a dit...

J'ose encore... et là, vous me direz que ce n'est pas de mes affaires mais sachez que je ne veux pas vous pointer du doigt spécifiquement puisque un bon nombre de parents semblent vivre la même situation. Je me questionne... pour ne pas avoir à affronter cet avenir potentiel.

Mais pourquoi est-ce que votre fille de 19 ans ne veut pas que vous sachiez où elle vit ? Est-ce sa façon d'affirmer son autonomie face à vous de cette façon si brusque, si mécanique ?

Une femme libre a dit...

Oui, Paul, elle revient! ;o)

Je sais bien qu'entretenir ses enfants à ne rien faire n'en fera pas nécessairement des légumes, Pierre. Votre exemple est éloquent à ce sujet. Mais pour un Pierre et se fratrie qui se retrouve et s'assume pleinement quelques années après la majorité, il y a tous ceux qui s'accrochent à la prodigalité parentale. Mon attitude est: tu étudies à temps plein, je paie les études jusqu'à 25 ans. Après, au niveau supérieur, il y a des bourses ou on peut devenir assistant de recherches, bref, les possibilités de revenu se multiplient. Ce critère du 25 ans est nouveau pour moi et m'a été dicté par mon fils qui végétait encore sur sa maîtrise à 27 ans, demandant et obtenant prolongation sur prolongation. Quand j'ai coupé les vivres, il a tout terminé en moins de deux mois!

Et ne vous inquiétez pas pour la bouffe, c'est mon activité principale quand Dix-Neuf ans visite. Elle a les mains dans la tête de sa soeur et moi je leur prépare tout ce qu'elles veulent. Dix-neuf ans travaille fort pour les faire ces rallonges ravissantes mais qui demandent tellement de temps et de travail.

Aucune remontrance d'aucune sorte. Je la prends comme elle est. On a même plaisanté un peu sur la mentalité b.s. quand elle m'a dit en dégustant mon riz aux crevettes que leur pain quotidien à son chum et à elle, c'était des sandwichs au baloney!

Merci Grande dame! Et aujourd'hui, je la regardais, tellement belle et éclatante et artiste en plus (vous devriez voir la tête qu'elle a faite à sa soeur!) et je me disais que je ne saurais avoir d'enfant plus tendrement aimée que celle-là!

Hier, je n'aurais su répondre à votre question Mazsellan, mais aujourd'hui je sais. Ça a pris deux jours à Dix-neuf ans pour terminer la coiffure de sa soeur et elle a finalement accepté que j'aille la reconduire chez elle cet après-midi. Elle n'a pas voulu qu'on entre. Il semblerait qu'elle habite avec son nouveau chum un minuscule un et demi misérable et elle ne voulait pas qu'on voit ça. Je l'ai un peu rassurée en lui décrivant le premier appart pas mal misérable aussi que j'avais occupé!