mercredi 18 décembre 2013

Sexualité de mes enfants

J'ai toujours été une mère ouverte. On pouvait et peut parler de tout chez nous et on le faisait et fait. Bon, tout ce qu'on veut bien partager avec sa mère, on s'entend! Recevoir ses amis de gars privément dans sa chambre fait partie de cette ouverture.

Mais là, j'en ai marre. Finie la sexualité ouverte de ma dernière fille. J'ai donné. Je lui paie un appart alors qu'elle s'exprime sexuellement dans ces lieux privés.

Le gars qui a sonné à huit heures ce matin m'a premièrement fait peur. On n'oublie pas que ma fille a été victime d'un homme violent et la peur qu'il resurgisse est encore là. Ensuite, j'ai été insultée. De ne pas avoir été avertie ni consultée. Alors, avant même d'ouvrir la porte au jeune homme, j'ai dit clairement à ma fille que je ne voulais pas le voir dans sa chambre et j'ai fermé fermement la porte de ladite chambre.

Finie l'ouverture. Je ferme la boutique de la tolérance. J'ouvre celle du respect de moi-même, de ma quiétude, de mon intimité à moi, de mon bien-être à moi.

En plus, je passe une coloscopie demain matin et la veille, soit aujourd'hui, est consacrée à des opérations de vidage de l'intestin que j'aurais préféré subir toute seule ou du moins pas avec de la testostérone inconnue dans la maison! On n'oublie pas que nous habitons un petit quatre et demi, pas une grande maison avec des recoins et cachettes.

Alors, ma fille regarde des émissions stupides de catastrophes et de meurtres à Canal D, collée sur le gars en question. Il a mangé mon déjeuner le gars et il a trouvé ça bon. Bons points pour lui. Rare que les amis de Dix-neuf ans aiment ma cuisine végé et bio et sans sucre. Et il a desservi la table ensuite. Bon, pas si pire. Mais non, il n'ira pas dans sa chambre. La mère watche eheh!

J'ai même suggéré qu'elle lui fasse visiter son logement de l'autre bord du pont. Pas de réaction.

Je suis fâchée un peu parce qu'hier, elle m'a demandé de l'argent car elle n'avait plus un sou. Or, non seulement j'ai payé la moitié d'un appart et tout ce qui vient avec, chauffage et cable, ensuite une carte de transport à 120$ pour qu'elle puisse se déplacer facilement de Longueuil à Montréal, payé son cel aussi et puis acheté plein mais vraiment plein de gugusses au Costco, y compris pour le chat de l'amie qui a de la nourriture pour un an et de la litière pour des mois! Je lui ai ensuite donné de l'argent pour l'épicerie. Cet argent d'épicerie, j'apprends qu'elle l'a utilisé pour .... des taxis! À force de questionner évidemment. Elle a une passe à 120$ et elle se paie des taxis!!

Suis-je fâchée? Oui. Vais-je rester fâchée? Bien sûr que non. Mauvais pour le coeur.

Mais je ne lui donne plus un sou. Rien.

On (on étant moi et Vingt-trois ans car Dix-neuf ans ne démontre aucun intérêt) a fait une demande d'assurance-chômage pour elle.  Elle vivra là-dessus si elle en reçoit. La demande est à l'étude. Je ne lui paie évidemment pas d'appart en janvier.

En plus, elle est allée dans des rencontres pour une espèce d'arnaque pyramidale où on lui promet  de faire plein d'argent. Des filles naïves comme elle sont de partaites victimes. J'ai beau lui dire que c'est de la foutaise et qu'elle se fait avoir, elle va tout probablement investir le 500$ que ma mère va lui donner à Noël dans ces niaiseries.

J'espère que non. À force de lui montrer des sites internet qui dénoncent la chose.

Lâcher prise? Ouin.

lundi 16 décembre 2013

Pas fort

Ça va pas fort. Même le yoga de ce matin me tombait sur les nerfs. Trop granole à mon goût. Elle a parlé pendant quarante-cinq minutes. Trop long. Et puis, si je voulais une psychothérapie, j'irais me la chercher. Pas ça que je cherche au yoga. De l'introspection, une certaine spiritualité, oui, de la méditation, absolument. Mais pas un discours sur les misères de l'enfance et comment se sortir de ce marasme. Clair que cette prof a eu une enfance difficile, qu'elle a souffert et qu'elle s'en est sortie grâce au yoga, à la philosophie du yoga. Grand bien lui fasse. Certains principes sont universels, d'autres viennent directement de ses propres blessures, qui ne le sont pas universelles. Je me demandais si je devais lui dire? J'ai décidé de ne pas tenter le coup. Exposer ses blessures comme ça et se faire dire que c'est trop long et ennuyant pour l'auditoire, je ne me sentais pas capable de faire ça. Cruel un peu. Et puis, le problème ne se posera plus en janvier, le gym ayant décidé que tous les cours dureraient une heure (les cours actuels de cette prof sont d'une heure et demie), elle n'aura plus le temps de parler quarante-cinq minutes avant que ça ne commence enfin! Patience.

Je procrastine, je tourne en rond, je ne fais rien parce que je n'ai envie de rien. Je viens d'appeler Dix-neuf ans qui semble correcte chez son amie l'autre bord du pont. Rassurée je suis.

Je voulais aller aux Métiers d'art. Voulais est un bien grand mot. Faire quoi que ce soit me pèse. Ne rien faire me pèse également. J'irais dormir. Mauvais dormir le jour, je sais. Je me retiens. J'attends que Vingt-trois ans vienne chercher ma voiture et je vais me forcer pour y aller au Salon des Métiers d'art. Ou pas.

J'ai de la peinture à faire aussi. Remplir les trous et sabler pour commencer. Je pourrais bien faire ça.

Ma nouvelle philosophie, c'est entre autres, d'admettre que ça ne va pas quand ça ne va pas au lieu de combattre.

Il y a pourtant un magnifique soleil. De la magnifique neige. Ça va passer. Mon mal-être va passer. Demain.

dimanche 15 décembre 2013

Cheveux

Souper d'amis hier. Celle de mes amis qui revient d'un autre voyage en Inde et dont je m'étais ennuyée me prend dans ses bras d'abord, me regarde ensuite et me dit "Oh! C'est joli la petite coupe que ta fille t'a faite!"

La "petite coupe que ma fille m'a faite" c'était la coupe à 80$ du chic salon de luxe! Comme les vraies amies disent toujours la vérité, j'ai ri et j'ai bien du admettre que la coupe de ma fille m'allait mieux que toutes ces savantes mèches qui me donnent l'air d'avoir oublié de me peigner! Je relaisse pousser et je vais engager ma fille, je pense. Ça va me coûter moins cher!

vendredi 13 décembre 2013

Sixième sens

Je suis vraiment contente de ne pas être partie en voyage et d'avoir ainsi pu rescaper ma fille. Si ce n'avait été de notre action d'éclat, ma fille y serait encore aujourd'hui avec son agresseur. Et on en saurait de moins en moins car il était en train de la forcer à limiter voire couper les contacts avec sa famille. Limiter, c'était déjà fait. On pouvait passer un bon bout sans nouvelles et ça me rendait folle. Des fois, je m'inquiète pour rien, c'est vrai, mais là, non.

Je ne savais pas vraiment pourquoi je n'allais plus en voyage mais je savais que je ne devais pas y aller.

On se sent en convalescence dans cette maison. Moi aussi.

Liste de choses à faire et je les fais. Hier, on est allées à l'opéra de Paris au cinéma, Hansel et Gretel. C'était très bien et j'ai été contente de constater qu'elle suivait avec plaisir.

Se distraire, prendre soin de soi, ne pas trop se tomber sur les nerfs. Car la vie ensemble n'est pas facile. Elle ne l'était pas avant et ne l'est pas davantage maintenant. Cette fille est capable d'une passivité déconcertante.

Elle a aussi de bien belles qualités. Concentrons-nous là-dessus!

jeudi 12 décembre 2013

Exercice

Je me lance là-dedans comme une perdue. Entraîneur qui ne me ménage pas le matin et natation avec mon fils en soirée. Avec mon fils, pourquoi donc? J'ai eu des révélations bouleversantes de la part de Dix-neuf ans. Des sévices, des vrais. J'étais tout à l'envers et je ne voulais pas appeler Vingt-trois ans parce que fâchée comme elle est déjà qu'on ne soit pas allées à la police, elle serait encore plus fâchée en apprenant ce que sa soeur avait subi. Vingt-quatre ans, elle, on la ménage, de peur que le stress ne lui déclenche une psychose. J'ai appelé mon fils et il m'a dit qu'on irait nager ensemble en soirée. Brillant mon fils.

Je ne serais probablement pas allée sans lui. Certainement pas, pour dire vrai. Ne pas oublier que la piscine est dehors. L'eau est chaude et une fois dedans, c'est le bonheur de nager avec la neige tout autour. Mais... se rendre.... se déshabiller... se laver... ensuite tout refaire à l'inverse. Paresse? Oui.

Mais je m'y suis donnée comme jamais, suivant l'exemple de Fils qui lui, nage quand il nage. Longtemps. Longueurs sur longueurs.

Il a mangé chez nous. Puis a emprunté ma voiture pour se rendre chez lui et me l'a rendue à six heures ce matin! Merci Fiston.

Et là, je me dis que cette piscine à deux pas de chez nous, faut que je l'utilise. Encore et encore. En plus, on est toujours tout seuls. D'ailleurs, Fils a tellement apprécié qu'il revient vendredi après son travail. J'ai encore des passes d'invités. On en profite. Dans une semaine, il sera parti au Costa Rica avec sa femme.

Je m'en vais voir le docteur de Dix-neuf ans avec elle. Son nouveau médecin de famille. Il y a deux semaines, elle l'a inquiété avec ses maux de tête constants. Il veut lui faire passer des tests aujourd'hui. Depuis qu'elle a quitté l'agresseur, elle n'a plus eu de maux de tête! Je ne dis pas qu'elle va bien, mais ce symptôme-là est carrément disparu.

Ensuite, j'essaierai de la convaincre de venir à la piscine avec moi. On ne làche pas!

mercredi 11 décembre 2013

Blablabla

Entraîneur ce matin. Ma Dix-neuf ans dort. Une de ses amies est restée à coucher. Je cuisine beaucoup. Des recettes dans des blogues. Rien d'extraordinaire mais pour moi oui, considérant que je ne cuisinais à peu près plus. Smoothies, poisson et salade composaient la majorité de mes menus. C'est certain que c'est plus motivant de cuisiner pour du monde. Et puis, elles sont chères les salades, à ce temps-ci de l'année, avez-vous remarqué? Surtout que je les achète bios.

Ça me fait beaucoup de bien de faire de l'exercice intensif et le yoga ahstanga en fait certainement partie.

Si ma plus vieille peut finir par obtenir son passeport, possible qu'on se paie un petit voyage. Elle a encore eu des problèmes et on lui a réclamé un autre document. Adolescente, elle a eu des travaux communautaires à faire qu'elle n'a jamais faits. Je me demande si ça la suit à l'âge adulte. On le verra bien. Pas question de partir sans elle. On s'ajustera.

Il y a ma mère aussi. Un de mes frères part dans le temps des Fêtes. Je ne veux pas qu'elle soit seule. Bien que son ami de coeur est avec elle. Elle est bien chanceuse de l'avoir dans sa vie. Et il conduit en plus, alors elle va où elle veut. Quand même à 87 ans et demi, c'est une pas pire vie. Autonome ma maman à moi.

J'ai donné des cours de français à l'amie et à ma Dix-neuf ans hier. L'amie était pas mal plus intéressée que ma fille à moi. Elle est retournée à l'école à temps plein après avoir travaillé pendant deux ans comme plongeure. Je pense qu'elle apprécie la vie scolaire maintenant même si c'est difficile pour elle à cause de ses problèmes d'apprentissage. Elle s'est fait un chum à l'école ce qui aide aussi!

dimanche 8 décembre 2013

Manger

Je mange trop quand Dix-neuf ans est ici. Et elle est ici. Pas sa faute à elle si je mange trop. Je suis la seule responsable de mes excès. Elle ne parle pas à table, son portable est ouvert, je lui demande avec une extrême gentillesse (je fais très attention, je la considère en convalescence) de le fermer. Elle le fait et se met sur son cel. Je ne dis plus rien et je me ressers un morceau de pizza. Gros. Et un verre de vin aussi. Je me vois aller, je sais que j'outremange parce que je suis mal dans ma peau et pourtant, je me sens totalement incapable de m'arrêter. Et sur le moment et même là maintenant que je viens de finir de souper et que je la laisse chanter avec des clips sur son ordi rallumé, je me sens mieux. La nourriture console.

Je ne serai pas consolée du tout demain quand je verrai un plus sur le pèse-personne.

Je voulais aller au gym et me voilà en pyjama.

Je ne sais pas ce qu'il va advenir de ma fille. Ce soir, elle m'est totalement fermée. Et j'en souffre.

Énergie

C'est revenu et j'en ai de nouveau. Pour combien de temps? Vivons au jour le jour. Le fait de me tenir à de l'exercice quotidien joue beaucoup. Fou le cours de yoga du samedi. Très très cardio. Je sentais mon coeur cogner dans ma poitrine. Mais je fais ce que je peux, ce que je peux et un peu au-delà, le secret est là, dans ce dépassement qui rend fière de soi tout en sécrétant les précieuses endorphines qui aident tant au moral.

Je ne maigris pas, j'ai même pris une livre. Mais je n'ai aucune inquiétude. Ce n'est que temporaire et la perte de poids va se remettre en branle cette semaine. Je vais la remetttre en branle. Je suis responsable de mon corps et de ce que je mets dans ma bouche.

Cependant, chers lecteurs, soyez conscients que si jamais j'ai encore un blogue dans dix ans et si vous me lisez toujours, j'y parlerai encore de perte de poids. C'est pour la vie.

Appris hier que ma Dix-neuf ans qu'on a mise en sécurité chez une amie loin l'autre bord du pont, loge en fait chez une amie qui est également victime de violence conjugale.

Première réaction: Tu ne mets plus les pieds-là.

Deuxième réaction (meilleure que la première): Comment te sens-tu face à ça et que veux-tu faire?

Elle veut y retourner. Jusqu'à la fin du mois comme prévu. Et comme elle a une passe de métro qui lui permet d'aller partout, elle va revenir ici ou ailleurs. Libre de ses mouvements. Bon, elle n'ose pas encore aller dans le coin de son ex et je la comprends mais elle ne se fait plus accompagner pour prendre le métro.

Elle ne se sent pas menacée chez cette amie. Le chum contrôlant et irrespectueux de l'amie visite mais n'habite pas là. L'amie travaille alors ma fille est beaucoup toute seule. Pas mauvais pour l'instant. Elle tient maison, fait la cuisine (oui, oui! Elle fait la cuisine!!!) et s'occupe du chat. Il lui a perçé son matelas pneumatique, (MON matelas pneumatique) le cher chat mais elle ne lui en veut pas. Elle l'aime et il couche avec elle.

Elle a un cellulaire, elle n'apporte rien de précieux sauf son portable là-bas, la mère de l'amie habite pas loin et elle peut revenir ici en tout temps. En prenant un taxi s'il le faut.

Elle pense qu'en en parlant tranquillement avec elle et en l'encourageant à appeler SOS violence conjugale, elle pourrait inciter son amie à sortir de la relation abusive. Elle a eu Dix-huit ans en septembre, la petite amie. Travaille pour une compagnie de ménage industriel, payant, 16$ l'heure. Déjà responsable d'un appartement.

Cette petite n'avait pas besoin d'un chum contrôlant sur le dos. Elle l'aime. Tiens, elle n'avait plus de cellulaire. Et ma fille de me dire que dans son cas aussi, c'est parce que le chum qui lit ses textos, l'avait fracassé sur le sol dans un accès de colère.

Leurs histoires se ressemblent beaucoup.

samedi 7 décembre 2013

Faire face

Je suis en période de changement et d'introspection. De solitude aussi. Plus ou moins voulue mais de plus en plus volontaire, désirée et salutaire. Je suis portée à m'étourdir dans un tourbillon d'activités ma maxime favorite et appliquée étant "le bonheur est dans l'action." C'est vrai en partie et ça me convenait totalement. Mais plus là. Pas en ce moment. Je me referme sur moi-même sainement. Je me referme sur moi-même tout en était ouverte aux autres et il n'y a pas de contradiction dans cette attitude.

Alors je fais face. Oui. Je fais face à moi-même et comme je ne suis pas ennuyante, je ne m'ennuie pas.

vendredi 6 décembre 2013

Tristesse

Avant, quand j'étais triste, je combattais beaucoup. Maintenant, j'accepte. Je le sais bien que demain sera un autre jour.

jeudi 5 décembre 2013

Le sport

J'en fais moins. Avant, je marchais beaucoup. Plus maintenant, je veux que mon épine de Lenoir guérisse. Ça va mieux, un peu mieux. Je fais quelque chose de physique tous les jours ou presque mais pas trop de cardio. Un peu quand même avec la natation. Bon, aujourd'hui, une heure et demie de yoga avec la super prof, demain natation, samedi yoga, dimanche musculation ou natation, lundi, yoga, mardi, rien, mercredi musculation avec l'entraîneur. Voilà à quoi ressemblent mes semaines actuellement. Je suis plus ou moins satisfaite. Me semble que je pourrais en faire plus. Il y a la bicyclette que je voulais intégrer à l'horaire. Pas fait. Je suis assez casanière le soir. Nouveau ça. Coup de pied? Non, pas en ce moment. Trop d'émotions me submergent encore. Je suis en bas des 170 livres et je vois à ce que ça ne remonte pas. Je mange bien sans trop de privation et sans crise boulimique. J'en suis là.

L'égratignure

Alors que je vivais du stress, je n'arrivais plus à sortir du stationnement de l'immeuble, coincée par des voitures qui n'avaient pas d'affaire là. J'étais pressée et j'ai eu l'idée de passer entre deux voitures garées dans le stationnement voisin. L'espace était vraiment étroit, trop étroit ai-je réalisé quand j'ai eu l'impression d'accrocher l'aile arrière de la voiture de gauche au passage. Je suis sortie constater les dégâts et ai essuyé d'un doigt baveux la petite ligne blanche. On n'y voyait plus rien ou à peine. Moi, je n'aurais certainement pas remarqué cette légère petite égratignure sur l'aile arrière s'il s'était agi de ma voiture. J'étais pressée et j'ai quitté sans plus attendre.

Je le dirai au monsieur si je le vois un autre jour, ai-je pensé. Et puis, je n'ai pas vu le monsieur de l'auto. J'ai plus ou moins oublié l'affaire.

Et puis un jour je l'ai vu. Il rentrait son épicerie. J'étais avec Petit-fils en train d'ouvrir la porte-patio. Attends-moi une minute, ai-je dit au petit, je dois parler au monsieur en bas,  et je suis rapidement descendue. J'ai montré l'égratignure au monsieur, il ne l'avait effectivement pas remarquée et je me suis déclarée coupable du méfait. Mon nom et numéro sur un papier, je me suis engagée à payer pour la réparation et suis remontée illico m'occuper de Petit-fils.

Il a téléphoné aujourd'hui le propriétaire de la voiture. Deux cent cinquante dollars. Je lui fais un chèque. Bien sûr, si je n'en avais pas parlé, ça aurait passé incognito. Et pourtant, je me sens soulagée de l'avoir dit. C'est ce que j'avais à faire et je l'ai fait.

Coiffeur

Voir un nouveau coiffeur réputé dans un nouveau salon branché et payer 80$ pour la coupe, ça te vide le portefeuille et ça te requinque une femme!

Le poulet

22h hier soir, le téléphone sonne, c'est Dix-neuf ans, d'un ton plaignard "Mais comment je le fais cuire le poulet?"

Quand on l'a visitée mardi, il y avait ces cuisses de poulet en train de dégeler au frigo. Je lui avais expliqué comment les faire cuire et elle avait répondu qu'elle ne savait pas comment le four marchait chez sa copine. Sa soeur, qui a le même genre de cuisinière, lui avait expliqué en long et en large. Elle n'écoutait pas, nous semblait-il, ce que son appel d'hier a confirmé!

La faim aura eu raison de sa résistance à apprendre à cuisiner, ne serait-ce que les choses les plus simples!

mercredi 4 décembre 2013

Ce qui se passe

Pas les gros chars. Calme. Maison maison. Tellement rare que je sois maison maison. Mais là oui. Et télévision le soir tant qu'à faire. Pas trop quand même. Vu ma plus jeune hier. Bouleversée de la trouver prostrée et puis l'appart où elle habite et le coin ne me semblaient pas idéaux. Mais l'idéal d'une femme de soixante ans est bien différent de celui d'une de dix-neuf ans. Et je me suis rappelé mon premier appart, un taudis dont on avait peint les murs en noir et orange, mon amie coloc et moi et dans lequel on a été si heureuses. C'est ce que me disait la dame du centre d'hébergement que j'ai rappelée aujourd'hui. Besoin de parler. Elle m'a rassurée. Ma fille n'est pas suicidaire et il est normal qu'elle soit un peu ou beaucoup dépressive. Pas si grave qu'elle soit seule, elle en a peut-être besoin de solitude. Et puis, si elle a besoin de moi, je suis là et elle le sait. Alors, on continue. Pas le choix. Je ne fais que l'essentiel. Entraîneur ce matin. Et puis, visite à ma vieille tante de 89 ans et à son mari malade. Il ne m'a pas semblé si malade. Un vieil alcoolique. Peuvent vivre longtemps les alcooliques, il en est la preuve. Maigre, très maigre mais il n'a jamais été gros non plus. Ils ont un médecin de famille qui va à la maison. Fantastique. C'est tellement comme ça que les gens de cet âge ont besoin d'être soignés. Il a aussi des injections d'Avastin aux yeux pour freiner la dégénéressence maculaire. À l'hôpital. Ils prenaient le métro et l'autobus avant. Peuvent plus. Se paient le taxi, cent dollars à chaque fois. Mardi prochain, je vais les conduire. Ils ne le savent pas encore parce que j'attends à la dernière minute. Il me reste une vague inquiétude pour ma fille et une vague inquiétude générale. Pas bon ça, je le sais mais on ne contrôle pas tout. Elle est pas facile votre vie, m'a dit l'entraîneur ce matin. Je ne l'ai pas astiné.

lundi 2 décembre 2013

Les chiffres ne mentent pas

30 septembre   174.4 livres
7 octobre          173.4
14 octobre         169.4
21 octobre         173
28 octobre         174.8
4 novembre       172.4
11 novembre     173
18 novembre      174.6
25 novembre      172
2 décembre         168.4

dimanche 1 décembre 2013

Agressivité

Elle est agressive.... envers moi!

Tout ce qu'elle n'a jamais pu dire au gars, c'est à moi qu'elle le dit "Laisse-moi tranquille." Dégage" "Mêle-toi de tes affaires." elle me l'a dit au brunch d'un ton agressif. Ses soeurs n'en revenaient pas et ont tenté de prendre ma défense, mais moi, je leur ai dit que j'étais contente de la sentir agressive au lieu de victime et passive. On parlera politesse une autre fois. Là, elle est perturbée et ça sort. Tellement rare que ma douce enfant parle comme ça. On ne la reconnaît plus. Tant mieux. Qu'elle se défende et s'exprime!

Cohésion

La famille, les amis, nous nous sommes tous rassemblés autour de notre petite Dix-neuf ans. Elle est dans un cocon  d'accueil, de compréhension, de complicité. Ce matin, sa soeur la plus vieille, celle qui a une phobie sociale, va quand même venir bruncher avec nous au restaurant. Je vais la prendre chez elle ce matin. Ses médicaments lui causent encore des problèmes aux yeux, qui révulsent sans prévenir, donc il est risqué qu'elle conduise. Ensuite, on ira chercher Vingt-trois ans et puis Petit-fils qui est chez son père. J'ai repris ma voiture et ça implique un certain travail de voyagement! Alors, va falloir partir de bonne heure.

Mon fils habite pas si loin de la nouvelle adresse de Dix-neuf ans et c'est lui qui nous l'amènera.

Jeudi, on a mis le plan en action. Dix-neuf ans est entrée au Public Mobile pour changer son numéro de téléphone et juste avant de le changer, elle a texté "J'ai bien réfléchi et tout est fini entre nous." Comme le numéro changeait ensuite, il n'a donc pas pu répliquer. Elle est ensuite entrée dans la voiture (je l'attendais à la porte) et je suis allée la conduire en sécurité chez sa grand-mère. Le lendemain, elle déménageait avec une énorme valise que mon fils est venu chercher, chez son amie de l'autre bord du pont.

Hier, c'était sa première journée seule, car sa coloc travaille, mais elle n'est pas restée seule longtemps. La soeur de la coloc, qui est aussi une amie, est venue la chercher et elles sont allées chez sa mère qui la connaît très bien aussi et l'aime beaucoup.

Rare qu'on ne l'aime pas cette fille.

J'ai acheté "Les manipulateurs sont parmi nous" qui m'a été conseillé par la dame du centre d'hébergement. Pas tout lu encore mais un peu déçue. Ça parle beaucoup de la manipulation en milieu de travail. Ma fille dyslexique va se perdre là-dedans, je pense. Bon, je vais le lui apporter quand même.

Le soir où on a fait l'opération d'urgence, texto et téléphone changé et mise en sécurité, le gars a téléphoné chez nous. J'étais prête et j'ai suivi à la lettre les conseils de la dame du centre d'hébergement. J'avais écrit la phrase à dire. " Je te demande de respecter la volonté de Dix-neuf ans et de ne plus appeler ici." d'un ton neutre. Surtout, ne pas lui dire ce que j'avais envie de dire "Je sais tout pour la claque, les objets brisés, les menaces, la défense de parler à des garçons à l'école, le contrôle des appels et des amis etc etc" Non, surtout pas, m'avait-elle dit. On ne discute pas avec un manipulateur.

Il a appelé à 22h30. J'ai dit la phrase doucement et clairement et j'ai raccroché. Il a rappelé "Justement, c'est pas la volonté de Dix-neuf ans" a-t-il dit. J'ai fait comme elle avait dit, elle appelle ça la technique du disque brisé. Répéter la même phrase du même ton. Surtout ne pas entrer dans l'argumentation. "Je te demande de respecter la volonté de Dix-neuf ans et de ne plus appeler ici."

Elle m'a dit qu'au troisième appel, je gardais le même ton neutre et devrais lui dire seulement "Je vais appeler la police si tu appelles encore. " et raccrocher. Il n'y a pas eu de troisième appel.

Ça nous a beaucoup aidé d'être coachées par une spécialiste. Vraiment.

Alors en cas de doute, je vous conseille d'appeler SOS Violence conjugale. Pas besoin d'avoir été frappée pour ça. Ils m'ont référée au centre d'hébergement L'escale pour elles. Leur site internet est très bien fait et c'est en faisant des copies de la page avec les critères pour savoir si on est victime de violence conjugale qu'on a pu faire réaliser concrètement à Dix-neuf ans qu'elle en était victime.

Pour ce qui est de ses effets personnels, étant donné qu'il s'agit de souliers et de vêtements, on a décidé de les laisser là. C'est ce que l'intervenante conseillait. Évidemment, dans le cas d'une femme en couple depuis longtemps qui a des meubles et plein de trucs essentiels, elle doit retourner les chercher avec de l'aide. Mais dans le cas de ma fille, le moins elle a de contacts, le mieux elle se portera. Déjà, de venir ici alors qu'il connaît l'adresse, la stresse.

Et pourtant, elle l'aime encore et s'inquiète pour lui. Il n'y avait pas que de mauvais moments et il était affectueux et prenait soin d'elle entre les épisodes de violence qui n'étaient somme toute pas si nombreux que ça, dit-elle.

mercredi 27 novembre 2013

Rescapée

Mes amis, merci d'être là. Et un merci tout spécial à Nanou la Terre sans laquelle je n'aurais pas appelé SOS violence conjugale et sans laquelle je n'aurais pas eu cette grille qui démontre bien que ma fille a été victime de violence. Elle est ici ma fille, on l'attendait, ses deux soeurs et moi avec la grille d'un centre d'hébergement destinée à évaluer si on est victime de violence ou non. Moi, on m'a envoyée dans ma chambre. En fait, c'était convenu avant qu'elle arrive, parce qu'il y a des choses qu'on confie à ses soeurs et qu'on oserait pas dire à sa mère.

Elle a parlé.

Elle a été bien plus violentée qu'on ne le croyait. La carte d'assurance-maladie, elle ne l'avait pas perdue, il l'avait massacrée. Sa carte d'étudiante, il a fait un trou dedans. Ses vêtements, il a menacé de les brûler. Il l'a traitée de conne. Lui a dit qu'elle ne comprenait rien. Lui a dit que ça n'avait aucun sens ce qu'elle disait. Et les questions, sur tout et sur rien, qui reviennent et ne cessent pas, comme de la torture. Le contrôle sur ses textos, ses téléphones, les réponses qu'il lui souffle, les reproches sans fin si elle se trompe. Et toujours, l'obligation de ne rien dire "ce qui se passe ici se passe ici et je vais le savoir si tu en parles." Ne parler qu'à des filles à l'école sinon il va le savoir.

Plus tard, son frère appelle et elle lui dit qu'il l'a déjà frappée, une claque au visage. Ouf! Plus ça va, plus ça empire et je pense qu'on ne sait pas tout.

Son téléphone est fermé et rangé dans mon tiroir. Demain, elle ne va pas à l'école. Elle viendra au yoga avec moi. On va changer son numéro de cellulaire et elle va aller s'installer chez une amie qui cherche une coloc pour un mois. Loin, l'autre bord du pont. Sécurité avant tout. Elle quitte l'école.

On va peut-être partir une semaine dans le sud en famille.

En février, je ferai un voyage ... au Népal?  avec elle.

On passe à autre chose.

Le cauchemar est fini.

Nanou, merci encore!

Parler d'autre chose

Je voudrais bien parler d'autre chose mais je suis obnubilée par ce problème avec ma plus jeune. Elle n'est pas déficiente intellectuelle mais des fois, elle est si vulnérable qu'elle est une victime idéale. Pas vite pour répondre, incapable de se défendre verbalement, ne sait pas compter, fait confiance, a un grand coeur, ne demande qu'à aimer, tout ceci rend la tâche facile pour un agresseur. Il suffit de gagner sa confiance et elle remet sa vie entre ses mains. Elle a de la difficulté à l'assumer sa vie de toutes façons. Alors, le prince charmant qui la nourrit et lui achète un téléphone, prend soin d'elle et la sort de temps en temps, c'est très bien. L'étau se resserre. Elle ne peut plus découcher de chez lui. Ses téléphones sont contrôlés depuis le début et là, je ne lui téléphone plus du tout car ça crée trop de problèmes et elle n'appelle pas non plus. Bientôt, elle ne pourra plus nous voir du tout. Ses amies? Fait longtemps qu'elle ne les as pas vues. Et pourtant, elle avait un beau et grand réseau. Très populaire cette fille, bonne vivante, rieuse, d'agréable compagnie. Ce n'est pas cette image-là que j'ai eue lundi. Et ce n'est jamais cette image-là que le gars chez qui elle est a non plus. Il la pense presque muette. Elle ne parle pas avec lui. Je comprends très bien pourquoi. Il prend toute la place. Je l'ai bien vu quand il m'a téléphoné lundi.

Je ne peux rien faire. Est-ce vraiment le cas?

On peut toujours faire quelque chose.

Ne serait-ce que travailler sur soi.

Impossible de la sortir de là de force évidemment. Elle est majeure.

Un voyage avec elle n'est pas une si mauvaise idée. Pendant qu'elle a encore la liberté de venir. Si j'attends trop, le contrôle sera si total qu'elle ne pourra plus partir avec moi.

En attendant, je fais beaucoup d'exercice. Et je viens écrire ici. Seuls ses frères et soeurs sont au courant de la situation.

Et puis des fois, je me dis: et si je me trompais? et si ce couple était correct, pas parfait mais correct, et je n'arrivais tout simplement pas à lâcher prise sur mon bébé? Il y a des parents comme ça qui s'accrochent.

J'ai suggéré à ma fille d'aller voir le psychologue de son école. Elle ne veut pas. Mais peut-être bien que moi je devrais aller en voir un psychologue. Ou un avocat? Pour avoir des conseils.

Vous feriez quoi à ma place?