dimanche 24 janvier 2016

Écrire pour écrire

Juste parce que ça me fait du bien. Les deux filles dorment. Ma grande qui est sortie de l'hôpital vient nous chercher en voiture pour aller chez maman. Son chum a fait mettre un gps sur la voiture pour savoir en tout temps où elle est. Elle est au courant. Il capote, son chum. A peur qu'elle ne retente de se tuer. Je le comprends. C'est lui qui vit avec elle. La pression est énorme. Il ne peut et ne veut pas l'enfermer et comme ses trois derniers suicides (tentatives)  ont été faits avec la voiture, il veut savoir où elle est cette voiture!

Ils se chicanent beaucoup et j'en ai été trop témoin cette semaine. En fait, c'est plus lui qui gueule après elle et elle qui reste silencieuse. Ça me fend le coeur.  Et en même temps, je comprends ce qu'il vit. Je ne veux plus être mêlée à leur vie de couple. Ça me ronge et me détruit. Je lui ai dit à lui, car c'est lui qui m'appelle, pas elle. 

Ils ne se chicanaient jamais avant (du moins c'est ce qu'ils disent). On dirait que cette dernière tentative de suicide a vraiment été de trop. Surtout qu'il aurait pu être accusé. 

Alors... on s'en va donc chez maman.

J'ai de la misère à me remettre en branle. Je continue à trop manger. Je veux commencer mon régime lundi. Je commence toujours mes régimes le lundi. Je me suis acheté un nouveau pèse-personne. L'autre pouvait varier de trois ou quatre livres. J'ai besoin d'un peu de précision. 

Hier, ma fille me montrait des photos de notre voyage Vietnam/Cambodge fin 2011.J'ai été frappée par les photos! Mausus que j'étais grosse! Je suis allée voir dans mon agenda. Je pesais 177 livres. 

On dirait que je n'ai pas le sens des proportions. Je n'arrive pas à me regarder fidèlement dans un miroir à 170 livres. C'est seulement sept livres de moins que lors du voyage au Cambodge. C'est comme irréel. Mon linge ne me fait plus, ça je le remarque! Je reviens aux pantalons de yoga et au chandail unique qui me fait encore bien. 

Ça ne donne rien de se plaindre. Faut faire quelque chose. Et pourtant, oui, ça donne quelque chose. J'en suis là. Réaliser le dommage. Pas pour me taper sur la tête car la culpabilité et la haine de soi risquent bien d'entraîner une autre dérape. Non, juste pour savoir où j'en suis et d'où je repars. 

Bon, allez, réveiller les petites filles pour aller chez ma mère. Un jour à la fois, une heure à la fois, une minute à la fois...

Fait soleil et je fais ce que je veux de ma vie et de mon corps. C'est moi qui décide. Empowerment, comme dirait Zoreilles, eheh! 

samedi 23 janvier 2016

Prendre mes distances

Ce n'est pas facile de se distancier de ses enfants bien-aimés. Surtout celle qui vit avec moi. Elle écoute un preacher à la télévision en ce moment et me pose des questions bibliques. Veut tester mes connaissances. Rester calme, ne pas porter de jugements sur ses croyances. Légèreté. 

Elle veut des croissants. Une de ses amies a dormi ici. Bon, je vais en acheter sans en manger moi-même. C'est du moins le but. Ou bien je refuse? Non, aucune raison de priver ces jeunes femmes parce que la mère d'une des filles souffre d'un désordre alimentaire. 

Si j'en achète six, de toutes façons il n'y en aura pas pour moi. Je vais faire ça. 

Je ne me contrains pas à l'exercice aujourd'hui mais retour aux bonnes habitudes alimentaires. 

vendredi 22 janvier 2016

Poids et compagnie

Je n'en parle plus et quand on n'en parle plus et qu'on a un problème de compulsion alimentaire, c'est souvent que ça va mal. Ça va mal. 

J'ai repris du poids et je ne le perds pas du tout. Et comme il faut chiffrer car il n'y a que ça de vrai, même si c'est humiliant et décourageant aussi, je pèse 170 livres. Depuis plusieurs jours. Non, ça ne descend pas. Et si je persiste sur ma lancée, ça risque surtout de monter encore.

Tous les jours, je veux me reprendre en mains. Mais je ne dois pas le vouloir si fort que ça vu que je ne le fais pas. 

Au moins, je me suis inscrite à un autre cours aquatique. Heureusement, car, comme tout se tient, je ne fais pas d'exercices non plus .

C'est facile dans mon cas de savoir si je vais bien ou mal. C'est directement relié à mon taux de graisse. 

Ne me dites pas quoi faire, je le sais. 

Hier, juste comme je me réjouissais que ma plus jeune semble s'adapter un peu à son stage, j'ai reçu un appel alarmant à propos de ma plus vieille. Elle est sortie trop tôt de l'hôpital. J'ai même pas envie de raconter ce qui s'est passé. Aujourd'hui, tout semble sous contrôle. Pour combien de temps? 

Mon blogue est devenu le blogue des lamentations. Ça me fait du bien de me plaindre et de faire pitié. Surtout que je suis super remontante et enjouée et supportante avec mes enfants qui en arrachent. Quand elles ne sont pas là, je crashe et c'est ici que je fais ça. 

Ceci dit, je ne vais pas si si mal que ça non plus. Je suis juste comme "en arrêt" "en pause". Gelée, pétrifiée, engluée. Je fais du spaghetti boulettes de viandes alors que je suis végétarienne, vous voyez le genre? Ma fille est ravie et je l'accompagne dans nos gargantuesques repas. J'ai honte d'écrire ça mais c'est ce qui se passe. Faut voir la vérité en face. 

mercredi 20 janvier 2016

De changements en changements

Alors que ma fille a l'air super déprimée et me dit et redit qu'elle n'a qu'une hâte: finir ce foutu stage pour ne plus jamais remettre les pieds dans la résidence maudite, elle rentre ce soir en me disant qu'elle a accepté un poste de nuit au même endroit à la fin de son stage! Ben coudons. ;o))

mardi 19 janvier 2016

Ma fille et le temps

Ohlala! Ma fille a dit à son stage qu'elle était disponible de jour et de nuit, n'importe quand, EXCEPTE le mardi matin. Qu'est-ce qu'il y a le mardi matin? Sa psychologue payée par l'IVAC, quelqu'un qu'elle juge important dans sa vie et son cheminement. Moi aussi, je trouve ça important. Elle a rendez-vous à dix heures trente les mardis. Ça lui prend trente minutes pour se rendre. Il faut donc qu'elle soit partie à dix heures. Je le lui dis et répète chaque semaine. 

Or, ce matin, elle n'était pas levée à neuf heures et quart et elle est lente pour se préparer. Quand je suis allée la réveiller et retournée dix minutes plus tard en allumant la lumière cette fois parce qu'elle n'était pas encore levée, j'ai été très mal accueillie. 

Elle a fini par se lever et là, j'ai su ce qui allait arriver (en partie!). J'allais stresser et lui dire de se dépêcher et regarder l'heure et me sentir mal, mal, mal. 

Or, je dois prendre soin de moi aussi. Oui, je suis importante et je vais péter au frette si ça continue avec deux filles en difficulté. 

J'ai donc mis manteau, chapeau, foulard, gants et bottes et me suis dirigée vers la porte. 

"Tu sors?"

"Oui, je vais monter la montagne."

Il faisait froid, super froid ou du moins, moi j'avais super froid, ce qui fait que je ne me suis pas rendue en haut. Je suis redescendue bien lentement car je voulais être certaine de ne pas rencontrer ma fille en retard. Je suis arrivée près de chez moi à dix heures vingt-cinq et là, j'ai vu ma fille qui sortait! Elle m'a vue aussi. Je n'ai rien dit, j'avais trop envie de pleurer. Pas vrai, j'ai dit "C'est dans cinq minutes ton rendez-vous." sans crier, juste découragée. Elle avait l'air mal un peu et a dit "Je sais". 

Le gadget pour compter le temps conseillé par Geneviève et d'autres, je vais aller l'acheter. Pas fait encore car je ne pensais pas qu'elle allait l'utiliser. Je ne le pense toujours pas en fait, mais là, je n'en ai plus de solutions. 

Mon autre fille? Elle est sortie de l'hôpital hier en fin de journée. 

samedi 16 janvier 2016

Sans titre

D'habitude, je mets un titre et j'écris ensuite un billet. Je ne cherche jamais, le titre vient facilement et s'impose. Là, il ne me vient rien du tout. Le vide. 

Ce n'est pas qu'il ne se passe rien, non, c'est pas ça. 

Mais ce qui se passe concerne surtout mes filles. Celle à l'hôpital, celle qui fait un stage difficile, l'autre (la maman de Petit-fils) que j'ai vue aujourd'hui pour aller visiter sa soeur à l'hôpital. Elle va bien. Mon fils aussi, je le verrai demain, c'est chez lui qu'on ira bruncher. 

Moi, je continue à vivre, j'ai même reçu à souper hier et je suis allée voir un spectacle de danse avec une amie que j'aime. C'était bien. Pourquoi suis-je si lasse, fatiguée et vide, alors? 

Visite à l'hôpital aujourd'hui et puis plus rien. Vide. Tiens, je devrais l'intituler comme ça mon billet plate: vide. 

Ce qui me motive, me branche et m'allume d'habitude ne me branche ni ne m'allume plus du tout. Fini l'abonnement au yoga et je ne l'ai pas renouvelé. C'est correct, je voulais et je veux encore du renouveau. 

Le cours d'aquajogging du lundi est commencé, celui du mercredi a été annulé. Dommage, quand je paie pour un cours, j'y vais toujours. Alors, et bien, je ne fais rien d'autre que l'aquajogging du lundi. C'est pas ça qui était prévu, je sais. La paresse entraîne la paresse. Moins on en fait, moins on veut en faire. Je sais tout ça avec ma tête. 

Je pèse cinq livres de plus que le 16 janvier 2015. Je n'écris même pas que je vais y remédier. Tannée de me raconter des histoires. 

Je fais toujours mon bénévolat. 

Alors, c'est ça. Je vais aller regarder la télé. Je fais ça très rarement regarder la télé. 

Fille est ici. Tant mieux. 

jeudi 14 janvier 2016

Le troisième jour

Le deuxième jour de stage se passe aussi mal que le premier. Ma fille termine à 22 heures et rentre à 23h10. Le centre est très loin de chez nous. Elle m'apprend alors qu'elle sera de jour le lendemain et commencera à 7 heures et elle doit arriver d'avance pour se préparer et mettre son uniforme. On regarde les horaires d'autobus, il n'y en a pas beaucoup  très tôt le matin. Comme en plus, ça lui prend du temps avant de partir, elle devra se lever à quatre heures et demi!

Je décide de suivre son horaire et de me lever aux aurores avec elle le lendemain. Elle mange son repas du soir à 23h30, on jase de sa pénible journée. Il y a surtout une dame qui lui fend le coeur, elle a l'air terrorisée par Sadique. Elle a les bras pleins de bleus. Pour ce qui est des bleus cependant, j'apprendrai par mon amie qui a une maman souffrant de l'alzeihmer dans une excellente résidence et en plus visitée tous les jours par ses enfants que les personnes âgées ont souvent des bleus, la peau est plus fine et sa mère a les bras couverts de bleus et les avait comme ça avant même son entrée en résidence et il ne faut pas sauter aux conclusions trop hâtives. Sa mère accuse également les préposées de la voler, de la frapper, de la priver de nourriture et elle accuse également celle de ses filles qui ne la visite pas quand elle en voit une autre de lui faire vivre les même sévices. Or, ses accusations ne sont que le fruit de la maladie, pas de la réalité. Il faut faire attention. Pour ce qui est d'avoir l'air terrorisée, mon amie me dit que souvent les personnes qui souffrent de l'alzeihmer ont cet air-là même si elles sont traitées avec douceur. J'essaie de nuancer le plus possible. 

D'ailleurs, tout ce que je raconte ici, je ne l'ai pas vu de mes yeux. Je rapporte les paroles de ma fille mais j'ai cependant tout à fait confiance en elle. 

Elle dormira donc moins de quatre heures cette nuit-là  vu son arrivée tardive et son réveil hâtif. 

Le matin du troisième jour, à l'heure du départ, elle pleure à chaudes larmes. Épuisée et découragée,  elle dit qu'elle ne veut pas être complice des mauvais soins, que ne rien dire, c'est consentir, qu'elle va parler, qu'elle s'en fout de son stage. Le bien-être des résidents âgés est bien plus important. Et elle pleure et elle pleure. Je suis alors dure avec elle. Faut qu'elle parte tout de suite. Faut le faire ce stage et c'est comme ça. Allez ouste, dehors! Tu pleureras à ton retour. Là, tu pars! Je la porte presque sur mon dos. Et elle finit par quitter. Ouf! 

Mais j'apprends à son retour que cette troisième journée se passe bien mieux. Ni Incompétent ni Sadique ne travaillent avec elle ce jour-là, hourra! Elle passera la journée avec une autre stagiaire (hello la formation?) ou bien toute seule à donner des bains. Il lui arrivera même d'avoir des moments libres. Elle va alors tout de suite demander quelque chose à faire ou bien s'en va jaser avec les résidents qui en ont envie. On lui dira qu'elle est bien travaillante. Elle est fière de ça. 

C'est moins découragée qu'elle est repartie pour sa quatrième journée ce matin. J'ai hâte d'en avoir des nouvelles. 

La suite

Incompétent change les couches (culottes d'incontinence qu'il faut dire mais il s'agit bien de couches) sans laver le bénéficiaire (sauf sommairement dans les cas de cacas). Ma fille, qui vient tout juste d'étudier les soins à donner pendant cinq mois et qui a eu tout un cours sur l'hygiène, le lui fait remarquer. Il lui répond que les patients "sont capables de se laver eux-mêmes" (!!!) En changeant un monsieur, ma fille remarque que son piqué est souillé de caca séché et demande à le changer. Réponse de Incompétent que je pourrais aussi appeler Pressé parce que la vitesse est son premier souci " C'est pas nous qui fait ça " et file dans une autre chambre. Il est bien bon pour piquer et donner les médicaments par exemple. Pas incompétent pour ça. C'est d'ailleurs la tâche numéro un, la distribution de médicaments, avant les repas et après les repas aussi et ça continue. Avant d'entrer dans une chambre, il dit à ma fille "Celle-la, ne lui réponds pas, sinon ça va prendre trop de temps. Elle parle tout le temps." Ma fille était super mal et n'a pas suivi la consigne. Elle a répondu à la bénéficiaire qui lui parlait! 

Tout est fait en fonction de sauver du temps et d'aller plus vite. Comme la cafétéria est trop petite, les personnes âgées mangent en deux tablées, il faut donc que les premières installées mangent vite pour laisser la place à la deuxième tablée. Ma fille trouve qu'on les bouscule tout le temps. 

Surtout Sadique! Lui, quand une vieille pensionnaire ne marche pas assez vite avec sa marchette, il la soulève par un bras et la pousse dans le dos. Et les gens ont visiblement peur de lui. Une dame s'est fait pipi dessus quand il est entré dans sa chambre. Et c'est lui qui a dit devant les autres employés "Je vais lui donner sa petite pilule à la 223 et qu'elle mange de la marde!". Personne n'a protesté? Personne n'a protesté. Ma fille est bien mal placée pour s'interposer, elle fait un stage et ce sont probablement ces gars-là qui vont la noter? En fait, elle ne le sait pas trop. 

Sadique n'attend pas, il pousse, presse, exige, terrorise. Ma fille va chercher madame X dans la chambre 001 pour aller manger et la gentille dame lui dit qu'elle n'est pas prête, qu'elle doit se changer. Ma fille lui dit gentiment qu'elle l'attend à la porte et lui laisse son intimité. Incompétent ou Sadique (je ne me rappelle plus lequel ma fille m'a dit) arrive sur les entrefaites et voit ma fille à la porte. "Où est madame X?" "Je l'attends, elle se change." Oupelaye! C'était pas la bonne réponse à donner. 

Sadique ou Incompétent (enragé): " Mais on a pas le temps d'attendre. Viens avec moi." Il entre. Madame X est en train de mettre ses petites culottes (pas tout le monde qui est aux couches) et sans la saluer, rien du tout, comme si madame X était une chose, il dit à ma fille: "Monte ses culottes, mets ses pantalons" ma fille s'exécute "Mets ses bas et ses souliers." Ma fille le fait. "Son chandail est correct, on descend." 

"Je ne suis pas peignée", proteste madame X.  Le préposé prend son peigne sur la commode et la coiffe très brièvement. Il lui donne sa marchette et ils descendent. 

Madame X est tout à fait capable et de s'habiller et de se peigner. Ma fille a appris qu'il faut toujours respecter l'autonomie des gens et ne rien faire à leur place s'ils sont capables de le faire eux-mêmes. Tous ses beaux principes d'amour, de respect et d'autonomie sont bafoués dès le premier jour. 

Elle rentre à la maison peinée et révoltée dès la première journée. Je lui recommande de texter sa responsable de stage de l'école, de demander à lui parler. Elle lui parle brièvement dans sa chambre. La responsable a une lourde tâche. Elle a déjà commencé un nouveau groupe à l'école tout en supervisant les stages du groupe de Vingt et un ans. Elle lui dit que du monde incompétent malheureusement elle va en rencontrer pendant sa carrière, que pour le moment, en tant que stagiaire elle ne peut absolument rien faire. Elle lui conseille la discrétion (on en parlera ensemble, n'en parle à personne). Elle dit à ma fille que quand elle sera en mesure d'agir seule avec les bénéficiaires, elle le fera bien comme elle l'a appris à l'école. Elle ne sait pas quand elle pourra aller la voir. 

Le stage

La révolte. La peine. Les larmes. L'impuissance. C'est tout ça que nous fait vivre le stage de ma plus jeune. Et je dis bien "nous" car je vis tout ça très intensément avec elle. 

J'avais eu un très mauvais feeling dès ou presque dès que j'avais mis les pieds dans ce lugubre établissement lors de notre visite impromptue du temps des Fêtes. Ma fille avait alors à juste titre fait remarquer que l'important, plus que le décor, était les gens qui travaillaient dans la résidence. 

Justement. Les deux premières journées, elle a été jumelée soit à un incompétent, soit à un sadique. Deux gars qui travaillent là. D'abord, il n'y a eu aucun accueil. On ne semblait pas trop savoir qui devait réellement s'occuper d'elle. Un des gars lui a dit de le suivre et sa première journée a commencé comme ça. 

Dans cet établissement, on accueille le plus grand nombre de stagiaires possible et on leur donne presque tout de suite toutes les responsabilités. On réussit ainsi à sauver plein d'argent sur le salaire du personnel, les stagiaires n'étant pas payés. Elle a donc rencontré d'autres stagiaires venant d'autres écoles. Tout le monde se débrouille. 

Déjà, hier, troisième journée de stage, ma fille donnait des bains seule, sans aucune supervision. 

La première journée, Incompétent lui a demandé (ordonné même!) de faire des piqûres d'insuline. Elle a refusé. Il a insisté. Elle a refusé encore. "C'est défendu pendant mon stage." 

La réponse d'Incompétent: "Oui, mais quand ton stage sera fini, il faudra que tu le fasses, t'es aussi bien de pratiquer tout de suite. Ici, c'est les alzheimers, ils ne se rendront même pas compte que c'est toi qui piques." 

Rassurez-vous, elle a encore refusé. 

Je continue plus tard. 

vendredi 8 janvier 2016

Visite à l'hôpital

Un hôpital psychiatrique, c'est un monde en soi. Avant ma fille allait au Douglas, une jungle peuplée de sommités en la matière, mais une jungle pour les malades. Une gang de malades nombreux et livrés à eux-mêmes. Ma fille a pu facilement y forniquer et fumer de la drogue aussi. Et puis, c'était épeurant quand on la visitait. Comme sa psy ne voulait pas la déclarer inapte au travail, elle a changé d'hôpital pour changer de psy. 

La voilà donc du côté anglophone. Ça l'a dérangée surtout quand elle a voulu lire et qu'elle a constaté qu'il n'y avait pas un seul ouvrage francophone dans la bibliothèque de l'étage. Je lui ai donc apporté des livres hier. Qu'elle n'a pas aimés, elle aurait voulu un ouvrage historique, je ne le savais pas. Bien que j'aurais pu me rappeler qu'elle aimait ce genre de livres. Cette fille est la seule de mes filles et possiblement de mes enfants, qui lit! 

Autant c'était désorganisé à Douglas, autant c'est encadré ici. Dans les deux cas, on passait à la fouille avant d'y entrer. En effet, il ne faut pas que les malades aient accès à des objets avec lesquels ils pourraient se blesser ou blesser les autres. Mon pot de crème en verre a donc été refusé ainsi que la petite bouteille de listerine. Si les bouteilles avaient été en plastique, ça aurait été correct. On a vérifié les livres aussi! C'est bien, la sécurité, c'est important. 

Mais une fois la sécurité du Douglas passée, c'était le free for all. Des malades désoeuvrés partout, qui tournent en rond, parlent tout seul ou marchent pour se rendre nulle part. Propreté qui laisse à désirer. Bruit omniprésent. 

Tandis qu'à l'aile psychiatrique actuelle, tout est calme et propre. Il y a plein d'activités, me dira ma fille, Même que quand ils ont annoncé l'activité du soir, elle avait hâte que je parte! Elle ne l'a pas dit, mais j'ai bien vu qu'elle voulait s'y rendre. 

Elle persiste à dire qu'elle n'entend plus de voix. Son chum, sa doc et moi pensons que ce "miracle" est causé par son désir de sortir de l'enfermement. Car oui, elle est enfermée. Dans de bonnes conditions, oui, mais elle est privée de liberté. Le soir, ils barrent même la porte de la chambre. Partagée sa chambre, ce qui n'a pas l'air de la déranger. Les deux lits sont séparés par un rideau et la chambre est grande, propre, fraîchement repeinte et douillette. De toutes façons, elle n'y passe pas sa journée, il y a des activités et ils mangent ailleurs. 

Un interne est venu la voir pendant que je visitais. Il lui expliquait le protocole. Ainsi, vu que tout va bien, elle devrait rapidement passer à la phase deux. Elle aura donc le droit d'enlever le pyjama d'hôpital et de porter ses vêtements à elle. Or, elle n'en a pas de vêtements à elle. Quand les policiers l'ont mise dans l'ambulance, elle était en pyjama! Je m'exclame que je vais m'arranger pour qu'elle ait ses vêtements. 

Or, une fois le doc parti, elle me dira qu'elle ne veut pas ses vêtements à elle. Elle veut garder son pyjama d'hôpital. On le lui change tous les jours et on lui fournit même des petites culottes jetables. Et ton soutien-gorge? J'en ai pas besoin, maman, ce sont de faux seins que j'ai et ça se tient tout seul, je suis même plus confortable sans. Et puis, ses vêtements à elle sont tous moulants et sexy et ce n'est vraiment pas ce qu'elle veut montrer d'elle dans un contexte d'hôpital. En fait, non seulement elle porte le pyjama d'hôpital mais une couverture en plus sur ses épaules. Elle est donc "cachée" et en sécurité. Elle ne veut pas de robe de chambre, j'ai demandé. 

Bon ben coudons, mêlons-nous de nos affaires alors eheh! 

Elle m'a demandé cinq piastres pour s'acheter des cochonneries dans la machine distributrice. 

Comme elle ne peut pas fumer ni sortir, on lui a mis une patch de nicotine. Ce serait l'occasion rêvée d'arrêter de fumer mais faut pas trop en demander et ce n'est pas dans ses projets immédiats. 

En a-t-elle des projets immédiats à part sortir de l'hôpital pour retenter de se suicider? 

Je ne suis pas dans sa tête. Ce serait tellement bien si ses voix n'y étaient plus non plus comme elle le proclame. 

Alors la poulette semble bien aller. Ou bien elle fait très bien semblant. Un jour à la fois. 

jeudi 7 janvier 2016

S'adapter

Ma nouvelle année commence raide! Ma fille ainée est hospitalisée. Nouvelle réalité. Ça nous rappelle à tous que cette maladie ne se guérit pas. Schizophrène un jour, schizophrène toujours. Je réagis calmement en apparence mais je mange. C'est ma façon anormale de me consoler et de contrer le stress. Je ne fais plus d'exercice non plus alors que c'est ça que je devrais faire, je le sais. Mais je ne le ferai pas. C'est comme ça. Pas tout de suite en tout cas. Lundi prochain, les cours d'aquajogging reprennent. Pas certaine que je vais entrer dans mon maillot. J'ai pris pas mal de poids. Cette fois, ma fille ne sera pas au cours avec moi. Je n'annule pas son abonnement. Dès qu'elle sortira de l'hôpital, elle pourra reprendre. 

Mais les cours de peinture qui coûtent la peau des fesses que je n'ai pas encore payés, je vais les annuler. J'y allais beaucoup énormément à cause d'elle, en me disant tout de même que  c'était aussi pour moi, fait du bien de changer d'activités et d'apprendre, mais là, toute seule, je n'irai pas. 

Bon, je relis mon premier paragraphe et je trouve que ça n'a pas grand bon sens. Je vais me retrouver grosse et en mauvaise forme parce que ma fille a fait une tentative de suicide, voyons donc! C'est ridicule. Je décide tout de suite maintenant au moins de bouger. Ce sera la montagne. Permet en plus de prendre de l'air et du soleil. Alors, je m'habille (je suis au ralenti) et j'y vais, que ça me tente ou non. 

La fille du milieu va bien. Elle a toujours son nouveau chum et ils parlent déjà de s'acheter une maison ensemble. 

La plus jeune? Des hauts et des bas. Elle finit son cours pour vrai vendredi et lundi prochain, c'est le stage. Le délire religieux et le désir de m'évangéliser sont toujours présents. Je vis avec. Je ne la confronte pas là-dessus, c'était une mauvaise stratégie. Rien de logique ne l'atteint car elle a la Vérité et n'en démord pas. 

Mon fils dont je ne parle jamais? Il est toujours aux Philippines avec sa femme et reviendra en fin de semaine. 

Ma mère? Elle vieillit et aura 90 ans en mars. Je l'aime beaucoup. 

Et moi, et moi? Je monte la montagne! Let's go!

mercredi 6 janvier 2016

Télévision ou réalité?

Le garage d'un immeuble à appartements. Le gars crie aux policiers de se dépêcher et d'ouvrir le coffre! Il a cherché partout et est persuadé qu'elle y est enfermée. Regardez, ses souliers et sa perruque sont en arrière de la voiture. Pas de traces de pas vers l'extérieur non plus. Tout concorde. Ouvrez le coffre!

Mais les policiers hésitent, veulent aller visiter l'appartement. Ils le feront malgré les cris hystériques du gars. Finalement décident d'ouvrir le coffre, bien tranquillement. Elle est là, en foetus, un sac plastique sur la tête, retenu par un foulard au cou, des menottes aux pieds et aux poignets. 

Une série policière? 

Non, ma fille. Ma fille à moi, celle qui a 26 ans. Sa quatrième tentative de suicide en deux ans. La première, corde au cou, était en 2014, les deux suivantes, avec une balayeuse, en 2015 et cette dernière, par asphysie dans le coffre d'une voiture, hier après-midi. 

À force d'essayer, ça va bien finir par réussir. C'est ce que je disais au médecin à l'urgence psychiatrique de l'hôpital. Je m'opposais à ce qu'on la laisse ressortir. Je suis allée la visiter. Elle avait déjà une chambre et c'était propre et douillet. Mieux que l'urgence de Douglas en tout cas où elle aurait été parquée dans le corridor avec des foules de malades divaguant autour d'elle. C'était calme. Elle était calme elle aussi. Pas en psychose, juste suicidaire. 

Les voix. Elle vient juste de commencer le nouveau médicament, la clozapine et même en très faible dose, ses globules blancs ont déjà chuté. Sa psy lui a donc annoncé que ce médicament n'était probablement pas pour elle. On ferait de nouveaux tests pour vérifier, mais peu probable que ce traitement soit continué. 

C'était la pilule du dernier espoir. 

Elle n'en a plus d'espoir ma fille. 

Son chum et moi on cherche des solutions. Lui, il a pensé à un psy chaque semaine. Moi, j'ai pensé à la méditation. Ma fille veut être occupée, faire de l'art. On va en faire. Je nous inscris à un cours de peinture. On va la mettre en liste aux Impatients qui font de l'art. Longue attente. Elle est déjà en liste d'attente pour l'Atelier du centre-ville. 

Je ne suis pas totalement dévastée, non. Je suis comme habituée aux drames. Mais ça m'a épuisée. Je suis rentrée de l'hôpital à 20 heures et à 21 heures, je dormais profondément! Ma plus jeune m'a réveillée en rentrant de son cours à 22h30, on a jasé un peu et je me suis rendormie aussi vite. 

Je devrais retourner à l'hôpital aujourd'hui. Je ne pense pas qu'ils vont la garder longtemps. Ce soir, j'ai du théâtre. J'y vais. La vie continue. 

lundi 4 janvier 2016

Soleil d'hiver

C'est la première année depuis cinq ans que je n'ai aucun voyage en vue et j'y vois des avantages. Je peux m'inscrire à des cours et faire une session complète. Il y a trop énormément de spectacles à voir et je peux les voir tous (bon... presque! ;o) Je peux m'engager dans du nouveau bénévolat si je veux et dans de nouvelles activités sportives si je veux aussi. Le japonais? Oui, oui, mais j'ai peur. Je suis terrorisée même. Ça a été si difficile. 

Samedi, je suis allée visiter avec ma fille le centre de personnes âgées où elle fera son stage. J'ai trouvé ça vétuste et démoralisant. L'ai-je dit à ma fille? Mais non, voyons! Je faisais même mon possible pour être positive et presque enthousiaste. Je lui ai à peine dit du bout des lèvres que le chsld privé près de chez nous où elle pouvait postuler était bien plus moderne et éclairé. Ce à quoi ma sage et extraordinaire fille a répliqué que la bâtisse et les installations avaient bien peu d'importance, ce qui compte dans ce genre d'établissement, ce sont les gens qui y travaillent! Elle a tellement raison. 

Elle doit commencer son stage la semaine prochaine. J'avoue que je commence à avoir espoir. Mais faut pas que j'en aie trop non plus. Je reste sur mes gardes. 

Hier, après la montagne, je suis allée à ma Grande Bibliothèque et j'ai trouvé un livre sur les salades et un autre sur les smoothies. Ça commence bien l'année. Je viens d'aller faire l'épicerie en fonction de ces livres. J'ai mon bénévolat cet après-midi et du yin yoga ce soir. 

samedi 2 janvier 2016

Boire

Quand une femme de 62 ans s'en va réveillonner chez son frère et qu'elle est en charge d'y emmener sa mère de 90 ans moins deux mois, on pense immédiatement que celle qui s'occupe de l'autre est celle de 62 ans. Or, quand la même femme de 62 ans boit comme un trou chez son frère et se retrouve à passer les baisers de minuit cachée dans la salle de bain barrée à double tour (heureusement qu'il y a trois salles de bain chez mon frère!), quand cette femme de 62 ans est trop sonnée pour s'occuper d'elle-même, c'est chez sa vieille maman qu'elle s'en va passer la nuit et c'est sa vieille maman qui lui fait son café le lendemain matin, tard.

Comme ça faisait très longtemps que je n'avais pas bu en excès, faut me demander pourquoi je l'ai fait. Une espèce de bilan de beuverie. Ça me stresse toujours un peu d'aller chez mon frère. Il est riche mon frère ou du moins il fait tout pour en donner l'impression. Il avait loué quatre machines d'arcade pour son party! Grande maison, plein de monde bien habillé (nous aussi, on avait fait des efforts!), de l'animation qui va avec, des enfants mais pas beaucoup. Et moi dans la cuisine avec les fêteux de cuisine. Et les drinks! Je suis une buveuse de vin, pas d'alcool fort, les martinis avec des olives,c'est cependant bien bon! J'aurais dû me méfier, mais non, je ne l'ai pas fait. Un martini et puis... un autre? C'est là qu'il fallait dire non, la fille. Erreur que j'ai payée cher. 

Parce que je n'ai pas refusé le vin du repas non plus. La bouteille était devant moi, celle de rouge et tout le monde autour buvait du blanc. Je me sentais bien à ce moment-là, alors je buvais et quand mon verre était fini, il était miraculeusement rempli de nouveau. Je ne sais pas combien j'ai bu mais j'ai bu assez pour me sentir mal. Malade. Par ma faute, par ma très grande faute. La vieille matante saoule, ça manque tellement de classe. 

Le lendemain, j'ai songé à appeler mon frère pour m'excuser. Je ne l'ai pas fait, j'avais trop honte. La honte ne mène à rien, je sais, tassons-la. 

La question est: pourquoi j'ai bu autant? Car d'habitude, il me semble qu'il y a une raison sous-jacente. 

Je ne me sentais pas à ma place. J'ai peu de points communs avec mon frère. Il n'est pas méchant, il reçoit bien, il a réussi (c'est quoi réussir? faudrait faire un long billet là-dessus!), il a cinq enfants, quatre petits-enfants, une belle femme blonde, cinquante-neuf ans, une entreprise à lui qu'il a partie lui-même. 

La famille, c'est un sujet sensible. Toute l'enfance, les rivalités, les joies et les peines enfouies, tout ça. 

Bref, j'ai trop bu et je m'en ressens encore deux jours plus tard. Mon foie fonctionne moins bien qu'avant, ça a l'air. 

Bon, je vais faire un billet sur le poids, celui que je suis en train d'écrire me déprime. Le billet sur le poids risque malheureusement de me déprimer aussi. 

Je ne fous plus rien côté exercice. Je ne fous plus rien point. 

Ce billet ressemble drôlement à un billet d'apitoiement. Je viens d'en changer le titre. Au départ, je voulais parler de résolutions du nouvel an. Ben coudons, ça a pris une autre tournure. 

lundi 28 décembre 2015

Optométriste

J'ai demandé à ma fille si ça la dérangeait que je m'en occupe (par texto). Non, pas du tout. Alors, on a rendez-vous mercredi chez une optométriste, mon petit-fils et moi! Yé! Il s'en vient passer deux jours chez moi de toutes façons. 

dimanche 27 décembre 2015

L'amour de soi

L'avantage d'avoir un peu d'expérience de la vie est qu'on finit par connaître des recettes qui marchent! 

Ainsi, moi, quand ça ne va pas si bien, je sais que l'exercice intensif me convient et combat efficacement le spleen. Alors, hier, ne reculant devant rien, j'ai monté ma montagne au pas de course et je suis revenue juste à temps pour me rendre à un cours d'une heure et demie de yin yoga! 

Celui dont la jeune prof achève son cours en ostéopathie. Une fille magnifique dans sa tête et dans son corps avec laquelle j'ai plein de points communs (la jeunesse et la blondeur angélique exceptées eheh!), elle vient souvent spontanément me parler avant le cours et j'ai l'impression de la connaître depuis toujours. 

J'en ai profité pour lui parler de mon problème à l'oeil et des inversions. Elle trouvait raisonnable de ne plus en faire sauf pendant la salutation au soleil, alors que le séjour tête en bas est bref. De toutes façons, son cours de yin yoga se passe surtout au sol et il y a rarement des inversions. 

On était seulement quatre étudiantes, moi comprise. Elle nous a installées dans des positions yin et puis on tient. Et elle parle. Et elle parlait de l'amour de soi, de son corps, de son corps parfait, de son âme aussi, que certains appellent l'esprit. C'était beau, c'était doux et je me sentais merveilleusement bien, malgré la douleur. Bon, la douleur est plus un inconfort car les positions yin ne sont pas nécessairement faciles. L'idée, c'est de s'y abandonner en lâchant prise avec la respiration. Même technique que celle employée pour surmonter les douleurs de l'accouchement. Mais non, je ne suis pas en train de vous dire que le yin yoga ressemble à un accouchement, eheh, c'était un exemple là!

Pour couronner le tout, une fois installées en shavasana, elle est venue me faire un petit traitement ostéopathique. Wow! On parle souvent de ses cours et je lui demande toujours quand elle va avoir son permis pour que j'aille la voir, alors quand je vais à ses cours, il arrive qu'elle vienne me jouer dans le crâne et le cou et c'est fou le bien que ça peut faire. 

J'allais mieux aussi parce que ma fille n'était pas là hier, partie coucher chez une amie. C'est pas gentil d'écrire ça, mais c'est la réalité. C'est lourd de m'occuper de ma fille, voilà, c'est dit. 

Il va y avoir du changement à ce niveau. Elle finit son cours et stage dans à peu près deux mois. Je vais rester là, disponible et supportante. Mais il y aura un après. 

Mais commençons par vivre le moment présent! Et le moment présent, c'est aller voir maman, qui aurait besoin d'aide selon l'un de mes frères. Je vais lui demander à maman si elle a besoin d'aide. Et j'apporte mon maillot pour profiter de sa belle piscine où je suis toujours seule quand j'y nage. Et si j'ai le temps, autre cours de yoga yin. Mais maman est ma priorité. 

samedi 26 décembre 2015

Ne pas lire si vous en avez marre des billets sur le poids

Je n'ai plus envie d'écrire parce que mes billets, comme ma vie, sont plates et tournent en rond. C'est ce que je racontais à "Une femme en santé". Parler avec véhémence de me reprendre en mains pour ne pas le faire finalement. Le poids encore? Mais oui, c'est ici le blogue d'une personne qui a des problèmes de poids et des problèmes de contrôle alimentaire, une obèse dans sa tête qui pourrait rapidement devenir une obèse dans son corps. Je vais toujours parler de poids, toute ma vie, même quand je serai dans mon poids santé, je vais en parler encore et ça ne peut pas ne pas m'affecter, je ne peux pas m'en foutre. Je peux vivre de la fierté par rapport à ça, certainement, quand je réussis et là aussi, je vais en parler. 

Si je ne me surveillais pas, si je ne calculais pas, si je ne faisais pas des graphiques, si je ne lisais pas sur le sujet, si je laissais aller, je pèserais très certainement 300 livres, si ce n'est pas plus! 

Le poids est lié au moral et le moral est lié au poids. 

Je trouve ma vie plate et elle l'est. Ceux et celles qui me connaissent savent que je peux dire exactement le contraire demain ou après-demain. 

Je vis avec une fille déprimée qui s'ennuie. Elle s'ennuie de l'ex, elle s'ennuie avec moi, elle s'ennuie tout court. Elle n'a plus de cours, donc plus d'activités, plus rien on dirait. 

C'était Noël. On était allées bruncher chez ma fille du milieu. On avait mangé et donné les cadeaux. C'était clair que ma fille du milieu avait comme hâte qu'on parte après les cadeaux, elle devait aller chez son nouveau chum et ils recevaient le soir. On est parties. 

Le soir, ma plus jeune est sortie déposer le chèque cadeau de sa grand-mère. Elle ne revenait plus. Je me suis inquiétée et il est rare que je m'inquiète pour rien avec elle.  

Elle a fini par me texter de venir la rejoindre. Elle voulait aller dans les bars. J'étais en pyjamas et assez déprimée moi-même merci. Mais je me suis grouillée, en lui textant qu'il n'était pas question de bars mais que je voulais bien me promener. 

Quand je suis arrivée, elle était en grande conversation avec un gars. Mausus que je suis donc tannée de ça. Elle m'avait probablement invitée avant de le rencontrer. Je n'ai même pas regardé le type et je lui ai dit à elle, l'air bête "Je suis là, viens-t-en." 

Elle est venue mais elle était fâchée. Je m'en fous qu'elle soit fâchée. Elle se met tout le temps en danger, aime tout le monde, croit tout ce qu'on lui dit. Rencontrer des inconnus en public, sans rien savoir d'eux, c'est la pire affaire pour elle. Elle paraît toute jeune, elle sourit tout le temps, elle est super accessible pour les types pas corrects comme son ex. 

Comme on était fâchées, on a marché sans se dire un mot. C'était reposant. On marchait au hasard, en cherchant les lumières. Bien fatiguées, on est rentrées. 

mardi 22 décembre 2015

La pluie

Non, je n'ai pas titré mon billet comme ça pour chiâler. La pluie ne me dérange pas tant que ça. Petit-fils a couché ici et il couchera ici ce soir aussi. Je suis contente qu'il soit là. On ira au musée. Il ne veut pas trop. Petit-fils est un casanier de première. Il est en train de bricoler pendant que j'écris. Je le laisse faire. Faut pas se mêler de tout. 

Hier, j'ai gardé les petiots jumeaux avec leur grand-mère. La maman est partie peu après mon arrivée et belle-maman lui a dit et redit de faire vite et de revenir bientôt. Elle avait l'air fatiguée Belle-maman. N'avait pas dormi de la nuit, me dira-t-elle car les enfants sont enrhumés et avaient besoin de caresses. Elle a bien hâte de retourner en France samedi, Belle-maman et m'a parlé en mal de sa belle-fille, mais jamais autant en mal que la belle-fille ne parle d'elle quand elle n'est pas là! 

Ça leur fait du bien à toutes les deux de se défouler, je sers à ça aussi! 

Même malades (je ne les ai pas trouvé si malades que ça!), les bébés font de beaux sourires. Il y en a un qui s'endort profondément dans les bras et dès qu'on tente de le déposer bien délicatement, il se réveille instantanément! L'autre ne fait pas ça du tout. Ils sont très différents et physiquement et de caractère! 

Quand je suis partie trois heures après mon arrivée, la maman n'était pas de retour et la grand-mère fulminait. J'ai déposé le bébé endormi que j'avais dans les bras dans son lit, il s'est évidemment réveillé et je lui ai expliqué qu'il devait faire une petite sieste, qu'il était fatigué, c'était évident et que pour le moment, il n'y avait personne pour le prendre. La grand-mère était en train de donner le biberon à l'autre jumeau et "le mien" avait été nourri et changé. Il pleurait le petit quand je suis partie. Ces enfants ne sont jamais laissés à pleurer d'habitude, mais là, on n'avait pas le choix. J'ai fait mes adieux à Belle-maman que je ne reverrais probablement plus jamais et je me suis rendu compte que ça me faisait quelque chose. Il n'y a pas que les jumeaux qui sont attachants dans cette famille!

Bon, on va aller se préparer pour aller au musée Petit-fils et moi. Bonne journée! 

dimanche 20 décembre 2015

Un peu n'importe quoi

Vieillir n'est pas jojo. Je voudrais être éternellement jeune et mince et souple et en forme et avec un cerveau numéro un qui n'a pas de délais avant de trouver des noms et des dates, je voudrais ça et je le voudrais pour ma mère aussi et ma tante de 90 ans qui a donc tellement rétréci. Je voudrais arrêter le temps et avoir mes petites toujours petites, le grand grand déjà parce qu'on ne s'est jamais inquiété pour lui, on le savait qu'il aurait une belle vie et il en a une aussi. Mais les petites si elles étaient encore petites on pourrait penser qu'un miracle arriverait et qu'elles se développeraient bien,sans maladies ou handicaps et que leur vie serait belle, belle et facile et harmonieuse et qu'elles auraient une carrière et de l'argent et une maison et des vacances et des voyages. 

Je n'aime pas vieillir, je n'aime pas avoir plus de soixante ans en chemin vers quatre-vingt-dix. Ça me semble si irréel. Je suis une jeunesse moi, qui fais des folies, qui cruise des gars dans les bars et fume du pot et rit aux éclats et ne rentre pas toujours. Je suis une étoile filante, une battante, une qui n'a peur de rien et qui sort tout le temps par tous les temps et qui découvre parce que c'est mon destin, mon éternel destin. 

Et j'ai pourtant soixante-deux ans que je le veuille ou non, que je l'accepte ou non. Alors, je m'adapte, ai-je le choix? Et je me teins les cheveux rouges, pas roux, rouges et je ris de mon image dans le miroir. Un rire qui frise un peu les larmes. Mais je ne vais pas pleurer pour si peu. Demain, je vais bénévoler dans la toute petite maison pleine d'espoir. Espoir de tous ces enfants qui veulent vivre et changer le monde. Je serai là, présente et ardente. Parce que je n'ai pas dit mon dernier mot. 

Être présente et utile. 

Les légumes et le délire religieux

J'ai recommencé à manger beaucoup de légumes. Avec plaisir. C'est fou de m'en priver car j'adore ça pour vrai! Je fais de somptueuses salades, des smoothies bouleversants et surprenants, des soupes réconfortantes. Et je me sens tellement mieux quand je mange bien. 

Je ne maigris toujours pas et je suis sept livres au-dessus de mon poids à la même date l'année passée. Faut dire que j'ai trop et mal mangé plusieurs jours (semaines?) alors que je viens tout juste de me reprendre en mains. Faut laisser le temps faire un peu et compter sur ma persévérance. 

Hier, j'ai passé toute la journée avec ma plus jeune. On a monté la montagne. Oui, oui, j'ai négocié ça pour un sandwich et un café au restaurant! Elle était tellement heureuse de manger du jambon qu'elle était prête à promettre n'importe quoi! Rendues au café cependant, ça s'est mis sérieusement à mal aller. Son délire religieux encore. Elle voulait me convertir, me citant la bible et la peur de l'enfer. Ne me laissait pas parler du tout, emportée totalement par son désir maladif de conversion. 

Moi: Mais arrête! Je ne suis pas intéressée, tu dois l'accepter. Laisse-moi tranquille avec ça et parlons d'autre chose. 

Elle: (ne m'écoutant pas et me coupant la parole et parlant d'un ton véhément et "preacher") Je ne vais pas te laisser aller chez les damnés. Tu DOIS m'écouter, tu dois comprendre La Vérité!  (et blablabla, elle était intarissable)

Moi: (excédée et n'arrivant pas à placer un mot) Mais laisse-moi parler! Pourquoi ta vérité serait meilleure que la mienne? Tu vas perdre toutes tes amies si tu leur fais subir ce traitement. Arrête à la fin! C'est assez!

Elle ne pouvait pas arrêter, je le voyais bien. Et là, j'ai eu peur, carrément peur. 

Moi:"Tu me fais peur." 

Elle:"C'est de Dieu dont tu as peur." 

Comme je me suis fâchée rendue là, elle est partie. 

Or, elle m'avait promis la montagne en échange de son sandwich, ne l'oubliez pas. Moi, je n'avais pas oublié. Je l'ai appelée sur son cel. Pas de réponse. Je l'ai textée. Pas de réponse non plus. 

Alors, je me suis mise à courir et je l'ai rejointe. 

Moi:" Tu m'as promis de monter la montagne. Tiens tes promesses!"

Elle:"Tu ne veux pas m'écouter."

Moi:"Non, mais tiens tes promesses pareil!"

On est montées en silence. Ça faisait du bien. Tout se bousculait dans ma tête. Écrire à sa psy pour la mettre au courant sans le dire à ma fille? Pas très éthique mais rendues où on en était, ça me semblait une bonne avenue. Quelqu'un devait être au courant pour aider. Le délire religieux, ça ressemble drôlement à une maladie mentale. 

Une fois en haut, au chalet, on est allées voir la petite boutique qui est là. Elle aimait tout et voulait tout avoir. Fiou! La consommation lui avait fait oublier son délire. 

Alors que je voulais redescendre, elle a voulu continuer. J'étais très surprise et je n'allais sûrement pas dire non. Elle voulait aller à la croix. Me semblait bien aussi. Je lui ai dit que je n'avais aucune idée comment y aller et c'était vrai. Pas grave, on va trouver, qu'elle m'a répondu. On a marché sur des petits sentiers au hasard et c'est bien vrai qu'elle a trouvé! Moi, je suivais. Elle s'est fait prendre en photo devant, derrière, dedans. Elle était de bonne humeur et moi aussi. 

On a marché une bonne partie de l'après-midi et on est descendues par la rue Peel. Mon but était le cinéma Odéon Atwater pour voir le film "Room". Bon film bien joué. Pas trop réjouissant quand on sait que c'est basé sur une histoire vécue et qu'il y a des hommes assez malades (ou méchants ou pervers?) pour enlever des jeunes filles et les enfermer pendant des années dans leur cabanon de jardin. 

On est rentrées, j'ai fait un bon souper santé plein de légumes et on s'est collées devant la télé. À 21h30, une amie l'a appelée pour aller la rejoindre dans le Vieux, aux deux Pierrot. J'allais là des fois quand j'étais jeune. Elle est revenue à trois heures du matin. Comment? En marchant toute seule dans la nuit. J'haïs ça quand elle fait ça!