jeudi 29 novembre 2007

De l'une et de l'autre

De ma prof de Pilates qui est une vraie beauté et qui est devenue mon amie et avec laquelle je suis allée prendre un café la dernière fois au lieu de faire un cours comme j'étais la seule étudiante ce jour-là et vu qu'on a tant de choses à se dire et que sa présence chaleureuse sa voix et son odeur me procurent un plaisir indicible mêlé sensuellement aux vapeurs du café et aux comptoirs en bois massif de ce petit café restau charmant où elle m'avait amenée ses yeux si bleus cette fossette au menton et la pensée que si j'avais eu à aimer les filles maintenant ou avant ça aurait été celle-là et aucune autre.

De ma grande amie P qui n'était pas une si grande amie avant et qui l'est devenue parce que nous partageons nos vulnérabilités et notre rage et notre résistance à vieillir même combat et rires et parce que nous nous regardons dans la glace de la salle des dames quand nous sortons avec leur lumière crue et qu'elle me montre ses cheveux qui se raréfient et je la comprends et elle aime ma tête fournie et je lui montre les rides nouvelles là au coin des pommettes et elle me comprend et je la complimente sur sa peau encore lisse et elle me montre le creux de ses bras là où c'est moins ferme et on se conseille des exercices et puis on se dit qu'on est des cas désespérés et que quels que soient les exercices il faut se résigner un peu ça n'ira pas en s'améliorant et on rit et elle me dit qu'elle a du scotch chez elle et buvons donc un peu un tout petit peu pour oublier le temps qui passe et demain sera un autre jour et nous irons au yoga et dans un nouveau petit café ensuite et c'est moi qui invite mais non c'est moi dit-elle et nous nous chicanons et c'est un plaisir de la voir rire elle a un rire sensuel et je me dis que si j'étais un homme ce serait bon de baiser avec elle elle exulte la vie sa peau est ambrée et sucrée je suis certaine que sa peau est sucrée sans avoir besoin d'y goûter.

De la jeune professeure de yoga qui remplaçait hier et qui a vécu un an en Thaïlande et qui a une voix mystique qui nous a transportées dans l'au-delà avant même d'entendre cette voix sacrée seulement avec le recueillement de son corps la lenteur de ses gestes déjà le ton était donné la paix émanait de cette personne sage son égo tranquille laissait la place à la communion avec l'univers nous n'étions plus sur la rue Notre-Dame nous flottions entre ciel et terre le karma des prêtresses en offrande au nom de la souffrance planétaire une pratique enlevante calme une communion universelle.

De ma belle-soeur devant son écran géant qui comprend si bien les plans et me les explique la lumière entre malgré la grisaille bureau vitré confort café latte elle viendra visiter avec moi compétence action encouragement merci.

De ma fille la plus vieille des filles celle qui n'est plus là chez nous ma beauté fatale vive lumière souffrante qui se débat dans une vie difficile survivante petit appart caché pas de table pas grave fille qui se maquille et fait et défait ses superbes cheveux surnage va s'en tirer ma douce fille violente coupée de nous et d'elle-même ma belle enfant bienaimée tout l'espoir du monde t'accompagne.

7 commentaires:

Pur bonheur a dit...

Bel hommage aux femmes de ta vie!

Cyrano a dit...

Comment ne pas aimer les femmes quand on vous lit ?

Une femme libre a dit...

@Tangerine. Merci!

@Cyrano. Que voilà un homme charmeur qui n'a pas oublié l'art de tourner un compliment! Vous me faites sourire, cher Cyrano.

Ce Bref Réveil a dit...

Très beau billet. Sans ponctuation, qui se lit d'un coup, comme un cul sec, la sensation de chaleur venant après.

Encre a dit...

Un texte magnifique, écriture libre d'une Femme libre. Merci.

Encre a dit...

J'ai l'impression qu'on est tous un peu sans voix.

Une femme libre a dit...

Un bref réveil et Encre, je suis heureuse de vous réchauffer et ravie de vous laisser sans voix! ;))