samedi 31 juillet 2010

Vibrateur

Je suis heureuse certainement, mais un compagnon, bon, surtout un amant, soyons franche, me manque. Je ne sais plus comment en trouver un. Je me suis réinscrite sur réseaucontact mais cette fois, j'ai été incapable, vraiment incapable de mettre une photo. Ce qui fait évidemment, qu'y être, c'est comme ne pas y être. Mais ça me permet de zieuter cependant. Jusqu'ici, il n'y a aucun homme libre de plus de cinquante ans dans ma région qui pourrait m'intéresser. Soyons franche, il y a tous ceux qui ne s'intéresseraient pas à moi d'éliminés en partant, ceux qui veulent des femmes plus jeunes, des femmes sans enfants ou enfants partis, qui indiquent la grandeur, le poids, la couleur des yeux et des cheveux de la poupée, euh pardon!, de la femme désirée. Il y en a même un qui précise qu'il veut une femme sans lunettes.

Je ne mets pas ma photo parce que c'est de l'ouvrage. Parce que je n'ose pas, parce que je n'ose plus. Je ne suis plus une jeune poulette du printemps et ce sont les jeunes poulettes qui sont recherchées. Je suis allée voir les fiches (nombreuses!) des femmes de mon âge, avec leur imposant c.v. et leur sourire si suppliant sur leurs photos retouchées. Ça me déprime. Je ne veux pas faire partie de ça. Je débarque.

Je vais m'acheter un fantastique vibrateur et puis continuer à faire de l'exercice, beaucoup d'exercice.

vendredi 30 juillet 2010

Texte à parenthèses

Pierre me disait dernièrement de suivre mon instinct qui m'a toujours bien guidée. Je suis d'accord avec lui. Seize ans est revenue enchantée de son voyage. Elle ne parle pas un mot d'espagnol, non, pas vrai! Elle en parle deux, hola! et gracias! (chère poulette de mon coeur), mais elle respire l'assurance et la fierté de la grande voyageuse. On l'attendait bien d'avance, Dix-neuf ans (avec laquelle, vous vous en doutez, je suis totalement réconciliée, elle est même de fort bonne humeur!), Petit-Fils (plus beau, fin, charmant et brillant que jamais, je craque pour lui et je suis en extase -une vraie de vraie grand-mère, qui l'eût cru?) et moi (anxieuse à l'os de revoir enfin ma fille chérie expatriée que j'imaginais traumatisée par l'expérience de l'abandon en pays étranger).

Seize ans a donc clubbé sans être cartée, bu des drinks nombreux (son favori était Sexinthebeach!) mais n'a pas vécu de sexe in the beach, s'est fait des amis surtout adultes, (les ados de son âge étant chiantes et snob), a fait du snorkeling, visité des musées et des aquariums géants, adoré sa famille d'accueil (une dame charmante qui faisait divinement à manger), dormi à l'hôtel à Madrid et à Barcelone, payé ses dépenses toute seule comme une grande (c'est facile en euros, maman, 5 euros, c'est 5 euros, pas de taxe et de calcul à faire).

Elle a passé la soirée du retour (le peu qu'il en restait) à répondre aux parents et amis qui s'étaient tellement ennuyés d'elle (tous étaient un peu inquiets que je l'ai laissé partir si loin si longtemps) et hier soir, nouveau départ, invitation chez une copine trop anxieuse de la retrouver. Elle a des ailes et la bougeotte!

J'ai passé un bel après-midi hier avec Nanou la Terre, une jolie femme d'allure gitane avec de longs et magnifiques cheveux et des yeux pétillants. Difficile d'imaginer que sa vie ne soit pas tout le temps ensoleillée! Il faut croire qu'elle est douée pour le bonheur (et pour la culture de la lavande québécoise, mais est-ce que ça ne fait pas aussi partie du bonheur?)

mardi 27 juillet 2010

Bilan physique

Alors donc, à cette période-ci, l'année passée, je pesais six livres de moins qu'aujourd'hui. Pourquoi commencer un bilan avec des mesures? Parce que c'est du concret, du vérifiable et de l'incontestable. Et c'est plutôt positif malgré les apparences. Nuançons et expliquons.



L'été passé, je venais de déménager, je faisais le programme WW et j'étais en amour. Bon, en fin d'amour, mais quand même, je frôlais mon poids santé et j'étais pétante d'énergie.



Et puis, il y a eu la rupture. Je me suis plus ou moins maintenue mais lors de mon départ pour la Chine en avril dernier, j'étais en surpoids, lequel s'est aggravé pendant le séjour en Chine d'où je suis revenue avec encore plus de poids en prime. En mai dernier, je pesais 21 livres de plus que mon poids santé. Voyant que je n'arrivais pas à les perdre, je me suis prise un entraîneur, une première dans ma vie. Le gym aussi était une première, je n'y avais jamais mis les pieds avant. Ce qui m'agaçait le plus, c'était le pneu autour de la taille. J'avais déjà été ronde mais c'était réparti partout, tandis que là, le pneu-ménopause me dérangeait vraiment esthétiquement, en plus d'être une source potentielle de maladie.



Après 18 rencontres avec mon entraîneur, à raison de deux rencontres par semaine, soit neuf semaines d'entraînement en tout, le pneu est disparu. Bon, je n'ai pas encore les abdos du siècle, mais ça s'en vient très bien. J'ai perdu neuf livres et ce n'est pas fini. Je suis à douze livres de mon poids santé. Je vais y arriver, je suis persévérante et j'ai un homme de mon bord: mon entraîneur.



C'est cher. Absolument! Je me trouve privilégiée de pouvoir me payer ça. Sans lui, je n'irais pas au gym qui m'apparaît comme un milieu hostile. Le matin, à neuf heures et demi, il n'y a que des hommes qui s'entraînent et ça sue et ça lâche des cris. Ma grande surprise, c'est que je sue aussi et que je grogne quand la charge est lourde. Communion dans l'effort! héhé! Mon entraîneur me pousse au-delà de ce que je croyais possible de faire et je lui en suis reconnaissante malgré que je le maudissse quand il me dit que j'ai encore quatre répétitions à faire alors que je me sens défaillir. Il ne me lâche pas, parfois il tient les poids avec moi mais on fait ce qu'il avait prévu pour moi. On augmente. Dépassement de soi.



Quand je sors de là, c'est l'extase. Le soleil est plus beau et l'air me caresse et je danserais sur place. Endorphines? Ça ne remplace pas tout à fait de faire l'amour mais presque.

lundi 26 juillet 2010

Prêt

J'ai décidé de lui prêter l'argent. Elle me le rendra quand elle aura accès au plan d'épargne-études lorsqu'elle commencera ses cours. Je me sens mieux. C'est un prêt, pas un don. Si je le lui refusais, c'était en grande partie pour la punir de son insolence à mon égard et de ses crises de nerfs. C'était dans l'espoir qu'elle change, qu'elle devienne moins colérique. Mais on ne change pas les gens. On peut se changer soi-même, vouloir changer les autres, c'est une erreur et une perte d'énergie. Elle changera si elle veut changer et quand elle voudra changer. Et peut-être qu'elle ne changera jamais. Son caractère de lion lui a servi dans la vie. C'est grâce à lui qu'elle a survécu en Haïti. Lui refuser un prêt dont dépend sa survie n'aura pas pour effet de la rendre plus douce et conciliante.

samedi 24 juillet 2010

Yoga et compagnie

Je n'en fais plus beaucoup mais j'en fais encore au gym. Le mercredi soir, une heure. Prof pas zen du tout mais comme je connais les asanas, une pratique de groupe, c'est tout de même utile vu que je ne me suis jamais mise à pratiquer en solo chez moi. Elle n'est pas antipathique du tout, la prof, juste "fatiguée" peut-être? Elle se plaint tout le temps, de l'horaire du cours, de la température de la salle, du prof d'avant qui ne sort pas à temps. Pas de Omhs avec elle, en tout cas. Mais j'y retourne. Court et efficace malgré tout. Un bon étirement.

J'ai essayé une fois celle du lundi soir. Excellente et elle donne le cours en français, ce qui n'est pas le cas de l'autre, bien qu'elles soient toutes les deux francophones. Je retournerai plus assidûment en automne, quand tous les festivals seront terminés.

Le vendredi aussi, j'ai essayé. On était deux. La prof était à demi-nue, un corps de déesse. Elle donne aussi des cours d'aérobie et de boot-camp. Pas trop zen elle non plus, mais efficace. Yoga-performance. J'ai fait mon possible sans trop me stresser. Finie la performance à tout prix pour moi. Une autre étape. Je suis une femme d'âge mûr qui pratique le yoga à son rythme et qui ne l'enseignera jamais. Acceptation bienfaitrice. Soupir de satisfaction. Non, c'est pas si pire que ça de vieillir, surtout avec la santé. J'apprécie chaque moment qui passe et je suis bien dans ma peau et dans ma tête.

Grosse chicane avec Dix-neuf ans hier. Parce que je lui avais refusé de l'argent mardi. Hier, on allait ensemble payer un cours de conduite à Vingt-et-un an. Au retour, dans la voiture, mademoiselle Dix-neuf ans a fait une crise monumentale. Elle hurlait qu'elle allait abandonner ses cours vu qu'elle devait aller travailler. Quand elle m'a demandé de lui prêter de l'argent (encore! alors que j'avais fait une épicerie pour elle de bon coeur la veille), je lui ai en effet dit d'aller travailler. Trop c'est trop et elle était arrivée au trop. Je lui ai répondu que si elle jugeait que de ne pas aller au cegep c'était le mieux, c'est ce qu'elle devait faire. Voyant que je ne réagissais pas au chantage, elle a menacé de faire des choses illégales. "Vingt-et-un ans en fait bien, elle, et ça n'a pas l'air de te déranger." Cette fois, je lui ai répondu que c'était du chantage et je me suis tue pour le reste du trajet jusque chez elle. Je me suis efforcée de ne pas entendre les méchancetés qu'elle proférait, mais j'ai dû en entendre pas mal car c'est bouleversée que je suis rentrée à la maison.


Je suis inquiète, c'est certain. Elle dit ne pas avoir d'argent pour payer leur loyer ni la garderie. Mais je dois tenir mon bout malgré tout. Sinon, elle va croire qu'avec des crises de nerfs, on a tout ce qu'on veut. Mais c'est dur, très dur. Qui a dit qu'élever des enfants était facile?

vendredi 23 juillet 2010

Tort, tort, tort, tort, tort

On écrit avoir torT avec un T, s'il-vous-plaît! À tort ou à raison mais c'est comme ça, c'est comme ça, c'est comme ça, tortueux mais réel.

Et ne me répondez surtout pas, comme Raymond Devos, qu'on a toujours tort d'essayer d'avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu'ils n'ont pas tort!

mardi 20 juillet 2010

Petite vie

C'est comme ça que je me sens. Pas malheureuse du tout, plutôt heureuse même. Mais petite. Comme dans petites activités ordinaires, entraîneur, dîner avec une amie, phlébologue hier et dentiste aujourd'hui.

Demain, je pars à l'aventure, à pied. Tôt le matin, avec comme mandat de revenir tard le soir. Pour aller où? On verra bien. Mais pas de métro, pas d'autobus, pas de taxi, que mes pieds. Expédition citadine.

jeudi 15 juillet 2010

Je divague

Avoir trop de temps et en manquer. Paradoxe mais réalité. Si la vie était simple on aurait pas besoin de visa et je ferais mon pain et je pourrais le manger en plus ce pain. Privation permanente sans arriver à la minceur désirée. Drame de ma vie. Liberté totale et impression de vide, précipice même. Juste sur le bord mais on se retient pour ne pas tomber. Adrénaline. Et souliers neufs, des souliers de femme, ceux qui font la jambe jolie et qui font mal aux pieds, ceux qu'on achète bien plus pour soi que pour le regard des hommes, pour le plaisir de se regarder dans les vitrines, pour le plus grand plaisir encore de les enlever en rentrant et de les garrocher au fond de la pièce, d'un grand coup de pied joyeux. Et puis l'ouvrir cette belle bouteille de Pinot qu'on a eue en cadeau, on la dégustera avec de la morue et des légumes, pas toute la bouteille, que non, que non, on est raisonnable nous, on ne se laissera pas vieillir et grossir, que non. Résistance, je suis ma propre Bastille, ma propre révolution, oeil de lynx. Les hormones dans le tapis, s'exclame un gentleman lecteur qui me courtise un peu épistolairement, ou bien c'est moi qui le courtise, je pensais qu'il parlait de ses hormones à lui, non, non, il s'adressait à mes hormones à moi. Elles se sont calmées mes hormones, cher, avec tout ce temps sans les provoquer, elles se sont stabilisées, mises au neutre, camouflées dans l'attente d'un moment plus propice à s'épivarder.

mercredi 14 juillet 2010

Ma fille

Je ne m'inquiétais pas pour rien. Un long appel d'Espagne ce matin. Elle compte les jours. Ne comprend pas un seul mot d'espagnol et ne parle donc pas du tout non plus alors que les autres tiennent déjà des conversations. Ne peut donc pas parler dans la famille non plus. Les quatre heures de cours quotidiens sont une épreuve pénible. Se sent vraiment différente. S'ennuie terriblement. Tout est difficile. Je lui ai proposé de s'en revenir. Non, elle va rester jusqu'au bout.

mardi 13 juillet 2010

Chiâlage inutile

Il pleut. Je suis allée rendre les méthodes d'apprentissage du chinois qui étaient dues aujourd'hui à la Grande Bibliothèque sans les avoir ouvertes. Incorrigiblement optimiste, j'en ai emprunté d'autres en plus de magnifiques livres sur la Route de la soie. Je m'ennuie de ma fille qui est en Espagne et je m'inquiète pour elle. Je n'ai pas de chum et je ne fais rien pour en avoir un. Je fais de l'entraînement et je paie cher pour ça mais, si je veux être honnête, mon corps n'a pas changé. J'ai tout le temps faim en plus. Et je boirais bien une bouteille de vin. J'en ai pas de vin et je me suis donné comme défi de ne pas faire d'épicerie avant le retour de ma fille à la fin du mois. Je suis folle comme ça des fois. Des défis, tout le temps des défis, des intelligents mais des ridicules aussi. Et je suis seule ce soir et embêtée un peu par ça. Pas l'habitude. Irai-je au cinéma? Ou pas. Il pleut. Je m'emmerde et je n'aime pas ça. Je m'apitoie, je m'apitoie. Misère!

lundi 12 juillet 2010

Un gentleman

Une semaine extra. Des conférences sublimes. Des hommes alors que je me plains qu'il n'y en a pas, qu'il n'y en a plus. Un charmant et bien élevé à l'ancienne dans tout ce que la vieille école de galanterie avait de bon et de beau, comme de laisser savoir élégamment à une femme qu'elle est une femme. Les petites attentions prodiguées généreusement et avec une aisance si naturelle. Comme le café fumant déposé sur mon petit bureau d'écolière, sans qu'il ait été demandé. Avec un lait 2% et pas de sucre, comme j'aime. Il avait pris la peine de remarquer la veille. L'art de ne pas faire n'importe quoi. Plein de cheveux frisés, de rares questions mais absolument brillantes, aux conférenciers. Du charisme à revendre. Il avait soixante-douze ans, j'ai fini par le lui demander, il me racontait trop de choses sur trop d'années pour être plus jeune, je calculais un peu et j'arrivais à soixante-dix ans alors qu'il paraissait juvénile, droit comme un i et avec un rire de gamin. Dès le premier jour, alors que nous dînions déjà ensemble, j'ai également su qu'il était marié. On s'est appréciés mutuellement pendant cette riche semaine de cours sur la Chine, pensant trop souvent la même chose en même temps, avec cette connivence naturelle qui unit parfois deux personnes. Sans même se le dire, il nous est apparu évident que nous ne devions pas nous laisser nos coordonnées. Il aura ensoleillé mes cours et mes entre-cours, c'est indéniable.

dimanche 4 juillet 2010

L'été

Demain, je m'en vais à l'école d'été, yé! Il devrait y avoir là de quoi canaliser mon énergie. Mon émerveillement à refouler les lieux de mon éducation passée me démontre que je ne suis pas encore tout à fait mûre pour la retraite, bien que... c'est en tant que retraitée que je me suis inscrite à ces cours! Alors que les étudiants les suivent dans le cadre de leur maîtrise en anthropologie, on y accepte aussi des journalistes, des citoyens intéressés et des heureux retraités et quand on est déjà diplômé de la noble institution, ce qui est mon cas,on a même droit à un rabais sur le prix des cours. Les cours sont toute la journée et on aura en plus un cocktail en soirée au jardin chinois du Jardin botanique et une visite guidée du Vieux-Montréal le lendemain soir. Si j'avais un chum, je n'aurais aucun temps libre à lui consacrer.

Ce soir, je quitte le festival de jazz pour l'opéra Don Giovanni, gratuit mes chers, au Théâtre de Verdure du parc Lafontaine. Suis-je dispersée? me demanderont mes lecteurs. Non, plus vraiment. Occupée, un peu fiévreuse mais heureuse. Je suis entrée dans l'été et j'en jouis. Intensément.

Hier, j'ai monté la montagne. Je compte le faire tous les jours. De chez moi au chalet de la montagne, ça me prend une heure aller-retour, je veux améliorer ce temps, aller plus vite, courir un peu. Je voulais me chercher un chum, mais je remets ce projet à... plus tard. Trop occupée!

Et là, on s'en va bruncher en famille. Je verrai ma mère, ma fille et mon délicieux, fantastique, extraordinaire petit-fils. Je le garderai peut-être un peu avec moi en après-midi, si sa mère est d'accord, pour lui lire des livres ou le promener en poussette ou bien même le faire baigner dans les fontaines du quartier des spectacles. Il y a plein d'enfants qui s'y rafraîchissent. Je ne pense pas que ça ait été conçu dans ce but mais c'est une nouvelle utilité charmante de ces jolis jets d'eau. J'aime la Place des spectacles et il y a vraiment plus d'espace et de confort pour assister aux shows, les écrans géants aident beaucoup pour ne rien manquer de l'action. Et ce n'est même pas fini encore!

samedi 3 juillet 2010

Sentiment d'urgence

Quand l'été a débuté, quand il fait enfin beau, quand ce temps béni et espéré tout l'hiver est miraculeusement arrivé, je suis surstimulée, je ne veux pas en perdre un seul instant et je ressens un tel sentiment d'urgence d'en profiter et de ne rien manquer et de vivre à fond que je m'épuise et que je n'en jouis pas tant que ça finalement. Avec culpabilité en prime. Devrais-je appeler l'automne à la rescousse?

Ou un psychologue?

jeudi 1 juillet 2010

Le film

Hier soir, ma fille partie et partie heureuse, je me sentais légèrement euphorique. Mon frigo était vide et j'adore quand mon frigo est vide. Je me sens alors vraiment libre. Comme je ne suis pas gaspilleuse (c'est dans mes gènes), quand il y a des aliments en vue dans le frigo, je me sens obligée de cuisiner. Et puis, nourrir ses enfants, c'est dans mes gènes aussi, je n'y échappe pas. Alors, le frigo enfin vide, c'était un spectacle absolument réjouissant. J'ai décidé d'aller au yoga, ce qui m'a permis de constater que mon dos était remis. Je pétais le feu. Il faisait froid, j'ai eu envie d'un film, il était 20 heures quarante-cinq, il fallait me grouiller. Un film obscur, Blissfully yours, 2002, un film de Apichatpong Weerasethakul (oui, oui, cet Apichatpong-là! celui qui a remporté la Palme d'or au festival de Cannes 2010 pour "Lung Boonmee reluck chat") était à l'affiche au cinéma du Parc à 21 heures. Vite, vite, recherche dans l'internet, une histoire lente de relations humaines dans la forêt avec la lumière du soleil, scènes sexuelles sensuelles, bon, en plein mon genre et il n'y aura pas un chat. J'aime bien être toute seule dans une salle de cinéma. J'y cours, j'y vole!

Surprise, la salle était pleine! Et le film étrange, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais ses images me sont restées dans la tête. J'ai lu toutes les critiques que j'ai pu trouver. Des scènes longues de détails, les mains qui coupent des fruits et les mêlent à des crèmes, des mains qui forment de savantes brochettes, chaque petit geste filmé, des jambes dans l'eau, long et lent plan sur ces quatres jambes et bruit de clapotis d'eau et puis deux de ces jambes qui s'efflleurent. La jeune femme du film n'est pas jolie, elle a de mauvaises dents mais quelle authenticité. On ne croirait pas que c'est un film, juste la vraie vie et la lumière dans les sous-bois thaïlandais et une histoire sociale de réfugié birman vivant illégalement en Thaïlande. Jamais un réalisateur occidental n'aurait fait ce genre de film, sans action apparente, un film sur les gestes, lent, long, ennuyeux un peu, avec des instants de bonheur et de clapotis dans l'eau. Comme la vie.