mardi 31 août 2010

Films, misère, voyages et cie

Je vois des documentaires. Bouleversants. Criants de vérité. Des catastrophes, des restants de catastrophes, des gens courageux, des visages burinés, l'impression de regarder des images d'un autre siècle et pourtant, ces gens-là existent vraiment, tout de suite, aujourd'hui, avec leur misère, leur travail acharné, leurs traits burinés et le monde qui les a oubliés tout seuls avec les petits bouts de bois qu'ils ramassent dans les décombres, pieds nus, pour se reconstruire une maison de leurs mains nues, sans outils. Leurs corps décharnés avec pour tout repas du riz avarié. Déchirant. J'admire ces cinéastes courageux qui montrent la réalité sans faire de commentaire. Les images parlent.

Les films de fiction sont presque aussi déprimants. Plusieurs. Les deux films québécois vus qui sont dans la course sont noirs. Aussi noirs l'un que l'autre. Une petite lueur d'espoir à la fin, mais vacillante. Des personnages fuckés autant dans un film que dans l'autre. Des qualités artistiques, oui, mais de la longueur, de la lenteur, et finalement peu de profondeur. Si je devais me faire une idée du Québec à partir de ces films, je trouverais que les paysages sont magnifiques comme dans "route 132", que les acteurs jouent fort bien, et c'est le cas également dans "Tromper le silence" de Julie Hivon, mais je concluerais que les Québécois sont de grands blessés émotifs, qui trempent dans le drame et boivent et fument et volent et se mutilent pour soigner leurs grands bobos. Il sacrent, parlent peu et sont solitaires. Les gens de la campagne de "route 132" avec la magnifique Andrée Lachapelle qui est toujours aussi magnifique même si on l'a affublée de vêtements de petite vieille, ceux-là semblent sains. Le Québec rural, il n'y a que ça de vrai? Est-ce le message? Y en-a-t-il un message? Ai-je aimé ces deux films? J'aurais voulu aimer celui de Julie Hivon, il faut encourager les femmes. J'aurais beaucoup voulu aimer. Mais non. Attention, je ne dis pas que ce soient des films dénués de qualités cinématographique, il y a de belles images, fortes même. Mais le propos ne m'a pas touchée. Une femme solitaire qui ne vit que pour son art qui s'est querellée avec son frère lui-même un grand fucké et qui trouve un gars plus fucké encore pour en faire le sujet d'une exposition et indirectement redonner un sens à sa vie, voilà le sujet, le propos. Évidemment, le grand fucké a vécu un drame, on le découvre dans le film. Triste.

Je suis un peu tannée des films tristes, ça paraît? Semblerait que ce soit ceux-là qui gagnent des prix ou à tout le moins qui se retrouvent en compétition, car c'est difficile de trouver des films plus joyeux, sans tomber dans la comédie grosse et grasse comme "Chance" de Abnair Benaim, que je ne recommande pas. Il y a pourtant moyen de faire un film qui se passe en grande partie dans un hôpital et qui met en scène des jeunes qui souffrent de la fibrose kystique, avec sensibilité, réalisme et espoir, comme dans le magnifique "Adem (Oxygène)" qui est certainement mon préféré parmi les 17 films que j'ai vus jusqu'ici.

vendredi 27 août 2010

Partie

Pas en Chine. Au festival des Films du Monde. J'ai le passeport. Cinq films aujourd'hui. Je plane.

mercredi 25 août 2010

Question et réponse

"Trente ans m'a demandé si je regrettais ma décision de garder le bébé avec tout ce que je sais maintenant et je lui ai répondu que ...

On était dans la voiture ce matin de retour du Costco où Dix-neuf ans avait fait provision de couches. Je la conduisais à son collège. Elle avait des jeans déchirés aux genoux. Les avait achetés comme ça. La mode.

J'étais certaine de la suite de sa réponse:

"non, je ne regrette rien et avoir mon bébé est la plus belle chose de ma vie."

Mais ce n'est pas du tout ce qu'elle a dit!

"Je lui ai répondu qu'avoir su ce que je sais maintenant, je me serais fait avorter. C'est ce que je dis à mes amies enceintes qui me demandent conseil. C'est dur, très dur. Je suis prise là-dedans, j'essaie d'en tirer le meilleur et de prendre mes responsabilités. Je sais que ça fait grandir et tout et tout mais ma vie serait bien plus facile si je n'avais pas d'enfant, c'est clair. Il m'a félicitée pour mon honnêteté, il a dit que c'était un signe de maturité."

mardi 24 août 2010

Du temps qu'il fait et de nous et de vous et de la vie qui passe et dont il faut profiter

Tout le monde parle de l'automne. C'est la rentrée scolaire qui fait ça bien plus que le temps qu'il fait. À Montréal, tout est au beau fixe encore. Et pour longtemps peut-être. Septembre est un mois magnifique et chaud depuis plusieurs années.

Mais cette rentrée n'est pas comme les autres pour nous. Elle ressemble à une sortie. Nous partons pour la Chine, pour le désert de Chine, pour des régions plus sauvages et nettement moins peuplées que celles du circuit régulier Shangaï, Xian et Beijing. Nous allons camper dans le désert et faire pipi dans le sable comme les chats. Nous séjournerons aussi dans des régions éprouvées par les coulées de boue, moins drôle. Je n'ai jamais vu de catastrophes naturelles (naturelles, mon oeil, semblerait que celle-ci soit causée par le développement trop rapide!), de zones sinistrées, de gens en détresse. Pas certaine que ça me tente. Pour aider, ça va, pour passer, non. Je me sentirais comme les bateaux de riches touristes qui allaient pique-niquer et nager dans les eaux cristalines d'Haïti pendant que tout à côté les gens vivaient sur la rue, leur maison détruite par le tremblement de terre. On a cependant plaidé que les touristes en question faisaient rouler l'économie et que la dernière chose dont Haïti avait besoin, c'était bien de se faire totalement abandonner par tous. Savez-vous qu'il y a déjà eu un club Med à Haïti, bien fréquenté et couru? Savez-vous que moi je suis allée en voyage de plaisance à Jacmel avec une amie, dans le temps de Duvalier qui était sur tous les murs et qu'on barrait la porte de notre chambre d'hôtel et qu'on la retrouvait toujours grande ouverte la porte, avec jamais rien de volé. Savez-vous qu'une fois, une jeune fille s'était trompé dans la monnaie et qu'elle m'a courue pendant plusieurs rues pour me remettre le peu qu'elle me devait? Savez-vous qu'on allait danser le soir et qu'on rentrait par les rues noires et qu'on se sentait en sécurité? Savez-vous que mon amie avait demandé un philtre d'amour à une guérisseuse et qu'elle l'avait fait boire à l'homme de ses rêves et qu'ils avaient fait l'amour le même soir? Savez-vous que j'adore ce pays au sable noir et que si mes filles ne veulent pas y retourner ce n'est pas faute de leur en avoir parlé avec admiration? Non, vous ne savez pas tout ça, ni que les enfants nous suivaient dans les campagnes en nous montrant du doigt et en criant "Blanc, blanc!"

Mais c'est en Chine que nous serons dans deux semaines, Seize ans et moi et du coup, notre rentrée est un départ. Cette année ne sera pas comme les autres. Seize ans n'est plus légalement obligée d'aller à l'école. Je n'ai plus aucun espoir (il doit m'en rester une petite graine de rien du tout, car c'est avec un zeste de peine que j'écris ça) qu'elle ne finisse son secondaire, ni même qu'elle le commence en fait. Sa vie sera différente. Je vais l'avantager dans mon testament, c'est certain, elle sera toujours au salaire minimum, ce qui n'est pas le cas des trois autres. Je ne crois pas à la justice et à l'égalité pour ce qui est des enfants, je crois au cas par cas et aux besoins particuliers.

Hier, j'avais mes quatre enfants chez moi, très extrêmement rare que ça arrive, Vingt-et-un an n'avait pas vu Trente ans depuis des années. Tout s'est fait spontanément. Ils sont arrivés les uns après les autres et Dix-neuf ans est allée chercher Petit-fils pour compléter le tableau. Bonheur et fierté. Elle semble aller bien Vingt-et-un ans, mais je ne crie jamais victoire avec elle. J'apprécie plutôt le moment qui passe au moment où il passe.

dimanche 22 août 2010

Jeunesse

Des jeunes filles autour de moi, une de quinze, deux de seize. Deux dorment sur les divans, la troisième doit être dans la chambre. J'ai couvert les deux du salon, qui dormaient tout habillées. À l'ordi, des bols avec un fond de lait, la boîte de céréales par terre, tiens, ils ne m'en ont pas laissé de lait pour mon café, le carton est sur le comptoir. Une envie de devenir furieuse et de réveiller ma fille pour qu'elle nettoie. Et puis non, faudrait me crinquer pour demeurer longtemps fâchée.

Des amies d'enfance de Seize ans. Hier, au Commensal, elles se rappellaient des souvenirs de maternelle et de première année. J'en apprends des choses quand je suis avec elles. Je ne dois pas être considérée comme un parent bien menaçant, car elles parlent avec peu de censure. Elles savent pourtant que tout ce que je considère dangereux pour elles sera rapporté à leurs parents. Comme la fois où l'autre seize ans avait parlé de suicide. Ma fille était bouleversée. C'est moi qui ai appelé le père de la petite. Je voudrais qu'on fasse la même chose pour ma fille.

Elles sont vierges toutes les trois. En parlent librement. S'en vantent même. Deux d'entre elles se sont déchirées pour un gars. Grave. Des injures verbales et sur internet. Des clans qui s'étaient formés. De les voir redevenues amies me sidère et me rassure aussi. Rien d'irrémédiable.

Elles voulaient aller au cinéma. Avant, j'aurais peut-être (très probablement) payé pour toutes les trois. Les amies sont de condition modeste. Mais j'ai une nouvelle politique. La même que pour mes autres enfants, même si Seize ans a des problèmes d'apprentissage, à partir de cet âge-là, on paie ses sorties et ses vêtements. Elle vient de travailler deux semaines pour le bureau de mon frère mais n'a pas encore reçu de salaire. Le ciné attendra.

J'ai appris d'autres choses qui m'ont fait de la peine sur le coup lors de ce repas végétarien. Ma fille a été persécutée par le chum d'une fille de sa classe. La fille de sa classe en question est venue chez nous plusieurs fois et elles se prêtent des vêtements et je pensais que tout était correct. Lors de sa dernière visite, elle a utilisé ma fille pour la couvrir et faire croire qu'elle couchait chez nous alors qu'elle couchait chez son chum. Elle n'a que quatorze ans. Le chum en question a demandé à Seize ans de lui prêter un Bixi ( ma fille a une clé) et il l'a plantée là sous la pluie pour aller se promener avec l'amie sur la barre de la bicyclette. Ma fille courait en arrière. C'était la nuit. Ils étaient dans l'est de Montréal dans le coin des feux d'artifice qu'ils devaient aller voir. Finalement, ils ont remis le Bixi en place et reconduit ma fille au métro (fiou!). J'étais sortie et je les croyais toutes les deux à la maison. Je n'ai rien su de cette histoire parce que quand je suis rentrée, ma fille, qui venait d'arriver, était sous la douche. Elle m'avait dit que son amie était rentrée chez elle.

On a alors discuté toutes les quatre de la faculté de dire "non", de s'opposer, de quitter en cas de doutes. Jamais ma fille n'aurait dû sortir un Bixi pour ce garçon. Dire non, dire non. En tout cas, on lui a matraqué ça dans la tête. Elle est trop gentille. Cette fois, elle était attirée par les feux d'artifices et en fait, ils n'y sont jamais allés. C'est bien qu'elle ait parlé de cette histoire, on a pu la supporter, la conseiller, et puis elle s'est vidé le coeur. Bon point. Si je n'avais pas emmené les trois filles au restaurant, je n'aurais rien su de l'histoire.

J'avais su tout de même pour le fait que la jeune avait couché chez son chum au lieu de chez nous, car sa mère a téléphoné pour lui parler le lendemain. Ma fille avait alors dit qu'elle était déjà partie. Comme j'avais entendu la conversation, j'avais convaincu ma fille de dire la vérité à la mère, ce qui avait été fait.

jeudi 19 août 2010

Suite

Je ne lâche pas. La première raison pour laquelle je dois contrôler mon poids et faire de l'exercice est la prévention du diabète qui court dans ma famille. J'allais l'oublier. Maintenant, je ne vois plus l'entraîneur qu'une fois par semaine, alors c'est à moi à me faire un programme les autres jours. J'en suis capable. Aujourd'hui, yoga avec mon super prof guru qui me pousse. C'est musculaire et très cardio aussi en plus du volet spirituel. Une heure trente intense. Le bon côté de faire du yoga le soir, c'est que ça m'empêche de manger. C'est le soir que je ressens la faim, le jour, ça va bien.

Il y en a des hommes dans ma vie. Platoniques. Le monsieur qui veut se marier est toujours dans le décor avec des histoires toujours plus abracadabrantes avec les femmes qu'il rencontre. Vraiment, il y a des femmes (et des hommes) qui sont prêtes à tout pour se matcher. On va aller dîner pour s'en parler.

Je reviens pour la suite.

mercredi 18 août 2010

Manger

Je n'arrive plus à me priver comme avant. Je ressens bien moins de pression aussi. Je n'ai à plaire à personne d'autre qu'à moi-même. L'exercice, je ne lâche pas. J'y trouve de la satisfaction. Mais un beau plat de pâtes aux crevettes avec une salade à la vinaigrette à l'huile d'olive, sans calculer les cuillerées d'huile d'olive (avec WW, on avait droit à deux cuillerées à thé par jour), avec un verre de vin soigneusement choisi et même deux verres, je ne vois plus pourquoi je m'en priverais. C'est un des plaisirs de la vie et en plus, je ne baise même plus. Je sens, je sais, que je ne pourrai pas fonctionner comme ça très longtemps, sous peine de devenir carrément toutoune et ça non plus, je ne le veux pas. En fait, depuis quelques jours, je commence mes journées avec l'intention de me remettre à la diète, de me restraindre, de me contrôler et je finis la journée avec un repas copieux et bien arrosé, en jasant avec ma fille qui revient de son travail. Nous sommes rieuses et détendues. Je ne vais quand même pas la laisser souper seule et je lui cuisine de bons petits plats, parce que j'aime ça et parce que ça lui fait plaisir et ça me fait plaisir aussi. Beaucoup plus difficile la discipline alimentaire quand Fille est là. Je ne veux pas lui transmettre mes bibittes, mes obsessions face au poids, alors je ne lui en parle jamais et je mange. Bon! Si je cherche une coupable pour mes excès, je ne devrais pas la blâmer, la seule coupable, c'est moi. Au retour de Chine, on va s'inscrire aux Weight Watchers, une amie et moi. Toute seule, je n'y arrive pas, c'est clair.

Je ne me pèse pas mais quand les vêtements deviennent serrés, c'est la panique. Et la gêne avec mon entraîneur, qui scrute mon corps de près. Je me demande si toutes les femmes de plus de cinquante ans vivent le même combat, quotidien. Se restraindre et être fière de soi ou bien manger avec plaisir et avoir honte. Il y a quelque chose de malsain là-dedans. Mais les femmes minces de mon âge que je connais font toutes des efforts et des régimes. Les autres grossissent, prennent de la grosse poitrine de matante et n'ont plus de taille. Je ne veux pas ça, je ne veux pas ça, je ne veux pas ça. Vieillir j'accepte (ai-je le choix?), mais grossir, non.

dimanche 15 août 2010

Le mariage

Merci pour vos nombreux messages, que j'apprécie grandement, à mon billet précédent sur l'homme trop beau. On me conseille de ne pas me fermer à l'amour. Soyez assurés que ce n'est absolument pas le cas. L'amour me tomberait dessus que je me marierais cette fois et c'est absolument la première fois de ma vie que je pense à une telle chose. Je deviens pro mariage avec le temps moi qui étais si farouchement contre. Pour mon fils de trente ans, le dilemme est énorme. Il est amoureux depuis quelques années d'une jeune femme adorable, charmante, belle comme un coeur, que nous aimons tous, une Palestinienne comme on les imagine avec la chevelure noire fournie et les yeux d'ébène. La jeune femme, bon, plus si jeune que ça, elle aura bientôt le même âge que mon fils, est de religion musulmane. Elle ne pratique pas, mais ce n'est pas le cas de son père, qu'elle adore et avec lequel elle travaille en plus! Pas question de couper les liens avec sa famille, très importante dans sa vie. Elle a des jeunes frères et soeurs et s'en occupe beaucoup. Pour sa famille, il serait impensable qu'elle soit en couple sans mariage. Ne nous méprenons pas, elle a son propre appartement et ne porte pas le voile et son père ne surveille pas ses allées et venues. Sauf qu'il ignore l'existence de mon fils! Totalement. Trente ans habite Hull car il travaille à Ottawa, mais tous les week-ends, c'est chez son amoureuse qu'il réside, à Montréal. Quand elle va voir sa famille, il ne l'accompagne pas évidemment, il n'existe pas! S'ils se mariaient, il serait accepté, selon elle, même s'il n'est pas musulman. Ce serait si simple s'ils se mariaient! Bon, je ne m'en mêle pas, je sais, je sais, ce n'est pas de mes affaires. Je sais où est ma place.

D'autant plus que Dix-neuf ans ne cesse de me la rappeler! Elle m'a rapporté la voiture le réservoir d'essence presque vide alors que je la lui avais laissée le réservoir plein. J'ai mis en doute sa capacité financière à se promener en voiture, ce qui m'a valu un boudage en règle. Au brunch, elle a mis petit-fils loin de moi (pour se venger?) et s'est plaint de toute tentative de ma part pour m'en occuper. J'ai lâché prise. Je jasais avec ma mère et ma tante mais je trouvais ça plate que Dix-neuf ans soit loin de nous à bouder. Quand j'ai essayé de renouer contact, ma mère m'a dit de la laisser bouder, que c'était son problème et qu'en lui accordant de l'importance, j'encourageais un mauvais comportement. Bref! Un brunch pénible cette fois. Heureusement, j'ai pu emmener Petit-fils se promener dehors avec moi pendant que les autres finissaient leur repas. Tout est magnifique avec lui qui découvre la vie.

Dix-neuf ans nage dans le stress, alors il faut être indulgente. Elle commence ses études au cegep dans deux semaines, elle vit toujours dans un taudis et elle songe sérieusement à se séparer. Elle s'occupe bien de son fils et le père aussi, selon ce que j'en sais. Je suis l'adulte (la plus adulte des deux), restons zen.

Hier soir je suis allée au restaurant chez Jano, à deux pas de chez nous, avec Voisin et son amoureuse. Une belle soirée. Des sourires complices et de l'amour dans l'air. Il a recommencé à créer pour une exposition qu'elle lui organise au mois d'octobre. Elle lui apporte l'amour et la réalisation de soi par l'art. Il est vraiment très heureux, apaisé, et ça paraît. Ils sont venus prendre le thé chez nous ensuite. Une toute petite femme rousse, ronde, rigolotte et sympathique. Elle prend soin de lui et est visiblement amoureuse. Il est gentil avec elle, ça m'a surprise. Elle faisait des erreurs et d'habitude, il se hâte de reprendre celui ou celle qui en fait, avec un petit ton supérieur de celui qui sait tout. Il la reprend aussi, évidemment, mais avec chaleur et gentillesse. Elle fait ressortir le meilleur en lui, c'est évident!

Elle a mon âge et ils se sont rencontrés par réseau contact. Alors, rien n'est impossible, j'en ai la preuve. Mais ai-je envie de m'engager là-dedans? On verra. Pour le moment, le bel Homme qui ne m'envoyait que des mots d'esprit, pas des mots d'amour! ne m'écrit plus et c'est bien correct comme ça.

Je ne suis pas tout à fait à la veille de me marier, je pense! ;o)

Je me sens plutôt bien au moment où je vous écris, chers lecteurs. Je suis allée conduire Dix-neuf ans chez elle et ça a pris un temps fou. On était bloqués par le défilé de la Fierté gaie et bébé a pleuré tout le long. Dix-neuf ans a appelé le papa qui est venu cueillir l'enfant à l'auto, il a mis sa petite tête sur son épaule et plus un son, rassuré qu'il était le petit. Seize ans essaie des vêtements, je l'ai chassée de l'ordi la pauvre, je bois du vin (El miracle planet, un vin biologique que j'adore) et je mange des cachous, pleins de nutriments mais aussi de calories, je sais, je sais. En ce moment-ci, je m'en fous de mon poids. Tannée des régimes, totalement tannée de ces restrictions que je m'impose depuis tant d'années. Demain sera un autre jour évidemment!

Je pourrais appeler ma nouvelle amie, celle qui habite NDG et qui est folle du cinéma, j'ai un message d'elle sur mon répondeur. Je pourrais prendre un long bain avec de la lecture (non, éliminé, trop statique). Je pourrais aller encore au restaurant (à envisager, j'en ai ras le bol des régimes, vous l'ai-je dit? Je me sens comme dans la partie Eat de Eat, pray and love), je pourrais me promener avec un parapluie (on sent l'orage) longtemps, j'adore faire ça. Je pourrais me masturber tranquillement dans ma chambre. Je pourrais continuer à lire et à écrire sur l'ordi. Je pourrais continuer à chercher les villages que je n'ai pas encore trouvés sur la carte de la Chine. Je pourrais aller dans un bar (des années que je n'ai pas fait ça). Je pourrais vendre mon condo, non, pas le vendre, y installer Dix-neuf ans, et partir avec Seize ans faire le tour du monde, bon, une partie, jusqu'à ce qu'on n'ait plus d'argent. Je pourrais tout faire. Je suis libre.

jeudi 12 août 2010

Trop beau

Je vous avais dit que j'étais sur réseau-contact sans y être, sans photo, anonyme, sans payer, voyeuse occasionnelle cachée et silencieuse. Mais depuis une dizaine de jours, il y avait cette correspondance de l'esprit avec cet être dont je ne savais rien sauf qu'il était brillant et que sa brillance s'accordait parfaitement avec la mienne. Il rentrait du travail à dix-huit heures, il ne me l'avait pas écrit, mais j'avais deviné, car c'est à cette heure qu'il répondait à mon message du jour. Et on rigolait. Beaucoup. J'attendais son message de dix-huit heures dix, toujours punché et je lui en pondais un autre encore plus punché le lendemain. Sans rien savoir l'un de l'autre de plus que les informations succinctes de la fiche. Incognito. Vues de l'esprit. Plaisir solitaire partagé.

Et voilà qu'il a eu la mauvaise idée de m'envoyer sa photo. Il est beau. Trop beau. Je n'ai tout simplement plus envie de lui écrire. Il n'y aura pas de message de ma part demain.

mardi 10 août 2010

Violence et impuissance

Deux événements qui me font grincer des dents et me sentir bien impuissante. Hier, en m'en allant en voiture au Costco, il y a une voiture de police stationnée les portes ouvertes du côté du trottoir. Je vois un corps sous la voiture en passant. Je pense que le policier est en train de réparer quelque chose qui ne marche pas en-dessous. Et puis là, à la lumière, j'entends une voix suppliante "Aidez-moi. Il m'écrase la tête sur le trottoir. Il m'écraaase." Il y a donc un homme, qui est maintenu au sol par un ou des policiers. Je ne vois plus, je suis à la lumière. Heureusement, il y a une femme et un homme à bicyclette qui regardent le tout intensément, arrêtés. Je voudrais aider, faire quelque chose. La lumière passe au vert, je dois continuer, je suis en plein centre-ville. Et si c'était de la violence policière pour vrai? Caché, comme ça, le policier pouvait bien faire n'importe quoi. J'espère que les deux cyclistes vont rester là et intervenir si besoin est. Vraiment, moi, j'interviendrais, même au risque de me faire arrêter moi-même. Je pense que la majorité des policiers font bien leur travail, mais il y en a qui sont là à cause de la puissance, de la domination que ça leur donne. Ceux-là, il faudrait les éliminer. Il y a aussi tous les gens qui souffrent de maladie mentale, qui ne méritent pas d'être maltraités pour autant, même si leur comportement est socialement inacceptable.

Et puis, ce matin, au retour du gym. J'entends hurler sur la rue. Un homme, qui pousse une poussette, qui crie à tue-tête des bêtises à sa conjointe. Des horreurs! Elle, toute jeune, ne dit mot, et le suit. Je peux faire quoi moi là? Je surveille du balcon au cas où il la frappe, le téléphone à la main pour appeler les flics. Mausus! Ils tournent le coin et j'entends encore l'homme hurler après la pauvre silencieuse. Quelle vie pour le bébé. Je pouvais faire quoi concrètement?

lundi 9 août 2010

Bouffée de bonheur

Un billet pour écrire que je me sens bien. Sans raison précise. Juste heureuse. Une avalanche de bonheur. Je suis en santé, j'ai de beaux enfants, je peux tout faire. Changer ma vie de bord en bord si je le décide. C'est exaltant de réaliser ça.

samedi 7 août 2010

Yoga ou musculation

Je trouve que la musculation me coûte cher avec un entraîneur privé, pour des résultats pas vraiment évidents. Bon, j'ai perdu mon pneu, mais avec neuf livres en moins, bien possible que je l'aurais perdu de toutes façons. Je travaille fort mais peut-être pas assez fort? J'ai déjà dépensé 945 dollars en honoraires à l'entraîneur, ça fait dix semaines que je m'entraine à raison de deux heures de musculation par semaine en privé, me semble que ça devrait paraître un peu! Je ne peux m'empêcher de penser à toutes les choses agréables que j'aurais pu planifier avec autant d'argent. Bref! Je deviens ambivalente, moins motivée. Je songe à y aller seulement une fois par semaine et à faire davantage de yoga.

Car, je l'ai trouvé le super fantastique professeur de yoga que je cherchais et il ne me coûte rien du tout en plus car il fait partie des services réguliers du gym. Du ashtanga yoga avec massage individuel de la nuque avec de l'huile essentielle pour chacun des participants lors du savasana. Du charisme, de la rigueur, de la musique pas yoguique du tout et pas mal flyée, de la fluidité, de la spiritualité, de la sueur. Un sentiment de bien-être complet quand je sors de son heure et demie de cours. Je laisserais bien mon entraînement de musculation du jeudi pour prendre son cours à lui le jeudi soir. Quarante-cinq dollars dans ma poche et des effets encore plus bénéfiques! Il donne des cours les jeudi soir, samedi et dimanche midi. J'y vais le samedi depuis deux semaines et j'en ressors enchantée et tonifiée. Autre bénéfice: pas trop envie de manger, tandis que je sors totalement affamée des cours de musculation.

Va falloir que j'en parle à mon entraîneur si je ne veux plus y aller qu'une fois par semaine. Il sera amèrement déçu, je le sais. Misère! Je vais attendre un peu je pense. De toutes façons, dans moins d'un mois, je serai en Chine. Gardons le statu quo d'ici là. Pas de précipitation. Du calme.

jeudi 5 août 2010

Ici et maintenant

Bon alors, on a compris: vivre le présent, profiter de ce qu'on a et de qui on est ici maintenant, désirer ce qui est déjà là. Trés bien! Et... après?

Ici et maintenant, je sais que je serai en Chine au pays des Ouïgours, dans un mois exactement avec ma fille. C'était la réunion de remise des documents hier soir. On a nos billets d'avion, yé!

Je vais toujours au gym, fidèle au poste, que ça me tente ou pas. Rien de spectaculaire comme changements, mais du durcissement subtil, des pantalons plus grands à la taille, des bras solides et forts. Évidemment, la musculation ne fait pas maigrir et je ne me prive pas trop ces temps-ci, tannée écoeurée du poisson et des salades. Va falloir réviser tout ça. Et je sors avec des amis et je bois du vin. Ici et maintenant!

J'ai une belle vie. Sans chum, ce que je déplore. C'est ma réalité et le mieux c'est d'en être heureuse, satisfaite, enchantée. Le mieux, c'est aussi de chercher à atteindre ce qui nous manque. Je choisis de mettre le projet chum sur la glace et de vivre ici et maintenant et puis ensuite, en Chine, hourra! Je vais compenser comment dans le ici et maintenant? Bon, ce n'est pas parce que je n'ai pas de sexualité avec un autre que je n'en ai pas avec moi-même. Prendre soin de moi, donc. Et puis, les amitiés m'apportent l'écoute et le partage. Les fréquenter. L'exercice intense produit des endorphines en plus des autres bienfaits immenses pour la santé. Poursuivre.

Au retour de Chine, entreprendre de vraies recherches de partenaire, avec photos et tout le tralala. On le fait ou on ne le fait pas et c'est comme ça que ça fonctionne. Les hommes ont besoin de voir la marchandise. Alors, je fais le tout pour le tout. Si ça ne marche pas, je me dirige vers les hommes mariés. Je pourrais le faire tout de suite et j'aurais un vaste choix de partenaires. Mais j'attends d'avoir vraiment exploré à fond le marché de l'homme libre avant de déclarer forfait. Moralement, c'est l'homme marié qui trompe sa femme, moi, je ne trompe personne. Et je pense qu'avec la pénurie actuelle d'hommes mûrs, il va falloir les partager, voilà. Mais les hommes mariés, ce n'est pas dans le ici et maintenant, à mon retour de Chine seulement et en dernier recours.

mardi 3 août 2010

Promenade

Sexagénaire partait le lundi soir. Il avait couché deux nuits chez L et ensuite chez un autre ami. Il espérait peut-être que je l'héberge, je ne le lui ai pas proposé. On est allés manger ensemble avec ma fille et L. Du mexicain. Je fais encore et toujours attention à ma ligne. Je ne maigris plus. Fixe mon poids. Une autre petite semaine de régimes au protéines en vue? Bon, je mangeais mes crevettes, on était sur une terrasse, j'y tenais à la terrasse, l'été est si beau, je ne veux rien en manquer. On est venus prendre le thé chez moi et puis L est partie, on a attendu l'autobus avec elle. Sexa a proposé une promenade. Il était 22 heures. On a marché longtemps. Il y avait un bar avec de la musique live, archi forte la musique. Je n'ai pas voulu rester, assourdissante la musique. "I can still stand that", a dit Sexa avec le même sourire et la même démarche féline que dans ses jeunes années, les mêmes yeux si noirs et les mêmes cheveux longs, complètement blancs maintenant.

On est allés au parc Lafontaine, devant la fontaine justement. "How are you, Libre? What happened with this guy you were in love with?" Je lui ai raconté, il a compris. Je lui ai dit alors ce que je pense depuis quelques temps, avec un arrrière-fond de peine et sans aucune réelle acceptation, je lui ai dit que je ne pensais plus aimer, que je ne pensais plus qu'il y aurait un homme dans ma vie, dans mon lit. D'habitude quand je dis ou que j'écris ça (je ne l'ai pas dit ou écrit beaucoup, mais j'ai commencé un peu), les interlocuteurs s'exclament que non, que je trouverai sans chercher, que je suis trop jeune pour penser comme ça. Il a dit "Maybe, but it is much worse to be alone in a couple than to be alone, alone. When you are alone in your couple, there is no hope, only despair, when your are alone by yourself, there is the possibility that somebody worthwhile will come along. Maybe it will never happen, but that hope keeps you alive and going." C'est comme ça que j'ai appris qu'il vivait un mariage malheureux, même si je m'en doutais déjà. "Couples go to great extent to show how happy they are, we do the same."

lundi 2 août 2010

Un souper

L nous avait invités, les quatre vieux copains, pour un petit souper concocté de ses mains. Intérieur harmonieux sur le Plateau, elle venait de se faire voler pour la deuxième fois en un an. Elle était même présente quand c'était arrivé! À jaser dans la cuisine, pendant que le voleur qui avait défoncé la moustiquaire, s'affairait dans son salon! On parlait criminalité, rage et barres de fer aux fenêtres qui seraient installées dès le lundi suivant. Quatre quinquagénaires, un sexagénaire et du vin et du pot à profusion aussi. Moi, je passais le joint sans le fumer. Même dans le vin, j'étais relativement raisonnable et je contrôlais mon ivresse, je fleurtais avec sans me jeter dedans. On discutait politique et immigration, santé aussi, l'un d'entre nous, le plus jeune, ayant subi un acv et s'en étant sorti assez bien, avec un pacemaker et un bizarre accent allemand qui lui allait plutôt bien. Il était une époque où j'aurais eu des pensées perverses envers les trois hommes présents, où j'en aurais choisi un et me serais arrangée pour que mes fantasmes se réalisent. Plus maintenant. J'en étais vaguement surprise. Les mâles étaient pourtant bien conservés et le sexagénaire, qui avait déjà été mon amant, me démontrait beaucoup d'attention. En fait, c'était pour me voir et pour voir L aussi évidemment, qu'il était venu de Toronto. Sa femme et ses enfants étaient en Europe. Entre les deux autres hommes et moi, c'était agréable mais le courant ne passait pas. L'un d'eux était l'ami platonique de L depuis trente ans, peut-être plus. Ils avaient déjà été un couple standard, s'étaient séparés et habitaient tout près l'un de l'autre depuis tout ce temps, en se voyant plusieurs fois par semaine. Si elle avait déjà eu certaines aventures, lui, non. Il était pourtant bel homme. Étrange. Ils partageaient une affection et une complicité qui était belle à voir, libre, dégagée, l'un finissant les phrases de l'autre. Fluide. Incroyable qu'ils ne baisent pas, pensais-je! Et si c'était justement parce qu'ils ne baisent pas, parce qu'aucun jeu, aucune entrave ne vient briser la communion et les rires et le joint qui va de l'un à l'autre et cette façon qu'elle avait de lui servir son assiette, comme si tout allait s'arrêter, comme s'ils étaient seuls, comme si c'était la chose la plus importante au monde, comme s'il allait la repousser son assiette pour la prendre dans ses bras, elle, en silence, avec un soupir, comme si elle était la personne la plus précieuse de sa vie. Elle était la personne la plus précieuse de sa vie. Et pourtant, ils ne baisaient pas, ils ne baisaient plus depuis trente ans. J'avais peine à y croire. Mes relations aux autres sont très sexuées. J'ai l'impression que c'est en train de changer. Je suis déstabilisée.