dimanche 22 août 2010

Jeunesse

Des jeunes filles autour de moi, une de quinze, deux de seize. Deux dorment sur les divans, la troisième doit être dans la chambre. J'ai couvert les deux du salon, qui dormaient tout habillées. À l'ordi, des bols avec un fond de lait, la boîte de céréales par terre, tiens, ils ne m'en ont pas laissé de lait pour mon café, le carton est sur le comptoir. Une envie de devenir furieuse et de réveiller ma fille pour qu'elle nettoie. Et puis non, faudrait me crinquer pour demeurer longtemps fâchée.

Des amies d'enfance de Seize ans. Hier, au Commensal, elles se rappellaient des souvenirs de maternelle et de première année. J'en apprends des choses quand je suis avec elles. Je ne dois pas être considérée comme un parent bien menaçant, car elles parlent avec peu de censure. Elles savent pourtant que tout ce que je considère dangereux pour elles sera rapporté à leurs parents. Comme la fois où l'autre seize ans avait parlé de suicide. Ma fille était bouleversée. C'est moi qui ai appelé le père de la petite. Je voudrais qu'on fasse la même chose pour ma fille.

Elles sont vierges toutes les trois. En parlent librement. S'en vantent même. Deux d'entre elles se sont déchirées pour un gars. Grave. Des injures verbales et sur internet. Des clans qui s'étaient formés. De les voir redevenues amies me sidère et me rassure aussi. Rien d'irrémédiable.

Elles voulaient aller au cinéma. Avant, j'aurais peut-être (très probablement) payé pour toutes les trois. Les amies sont de condition modeste. Mais j'ai une nouvelle politique. La même que pour mes autres enfants, même si Seize ans a des problèmes d'apprentissage, à partir de cet âge-là, on paie ses sorties et ses vêtements. Elle vient de travailler deux semaines pour le bureau de mon frère mais n'a pas encore reçu de salaire. Le ciné attendra.

J'ai appris d'autres choses qui m'ont fait de la peine sur le coup lors de ce repas végétarien. Ma fille a été persécutée par le chum d'une fille de sa classe. La fille de sa classe en question est venue chez nous plusieurs fois et elles se prêtent des vêtements et je pensais que tout était correct. Lors de sa dernière visite, elle a utilisé ma fille pour la couvrir et faire croire qu'elle couchait chez nous alors qu'elle couchait chez son chum. Elle n'a que quatorze ans. Le chum en question a demandé à Seize ans de lui prêter un Bixi ( ma fille a une clé) et il l'a plantée là sous la pluie pour aller se promener avec l'amie sur la barre de la bicyclette. Ma fille courait en arrière. C'était la nuit. Ils étaient dans l'est de Montréal dans le coin des feux d'artifice qu'ils devaient aller voir. Finalement, ils ont remis le Bixi en place et reconduit ma fille au métro (fiou!). J'étais sortie et je les croyais toutes les deux à la maison. Je n'ai rien su de cette histoire parce que quand je suis rentrée, ma fille, qui venait d'arriver, était sous la douche. Elle m'avait dit que son amie était rentrée chez elle.

On a alors discuté toutes les quatre de la faculté de dire "non", de s'opposer, de quitter en cas de doutes. Jamais ma fille n'aurait dû sortir un Bixi pour ce garçon. Dire non, dire non. En tout cas, on lui a matraqué ça dans la tête. Elle est trop gentille. Cette fois, elle était attirée par les feux d'artifices et en fait, ils n'y sont jamais allés. C'est bien qu'elle ait parlé de cette histoire, on a pu la supporter, la conseiller, et puis elle s'est vidé le coeur. Bon point. Si je n'avais pas emmené les trois filles au restaurant, je n'aurais rien su de l'histoire.

J'avais su tout de même pour le fait que la jeune avait couché chez son chum au lieu de chez nous, car sa mère a téléphoné pour lui parler le lendemain. Ma fille avait alors dit qu'elle était déjà partie. Comme j'avais entendu la conversation, j'avais convaincu ma fille de dire la vérité à la mère, ce qui avait été fait.

8 commentaires:

Chantalou a dit...

Pas toujours facile les histoires d'adolescence. Mais le plus important c'est la franchise et je crois que ta fille a bien compris cette consigne finalement. Ce n'est pas évident de gérer cette étape de la vie, je crois qu'il faut être une "main de fer dans un gant de velours". Moi aussi mes filles payent leurs sorties,je crois fermement qu'en les payant, elles apprennent la valeur de l'argent et des choses. Tu es une excellente maman une femme libre, tu chemines à côté de tes enfants en les guidant et non en prenant toutes les décisions pour eux. Il faut également leur faire confiance jusqu'à preuve du contraire. Merci pour tes beaux posts, ils nous font réfléchir. Chantalou xx

Une femme libre a dit...

Finalement, les choses se corsent, Chantalou. La plus jeune des filles, celle qui va avoir quinze ans dans trois semaines, veut quitter la maison, s'en aller en famille d'accueil. Sa mère m'avait dit qu'elle allait mal et d'essayer de lui parler. Elle ne va pas si mal que ça mais dit que sa mère la fait c...., qu'elle ne peut endurer sa famille au complet, qu'elle veut aller vivre ailleurs. Complètement fermée. Pas facile du tout. Je l'écoute sans porter de jugement mais mausus que ma sympathie va à sa pauvre mère.

Conscientiser les jeunes au niveau de l'argent, c'est un service à leur rendre. Leur apprendre à cuisiner aussi et à conduire. Leur donner le max pour qu'elles se débrouillent dans la vie. Ma Seize ans est plus choyée que mes autres enfants parce qu'elle est arrivée alors que j'étais plus vieille et elle m'accompagne donc dans mes voyages, mais ce n'est pas elle qui a demandé et ça m'arrange qu'elle soit là,pas si simple de trouver quelqu'un pour s'occuper d'une ado!

herbert a dit...

Bonjour, Femme libre.

J'ai bien fait d'attendre.
Savoir écouter,comprendre,conseiller, aimer et se dire que le hasard, finalement, aide à comprendre, écouter,etc...
Ah! si tout le monde était comme toi...
Bonne journée.
Je t'embrasse.

Joan Durand a dit...

Moi aussi tes posts me font réfléchir. Aujourd'hui, je note "dire non". Il faut que j'y arrive. Merci là.

Une femme libre a dit...

@ Herbert
Heureusement que tout le monde n'est pas comme moi! (rires)

Une femme libre a dit...

@Joan,

Non, non,non! héhé!

Mais où est rendu votre blogue? J'aimais vous lire. Faites-en un autre, please. Et cette fois, dites oui, oui, oui. Thérapeutique, l'écriture.

Joan Durand a dit...

Mais... mon blogue est toujours là! maboiteaplumes.com. Faites-moi signe si ça ne fonctionne pas. Ça m'inquiète... ou écrivez-moi à joan_durand@hotmail.com.

Une femme libre a dit...

Je vous ai retrouvée à partir du nom du blogue, merci!