lundi 31 décembre 2007

Des jours paisibles

Rencontre à la patinoire du Vieux-Port hier. Ados et parents d'ados. Ce fût incroyablement pénible de faire bouger cette jeunesse affalée devant la télé, mais une fois les patins aux pieds, que de sourires et de folie. J'adore les jeunes, leur gaucherie, les pantalons trop grands des gars, les maquillages explorateurs des filles, leur désir de se sauver des adultes, la solidarité qu'ils ont entre eux et elles, envers et contre tous, les secrets qu'ils ne veulent tellement pas que nous entendions.

Ma fille souffrant de problèmes d'apprentissage, je suis devenue amie avec des parents d'enfants avec les mêmes difficultés. On était donc là, hier, un couple de parents et deux monos, avec nos filles adorées, celles qui nous ont demandé tellement plus que les autres, celles pour lesquelles nous avons dans certains cas lâché prise. Je fais partie des parents qui ont admis que leur poulette ne fera jamais de secondaire, même si je l'écris avec encore un pincement au coeur, tout léger pincement, comme s'il y avait encore une lueur d'espoir, comme si je croyais au miracle. Et puis, oui, j'y crois encore au miracle, mais je l'écris tout bas, bien bas, dans un soupir d'écriture.

De la voir si jolie et souriante hier m'a rempli le coeur d'allégresse. Portée par ses compagnes, bras dessus, bras dessous, les voir s'envoler sur la patinoire avec tant de légèreté et de grâce me donnait tant d'espoir d'une belle vie pour ces filles intelligentes qui ont toujours eu à travailler plus fort que les autres, tellement plus fort, tellement plus longtemps, pour si peu de résultats. Ces enfants que nous avons tant poussées, rudoyées parfois, exaspérés. Quel parent d'enfants en trouble grave d'apprentissage peut dire qu'il n'a jamais perdu patience? Et la culpabilité alors.... immense! Parce qu'il ne fait pas exprès cet enfant. Et non seulement il a ces graves difficultés mais en plus, je lui crie après....

Et pourtant, si poulette me demandait de l'aider encore, je le ferais donc avec enthousiasme. Mais elle ne demandera pas.

En attendant, je lui lis des romans, des essais, des livres d'aventures le soir dans mon lit. On se colle encore et je l'enveloppe de tout mon amour.

vendredi 28 décembre 2007

La décadence

Je ne fais ni yoga ni exercice. Je mange des gâteaux et du chocolat. Je bois du vin. Je baise avec des jeunes hommes (un, mais ça fait plus décadent mis au pluriel!). Je lis toute la nuit. Treize ans est chez des amis depuis trois jours. Dix-sept ans s'occupe d'elle-même. C'est ça les vacances?

Merveilleux, mais je sens que ça tire à sa fin et il faut que ça tire à sa fin. Mon corps le réclame.

jeudi 27 décembre 2007

La réalité

Jeune homme était bien réel et il a vraiment quarante ans, bien qu'il paraisse encore plus jeune. Je lui avais téléphoné l'après-midi à son vrai domicile et son vrai fils avait répondu. Je connaissais son vrai nom de famille, son lieu de travail, son adresse domiciliaire, l'âge de sa mère et plusieurs de ses préférences sexuelles (à Jeune homme pas à sa mère). À la rencontre, dans un café, il m'a inspiré tout à fait confiance. Un jeune homme équilibré, solide, avec des valeurs et un fantasme: celui de faire l'amour à une femme plus âgée.

Un fantasme qui a été réalisé ce soir même à sa grande joie, amplement partagée! Une soirée facile, coulante, comblante, comme je les aime.

Ah! Si la vie était toujours aussi facile!

mardi 25 décembre 2007

Noël est fini ici

... avec le départ de mon fils à l'instant. Hier, on a eu ma mère, Fils, Fille aînée, Dix-sept ans, Chum patient de Dix-sept ans, Treize ans, Locataire amie et Voisin pour le souper. Fille aînée a fait la baboune pendant tout le repas, son chum n'arrivait pas. Il s'est pointé beaucoup plus tard avec ses deux enfants, deux petites tornades dans la maison. Mais on a une tolérance rare dans ma famille envers les enfants, les jeunes ont toujours été bienvenus, même les difficiles, même les carencés. On leur ouvre grand les bras.

Chum de Fille Aînée a mangé rapidement, ses enfants, eux, étaient trop occupés à courir partout pour s'arrêter et puis le père pensait qu'ils avaient probablement mangé, il venait d'aller les chercher chez leur mère et comme ils ne se parlent pas, il n'avait pas demandé! Les petits semblaient émerveillés par l'arbre de Noël et surtout tous les cadeaux en dessous. J'ai parlé du Père Noël et à ma stupéfaction, ils ne semblaient pas trop savoir de qui je parlais et l'histoire de la cheminée, à cause des questions et des grands yeux écarquillés, je pense qu'ils ne l'avaient jamais entendue. Le père devait avoir apporté des cadeaux pour eux, selon Fille aînée. Je leur en avais aussi fait chacun un, pas plus, ne voulant pas me substituer aux parents. Fille aïnée m'a demandé du papier d'emballage, je l'ai emmenée dans la cave pour emballer discrètement les cadeaux des enfants. Elle m'a dit qu'il leur avait acheté des souliers. Des souliers comme cadeaux de Noël. Ça m'a fait tout drôle. Et puis, je me suis dit que j'étais pleine de préjugés. Des souliers, pourquoi pas? Je suis pourtant pour la simplicité volontaire, pour éviter le gaspillage, pour ne pas trop gâter matériellement, pour privilégier les valeurs humaines, la chaleur de la famille, le plaisir d'être ensemble.

Je suis pour tout ça donc. Alors pourquoi avais-je ce pincement au coeur en imaginant ces petits de trois et cinq ans qui ne semblaient pas trop savoir qui était le Père Noël en train d'ouvrir la boîte cadeau qui contenait .... des souliers! Le Père Noël était passé chez nous, dans un chariot magique tiré par des rennes et leur avait laissé ... des souliers. Je regrettais de leur avoir mis cette idée de Père Noël dans la tête. De quoi je me mêle?

J'ai alors cherché et trouvé deux beaux toutous comme neufs dans la cave et les ai enveloppés au nom de chacun d'eux de la part du Père Noël. Il y avait plein d'autres jouets que j'aurais pu leur donner mais il ne fallait pas prendre la place des parents. Une boîte de chocolats pour chacun plus les livres éducatifs déjà sous l'arbre et je me suis arrêtée là.

Mon fils a fait le Père Noël. Tout le monde sur ses genoux! On a bien ri. Voisin prenait des photos. Mes cadeaux n'ont pas fait sensation finalement auprès des enfants du chum de Fille aînée. Les souliers non plus d'ailleurs. Trop dispersés, ces enfants-là. Ça m'a fait de la peine. Ma fille fuckée dans une relation fuckée avec un chum aux enfants fuckés. Ça m'a fait de la peine.

Quand ils sont partis, la fête a repris. Voisin aussi a quitté, fatigué Voisin. On a chanté, joué, fait les fous. Maman participait à tout. Belle atmosphère. Fils est resté à dormir, Dix-sept ans et son chum aussi, Treize ans évidemment. Dix-sept ans et son chum sont allés dormir. Fils, Treize ans et moi, on a parlé longuement dans son lit, on a même lu plusieurs chapitres des Cerfs-volants de Kaboul. Beau moment. J'étais heureuse d'avoir mon grand fils de 27 ans chez moi, Treize ans, qui n'a pas de père, encore plus ravie et amoureuse de son grand frère qui est si gentil avec elle.

Aujourd'hui, on a brunché en famille et on a pris une grande marche dans le parc. Et puis, Fils est allé au ciné avec Treize ans. Ils ont même vu deux films pour le prix d'un. Ils sont ensuite revenus souper avec moi. J'avais fait des mets indiens à partir d'un livre de cuisine que j'avais donné à Fils. Délicieux résultat. Finalement, il n'a pas apporté son cadeau. "Je ne cuisine pas, maman, et ce ne sont pas les livres, aussi merveilleux qu'ils soient, qui vont changer ça." Je n'étais pas si honnête avec ma mère à son âge et j'ai souvent rapporté à la maison des cadeaux dont je ne me servais pas pour ne pas lui faire de la peine. La vérité, c'est tellement mieux! Son cadeau est donc devenu mon cadeau.

dimanche 23 décembre 2007

La lecture

Ce matin, j'ai plein de choses à faire. C'est pourtant ce moment que j'ai choisi pour lire à haute voix "Les cerfs-volants de Kaboul" à Fille Aînée, qui se faisait des rallonges et avait donc les mains occupées et à Treize ans, qui la regardait, subjuguée d'amour pour sa soeur préférée. On embarque d'aplomp dans l'histoire. Bien écrit, fascinant, exotique. Chapitre trois terminé. Quelle cruauté Amir allait-il donc exercer sur Hassan pour se venger de l'amour que son père portait à celui-ci?

Et voilà que j'arrête tout. On proteste. J'ai des choses à faire, moi. Et l'incroyable se produit. Ma Treize ans prend le livre où je l'ai laissé et elle commence à le lire à sa soeur, avec ses hésitations et ses balbutiements de grande dyslexique. Mais elle essaie et persévère. Je suis ravie, c'est au-delà de mes attentes. Je m'éclipse.

Peu de temps après, trop peu de temps après, la revoilà dans la cuisine. Sa soeur me demandant de revenir lire, Treize ans lit trop lentement, elle ne peut pas entrer dans l'histoire. J'éclate. La cruauté, pas besoin du livre pour la trouver. Elle est là, dans ma demeure, dans l'égoïsme de Fille Aînée qui n'a rien compris. Rien de rien. Je suis déçue, peinée, fâchée aussi. S'ensuivra une grande discussion où Fille Aînée me reproche ma surprotection de la plus jeune de la famille. Elle n'a probablement pas tout à fait tort là-dessus.

La journée part mal. Faut pas la laisser aller comme ça. Heureusement, j'ai du yoga Iyengar, mon préféré maintenant, à dix-sept heures. Je vais préparer les crudités et les salades pour la réception de demain. Bouger, s'activer.

Quant à Jeune Homme, je n'ai eu qu'à lui proposer un vrai rendez-vous pour qu'il disparaisse tout à fait de ma vie. C'était peut-être un vieux monsieur de soixante-dix ans finalement! Mais quel que soit son âge, il savait écrire! Ses messages pleins de style et de sensibilité me manqueront.

samedi 22 décembre 2007

Le mari

C'est dans le temps de Noël que j'aimerais en avoir un. Pour aller se coucher ensemble devant l'arbre de Noël allumé. Se faire un chocolat chaud. Bon, je sais, je n'ai pas besoin de mari pour me faire un chocolat chaud. Mais un mari, ça a un côté douillet, familier, rassurant. Et j'aimerais en avoir un pour quelques jours. Un vrai mari, là, du style qu'on appelle chéri et qui nous répond "oui, chérie?". Un mari qui met des pantoufles et un pyjama. Je le verrais même avec une pipe si je n'étais pas tellement anti-tabac. Un mari qui lit le journal, sort le chien (bon, j'ai pas de chien, mais si j'avais un mari j'aurais aussi un chien), sort les poubelles. J'en ai jamais eu un et pourtant j'en ai la nostalgie ce soir. Je vais en demander un au Père Noël.

Fille aînée

Fille aînée est là. Son chum m'a appelée du stationnement d'un centre d'achats. Elle venait de le gifler devant plein de monde, me dit-il. Il en a assez. Ne veut pas devenir un homme battu. Et il commence à m'expliquer les circonstances. Je le coupe. J'en ai assez de leurs histoires. "Emmène-la ici." Il me l'a livrée sans sortir de la voiture. Elle était toute belle comme d'habitude. Pas l'air perturbée pour deux cennes. Je lui ai fait changer ses fuck me boots pour des bottarlows d'hiver, je lui ai mis des mitaines et je l'ai envoyée pelleter la cour avec Treize ans pour lui refroidir les esprits.

vendredi 21 décembre 2007

La mère

La mienne. Elle a décidé de venir chez moi la veille de Noël, comme ça, à la dernière minute. Je l'avais bien invitée mais en toute sécurité, je savais qu'elle allait ailleurs et voilà qu'elle m'appelle et me dit qu'elle choisit de venir chez moi. J'étais bien relaxe à propos de cette petite réception improvisée de mes enfants. Mais là, maman s'en vient et je stresse! Une thérapie, docteur?

Heureusement qu'il y a Jeune Homme qui me laisse des messages dix fois par jour et qui se meurt d'envie de me rencontrer. Rien de mieux qu'une rencontre en effet pour refroidir un peu ses fantasmes.

jeudi 20 décembre 2007

Le menu

Encre me demande mon menu de Noël, ce qui me fait réaliser que je n'en ai pas fait et probablement que je n'en ferai pas non plus. Ce qui m'amène à ma relation avec la nourriture. Malsaine. Pas tout le temps malsaine, mais souvent oui. Et pendant une grande partie de ma vie. Je ne suis en cela que semblable à plein de femmes, rares sont celles dans notre société qui n'ont aucun problème alimentaire. Cette plaie s'est d'ailleurs répandue dans la société en général, hommes, enfants, vieillards, le problème s'est propagé, il a dégouliné comme une traînée de gras sur tous et toutes, sans discrimination, en fait, avec un peu de discrimination, les pauvres étant plus gros que les riches.

Ceci dit, je ne suis pas obèse. Je suis dans mon poids santé, tout en haut de mon poids santé, trois livres au-dessus de mon poids santé aujourd'hui en fait. Mais je vais y retourner sous peu. Je surveille ça de près, de très près.

J'aimerais faire partie des minces naturelles, celles qui n'ont pas besoin d'y penser. Ce n'est pas le cas. Je suis gourmande. J'ai cependant appris avec le temps, l'expérience et le désir d'être relativement mince et beaucoup en santé à conjuguer ma gourmandise avec des limites raisonnables. Ce qui veut dire que la journée où je mange avec délectation toute ma boîte de dattes fraîches, petit plaisir que je partage avec Ce bref réveil, je ne mangerai rien d'autre de la journée. Il serait évidemment encore mieux de ne manger que trois ou quatre dattes par jour, dans le cadre de trois repas équilibrés. Ce serait sain, raisonnable et réjouissant. C'est ce qu'une personne sans compulsion alimentaire ferait naturellement. Je ne suis pas cette personne. Alors j'y vais avec ce qui marche avec moi.


Désireuse d'éviter tout problème alimentaire à mes chers enfants, j'ai assez bien réussi là-dessus. Bravo à moi!

J'ai toujours mis les plats au milieu de la table et les enfants se servaient eux-mêmes. Aucune pression pour manger quoi que ce soit, aucune surveillance sur l'assiette qu'ils se bâtissaient. Ce que tu manges, ça te regarde toi. Et si tu ne manges pas, ça te regarde aussi. Je suis persuadée que les parents dont les jeunes enfants ont des troubles alimentaires les créent eux-mêmes ces troubles, en se mêlant de ce qui ne les regarde pas. Rare qu'on se plaigne dans les grosses familles que les enfants ne mangent pas. Ce serait le cas et on ne le remarquerait d'ailleurs pas! Je parle de jeunes enfants ici car je sais bien que l'anorexie mentale chez une adolescente est une tout autre dynamique, une maladie mentale dévastatrice pour toute la famille.

Alors, je ferai ça à Noël aussi, Encre, les plats au milieu de la table et tout le monde se sert à son goût. Il y aura quoi? Des pains variés, des pâtés, tartinades, humus, confitures d'oignons, tout ce que j'aurai le temps de préparer quoi! Et si je n'ai pas le temps, j'achèterai. Alors, on disait donc, du pain, du vin, du fromage, des pâtes, des sauces, un ragoût végétarien aux légumineuses à la mijoteuse, des salades, plein de sortes de salades, des vinaigrettes protéinées, j'en fais une au tahini et à l'ail qui est fabuleuse, des oeufs farcis, des crevettes, du riz, des légumes.

mercredi 19 décembre 2007

Le goût des jeunes hommes

Il y a ce jeune homme de tout juste quarante ans avec lequel je corresponds tous les jours ces temps-ci. Avec beaucoup de plaisir. On ne se rencontrera probablement jamais mais la caresse des mots est un moment fort agréable en soi. Et il maîtrise admirablement bien cet art. Inspirée, car il m'inspire, moi aussi.

dimanche 16 décembre 2007

L'annulation

C'est ma fin de semaine de cours de professeure de yoga. Annulée la journée d'aujourd'hui. À cause de la tempête. Remise en janvier. Je suis ambivalente. Un peu déçue finalement. Tout en étant contente de profiter de cette belle neige avec Treize ans. Je m'étais dit que je ferais du yoga intensivement par moi-même dès mon réveil. Et puis, je suis là, en pyjama devant l'ordi et il est presque midi. Treize ans regarde les bonhommes à la télé. Moi aussi un peu. On aime les émissions de Noêl. Dix-sept ans a couché chez son chum. On a mangé des crêpes. Petite vie. Réseaucontact est un bide total. Je ne renouvellerai pas quand mon temps privilège sera terminé dans une vingtaine de jours. Tous mes enfants et les conjoints des enfants et les enfants des conjoints viendront la veille de Noël. Ce sera le fun de rencontrer les enfants du conjoint de ma grande fille que je ne connais pas. Quatre et cinq ans. Bien qu'il ne faut pas se faire de fausse joie. Fille aînée a l'art de changer d'idée à la dernière minute. L'année passée, je recevais pour le dîner et ils sont arrivés à 22 heures! Tout le monde était parti.

Treize ans a monté l'arbre de Noël hier. Je suis un peu nostalgique aujourd'hui. Va falloir se requinquer, Femme Libre, prendre son millepertuis, bouger. Tiens! Je vais aller pelleter. Et peut-être prendre des nouvelles de Voisin. Sortir avec Treize ans. Les musées. Mais faudra l'y traîner de force. Je suis capable! Et une fois rendue, même si son choix à elle ce serait les magasins, elle est contente.

La nouvelle année arrive et avec elle, les résolutions. Les miennes sont grosses et je n'en parlerai pas tant que je n'aurai pas vraiment pris des moyens concrets pour passer à l'action. Il ne faut pas rêver sa vie. Bouge!

vendredi 14 décembre 2007

Les postures régénératrices

En yoga, c'est du bonbon! Imaginez, vous vous placez sur des traversins, des coussins, des couvertures, dans des poses relaxantes mais vivifiantes aussi et le but, c'est de laisser le corps faire son travail de régénération sans aucun effort. Surtout pas d'effort, insiste la professeure. Laissez-vous aller. Vous devez être parfaitement confortable. Maternante la prof dans ce genre de cours. Ajuste un coussin ici, replace délicatement une nuque, couvre les corps abandonnés d'une autre couverture chaude. Le paradis. Et on change tout doucement, sans hâte. Une autre position qui travaille les intestins cette fois, en torsion. Ensuite, on ne bouge plus et on laisse aller. On prendra cinq ou six poses comme ça, pendant les deux heures du cours, des positions que l'on garde donc longtemps. On en sort régénérées, et physiquement et mentalement, c'est pour ça que ça s'appelle postures régénératrices, mes amis! Même ceux qui n'aiment pas le yoga apprécieraient. Vous avez constaté que j'ai mis régénérées au féminin. Eh oui! Aucun homme dans ce cours délicieux qui leur ferait tellement de bien à eux aussi. Et ça nous ferait du bien à nous aussi d'avoir des hommes avec nous. Le ying et le yang, vous connaissez?

jeudi 13 décembre 2007

Continuer

Il y a quelques jours à peine, je me sentais extatique et pleine d'énergie. Un événement avec une de mes filles a brisé cet élan. Je tente depuis de le retrouver. Ça ne marche pas. Il faut donc envisager les choses d'une autre manière. Accepter que je sois perturbée au lieu de combattre. Aller au yoga ce soir, malgré que je n'en ai aucune envie. Préparer Noël. M'occuper de Treize ans. De Dix-sept ans aussi, même si elle n'est pas souvent là. Continuer.

La distance

On a le droit d'être heureuse même quand nos enfants ne le sont pas. J'ai eu à faire une thérapie pour apprendre ça. En fait, la thérapie ne devait pas être pour moi. J'allais voir une psychologue spécialisée en troubles de l'attachement pour parler des difficultés importantes de ma grande fille. Elle m'a appris que l'amour ne règle pas tout et que non, nous ne sommes pas responsables de tout ce qui arrive à nos enfants. L'enfant a une responsabilité dans son comportement et dans les choix qu'il fait. Évidemment, le fait d'avoir été adoptée à quatre ans et demi et d'avoir vécu ses premières années dans la misère, l'abus et la violence explique en partie que l'enfant fasse des choix malheureux et qui lui nuisent.

Mais ça n'explique pas tout. Des enfants aimés depuis leur naissance se retrouvent en centre d'accueil à l'adolescence. Ce n'est pas la majorité mais j'en ai rencontré, des parents très présents, affectueux, impliqués et qui se retrouvaient dévastés en cour devant un jeune qui avait volé, violenté, fait du trafic de drogue. Personne n'est à l'abri de ça. Même vous qui tenez votre petit chéri sur vos genoux en me lisant.

En quoi être soi-même dépressive et envahie par les troubles d'un enfant, surtout l'enfant devenu une personne adulte, va aider cet enfant? Au contraire, l'équilibre, la confiance en soi et la joie de vivre permettront peut-être de pouvoir l'aider dans son cheminement si il/elle décide de s'en sortir. On ne peut pas vouloir pour l'autre. Une autre chose que j'ai apprise douloureusement.

Dans les cas de violence conjugale, oui, il faut signaler l'abus. Et ça a déjà été fait. Ma fille a été arrêtée pour violence conjugale. Eh oui! ça arrive aussi que les femmes soient les agresseures. Elle s'en est bien tirée avec des travaux communautaires comme peine. Le fait que son conjoint ait retiré sa plainte et soit allé témoigner en sa faveur en cour a beaucoup aidé. Elle est retournée par la suite avec lui avec la permission de la cour mais est toujours en probation. La situation n'est cependant pas harmonieuse, c'est le moins que l'on puisse dire. Une problématique fort complexe.

Je prends donc mes distances émotives et je retombe sur mes pattes. Plus facile à écrire qu'à faire cependant mais je vais y arriver.

lundi 10 décembre 2007

L'inquiétude

Tu sais, mon adorable beauté, un couple, ça devrait être là pour s'aider, s'entraider, prendre soin l'un de l'autre. Pas pour parler constamment contre l'autre, le diminuer, lui trouver mille défauts, le rendre responsable de tout ce qui ne fonctionne pas. Non, non, je ne veux pas le savoir qui a commencé. Le ton que vous employez tous les deux est inacceptable. Tu ne dois pas te laisser maltraiter mais ne pas le maltraiter non plus. Il faut consulter, Beauté, j'ai apporté des références du clsc. Veux-tu que je te ramène à la maison? Pour quelques jours, pour faire le point? La violence, ça ne se règle pas tout seul. Il faut que vous appeliez pour avoir de l'aide. Un couple, ça devrait se donner de la tendresse. Vous vous dites des petits mots gentils des fois? Tu sais, il faudrait y songer sérieusement à vous séparer. Pas sain. Tu me promets d'appeler le clsc? Et tu as bien fait de m'appeler cette nuit, bien sûr. Ne reste pas seule avec de si gros problèmes. Mais pourquoi tu ne veux pas venir quelques jours chez nous? Pour te reposer. Allez, je vais t'aider à faire ta valise. Bon, d'accord, je respecte ça. Si tu me promets de m'appeler ce soir. Je n'irai pas au yoga. Je vais attendre ton appel.


Vient un moment quand nos enfants sont adultes. On a fait notre possible au meilleur de nos connaissances et avec tout notre coeur pour les élever. Et malgré nos efforts et notre amour, ça ne tourne pas toujours aussi bien qu'on l'aurait espéré. Il faut lâcher prise. Garder espoir. Faire confiance. Et on a parfois envie de prier même si on n'est pas croyante.

La poussière

Tout est sujet à philosopher pour les boudhistes. Je lis ce livre de 252 pages consacré à l'art du ménage conscient. La méditation par le ménage. Je ne nettoierai plus jamais la maison de la même façon. Fascinant.

"La poussière semble avoir disparu après une longue période de ménage. Mais ce n'est qu'une illusion. Elle a simplement changé de place. Une partie a été jetée à la poubelle ou s'est envolée lorsque vous avez secoué votre chiffon par la fenêtre, mais elle n'en reviendra que plus vite, collée à la semelle de vos souliers ou au moindre souffle d'air. Elle trouvera toujours le chemin qui la ramène inexorablement chez vous, provisoirement tapie avant que vous ne la retrouviez. Elle sait parfaitement qu'elle est indispensable. Cette aventure ne manque d'ailleurs pas d'une certaine beauté. Nous époussetons, et la poussière trouve le moyen de revenir. Nous époussetons encore. La poussière reprend ses droits. C'est un va-et-vient qui semble sans fin, une respiration, le mouvement récurrent des pensées et des sensations qui nous accompagnent tout au long de notre vie. La poussière, finalement, représente vraiment quelque chose dans notre univers. Aussi fragile et transitoire qu'elle paraisse, elle nous offre une leçon forte et durable sur la façon dont va le monde."

Gary Thorp, Le zen des petits riens (traduction de Sweeping changes) page 48

dimanche 9 décembre 2007

La charité

Une jolie petite fille d'une dizaine d'années vient de sonner à la porte. Dans ses mains, une boîte
en métal où il est inscrit "La guignolée". Je questionne "Quelle guignolée?", elle répète "La guignolée!".

-Oui, mais laquelle , qui t'envoie? Où sont les adultes?

Elle crie alors "Maman!" Une jeune femme blonde beaucoup moins jolie que la fillette apparaît. Elle porte aussi une boîte marquée "guignolée" et est suivie d'une plus petite fille encore avec une boîte identique en main. La femme demeure sur le trottoir. Je lui crie "C'est pour quelle guignolée?" Elle ne répond pas et dit "Viens-t-en Amélie. La madame veut pas donner."

-Mais je n'ai pas dit ça. Quelle guignolée? Celle de la paroisse?

-Oui, c'est ça. Celle de la paroisse.

-C'est bien. Qui vous envoie? Qui est le coordonnateur?

La femme panique. "Amélie, viens-t-en tout de suite!" et elle part sans attendre. Amélie se met à courir à ses trousses, en pleurnichant "Maman, attends-moi!"

vendredi 7 décembre 2007

L'énergie

C'est cette sensation de vivacité, de pétulance, de pétillement aussi qui va de la racine des cheveux aux bouts des orteils aux bouts des doigts. Ça passe résolument par le corps. "Sentez l'énergie jusqu'au bout de vos doigts", me dit la professeure de yoga Iyengar. Et je la sens et je la vis et je me réveille avec le matin. Et je regarde cette belle neige dans ma cour magnifique et je n'ai plus aucune envie de vendre mon château même s'il tombe en ruines.

Est-ce cela le bonheur? Je ne sais pas. Question trop vaste qui a fait l'objet de livres entiers. Mais je dirais que ça en fait définitivement partie.

mercredi 5 décembre 2007

La gratitude

Reconnaître que je suis chanceuse, le voir, l'apprécier, le savourer. Le soleil qui entre à flots chez nous. La chance que j'ai de pouvoir me payer des cours de yoga comme je veux, si je veux. La liberté de sortir quand je veux sans demander la permission à personne, de manger quand je veux ce que je veux et de ne pas manger si je veux. La joie d'avoir des enfants qui grandissent. La satisfaction de pouvoir laisser mon auto dans son banc de neige et de ne pas y toucher avant que les rues soient déblayées. La bonne idée que j'ai eue d'habiter à côté d'un métro. Le bonheur d'être en santé, vigoureuse, active, d'avoir un corps qui suit mes demandes, un cerveau alerte, des sens aiguisés, une libido généreuse, un grand coeur, des amis, des amies, une famille aimante et présente mais pas trop, une bibliothèque bien garnie et l'argent pour la garnir encore si je veux. Pouvoir déménager si ça me chante, rester là si je le décide. Et puis ce gentilhomme rencontré vendredi dernier qui me couvre d'éloges et a envie que l'on se revoie. Wow! Une bouffée de satisfaction totale m'envahit cet après-midi!

mardi 4 décembre 2007

Citation

Après l'amour, dix pour cent des hommes se retournent sur leur côté droit, dix pour cent sur leur côté gauche, les autres se rhabillent et rentrent chez eux.

Francis Blanche

lundi 3 décembre 2007

Le plus important

Je ne vais tout de même pas leur parler de la neige, me suis-je dit. Et pourtant que peut-il y avoir de plus important? De plus grandiose, de plus réel, de plus incontrôlable. On ne peut empêcher la neige de neiger. Et on s'en remet à plus grand que soi, sereinement ou en maugréant. Je fais partie des sereines, même si on s'est rendues de peine et de misère au rendez-vous médical de Treize ans pour constater que le bureau était fermé. Pour cause de neige, était-il joliment écrit dans la porte. "Le bureau du docteur Intelligent sera fermé aujourd'hui pour cause de neige." J'ai trouvé qu'il avait du culot le docteur Intelligent de se rendre jusqu'à son bureau pour apposer une affiche sur la porte disant qu'il était fermé. J'ai pensé qu'il avait quitté sa femme ce matin-là comme d'habitude, qu'il avait appelé sa maîtresse comme il le faisait tous les matins de sa voiture. Elle est prof la maîtresse du docteur Intelligent. Quand elle lui a dit que les écoles étaient fermées, il a eu cette idée d'apposer cette affiche sur la porte de son bureau et de passer la journée avec elle. Je sais, j'ai une vaste imagination. Les journées de tempête de neige me rappellent cependant des baises bien réelles, à l'abri du monde, cachés. J'aime la neige.

samedi 1 décembre 2007

Le steak

Même en plein délire, je n'ai pas mangé de viande hier et sans aucun effort! Bon, j'avais un peu la nostalgie du maternage, j'ai eu une bonne maman, moi, qui prenait bien soin de nous et l'envie des repas maternels et de l'enfance me prend quelquefois. Ma grand-mère de 95 ans réclamait sa maman sur son lit de mort, je m'en rappelle.

On s'est fait venir de la pizza, Treize ans et moi. De la pizza avec une bouteille de Beaujolais nouveau, faut le faire! Végétarienne la pizza avec extra légumes. Parce que ce sont les meilleures pizzas! Ce n'est pas seulement pour la santé que je ne mange plus de viande, par goût aussi et surtout. Donc sans effort. Je suis contente en plus d'avoir une habitude qui favorise l'écologie de la planète. Et depuis quelque temps, je tiens mon bout. Je n'en achète tout simplement plus de la viande, même pour mes filles. C'est ma maison, elles habitent chez elles mais aussi chez moi, je tiens les rênes du budget, j'ai priorité. Je décide donc. Pas contente, Dix-sept ans? Achètes-en de la viande, Beauté, avec ton argent à toi.

On va voir des plans de condos, Treize ans et moi aujourd'hui. Le problème, c'est le nombre de chambres à coucher. Les condos à trois chambres sont extrêmement rares et il n'y en a tout simplement aucun dans le futur immeuble qui m'intéresse. Dix-sept ans proteste. Elle ne va tout de même pas partager sa chambre avec Treize ans! J'ai eu envie de reculer, d'attendre. Et puis non. Les parents décident, les enfants suivent. That's it, that's all! On s'arrangera pour le mieux. D'ailleurs, dès que je prends de l'assurance et que j'ai l'air de celle qui tient le gouvernail au lieu de celle qui tangue avec les vagues, tout le monde se place. Maman sait ce qu'elle fait!

J'ai rencontré un homme de réseaucontact hier matin pour déjeuner. J'aime faire les rencontres le matin. Une connivence immédiate, plusieurs points communs mais ça ne marchera pas. Parce que la vérité, c'est que l'attirance physique est le moteur premier des rencontres homme-femme. C'est à partir de là que l'on a envie ou pas de construire autre chose. Il s'est plaint de la difficulté croissante de rencontrer quand on a plus de cinquante ans, des barrières que l'on se met, du fait d'être ancré dans ses habitudes, bien dans son célibat et donc de vouloir retirer des bénéfices immédiats d'une relation avec l'autre. Je ne pouvais qu'opiner. Il est psychologue. Refroidissant un peu. C'est bête, non? Il m'a dit que sa profession lui nuisait beaucoup dans ses relations amoureuses. En effet.

vendredi 30 novembre 2007

Tannée

Tannée du yoga. Un goût, une impulsion pour tout sacrer là. Faire de la musculation et du cardio dans un gym, tiens, avec un beau jeune entraîneur dynamique que je paierai et qui sera donc à moi. Une espèce de prostitution légale. Et je voudrai le maximun de résultats avec le moins d'efforts, tiens! Allez mon jeune, je paie, j'achète, fais-moi un programme sur mesure. Je ne veux pas comprendre, je ne veux rien entendre, occupe-toi de moi. Un peu de massage avec ça, à l'huile, le massage. Et puis, du gâteau. Je mangerais bien du gâteau. Tellement tannée de faire attention. Un verre de vin, pas plus, bon, deux pas plus. Je viderais la bouteille!! Et avec du jambon à la bière, mes amis. Tannée du végétarisme aussi. Ou bien je me gaverais du rôti de palette de mon enfance avec des petites patates brunes. Et puis un joint avec le café. Un petit joint qui fait rire. Et sortir toute la nuit. Et baiser toute la journée au retour, en groupe. Et puis déménager au plus sacrant de cette maison tranquille, aller dans l'action, au coeur de l'action, dans le bruit, la poussière, la vie!

jeudi 29 novembre 2007

De l'une et de l'autre

De ma prof de Pilates qui est une vraie beauté et qui est devenue mon amie et avec laquelle je suis allée prendre un café la dernière fois au lieu de faire un cours comme j'étais la seule étudiante ce jour-là et vu qu'on a tant de choses à se dire et que sa présence chaleureuse sa voix et son odeur me procurent un plaisir indicible mêlé sensuellement aux vapeurs du café et aux comptoirs en bois massif de ce petit café restau charmant où elle m'avait amenée ses yeux si bleus cette fossette au menton et la pensée que si j'avais eu à aimer les filles maintenant ou avant ça aurait été celle-là et aucune autre.

De ma grande amie P qui n'était pas une si grande amie avant et qui l'est devenue parce que nous partageons nos vulnérabilités et notre rage et notre résistance à vieillir même combat et rires et parce que nous nous regardons dans la glace de la salle des dames quand nous sortons avec leur lumière crue et qu'elle me montre ses cheveux qui se raréfient et je la comprends et elle aime ma tête fournie et je lui montre les rides nouvelles là au coin des pommettes et elle me comprend et je la complimente sur sa peau encore lisse et elle me montre le creux de ses bras là où c'est moins ferme et on se conseille des exercices et puis on se dit qu'on est des cas désespérés et que quels que soient les exercices il faut se résigner un peu ça n'ira pas en s'améliorant et on rit et elle me dit qu'elle a du scotch chez elle et buvons donc un peu un tout petit peu pour oublier le temps qui passe et demain sera un autre jour et nous irons au yoga et dans un nouveau petit café ensuite et c'est moi qui invite mais non c'est moi dit-elle et nous nous chicanons et c'est un plaisir de la voir rire elle a un rire sensuel et je me dis que si j'étais un homme ce serait bon de baiser avec elle elle exulte la vie sa peau est ambrée et sucrée je suis certaine que sa peau est sucrée sans avoir besoin d'y goûter.

De la jeune professeure de yoga qui remplaçait hier et qui a vécu un an en Thaïlande et qui a une voix mystique qui nous a transportées dans l'au-delà avant même d'entendre cette voix sacrée seulement avec le recueillement de son corps la lenteur de ses gestes déjà le ton était donné la paix émanait de cette personne sage son égo tranquille laissait la place à la communion avec l'univers nous n'étions plus sur la rue Notre-Dame nous flottions entre ciel et terre le karma des prêtresses en offrande au nom de la souffrance planétaire une pratique enlevante calme une communion universelle.

De ma belle-soeur devant son écran géant qui comprend si bien les plans et me les explique la lumière entre malgré la grisaille bureau vitré confort café latte elle viendra visiter avec moi compétence action encouragement merci.

De ma fille la plus vieille des filles celle qui n'est plus là chez nous ma beauté fatale vive lumière souffrante qui se débat dans une vie difficile survivante petit appart caché pas de table pas grave fille qui se maquille et fait et défait ses superbes cheveux surnage va s'en tirer ma douce fille violente coupée de nous et d'elle-même ma belle enfant bienaimée tout l'espoir du monde t'accompagne.

mercredi 28 novembre 2007

Le discernement

Celui que l'on doit exercer en tant que parent quand on a une enfant qui a de sérieux troubles d'apprentissage, d'immenses troubles d'apprentissage, d'handicapants troubles d'apprentissages. Aller à l'essentiel. Favoriser l'estime de soi magré tout, malgré ça. Voir l'enfant, la personne avant les troubles. L'enfant n'est pas les troubles. L'enfant est une enfant qui deviendra une adulte plus vite qu'on ne le pense. Viser l'autonomie. Et le plaisir aussi. Ils ont le droit de se reposer ces enfants-là aussi, le droit de ne penser à rien, le droit de regarder des émissions niaiseuses si c'est ça qui les distraie. Le droit à l'imperfection.

Vivre le moment présent. Remarquer les petits progrès, les minuscules progrès que personne d'autre ne remarquerait. Faire savoir que nous, on les a vus et s'assurer que ce soit le cas de l'enfant aussi. Ne pas surprotéger. Élargir ses horizons. Amener l'enfant au musée, au concert, en voyage. Même s'il y a réticence. Ne pas considérer quoi que ce soit comme impossible et hors d'atteinte. On peut avoir des surprises. Favoriser les activités parascolaires valorisantes. Répéter souvent qu'on a confiance en elle.

Lui apprendre très tôt les habiletés de vie, la débrouillardise et lui permettre de pratiquer ce qu'elle a appris, même si dans le fond de nous on a la trouille de la laisser partir toute seule. Si elle se sent capable, ne pas freiner son élan. Ne jamais faire pour elle ce qu'elle sait faire et voir à ce qu'elle sache en faire beaucoup. Du concret.

Lui faire confiance. Se faire confiance. Penser présent plus que futur. Parce que le futur fait peur un peu dans une société où on nous martèle qu'il n'y a pas de salut hors du secondaire cinq. Elle n'aura jamais de secondaire cinq. Mais plus elle aura d'atouts dans son jeu, d'habiletés et d'assurance, moins la peur sera présente.

Lui dire de tout notre coeur que nous sommes fière d'elle. Tellement. Parce que c'est vrai.

lundi 26 novembre 2007

Les compliments

Monsieur mon lecteur, Madame ma lectrice, avez-vous fait un compliment à votre conjoint aujourd'hui? Non? Il faut remédier immédiatement à cette grave lacune. Ce soir? Mais non! Ça ne peut pas attendre. Il vous faut le/la contacter immédiatement et lui dire ce que vous ne lui dites pas assez souvent. Jamais dites-vous? Quoi? Vous ne la trouvez pas si belle que ça et comme vous êtes honnête....

Vous me décevez là. Profondément. Les compliments n'ont rien à voir avec l'honnêteté. En cette matière, il ne faut pas faire preuve d'avarice et de mesquinerie. Les compliments sont le liant des relations amoureuses, le sourire du coeur, l'expression d'une cour qui persiste et signe, la signature du désir, la délicatesse des intentions.

Ma coiffeuse aussi m'a déçue. Les dames savent bien que les coiffeuses sont les meilleures psychologues qui soient et qu'on leur raconte des choses absolument intimes qu'on ne confierait même pas à notre meilleure amie ni à notre vraie psychologue d'ailleurs. La mienne me rend la pareille, j'ai donc l'impression de connaître son mari. Il devait réparer leur système de chauffage, le mari. Depuis des mois. Et voilà qu'il décide de s'y mettre, hier à dix-huit heures, pendant qu'elle préparait le souper. Elle a vécu ça comme une agression. Il a fallu fermer l'électricité plusieurs fois, le poulet n'a jamais cuit, tout était à l'envers et ils ont fini par manger des sandwichs. Elle était enragée. Je lui demande si elle l'a remercié. "Remercié? Pour m'avoir gâché la soirée? Pour avoir mis toute la maison à l'envers? Je ne lui ai pas parlé de la soirée et je lui en veux encore."

Ouf! Et pourtant, le systéme fonctionnait et la maison était chaude et le mari avait travaillé fort pour ça. Et il n'a récolté que de la froideur et du blâme. Elle a dû sentir par mon silence poli que je prenais le bord de son mari car elle a un peu changé de ton et a fini ma coupe en me disant qu'il était fin au fond et qu'elle arrangerait ça ce soir!

J'ai pensé aux compliments à cause de mon voisin. Non pas mon Voisin, un autre. Celui qui habite tout à côté de chez moi, qui est retraité et qui posait ses décorations de Noël alors que je rentrais chez moi. Il s'arrête et m'appelle "Madame Libre, il faut que je vous dise quelque chose."

Bon, la clôture, ou notre brique commune peut-être ou bien mon arbre qui va un peu dans sa cour et dont il voudrait couper des branches. C'est ce à quoi je pense en m'approchant. "Madame Libre, je sais que je ne suis pas gêné de vous dire ça, mais l'autre soir, quand je vous ai vue sortir, je vous ai trouvée tellement belle qu'il fallait que je vous le dise."

C'est pas charmant ça? Gratuit et imprévu.

dimanche 25 novembre 2007

Les pieds

Je suis allée hier à un atelier sur les pieds. C'était fort intéressant. Anatomie et cette évidence que nos pieds ont besoin d'exercice, comme le reste du corps. Alors des exercices spécifiques, que je ne ferai pas et vous non plus si je vous les donnais. Quarante-cinq dollars l'atelier de trois heures. Je peux cependant vous faire économiser cet argent. Car ce que vous pouvez faire de mieux pour vos pieds, et c'est facile en plus, c'est de les libérer de leurs chaussures. Les souliers seraient responsables de nos problèmes de pieds, de leur affaiblissement musculaire, entre autres. Les pieds ont été conçus pour se déplacer nus, sur des obstacles. Pas très pratique en hiver comme consigne. Mais on pourrait au moins leur rendre le service de les libérer et de marcher pieds nus chez soi. Ça garde la maison propre en plus. Il faut cependant chauffer davantage pour que ce soit confortable. L'idéal, ce serait un plancher chauffant. Ou bien s'habituer. Je m'y suis mise, pleine de bonne volonté. Et depuis, je gèle des pieds. Pas facile d'être en santé de la tête .... aux pieds!

Il y a deux semaines, c'était un atelier sur la nuque. Intéressant aussi. Ne jamais jamais dormir sur le ventre. Les dommages étant amplement démontrés par la physiothérapeute qui donnait l'atelier, planches anatomiques à l'appui. Dormir sur le dos ou sur le côté. Et si on dort sur le côté, se munir d'oreillers vraiment hauts, en tout cas quatre fois plus hauts que le petit oreiller que j'utilisais. J'ai fait le changement et je m'en porte mieux.

Le spleen de novembre et mes livres

Comme plusieurs, je suis atteinte par novembre. Novembre est une maladie contagieuse. La neige aide un peu cependant car le manque de lumière est probablement en cause ici. L'arrivée imminente du long hiver aussi. L'an dernier, j'avais pris dix livres pendant le temps des Fêtes et ça m'a pris des mois pour les perdre. Et on dirait que cette année je prends de l'avance. Or, rien ne me déprime plus que la prise de poids. Cercle vicieux.

Le yoga ne fait pas maigrir. Peut-être le yoga ashtanga, oui, mais je n'en fais qu'une fois par semaine. Je ne fais aucun autre exercice, sauf un peu de marche, que le yoga. Peut-être devrais-je varier mes activités.

Voir Voisin a remonté mon moral pendant quelques jours.

J'ai en tête de déménager. Mes critères:

1) Près, tout près d'un métro et j'ai des stations précises en vue.

2) Du neuf! Je n'ai jamais habité dans du neuf et ça me tente beaucoup.


3) Bien insonorisé.


Je n'ai pas beaucoup d'autres critères finalement! Je devrais trouver. Vendre d'abord ici ou bien acheter en premier et vendre ensuite?

Ça sera tout un changement de quitter ma maison. J'y habite depuis 24 ans. J'y ai élevé mes enfants et ceux des autres aussi. J'ai été longtemps famille d'accueil. J'ai travaillé plein d'heures dans mon grand jardin avec un réel plaisir. J'ai toute une section de ma bibliothèque consacrée au jardinage. Il faut aller vers autre chose. Je sais et je sens que c'est la chose à faire.

Ma bibliothèque est le livre ouvert sur ma vie (jeu de mots ici, hum hum!). Des livres en espagnol. Plein de livres sur la puériculture, sur l'éducation des enfants. Livres sur l'adoption. Section jardinage. Livres sur la psychologie, le développement de soi. Livres sur la santé, la ménopause, l'alimentation, le végétarisme. Grande section de livres de cuisine. Une passion, les beaux livres de cuisine. J'aime les feuilleter, parfois sans faire une seule recette, juste pour le plaisir. Même chose pour les livres de décoration. Je feuillette, je me remplis la tête de beaux décors (mettre tout ça au passé, je le les ai pas ouverts depuis au moins dix ans!) et pourtant, mon décor réel est blanc et nu. Et puis la dernière section, qui prend toujours de l'expansion, celle sur le yoga, la méditation, le boudhisme. Mes livres sont la seule possession matérielle dont je ne veux pas me départir.


Il y a aussi une section animalière. Eh oui! J'ai déjà eu plein de petites bêtes dont des chiens de race. Des chiens asiatiques surtout. Un chowchow qui s'est mis à mordre traumatisé par l'incendie de notre maison, de nombreux pékinois que je chérissais, fiers et indépendants comme des chats, et qui finissaient toujours par se perdre ou se faire voler. C'est pour ça que j'en ai eu plusieurs!

Évidemment une section sur les hommes et la sexualité, sujets qui me passionnent. Je me suis d'ailleurs procuré un nouveau bouquin au salon du livre L'homme nouveau expliqué aux femmes de Gérard Leleu. Je vous en reparlerai.

Période de changements donc. Y compris pour le yoga. Je prends un cours de professeure de yoga alors qu'il n'est pas évident du tout que je veuille l'enseigner. Je devrais aller voir un orienteur. Tant de choses que je devrais faire ...... y compris avoir plus de plaisir dans la vie.

vendredi 23 novembre 2007

Le yoga, encore le yoga

J'en fais toujours autant. Mais la passion est en baisse. La fin de semaine passée, c'était ma fin de semaine de cours de professeure de yoga. J'y suis allée parce qu'il le fallait. Le plaisir décline. Bien que je disais que je ne faisais pas de yoga pour le plaisir, je sais, mais quand même....

Le dimanche matin, un homme tout à fait sympathique, réservé, mystique tout en étant facile d'accès, simple et compétent, est venu nous instruire des yoga-sutras de Pantajali. On les a chantés avec lui, en choeur et avec tout notre coeur. C'était super beau. Un moment de grâce. Un homme dans la cinquantaine avancée (à l'oeil, mais les yogis ont l'air jeunes) mais père de deux jeunes bébés. Donc un homme qui a une jeune femme. Qui a un maître aux Indes. Une belle personne vraiment.

Sinon, je songe à abandonner cette formation qui n'est même pas accréditée. Je ne précipite rien cependant. Le ras-le-bol peut aussi faire partie du cheminement. Je persévère mais je garde les yeux ouverts.

Lundi, mardi, je n'ai rien fait. Repos. Pas vrai, mardi, je suis allée à mon cours de Pilates, mais la prof ne s'est pas présentée! J'ai jasé avec une prof du cegep, une femme bien intéressante. Finalement, je n'ai pas perdu mon temps.

Mercredi matin, yoga-pilates, avec deux autres élèves seulement. Je décide de me pointer au cours de dix-huit heures, avec plein de jeunes cette fois, et des gars en plus pour faire changement. Des étudiants de McGill pour la plupart. Une dynamique survoltée. Hatha flow, qui est une espèce de Ashtanga yoga un peu modifié, très athlétique. J'aime beaucoup ça. Un yoga vraiment cardio avec beaucoup de communion dans l'effort. Avant, j'y allais tous les mercredis et puis, j'ai relâché en partie parce que je me trouvais mauvaise mère de laisser Treize ans seule tous les soirs.

Hier soir, cours de prof encore. Cette fois, les torsions. Beau thème avec du travail au mur et du travail à deux. J'ai aimé le cours. Et puis ce soir, yoga Iyengar, de loin le plus professionnel de tous, le plus puriste, celui dans lequel chaque élève est suivi de près.

Alors, le yoga, je n'ai pas lâché même si je ne sais pas clairement vers quoi ça va me mener.

Débraguetter

Je cherchais tout autre chose dans le dictionnaire et voilà que ce mot s'est imposé à moi et doucement immiscé dans mes souvenirs érotiques pour me rappeler cette émotion puissante, cette expectative frémissante quand on a un homme sous la main et qu'on va pour la première fois le débraguetter.

jeudi 22 novembre 2007

La lecture rapide

Je lis vite. C'est un art que je me suis appris moi-même. Bien utile. Économique en plus. C'est ainsi que j'ai pu passer à travers deux ouvrages hautement intellectuels au Salon du livre sans avoir besoin d'acheter les bouquins qui étaient chers et que j'aurais eu honte d'acheter. "Pourquoi les hommes adorent les chieuses" et "Pourquoi les hommes épousent les chieuses", il s'agit d'une traduction, vous l'aurez deviné, chieuse ayant été choisi pour traduire bitch. Chieuse n'est pas chiante, attention! La chieuse est la femme qui se respecte, celle qui ne joue pas à la maman avec son conjoint, celle qui sait demeurer désirable, malgré le temps qui passe.

Un homme ne trompera pas une chieuse, il la chérira, la respectera, en prendre soin, aimera et désirera passer du temps avec elle. Beau programme, non? La chieuse ne s'en laisse pas imposer, elle tient l'Homme sur le qui-vive, il n'est jamais sûr de rien avec elle et ça excite sa libido et son esprit d'aventure. La chieuse demeure aimable et polie et tout temps, ce n'est pas une emmerdeuse. Elle ne nargue pas le Mari, elle ne cherche pas à discuter inutilement, elle agit.

Le point central du livre revient beaucoup à ceci: la chieuse doit se distinguer en tout temps de la mère. Les femmes materneraient trop leur conjoint, or, qui veut coucher avec sa mère?

Monsieur semble se désintéresser du couple? Pas de discussion. La chieuse déstabilise. Elle disparaît, sème le doute. Normalement, le conjoint raccroche illico, inquiet de la perdre. Dans certains cas, il disparaît lui aussi et pour toujours mais ça, c'est pas dans le livre! ;o)

La chieuse, vous l'aurez deviné, est excellente au lit. N'oubliez pas, toujours se distinguer de la mère pour entretenir le désir. Elle ne lésine pas non plus sur les compliments, les femmes en seraient trop avares, selon l'expérience de l'auteure. Les compliments devant porter surtout sur l'apparence physique, et particulièrement celle de l'engin du monsieur et sur ses qualités d'amant, les hommes ne se fatigueraient jamais d'avoir des commentaires positifs à ce niveau.

Dans le concret. La chieuse est au restaurant avec un prospect. Elle veut manger une salade car elle fait attention à sa ligne et elle ne boit pas de vin. Monsieur insiste pour qu'elle mange un steak et commande une bouteille de vin. La chieuse ne réplique pas, elle dit ses préférences une seule fois et puis c'est tout. Alors, elle ne mangera que la salade et daignera baigner ses lèvres une seule fois dans le verre de vin, qu'elle laissera ensuite intact sur la table tout comme le steak. Le tout avec le sourire. Pas de discussion, de l'action.

Selon l'auteure, voilà le genre de femmes qui attire les mecs et celui qu'ils auraient envie d'épouser. Les femmes ordinaires, celles qui ne sont pas chieuses, auraient tendance à materner leur hommes, à essayer subtilement ou non de le changer, à vouloir discuter tout le temps de leur couple, ce qui ne rejoint pas du tout le conjoint et même l'horripile, à faire son lavage, à lui faire la cuisine, à se mourir d'amour pour lui. Bref, elles deviennent rapidement des bobonnes sans attrait que le mec prend pour acquis.

mardi 20 novembre 2007

Les retrouvailles

Après le souper, souper que je ne mange pas parce que j'avais un cours de yoga, après le souper donc, que ma plus jeune mangeait pendant que je l'accompagnais avec une tisane, après le souper, j'ai téléphoné à Voisin. Sur un coup de tête.

Moi: Je peux te voir?

Voisin: Quand?

Moi: Tout de suite.

Voisin: Tu veux me parler?

Moi: Non.

Il a ri. J'aime quand il rit comme ça de bon coeur.

Voisin: Viens-t-en. Je vais déverrouiller la porte.

Je ne suis pas allée au yoga. J'ai couru jusque chez lui. Il m'attendait dans son lit. Nu. Je me suis déshabillée en vitesse et je suis allée le rejoindre. On n'a pas eu à se dire un mot. Nos corps enthousiastes ont parlé pour nous. Avec éloquence.

lundi 19 novembre 2007

Le salon

Je me sens bien, entourée de livres. Entourée d'enfants et de livres, encore plus. Entourée d'auteurs, d'enfants et de livres, c'est le paradis. J'y ai rencontré Émilie C. Lévesque qui m'a dédicacé son livre La danse de l'esquive. Une journée parfaite.

Mes parents

J'ai accouché la fin de semaine. Mes parents sont venus à l'hôpital. Frédéric n'était pas là. Il avait encore sa job d'étudiant les week-ends, gardien dans un parc. Mon père a alors eu l'idée d'aller féliciter son gendre, sans m'en parler. Ma mère m'a raconté qu'il s'est présenté au chalet du parc, la porte n'était pas barrée, il est entré et a trouvé une femme assise sur les genoux du père de son petit-fils.

-Oups! dis-je à ma mère, le coeur dans l'eau en songeant à la peine que mon père qui ne se doutait de rien avait dû éprouver, peine qui devait être immense à en juger par celle que je ressentais alors que maman, qui elle aussi venait d'être mise brutalement au courant des infidélités de mon chum, me racontait cet événement. "Il a fait quoi, papa, quand il a vu ça?"

-"Il était pas mal en état de choc. Et puis, il s'est ressaisi, tu connais ton père, il est vite!"

-"Frédéric l'avait vu?"

-"Peut-être pas. Mais ton père est venu calmement devant lui. Laisse-moi te dire que la fille est débarquée pas mal vite des genoux de ton chum. Alors ton père a tendu la main à Frédéric, dignement, tu le connais, et il lui a dit qu'il venait le féliciter pour le bébé. Ensuite, il s'est tourné vers la fille et lui a dit "bonsoir, mademoiselle" et puis il est rentré à la maison. Quand il est arrivé ici, il était blanc comme un drap.

-Papa doit vraiment haïr Frédéric maintenant.

-Bien sûr que non, de me répondre ma mère.

-Non?

-Frédéric est le père de notre petit-fils et il va toujours être le père de notre petit-fils. On ne peut pas l'haïr et il sera toujours bienvenu chez nous. Quoi qu'il fasse. Et quand ton père va se défâcher et digérer les événements, c'est exactement ce qu'il va lui dire. Et puis, on ne sait pas ce qui va arriver. Peut-être que tout va s'arranger entre vous.

Ça ne s'est pas arrangé entre nous comme couple mais le ton était donné. Mes parents (qui sont des gens extraordinaires, vous ne trouvez pas?) avaient clairement exprimé la vérité: quoi qu'il advienne, Frédéric était le père de mon fils, donc mon fils avait un père. Frédéric ne m'aimait plus, il en aimait une autre mais il aimait son fils et il fallait se concentrer là-dessus. Mon bébé avait le droit d'avoir deux parents et il n'y avait aucune raison pour qu'il en soit autrement.

dimanche 18 novembre 2007

Le bébé

Ça faisait longtemps que je souhaitais un enfant et voilà que mon chum, enfin, se décidait et que ça venait de lui en plus. J'étais folle de bonheur. Ce soir-là, on a fait l'amour amoureusement, sans contraception. Je pense qu'on a dû le concevoir tout de suite, parce qu'un mois plus tard, le test de grossesse était positif. Frédéric était content mais nerveux. Il ne pensait pas que ça se ferait si vite, disait-il. Moi, j'étais ravie que nos corps fonctionnent si bien, je flottais dans la joie et les hormones de grossesse.

J'avais presque vingt-sept ans, mon chum, un an de plus. J'enseignais depuis plusieurs années déjà, Frédéric venait de terminer sa maîtrise et de trouver un emploi, on habitait ensemble depuis six ans, on était amoureux. Des conditions idéales.

Autant j'étais heureuse, autant le futur papa se renfermait. Il était souvent de mauvaise humeur. Le stress, je supposais. Parfois, on aurait dit qu'il regrettait. Je me mis spontanément à partager ma joie avec d'autres plutôt qu'avec lui. Je travaillais, j'avais plein d'amies, une famille supportante, j'étais en pleine santé. Je ne souffrais donc pas vraiment de l'attitude de Frédéric, je me disais que l'idée de la grossesse faisait son chemin plus lentement chez lui, c'est tout.

J'avais une grossesse facile, qui m'émerveillait. Je me sentais parfaitement heureuse, comblée. J'étais enceinte de six mois quand une amie m'a mise au courant "pour mon bien". Pour mon bien? Briser mon rêve, me faire du mal, me marquer au fer rouge, pour mon bien? Vraiment?

"Ça ne peut plus durer. Il faut que tu le saches, Femme Libre. Frédéric se promène partout avec une fille et ce n'est pas platonique, je t'assure. Ils ne se cachent même pas! C'est une ancienne blonde qu'il avait à l'adolescence, Lise. Elle était grosse et laide avant, mais elle a beaucoup changé, elle a même eu les seins refaits. Elle a l'air pas mal pitoune maintenant."

Je ne le croyais pas. Je l'ai confronté. Il n'a pas nié. Mon monde sécurisant et aimant s'écroulait.

Ce n'était pas possible. Je m'accrochais à lui, sans aucune pudeur, sans fierté. Je m'accrochais physiquement. Je me souviens d'une fois où il voulait sortir et je le retenais par la chemise. Il me disait "Lâche-moi ou bien je vais te pousser. Lâche-moi. " Je ne lâchais pas et il m'avait poussée. Il s'était sauvé en courant, comme quand on veut fuir un monstre. Il courait dans l'escalier. Je restais prostrée sur le sol et je pleurais, je pleurais tellement. Et puis, je m'étais relevée et j'avais parlé à mon bébé. Je lui disais que tout irait bien, qu'on se débrouillerait très bien, qu'on serait heureux. Je lui ai donc parlé à ce bébé-là. Je lui en ai donc chanté des chansons, en le flattant à travers mon ventre.

Je voulais qu'il ait un père. Il fallait qu'il ait un père. Je ne pouvais pas envisager qu'il n'en ait pas!

On faisait l'amour avec l'énergie du désespoir, Frédéric et moi. Tout le temps. À travers mes larmes et rarement mais parfois à travers les siennes. Et puis, il disparaissait quelques jours. Revenait. On recommençait. Je ne voulais pas qu'il me quitte. Je voulais qu'il la quitte. Il ne pouvait pas. "Je t'aime mais je ne peux pas me passer d'elle"me disait-il. Je m'accrochais.

Jusqu'à la naissance, je me suis accrochée à lui. Et puis, je l'ai insulté à l'hôpital pendant l'accouchement. Cette partie-là, je ne m'en souviens pas du tout. C'est lui qui m'a raconté. Il est revenu à la maison avec le bébé et moi. Notre bébé. Il était fier. Pendant cinq jours, il s'est occupé de nous. Il m'a fait à manger, il a donné le bain au bébé, il a changé les couches. Pendant cinq jours, je suis restée dans mon lit à allaiter. Rien d'autre. Allaiter, demander un verre d'eau, demander à manger, allaiter. Tranquille dans mon lit. J'ai repris mes forces. La cinquième journée, je l'ai mis à la porte. Il est parti chez elle.

jeudi 15 novembre 2007

Jean-Luc et Claudette

Samedi matin, onze heures. Jean-Luc lit son Devoir sur la table à dîner. Claudette vient lui remplacer son café tiède par un café brûlant. Il lui sourit et la remercie distraitement. Elle tente de lui parler, il fait des "hum hum" légèrement agacés tout en n'écoutant pas vraiment ce qu'elle dit. Et puis il accroche à ce bout de phrase "..... alors je pense que je vais aller m'en acheter un, il y a une vente chez Kanuk."

Jean-luc (quittant des yeux son article sur les accomodements raisonnables pour fixer Claudette directement dans les yeux avec un sourire): C'est une bonne idée. Je ne voulais pas te le dire, mais ton manteau se fait vieux.

Claudette: C'est sûr que du Kanuk, c'est cher.

Jean-Luc: La qualité, ça se paie. Quand est-ce que tu veux aller magasiner ça? Je pourrais aller te reconduire, si tu veux.

Claudette: Tu ferais ça? T'es fin! Et puis, j'irai peut-être voir Louise qui habite dans ce coin-là. Tu viens magasiner avec moi?

Jean-Luc se lève cette fois et vient entourer le cou de sa femme amoureusement: Le magasinage et moi...... euh!...... tu me connais, je serais marabout pendant toute la soirée. Vas-y donc avec Louise. Moi, je vais revenir ici ou bien j'irai à la Grande Bibliothèque. C'est ça, si tu vois que mon cellulaire ne répond pas, c'est que je suis à la Grande Bibliothèque. Je t'appellerai vers l'heure du souper et j'irai te prendre chez Louise.

Claudette sourit, saisit les mains affectueuses qui caressent ses cheveux: T'es tellement fin. J'appelle Louise et je vais me préparer.

Jean-Luc s'enferme dans la salle de bain avec son cellulaire et il signale mon numéro. "Femme Libre, écoute, c'est inespéré, je vais aller te voir dans une heure. On aura tout l'après-midi."

Je laisse la lasagne que je préparais en plan. Je cours me doucher, me coiffer, me maquiller, j'enfile des vêtements érotiques et j'attends Jean-Luc, palpitante dans mon lit.

Le scénario précédent est fictif. Mais il aurait pu devenir réalité si j'avais poursuivi une relation avec ce Jean-Luc, un homme cultivé, sensible, qui écrivait comme un Dieu et me promettait de baiser comme un Dieu aussi. Hier, en chattant avec lui sur msn, sa réponse à ma question "Quand un homme marié serait-il disponible pour me voir?" a été "Le mercredi soir quand je suis supposé aller au gym et la fin de semaine aussi, mais ça, pas tout le temps, je le sais à la dernière minute." J'ai alors décidé que c'était trop pour moi, trop ou trop peu et j'ai imaginé l'histoire qui précède. Des Jean-Luc et des Claudette, il y en a tout plein. Vous en êtes peut-être un, cher lecteur.

mardi 13 novembre 2007

L'aveu

J'ai téléphoné à Voisin samedi soir. On s'est parlé légèrement comme si on s'était vus la veille. Aucune mention de notre dispute du mois de juillet évidemment. Tout est donc redevenu comme avant si je veux. Mais tout n'est pas absolument comme avant. D'habitude, je me serais précipitée chez lui dès la fin de la crise, pour me rassurer et pour me lover dans ses bras. Cette fois, je suis restée bien sagement chez nous et pourtant, il était clair qu'il attendait que je m'invite.

Ce n'est pourtant pas parce qu'il a été remplacé. Réseau contact est un désastre cette fois. Je ne pogne plus du tout auprès des hommes de mon âge, comme je le disais à En direct des Îles. Et puis, des hommes de mon âge libres, il y en a vraiment ridiculement peu. Ce n'est pas le cas des hommes mariés, par contre, et là, je pourrais facilement piger dans le tas. Mon amie P, elle, me dit de changer mon âge sur ma fiche, pas plus compliqué que ça. Tant qu'on est dans la quarantaine, la barrìère psychologique n'est pas encore levée. Mais dès qu'on devient une quinquagénaire, ce mot doit être bien laid, oui, il est laid j'avoue, alors dès qu'on a cinquante ans, on devient le sujet de moquerie, de rejet, parfois de haine. Cette catégorisation négative n'affecte pas les hommes, qui, eux, se bonifient en vieillissant. Il faut donc se définir autrement que par le regard des autres, avoir une grande confiance en soi et en ses capacités. Bref, la conclusion de cette étude, c'est que d'écrire quarante-neuf ans sur une fiche réseau contact peut faire une grande différence. Mais je suis comme Zachary Richard, dont j'ai vu le fantastique spectacle la semaine passée, incapable de voler et de mentir!

lundi 12 novembre 2007

Le plaisir ou son absence

Encre, qui a intitulé son blogue Plaisirs est surprise que je ne semble pas en éprouver tant que ça en faisant du yoga. Rien qui s'apparente à l'extase. Masochiste Une femme libre? Un peu, oui. Mais tout n'est pas toujours simple et tranché au couteau. J'aime et j'ai du plaisir ou bien je n'aime pas et je n'ai pas de plaisir. Probablement que je ne trouve pas de plaisir dans la facilité et que je découvre le plaisir de la constance et de l'effort. Le plaisir du dépassement de soi. Le courage de passer outre à sa paresse, à ses envies de se lover dans un fauteuil avec un verre de vin pour sortir dans le froid et faire une heure de métro son tapis de yoga à la main. Bon, là, on est passé du plaisir au courage, vous aurez remarqué. Mais il y a un certain plaisir à se découvrir courageuse et à se tenir au rendez-vous et à l'engagement pris par soi-même.

Je fais du yoga depuis quatre ans, au début une fois par semaine, ensuite davantage et puis intensivement tous les jours depuis le printemps dernier. Depuis septembre, je fais une formation de professeur qui encadre davantage ma démarche. Je sens que je change, subtilement et parfois dramatiquement. Je suis forte, calme, assurée. Le yoga comme voie de transformation personnelle, c'est ce que je vis. Et comme toute transformation profonde, ce n'est pas facile et pas toujours accompagné de plaisir.

La vie est difficile. Ainsi commençait le livre de Scott Peck "Le chemin le moins fréquenté." Une phrase choc, une vérité incontournable, la vie est difficile. Je suis en plein là-dedans, j'affronte la difficulté de la vie au lieu de fuir. Je me crée des contraintes, je les surmonte et je suis fière de moi et dans cette fierté, il y en a du plaisir.


Il m'arrive aussi d'en avoir tout à fait ras-le-bol du yoga et de la discipline et c'est le cas ce soir. Demain sera un autre jour. En attendant, je trouve ce billet tout à fait ridicule. On dirait que j'essaie de me convaincre moi-même et c'est pas mal ça aussi.

On court tous un peu après quelque chose, le bonheur, l'amour, le sens de la vie. Je ne fais pas exception. Je suis extraordinairement ordinaire. Le yoga permet d'arrêter de courir un peu tout en ayant l'impression d'aller quelque part. Réalité ou illusion?

dimanche 11 novembre 2007

Pourquoi je fais du yoga

Je fais du yoga pour dépasser mes limites, pour aller plus loin , pour me surpasser. J'ai besoin que ce soit difficile, exigeant, rigoureux. Quand je passe à travers mes propres barrières, je ressens alors une immense satisfaction, de la joie, de la plénitude.

Je fais du yoga pour changer mon schéma préétabli, pour devenir une meilleure personne, pour m'ouvrir dans tous les sens, ouverture physique, ouverture mentale, ouverture spirituelle, ouverture et compassion envers moi, ouverture et compassion envers les autres.

Je fais du yoga pour me tenir en forme, pour assouplir mon corps, pour vieillir en beauté et en santé et non pas pour retarder le vieillissement qui est un processus de transformation inéluctable, un instrument de changement, une ouverture vers l'au-delà.

Je fais du yoga pour me donner un cadre de vie, une discipline, une disponibilité à moi-même.

Je fais du yoga pour prendre du temps pour moi, parce que je suis importante, parce que la vie va trop vite, parce qu'il n'en tient qu'à moi de la ralentir, parce que je suis belle, bonne, capable.

Je fais du yoga pour partager le mouvement et les respirations avec un groupe, parce que c'est beau, parce que chacun travaille à son rythme, parce qu'il y a une atmosphère de concentration, de recueillement, de joie dans l'effort.

vendredi 9 novembre 2007

Le yoga Iyengar

Iyengar était un jeune homme malingre à la santé fragile qui décida de se guérir en pratiquant le yoga dix heures par jour. Il va sans dire que son style de yoga, aujourd'hui enseigné dans le monde entier, en est un basé sur la rigueur. Rien de facile au yoga Iyengar. L'alignement parfait en est la base. On reprend les mêmes asanas à chaque cours, plusieurs fois, méthodiquement. On vise l'excellence et la perfection. Les postures debout sont privilégiées. Toutes les écoles certifiées Iyengar dans le monde enseignent la même chose de la même manière, il en est de même pour les profs, qui sont interchangeables et qui vous diront exactement les mêmes paroles et vous feront les mêmes corrections. Chez Iyengar, il n'y a qu'une seule façon de tenir les asanas, il y a une posture correcte et tout ce qui n'y ressemble pas est incorrect. On emploie beaucoup d'accessoires, des blocs, des courroies, des couvertures, des serviettes, des cables attachés au mur pour se suspendre. Tout doit être fait dans un ordre rigoureux selon un rite préétabli. Il y a une seule bonne façon de plier sa couverture et cette façon varie selon les asanas. Rien ne doit traîner dans la salle de yoga. Je me le suis fait dire quand j'ai eu le malheur d'apporter mon étui à lunettes au premier cours, pas gros un étui à lunettes déposé à côté de mon tapis. Mais la prof l'a vu tout de suite et m'a demandé d'aller le porter au vestiaire! Iyengar, c'est rigoureux, inflexible. Pas de musique évidemment, pas de fleurs, pas d'encens. Un local propre et nu, les tapis, du silence. Une forte hiérarchie professeur-élèves. On écoute le maître (plutôt la maîtresse) qui corrige beaucoup. La maîtresse à l'oeil de lynx qui va le remarquer, même si vous étiez caché(e) dans le petit coin, que votre couverture était pliée de travers ou que vous ne tendiez pas assez le bras. Des professeurs d'une grande compétence, capables d'enseigner à des malades et d'adapter leur enseignement selon la pathologie de chacun. Il faut avoir fait tous les niveaux Iyengar, il y en a six, à raison d'un minimun d'une année par niveau, avant de pouvoir commencer la formation de professeur qui dure plusieurs années. On parle donc de professeurs de haut calibre.

J'ai pris mes premiers cours à
l'école Iyengar de Montréal sur la rue St-Denis il y a deux ans et demi. Je m'étais inscrite sur les recommandations d'une amie qui y avait étudié plusieurs années et souhaitait s'y remettre. Je me trouvais bien bonne dans ce temps-là, je prenais des cours de hatha yoga au sous-sol de l'église et puis j'avais fait un stage au centre Sivananda de Val-Morin et je prenais des cours au centre Sivananda sur le boulevard St-Laurent. J'ai trouvé le premier cours Iyengar extrêmement difficile, épuisant, éreintant. Je faisais tout de travers, je ne savais pas comment plier la mausus de couvertures, je m'enfargeais dans les blocs que je ne savais pas où placer, je n'étirais pas assez les bras, la prof était constamment en train de me corriger. Ça n'a pas été long que je l'ai prise en grippe et j'avais l'impression que c'était réciproque. Mais je persévérais malgré tout et je retournais au cours suivant sans jamais aimer ça. Seule la relaxation finale, savasana, m'apportait de la satisfaction. J'appréciais aussi l'impression d'avoir grandi à la fin d'une séance. Mais quand est venu le temps de payer pour de nouveaux cours, je me suis sauvée la tête basse. Je voulais essayer le yoga ailleurs, dans la joie, sans carcan. En fait, la goutte qui a fait déborder le vase, ce sont les fameuses courroies avec lesquelles il fallait s'attacher. Je détestais cette impression d'être prisonnière, surtout quand j'avais les bras attachés, c'était très désagréable. Une fois, je l'ai dit à la prof qui me reprochait de ne pas assez serrer les lanières que je me sentais étouffer ainsi ligotée, elle m'a alors répondu fermement "Vous allez vous habituer" et a elle-même resserré les courroies. J'avais affaire à plus forte que moi! J'ai quitté la classe peu après, je n'ai pas renouvelé mon abonnement au cours.

Mais voilà que, des années plus tard, mon expérience m'a fait réaliser que Iyengar avec toute sa rigueur est la meilleure école et j'y suis retournée plus humble et prête à apprendre dans la discipline cette fois, prête à dépasser mes limites, à suivre les règles et à avancer dans ma pratique patiemment, rigoureusement, docilement. Je l'ai choisi cette fois et j'y trouve beaucoup de satisfaction.