lundi 31 décembre 2007

Des jours paisibles

Rencontre à la patinoire du Vieux-Port hier. Ados et parents d'ados. Ce fût incroyablement pénible de faire bouger cette jeunesse affalée devant la télé, mais une fois les patins aux pieds, que de sourires et de folie. J'adore les jeunes, leur gaucherie, les pantalons trop grands des gars, les maquillages explorateurs des filles, leur désir de se sauver des adultes, la solidarité qu'ils ont entre eux et elles, envers et contre tous, les secrets qu'ils ne veulent tellement pas que nous entendions.

Ma fille souffrant de problèmes d'apprentissage, je suis devenue amie avec des parents d'enfants avec les mêmes difficultés. On était donc là, hier, un couple de parents et deux monos, avec nos filles adorées, celles qui nous ont demandé tellement plus que les autres, celles pour lesquelles nous avons dans certains cas lâché prise. Je fais partie des parents qui ont admis que leur poulette ne fera jamais de secondaire, même si je l'écris avec encore un pincement au coeur, tout léger pincement, comme s'il y avait encore une lueur d'espoir, comme si je croyais au miracle. Et puis, oui, j'y crois encore au miracle, mais je l'écris tout bas, bien bas, dans un soupir d'écriture.

De la voir si jolie et souriante hier m'a rempli le coeur d'allégresse. Portée par ses compagnes, bras dessus, bras dessous, les voir s'envoler sur la patinoire avec tant de légèreté et de grâce me donnait tant d'espoir d'une belle vie pour ces filles intelligentes qui ont toujours eu à travailler plus fort que les autres, tellement plus fort, tellement plus longtemps, pour si peu de résultats. Ces enfants que nous avons tant poussées, rudoyées parfois, exaspérés. Quel parent d'enfants en trouble grave d'apprentissage peut dire qu'il n'a jamais perdu patience? Et la culpabilité alors.... immense! Parce qu'il ne fait pas exprès cet enfant. Et non seulement il a ces graves difficultés mais en plus, je lui crie après....

Et pourtant, si poulette me demandait de l'aider encore, je le ferais donc avec enthousiasme. Mais elle ne demandera pas.

En attendant, je lui lis des romans, des essais, des livres d'aventures le soir dans mon lit. On se colle encore et je l'enveloppe de tout mon amour.

vendredi 28 décembre 2007

La décadence

Je ne fais ni yoga ni exercice. Je mange des gâteaux et du chocolat. Je bois du vin. Je baise avec des jeunes hommes (un, mais ça fait plus décadent mis au pluriel!). Je lis toute la nuit. Treize ans est chez des amis depuis trois jours. Dix-sept ans s'occupe d'elle-même. C'est ça les vacances?

Merveilleux, mais je sens que ça tire à sa fin et il faut que ça tire à sa fin. Mon corps le réclame.

jeudi 27 décembre 2007

La réalité

Jeune homme était bien réel et il a vraiment quarante ans, bien qu'il paraisse encore plus jeune. Je lui avais téléphoné l'après-midi à son vrai domicile et son vrai fils avait répondu. Je connaissais son vrai nom de famille, son lieu de travail, son adresse domiciliaire, l'âge de sa mère et plusieurs de ses préférences sexuelles (à Jeune homme pas à sa mère). À la rencontre, dans un café, il m'a inspiré tout à fait confiance. Un jeune homme équilibré, solide, avec des valeurs et un fantasme: celui de faire l'amour à une femme plus âgée.

Un fantasme qui a été réalisé ce soir même à sa grande joie, amplement partagée! Une soirée facile, coulante, comblante, comme je les aime.

Ah! Si la vie était toujours aussi facile!

mardi 25 décembre 2007

Noël est fini ici

... avec le départ de mon fils à l'instant. Hier, on a eu ma mère, Fils, Fille aînée, Dix-sept ans, Chum patient de Dix-sept ans, Treize ans, Locataire amie et Voisin pour le souper. Fille aînée a fait la baboune pendant tout le repas, son chum n'arrivait pas. Il s'est pointé beaucoup plus tard avec ses deux enfants, deux petites tornades dans la maison. Mais on a une tolérance rare dans ma famille envers les enfants, les jeunes ont toujours été bienvenus, même les difficiles, même les carencés. On leur ouvre grand les bras.

Chum de Fille Aînée a mangé rapidement, ses enfants, eux, étaient trop occupés à courir partout pour s'arrêter et puis le père pensait qu'ils avaient probablement mangé, il venait d'aller les chercher chez leur mère et comme ils ne se parlent pas, il n'avait pas demandé! Les petits semblaient émerveillés par l'arbre de Noël et surtout tous les cadeaux en dessous. J'ai parlé du Père Noël et à ma stupéfaction, ils ne semblaient pas trop savoir de qui je parlais et l'histoire de la cheminée, à cause des questions et des grands yeux écarquillés, je pense qu'ils ne l'avaient jamais entendue. Le père devait avoir apporté des cadeaux pour eux, selon Fille aînée. Je leur en avais aussi fait chacun un, pas plus, ne voulant pas me substituer aux parents. Fille aïnée m'a demandé du papier d'emballage, je l'ai emmenée dans la cave pour emballer discrètement les cadeaux des enfants. Elle m'a dit qu'il leur avait acheté des souliers. Des souliers comme cadeaux de Noël. Ça m'a fait tout drôle. Et puis, je me suis dit que j'étais pleine de préjugés. Des souliers, pourquoi pas? Je suis pourtant pour la simplicité volontaire, pour éviter le gaspillage, pour ne pas trop gâter matériellement, pour privilégier les valeurs humaines, la chaleur de la famille, le plaisir d'être ensemble.

Je suis pour tout ça donc. Alors pourquoi avais-je ce pincement au coeur en imaginant ces petits de trois et cinq ans qui ne semblaient pas trop savoir qui était le Père Noël en train d'ouvrir la boîte cadeau qui contenait .... des souliers! Le Père Noël était passé chez nous, dans un chariot magique tiré par des rennes et leur avait laissé ... des souliers. Je regrettais de leur avoir mis cette idée de Père Noël dans la tête. De quoi je me mêle?

J'ai alors cherché et trouvé deux beaux toutous comme neufs dans la cave et les ai enveloppés au nom de chacun d'eux de la part du Père Noël. Il y avait plein d'autres jouets que j'aurais pu leur donner mais il ne fallait pas prendre la place des parents. Une boîte de chocolats pour chacun plus les livres éducatifs déjà sous l'arbre et je me suis arrêtée là.

Mon fils a fait le Père Noël. Tout le monde sur ses genoux! On a bien ri. Voisin prenait des photos. Mes cadeaux n'ont pas fait sensation finalement auprès des enfants du chum de Fille aînée. Les souliers non plus d'ailleurs. Trop dispersés, ces enfants-là. Ça m'a fait de la peine. Ma fille fuckée dans une relation fuckée avec un chum aux enfants fuckés. Ça m'a fait de la peine.

Quand ils sont partis, la fête a repris. Voisin aussi a quitté, fatigué Voisin. On a chanté, joué, fait les fous. Maman participait à tout. Belle atmosphère. Fils est resté à dormir, Dix-sept ans et son chum aussi, Treize ans évidemment. Dix-sept ans et son chum sont allés dormir. Fils, Treize ans et moi, on a parlé longuement dans son lit, on a même lu plusieurs chapitres des Cerfs-volants de Kaboul. Beau moment. J'étais heureuse d'avoir mon grand fils de 27 ans chez moi, Treize ans, qui n'a pas de père, encore plus ravie et amoureuse de son grand frère qui est si gentil avec elle.

Aujourd'hui, on a brunché en famille et on a pris une grande marche dans le parc. Et puis, Fils est allé au ciné avec Treize ans. Ils ont même vu deux films pour le prix d'un. Ils sont ensuite revenus souper avec moi. J'avais fait des mets indiens à partir d'un livre de cuisine que j'avais donné à Fils. Délicieux résultat. Finalement, il n'a pas apporté son cadeau. "Je ne cuisine pas, maman, et ce ne sont pas les livres, aussi merveilleux qu'ils soient, qui vont changer ça." Je n'étais pas si honnête avec ma mère à son âge et j'ai souvent rapporté à la maison des cadeaux dont je ne me servais pas pour ne pas lui faire de la peine. La vérité, c'est tellement mieux! Son cadeau est donc devenu mon cadeau.

dimanche 23 décembre 2007

La lecture

Ce matin, j'ai plein de choses à faire. C'est pourtant ce moment que j'ai choisi pour lire à haute voix "Les cerfs-volants de Kaboul" à Fille Aînée, qui se faisait des rallonges et avait donc les mains occupées et à Treize ans, qui la regardait, subjuguée d'amour pour sa soeur préférée. On embarque d'aplomp dans l'histoire. Bien écrit, fascinant, exotique. Chapitre trois terminé. Quelle cruauté Amir allait-il donc exercer sur Hassan pour se venger de l'amour que son père portait à celui-ci?

Et voilà que j'arrête tout. On proteste. J'ai des choses à faire, moi. Et l'incroyable se produit. Ma Treize ans prend le livre où je l'ai laissé et elle commence à le lire à sa soeur, avec ses hésitations et ses balbutiements de grande dyslexique. Mais elle essaie et persévère. Je suis ravie, c'est au-delà de mes attentes. Je m'éclipse.

Peu de temps après, trop peu de temps après, la revoilà dans la cuisine. Sa soeur me demandant de revenir lire, Treize ans lit trop lentement, elle ne peut pas entrer dans l'histoire. J'éclate. La cruauté, pas besoin du livre pour la trouver. Elle est là, dans ma demeure, dans l'égoïsme de Fille Aînée qui n'a rien compris. Rien de rien. Je suis déçue, peinée, fâchée aussi. S'ensuivra une grande discussion où Fille Aînée me reproche ma surprotection de la plus jeune de la famille. Elle n'a probablement pas tout à fait tort là-dessus.

La journée part mal. Faut pas la laisser aller comme ça. Heureusement, j'ai du yoga Iyengar, mon préféré maintenant, à dix-sept heures. Je vais préparer les crudités et les salades pour la réception de demain. Bouger, s'activer.

Quant à Jeune Homme, je n'ai eu qu'à lui proposer un vrai rendez-vous pour qu'il disparaisse tout à fait de ma vie. C'était peut-être un vieux monsieur de soixante-dix ans finalement! Mais quel que soit son âge, il savait écrire! Ses messages pleins de style et de sensibilité me manqueront.

samedi 22 décembre 2007

Le mari

C'est dans le temps de Noël que j'aimerais en avoir un. Pour aller se coucher ensemble devant l'arbre de Noël allumé. Se faire un chocolat chaud. Bon, je sais, je n'ai pas besoin de mari pour me faire un chocolat chaud. Mais un mari, ça a un côté douillet, familier, rassurant. Et j'aimerais en avoir un pour quelques jours. Un vrai mari, là, du style qu'on appelle chéri et qui nous répond "oui, chérie?". Un mari qui met des pantoufles et un pyjama. Je le verrais même avec une pipe si je n'étais pas tellement anti-tabac. Un mari qui lit le journal, sort le chien (bon, j'ai pas de chien, mais si j'avais un mari j'aurais aussi un chien), sort les poubelles. J'en ai jamais eu un et pourtant j'en ai la nostalgie ce soir. Je vais en demander un au Père Noël.

Fille aînée

Fille aînée est là. Son chum m'a appelée du stationnement d'un centre d'achats. Elle venait de le gifler devant plein de monde, me dit-il. Il en a assez. Ne veut pas devenir un homme battu. Et il commence à m'expliquer les circonstances. Je le coupe. J'en ai assez de leurs histoires. "Emmène-la ici." Il me l'a livrée sans sortir de la voiture. Elle était toute belle comme d'habitude. Pas l'air perturbée pour deux cennes. Je lui ai fait changer ses fuck me boots pour des bottarlows d'hiver, je lui ai mis des mitaines et je l'ai envoyée pelleter la cour avec Treize ans pour lui refroidir les esprits.

vendredi 21 décembre 2007

La mère

La mienne. Elle a décidé de venir chez moi la veille de Noël, comme ça, à la dernière minute. Je l'avais bien invitée mais en toute sécurité, je savais qu'elle allait ailleurs et voilà qu'elle m'appelle et me dit qu'elle choisit de venir chez moi. J'étais bien relaxe à propos de cette petite réception improvisée de mes enfants. Mais là, maman s'en vient et je stresse! Une thérapie, docteur?

Heureusement qu'il y a Jeune Homme qui me laisse des messages dix fois par jour et qui se meurt d'envie de me rencontrer. Rien de mieux qu'une rencontre en effet pour refroidir un peu ses fantasmes.

jeudi 20 décembre 2007

Le menu

Encre me demande mon menu de Noël, ce qui me fait réaliser que je n'en ai pas fait et probablement que je n'en ferai pas non plus. Ce qui m'amène à ma relation avec la nourriture. Malsaine. Pas tout le temps malsaine, mais souvent oui. Et pendant une grande partie de ma vie. Je ne suis en cela que semblable à plein de femmes, rares sont celles dans notre société qui n'ont aucun problème alimentaire. Cette plaie s'est d'ailleurs répandue dans la société en général, hommes, enfants, vieillards, le problème s'est propagé, il a dégouliné comme une traînée de gras sur tous et toutes, sans discrimination, en fait, avec un peu de discrimination, les pauvres étant plus gros que les riches.

Ceci dit, je ne suis pas obèse. Je suis dans mon poids santé, tout en haut de mon poids santé, trois livres au-dessus de mon poids santé aujourd'hui en fait. Mais je vais y retourner sous peu. Je surveille ça de près, de très près.

J'aimerais faire partie des minces naturelles, celles qui n'ont pas besoin d'y penser. Ce n'est pas le cas. Je suis gourmande. J'ai cependant appris avec le temps, l'expérience et le désir d'être relativement mince et beaucoup en santé à conjuguer ma gourmandise avec des limites raisonnables. Ce qui veut dire que la journée où je mange avec délectation toute ma boîte de dattes fraîches, petit plaisir que je partage avec Ce bref réveil, je ne mangerai rien d'autre de la journée. Il serait évidemment encore mieux de ne manger que trois ou quatre dattes par jour, dans le cadre de trois repas équilibrés. Ce serait sain, raisonnable et réjouissant. C'est ce qu'une personne sans compulsion alimentaire ferait naturellement. Je ne suis pas cette personne. Alors j'y vais avec ce qui marche avec moi.


Désireuse d'éviter tout problème alimentaire à mes chers enfants, j'ai assez bien réussi là-dessus. Bravo à moi!

J'ai toujours mis les plats au milieu de la table et les enfants se servaient eux-mêmes. Aucune pression pour manger quoi que ce soit, aucune surveillance sur l'assiette qu'ils se bâtissaient. Ce que tu manges, ça te regarde toi. Et si tu ne manges pas, ça te regarde aussi. Je suis persuadée que les parents dont les jeunes enfants ont des troubles alimentaires les créent eux-mêmes ces troubles, en se mêlant de ce qui ne les regarde pas. Rare qu'on se plaigne dans les grosses familles que les enfants ne mangent pas. Ce serait le cas et on ne le remarquerait d'ailleurs pas! Je parle de jeunes enfants ici car je sais bien que l'anorexie mentale chez une adolescente est une tout autre dynamique, une maladie mentale dévastatrice pour toute la famille.

Alors, je ferai ça à Noël aussi, Encre, les plats au milieu de la table et tout le monde se sert à son goût. Il y aura quoi? Des pains variés, des pâtés, tartinades, humus, confitures d'oignons, tout ce que j'aurai le temps de préparer quoi! Et si je n'ai pas le temps, j'achèterai. Alors, on disait donc, du pain, du vin, du fromage, des pâtes, des sauces, un ragoût végétarien aux légumineuses à la mijoteuse, des salades, plein de sortes de salades, des vinaigrettes protéinées, j'en fais une au tahini et à l'ail qui est fabuleuse, des oeufs farcis, des crevettes, du riz, des légumes.

mercredi 19 décembre 2007

Le goût des jeunes hommes

Il y a ce jeune homme de tout juste quarante ans avec lequel je corresponds tous les jours ces temps-ci. Avec beaucoup de plaisir. On ne se rencontrera probablement jamais mais la caresse des mots est un moment fort agréable en soi. Et il maîtrise admirablement bien cet art. Inspirée, car il m'inspire, moi aussi.

dimanche 16 décembre 2007

L'annulation

C'est ma fin de semaine de cours de professeure de yoga. Annulée la journée d'aujourd'hui. À cause de la tempête. Remise en janvier. Je suis ambivalente. Un peu déçue finalement. Tout en étant contente de profiter de cette belle neige avec Treize ans. Je m'étais dit que je ferais du yoga intensivement par moi-même dès mon réveil. Et puis, je suis là, en pyjama devant l'ordi et il est presque midi. Treize ans regarde les bonhommes à la télé. Moi aussi un peu. On aime les émissions de Noêl. Dix-sept ans a couché chez son chum. On a mangé des crêpes. Petite vie. Réseaucontact est un bide total. Je ne renouvellerai pas quand mon temps privilège sera terminé dans une vingtaine de jours. Tous mes enfants et les conjoints des enfants et les enfants des conjoints viendront la veille de Noël. Ce sera le fun de rencontrer les enfants du conjoint de ma grande fille que je ne connais pas. Quatre et cinq ans. Bien qu'il ne faut pas se faire de fausse joie. Fille aînée a l'art de changer d'idée à la dernière minute. L'année passée, je recevais pour le dîner et ils sont arrivés à 22 heures! Tout le monde était parti.

Treize ans a monté l'arbre de Noël hier. Je suis un peu nostalgique aujourd'hui. Va falloir se requinquer, Femme Libre, prendre son millepertuis, bouger. Tiens! Je vais aller pelleter. Et peut-être prendre des nouvelles de Voisin. Sortir avec Treize ans. Les musées. Mais faudra l'y traîner de force. Je suis capable! Et une fois rendue, même si son choix à elle ce serait les magasins, elle est contente.

La nouvelle année arrive et avec elle, les résolutions. Les miennes sont grosses et je n'en parlerai pas tant que je n'aurai pas vraiment pris des moyens concrets pour passer à l'action. Il ne faut pas rêver sa vie. Bouge!

vendredi 14 décembre 2007

Les postures régénératrices

En yoga, c'est du bonbon! Imaginez, vous vous placez sur des traversins, des coussins, des couvertures, dans des poses relaxantes mais vivifiantes aussi et le but, c'est de laisser le corps faire son travail de régénération sans aucun effort. Surtout pas d'effort, insiste la professeure. Laissez-vous aller. Vous devez être parfaitement confortable. Maternante la prof dans ce genre de cours. Ajuste un coussin ici, replace délicatement une nuque, couvre les corps abandonnés d'une autre couverture chaude. Le paradis. Et on change tout doucement, sans hâte. Une autre position qui travaille les intestins cette fois, en torsion. Ensuite, on ne bouge plus et on laisse aller. On prendra cinq ou six poses comme ça, pendant les deux heures du cours, des positions que l'on garde donc longtemps. On en sort régénérées, et physiquement et mentalement, c'est pour ça que ça s'appelle postures régénératrices, mes amis! Même ceux qui n'aiment pas le yoga apprécieraient. Vous avez constaté que j'ai mis régénérées au féminin. Eh oui! Aucun homme dans ce cours délicieux qui leur ferait tellement de bien à eux aussi. Et ça nous ferait du bien à nous aussi d'avoir des hommes avec nous. Le ying et le yang, vous connaissez?

jeudi 13 décembre 2007

Continuer

Il y a quelques jours à peine, je me sentais extatique et pleine d'énergie. Un événement avec une de mes filles a brisé cet élan. Je tente depuis de le retrouver. Ça ne marche pas. Il faut donc envisager les choses d'une autre manière. Accepter que je sois perturbée au lieu de combattre. Aller au yoga ce soir, malgré que je n'en ai aucune envie. Préparer Noël. M'occuper de Treize ans. De Dix-sept ans aussi, même si elle n'est pas souvent là. Continuer.

La distance

On a le droit d'être heureuse même quand nos enfants ne le sont pas. J'ai eu à faire une thérapie pour apprendre ça. En fait, la thérapie ne devait pas être pour moi. J'allais voir une psychologue spécialisée en troubles de l'attachement pour parler des difficultés importantes de ma grande fille. Elle m'a appris que l'amour ne règle pas tout et que non, nous ne sommes pas responsables de tout ce qui arrive à nos enfants. L'enfant a une responsabilité dans son comportement et dans les choix qu'il fait. Évidemment, le fait d'avoir été adoptée à quatre ans et demi et d'avoir vécu ses premières années dans la misère, l'abus et la violence explique en partie que l'enfant fasse des choix malheureux et qui lui nuisent.

Mais ça n'explique pas tout. Des enfants aimés depuis leur naissance se retrouvent en centre d'accueil à l'adolescence. Ce n'est pas la majorité mais j'en ai rencontré, des parents très présents, affectueux, impliqués et qui se retrouvaient dévastés en cour devant un jeune qui avait volé, violenté, fait du trafic de drogue. Personne n'est à l'abri de ça. Même vous qui tenez votre petit chéri sur vos genoux en me lisant.

En quoi être soi-même dépressive et envahie par les troubles d'un enfant, surtout l'enfant devenu une personne adulte, va aider cet enfant? Au contraire, l'équilibre, la confiance en soi et la joie de vivre permettront peut-être de pouvoir l'aider dans son cheminement si il/elle décide de s'en sortir. On ne peut pas vouloir pour l'autre. Une autre chose que j'ai apprise douloureusement.

Dans les cas de violence conjugale, oui, il faut signaler l'abus. Et ça a déjà été fait. Ma fille a été arrêtée pour violence conjugale. Eh oui! ça arrive aussi que les femmes soient les agresseures. Elle s'en est bien tirée avec des travaux communautaires comme peine. Le fait que son conjoint ait retiré sa plainte et soit allé témoigner en sa faveur en cour a beaucoup aidé. Elle est retournée par la suite avec lui avec la permission de la cour mais est toujours en probation. La situation n'est cependant pas harmonieuse, c'est le moins que l'on puisse dire. Une problématique fort complexe.

Je prends donc mes distances émotives et je retombe sur mes pattes. Plus facile à écrire qu'à faire cependant mais je vais y arriver.

lundi 10 décembre 2007

L'inquiétude

Tu sais, mon adorable beauté, un couple, ça devrait être là pour s'aider, s'entraider, prendre soin l'un de l'autre. Pas pour parler constamment contre l'autre, le diminuer, lui trouver mille défauts, le rendre responsable de tout ce qui ne fonctionne pas. Non, non, je ne veux pas le savoir qui a commencé. Le ton que vous employez tous les deux est inacceptable. Tu ne dois pas te laisser maltraiter mais ne pas le maltraiter non plus. Il faut consulter, Beauté, j'ai apporté des références du clsc. Veux-tu que je te ramène à la maison? Pour quelques jours, pour faire le point? La violence, ça ne se règle pas tout seul. Il faut que vous appeliez pour avoir de l'aide. Un couple, ça devrait se donner de la tendresse. Vous vous dites des petits mots gentils des fois? Tu sais, il faudrait y songer sérieusement à vous séparer. Pas sain. Tu me promets d'appeler le clsc? Et tu as bien fait de m'appeler cette nuit, bien sûr. Ne reste pas seule avec de si gros problèmes. Mais pourquoi tu ne veux pas venir quelques jours chez nous? Pour te reposer. Allez, je vais t'aider à faire ta valise. Bon, d'accord, je respecte ça. Si tu me promets de m'appeler ce soir. Je n'irai pas au yoga. Je vais attendre ton appel.


Vient un moment quand nos enfants sont adultes. On a fait notre possible au meilleur de nos connaissances et avec tout notre coeur pour les élever. Et malgré nos efforts et notre amour, ça ne tourne pas toujours aussi bien qu'on l'aurait espéré. Il faut lâcher prise. Garder espoir. Faire confiance. Et on a parfois envie de prier même si on n'est pas croyante.

La poussière

Tout est sujet à philosopher pour les boudhistes. Je lis ce livre de 252 pages consacré à l'art du ménage conscient. La méditation par le ménage. Je ne nettoierai plus jamais la maison de la même façon. Fascinant.

"La poussière semble avoir disparu après une longue période de ménage. Mais ce n'est qu'une illusion. Elle a simplement changé de place. Une partie a été jetée à la poubelle ou s'est envolée lorsque vous avez secoué votre chiffon par la fenêtre, mais elle n'en reviendra que plus vite, collée à la semelle de vos souliers ou au moindre souffle d'air. Elle trouvera toujours le chemin qui la ramène inexorablement chez vous, provisoirement tapie avant que vous ne la retrouviez. Elle sait parfaitement qu'elle est indispensable. Cette aventure ne manque d'ailleurs pas d'une certaine beauté. Nous époussetons, et la poussière trouve le moyen de revenir. Nous époussetons encore. La poussière reprend ses droits. C'est un va-et-vient qui semble sans fin, une respiration, le mouvement récurrent des pensées et des sensations qui nous accompagnent tout au long de notre vie. La poussière, finalement, représente vraiment quelque chose dans notre univers. Aussi fragile et transitoire qu'elle paraisse, elle nous offre une leçon forte et durable sur la façon dont va le monde."

Gary Thorp, Le zen des petits riens (traduction de Sweeping changes) page 48

dimanche 9 décembre 2007

La charité

Une jolie petite fille d'une dizaine d'années vient de sonner à la porte. Dans ses mains, une boîte
en métal où il est inscrit "La guignolée". Je questionne "Quelle guignolée?", elle répète "La guignolée!".

-Oui, mais laquelle , qui t'envoie? Où sont les adultes?

Elle crie alors "Maman!" Une jeune femme blonde beaucoup moins jolie que la fillette apparaît. Elle porte aussi une boîte marquée "guignolée" et est suivie d'une plus petite fille encore avec une boîte identique en main. La femme demeure sur le trottoir. Je lui crie "C'est pour quelle guignolée?" Elle ne répond pas et dit "Viens-t-en Amélie. La madame veut pas donner."

-Mais je n'ai pas dit ça. Quelle guignolée? Celle de la paroisse?

-Oui, c'est ça. Celle de la paroisse.

-C'est bien. Qui vous envoie? Qui est le coordonnateur?

La femme panique. "Amélie, viens-t-en tout de suite!" et elle part sans attendre. Amélie se met à courir à ses trousses, en pleurnichant "Maman, attends-moi!"

vendredi 7 décembre 2007

L'énergie

C'est cette sensation de vivacité, de pétulance, de pétillement aussi qui va de la racine des cheveux aux bouts des orteils aux bouts des doigts. Ça passe résolument par le corps. "Sentez l'énergie jusqu'au bout de vos doigts", me dit la professeure de yoga Iyengar. Et je la sens et je la vis et je me réveille avec le matin. Et je regarde cette belle neige dans ma cour magnifique et je n'ai plus aucune envie de vendre mon château même s'il tombe en ruines.

Est-ce cela le bonheur? Je ne sais pas. Question trop vaste qui a fait l'objet de livres entiers. Mais je dirais que ça en fait définitivement partie.

mercredi 5 décembre 2007

La gratitude

Reconnaître que je suis chanceuse, le voir, l'apprécier, le savourer. Le soleil qui entre à flots chez nous. La chance que j'ai de pouvoir me payer des cours de yoga comme je veux, si je veux. La liberté de sortir quand je veux sans demander la permission à personne, de manger quand je veux ce que je veux et de ne pas manger si je veux. La joie d'avoir des enfants qui grandissent. La satisfaction de pouvoir laisser mon auto dans son banc de neige et de ne pas y toucher avant que les rues soient déblayées. La bonne idée que j'ai eue d'habiter à côté d'un métro. Le bonheur d'être en santé, vigoureuse, active, d'avoir un corps qui suit mes demandes, un cerveau alerte, des sens aiguisés, une libido généreuse, un grand coeur, des amis, des amies, une famille aimante et présente mais pas trop, une bibliothèque bien garnie et l'argent pour la garnir encore si je veux. Pouvoir déménager si ça me chante, rester là si je le décide. Et puis ce gentilhomme rencontré vendredi dernier qui me couvre d'éloges et a envie que l'on se revoie. Wow! Une bouffée de satisfaction totale m'envahit cet après-midi!

mardi 4 décembre 2007

Citation

Après l'amour, dix pour cent des hommes se retournent sur leur côté droit, dix pour cent sur leur côté gauche, les autres se rhabillent et rentrent chez eux.

Francis Blanche

lundi 3 décembre 2007

Le plus important

Je ne vais tout de même pas leur parler de la neige, me suis-je dit. Et pourtant que peut-il y avoir de plus important? De plus grandiose, de plus réel, de plus incontrôlable. On ne peut empêcher la neige de neiger. Et on s'en remet à plus grand que soi, sereinement ou en maugréant. Je fais partie des sereines, même si on s'est rendues de peine et de misère au rendez-vous médical de Treize ans pour constater que le bureau était fermé. Pour cause de neige, était-il joliment écrit dans la porte. "Le bureau du docteur Intelligent sera fermé aujourd'hui pour cause de neige." J'ai trouvé qu'il avait du culot le docteur Intelligent de se rendre jusqu'à son bureau pour apposer une affiche sur la porte disant qu'il était fermé. J'ai pensé qu'il avait quitté sa femme ce matin-là comme d'habitude, qu'il avait appelé sa maîtresse comme il le faisait tous les matins de sa voiture. Elle est prof la maîtresse du docteur Intelligent. Quand elle lui a dit que les écoles étaient fermées, il a eu cette idée d'apposer cette affiche sur la porte de son bureau et de passer la journée avec elle. Je sais, j'ai une vaste imagination. Les journées de tempête de neige me rappellent cependant des baises bien réelles, à l'abri du monde, cachés. J'aime la neige.

samedi 1 décembre 2007

Le steak

Même en plein délire, je n'ai pas mangé de viande hier et sans aucun effort! Bon, j'avais un peu la nostalgie du maternage, j'ai eu une bonne maman, moi, qui prenait bien soin de nous et l'envie des repas maternels et de l'enfance me prend quelquefois. Ma grand-mère de 95 ans réclamait sa maman sur son lit de mort, je m'en rappelle.

On s'est fait venir de la pizza, Treize ans et moi. De la pizza avec une bouteille de Beaujolais nouveau, faut le faire! Végétarienne la pizza avec extra légumes. Parce que ce sont les meilleures pizzas! Ce n'est pas seulement pour la santé que je ne mange plus de viande, par goût aussi et surtout. Donc sans effort. Je suis contente en plus d'avoir une habitude qui favorise l'écologie de la planète. Et depuis quelque temps, je tiens mon bout. Je n'en achète tout simplement plus de la viande, même pour mes filles. C'est ma maison, elles habitent chez elles mais aussi chez moi, je tiens les rênes du budget, j'ai priorité. Je décide donc. Pas contente, Dix-sept ans? Achètes-en de la viande, Beauté, avec ton argent à toi.

On va voir des plans de condos, Treize ans et moi aujourd'hui. Le problème, c'est le nombre de chambres à coucher. Les condos à trois chambres sont extrêmement rares et il n'y en a tout simplement aucun dans le futur immeuble qui m'intéresse. Dix-sept ans proteste. Elle ne va tout de même pas partager sa chambre avec Treize ans! J'ai eu envie de reculer, d'attendre. Et puis non. Les parents décident, les enfants suivent. That's it, that's all! On s'arrangera pour le mieux. D'ailleurs, dès que je prends de l'assurance et que j'ai l'air de celle qui tient le gouvernail au lieu de celle qui tangue avec les vagues, tout le monde se place. Maman sait ce qu'elle fait!

J'ai rencontré un homme de réseaucontact hier matin pour déjeuner. J'aime faire les rencontres le matin. Une connivence immédiate, plusieurs points communs mais ça ne marchera pas. Parce que la vérité, c'est que l'attirance physique est le moteur premier des rencontres homme-femme. C'est à partir de là que l'on a envie ou pas de construire autre chose. Il s'est plaint de la difficulté croissante de rencontrer quand on a plus de cinquante ans, des barrières que l'on se met, du fait d'être ancré dans ses habitudes, bien dans son célibat et donc de vouloir retirer des bénéfices immédiats d'une relation avec l'autre. Je ne pouvais qu'opiner. Il est psychologue. Refroidissant un peu. C'est bête, non? Il m'a dit que sa profession lui nuisait beaucoup dans ses relations amoureuses. En effet.