mardi 25 décembre 2007

Noël est fini ici

... avec le départ de mon fils à l'instant. Hier, on a eu ma mère, Fils, Fille aînée, Dix-sept ans, Chum patient de Dix-sept ans, Treize ans, Locataire amie et Voisin pour le souper. Fille aînée a fait la baboune pendant tout le repas, son chum n'arrivait pas. Il s'est pointé beaucoup plus tard avec ses deux enfants, deux petites tornades dans la maison. Mais on a une tolérance rare dans ma famille envers les enfants, les jeunes ont toujours été bienvenus, même les difficiles, même les carencés. On leur ouvre grand les bras.

Chum de Fille Aînée a mangé rapidement, ses enfants, eux, étaient trop occupés à courir partout pour s'arrêter et puis le père pensait qu'ils avaient probablement mangé, il venait d'aller les chercher chez leur mère et comme ils ne se parlent pas, il n'avait pas demandé! Les petits semblaient émerveillés par l'arbre de Noël et surtout tous les cadeaux en dessous. J'ai parlé du Père Noël et à ma stupéfaction, ils ne semblaient pas trop savoir de qui je parlais et l'histoire de la cheminée, à cause des questions et des grands yeux écarquillés, je pense qu'ils ne l'avaient jamais entendue. Le père devait avoir apporté des cadeaux pour eux, selon Fille aînée. Je leur en avais aussi fait chacun un, pas plus, ne voulant pas me substituer aux parents. Fille aïnée m'a demandé du papier d'emballage, je l'ai emmenée dans la cave pour emballer discrètement les cadeaux des enfants. Elle m'a dit qu'il leur avait acheté des souliers. Des souliers comme cadeaux de Noël. Ça m'a fait tout drôle. Et puis, je me suis dit que j'étais pleine de préjugés. Des souliers, pourquoi pas? Je suis pourtant pour la simplicité volontaire, pour éviter le gaspillage, pour ne pas trop gâter matériellement, pour privilégier les valeurs humaines, la chaleur de la famille, le plaisir d'être ensemble.

Je suis pour tout ça donc. Alors pourquoi avais-je ce pincement au coeur en imaginant ces petits de trois et cinq ans qui ne semblaient pas trop savoir qui était le Père Noël en train d'ouvrir la boîte cadeau qui contenait .... des souliers! Le Père Noël était passé chez nous, dans un chariot magique tiré par des rennes et leur avait laissé ... des souliers. Je regrettais de leur avoir mis cette idée de Père Noël dans la tête. De quoi je me mêle?

J'ai alors cherché et trouvé deux beaux toutous comme neufs dans la cave et les ai enveloppés au nom de chacun d'eux de la part du Père Noël. Il y avait plein d'autres jouets que j'aurais pu leur donner mais il ne fallait pas prendre la place des parents. Une boîte de chocolats pour chacun plus les livres éducatifs déjà sous l'arbre et je me suis arrêtée là.

Mon fils a fait le Père Noël. Tout le monde sur ses genoux! On a bien ri. Voisin prenait des photos. Mes cadeaux n'ont pas fait sensation finalement auprès des enfants du chum de Fille aînée. Les souliers non plus d'ailleurs. Trop dispersés, ces enfants-là. Ça m'a fait de la peine. Ma fille fuckée dans une relation fuckée avec un chum aux enfants fuckés. Ça m'a fait de la peine.

Quand ils sont partis, la fête a repris. Voisin aussi a quitté, fatigué Voisin. On a chanté, joué, fait les fous. Maman participait à tout. Belle atmosphère. Fils est resté à dormir, Dix-sept ans et son chum aussi, Treize ans évidemment. Dix-sept ans et son chum sont allés dormir. Fils, Treize ans et moi, on a parlé longuement dans son lit, on a même lu plusieurs chapitres des Cerfs-volants de Kaboul. Beau moment. J'étais heureuse d'avoir mon grand fils de 27 ans chez moi, Treize ans, qui n'a pas de père, encore plus ravie et amoureuse de son grand frère qui est si gentil avec elle.

Aujourd'hui, on a brunché en famille et on a pris une grande marche dans le parc. Et puis, Fils est allé au ciné avec Treize ans. Ils ont même vu deux films pour le prix d'un. Ils sont ensuite revenus souper avec moi. J'avais fait des mets indiens à partir d'un livre de cuisine que j'avais donné à Fils. Délicieux résultat. Finalement, il n'a pas apporté son cadeau. "Je ne cuisine pas, maman, et ce ne sont pas les livres, aussi merveilleux qu'ils soient, qui vont changer ça." Je n'étais pas si honnête avec ma mère à son âge et j'ai souvent rapporté à la maison des cadeaux dont je ne me servais pas pour ne pas lui faire de la peine. La vérité, c'est tellement mieux! Son cadeau est donc devenu mon cadeau.

3 commentaires:

Pur bonheur a dit...

Tu as raison pour les souliers...ça fait 'cadeaux en temps de guerre' et à bien y penser, c'est un peu ça ,la relation entre les parents de ces petits.

Une femme libre a dit...

Oui, et les enfants écopent. Je pense cependant, Tangerine, que je dois faire attention à garder ma place dans cette histoire. J'ai déjà eu trop tendance à vouloir sauver le monde. Ces enfants-ci ne sont pas abandonnés et s'ils ne sont pas du tout élevés comme moi je le ferais, il ne faut pas que je porte de jugements sur une façon différente de faire. Mais c'est difficile! Surtout que ma fille n'a que du mépris pour la mère qu'elle qualifie d'incompétente. Évidemment, cette mauvaise image est transmise par le père, qui, lui, de son côté, s'occupe fort peu de ses enfants. Ne pas porter de jugements, ne pas porter de jugements, ne pas porter de jugements..... c'est donc difficile! Mais je vais y arriver. technique de la moine boudhiste Pema Chodron: inspirer la souffrance de l'autre, expirer la compassion.

Pur bonheur a dit...

Très sage de ta part de ne pas porter de jugements. C'est toujours la meilleure attitude.