mardi 13 septembre 2016

samedi 10 septembre 2016

Les cendres

Je vais chercher ses cendres aujourd'hui. En métro. Je les mettrai dans mon sac à dos. Ça manque de décorum un peu. 

Le deuil suit son cours. 

Je fais pas mal d'autres affaires en plus. On ne peut pas vivre son deuil à plein temps.

Il y a même des périodes où j'oublie qu'elle est morte. D'autres moments où je ne l'oublie pas mais où je me sens bien. 

En fait, je me sens plutôt bien. Elle nous aurait voulu heureux et heureuses, cette enfant-là. 

Elle ne souffre plus. Les voix se sont tues. Ce n'est pas elle qu'elle voulait tuer, ce sont ses voix.

jeudi 8 septembre 2016

Réactions

Chacun et chacune réagit différemment au deuil. C'est fascinant. J'ai une amie aquajogging que je connaissais avant qu'on s'inscrive au cours, cette amie a perdu son neveu par suicide (pendaison comme ma fille) il y a peu de temps. On a vraiment ce truc en commun. Or, elle a fondu. Elle avait du poids à perdre, donc ça fait son affaire. Sans effort, me dira-t-elle, elle n'a juste plus faim. 

Moi? Si je n'arrête pas, je vais me rendre à 300 livres. Ce qui me console le plus, c'est manger et boire. Du sucré, de la viande, des patates pilées. Je ne suis plus végétarienne du tout. Des côtes levées, des patates pilées, des biscuits, une bouteille de vin, c'était mon souper d'hier.  Alors, oui, j'ai déjà pris du poids.  

Mais ça s'arrête ici, aujourd'hui, maintenant. Hier matin, j'ai vu mon notaire et ensuite j'ai passé l'après-midi à la Grande bibliothèque.Ça aussi, ça console. J'ai lu sur le deuil, sur le diabète aussi. Je suis en train de me jeter dans le diabète avec mes excès ciblés. Tout ce que je mange depuis la mort de ma fille fait monter le poids et la glycémie. Et en plus. je suis entre deux sessions de sport aquatique et je fais zéro exercice. Je dis que je ne suis pas suicidaire, mais c'est suicidaire comme comportement. 

Ma fille décédée n'aurait pas voulu ça et moi non plus, je ne veux pas ça. 

Je veux vivre et avoir une belle vie. 

mercredi 7 septembre 2016

Les funérailles

Ça s'est bien passé. Merci à ceux et celles qui étaient avec nous en personne ou en pensée. Je me suis sentie bien entourée, soutenue, aimée. Mon petit-fils pleurait beaucoup. Mon fils a fait un éloge remarquable sur sa soeur disparue, entouré des deux soeurs qui lui restent. Beau. Le prêtre officiant qui connaissait ma fille a essuyé une larme. Tout ceci nous a fait le plus grand bien. Comme je n'ai pas reconnu ma fille dans son cercueil (pas si rare, m'ont dit certaines qui s'y connaissent), je n'ai pas été vraiment touchée à la vue de son corps. Son chum a eu cette parole que j'approuve: "C'était parfait, elle aurait adoré ça." C'était le but, faire quelque chose qui lui ressemble, respecter ses dernières volontés, se réunir en son honneur. Réussi. Je suis bien contente de ça. 

vendredi 2 septembre 2016

Je lis

Ou bien je parle à l'ex de ma fille décédée. Je lis mes vieux articles de blogue à la recherche de ceux qui parlent d'elle, je lis sur la schizophrénie, je lis sur le suicide. Je mange les repas déjà tout prêts apportés par l'amie, je bois du vin, je laisse traîner la vaisselle. Je suis encore en pyjama. Une journée hors du temps, toute seule. Ma fille qui habite avec moi passe deux jours chez une amie. Demain, ma fille du milieu qui est maintenant ma fille aînée, viendra acheter avec moi les boissons qu'on ira porter au traiteur. Lundi, les funérailles.

L'ex

Je parle à son ex depuis dix heures ce matin, non stop. On se lâche seulement quand on a mal aux oreilles. On se rappelle des choses qu'on sait déjà, on essaie de mettre des dates sur des événements. 
On se raconte aussi des trucs que l'autre ne savait pas. C'est comme ça pas mal tous les jours depuis le décès de ma fille. Ça nous fait du bien d'en parler.

3 octobre 2015

Il y a sa vie depuis son arrivée avec nous que je résume dans ce billet du 3 octobre 2015. Je suis en train de chercher partout dans mon blogue les écrits qui parlent d'elle comme le suggérait Juste moi. 

jeudi 1 septembre 2016

7 juillet 2016

Je suis tellement contente d'avoir un blogue-journal. Ça me permet de retracer le parcours de ma fille, de me rappeler le déroulement des événements, de lire sur elle tout simplement. 

Le 7 juillet 2016, c'est pas loin ça le 7 juillet 2016! j'écris dans mon blogue après avoir raconté qu'elle a marché des heures pour aller se baigner tout habillée dans le fleuve en pleine nuit. Son chum qui croyait qu'elle faisait une tentative de suicide avait appelé la police. J'écris donc ceci: 

"On dirait que je n'y crois pas moi, au suicide de ma fille. Je vais tomber de haut si ça arrive."

Conseils

Conseils pour ceux qui sont amis avec une personne qui a perdu un être cher par suicide ou autrement en fait, tragiquement, tiens, oui, pour ceux qui sont aux prises avec une perte tragique, pas celle normale de parents vieux et malades, bien que cette perte aussi soit tout à fait réelle et valable.  Conseils, donc, allons-y! 

Choses à ne pas dire et qui m'énervent. Bon, il y a plein de gens que j'aime qui me les ont dites et je vais continuer à les aimer et ces personnes ont dit ces paroles pour bien faire, je le sais trop bien, mais quand même, je dis ce que je pense (ouin, ce n'est pas si facile ça a l'air eheh!) : Go! 

Alors, choses à ne pas dire et qui m'énervent:

"Tu dois tellement souffrir."
"Ça doit être tentant d'en finir pour toi aussi." 
"Tu ne dois pas être capable.... de manger... de dormir... de sortir,,, de voir ses affaires,,, d'en parler etc etc
"Tu dois lui en vouloir."
"Tu dois la voir partout,"
"Ton deuil va durer toute ta vie."
"Tu as pas l'air si pire mais attend, le plus dur s'en vient."
"C'est le genre de chose dont on ne se remet pas."
"Il faut absolument que tu consultes sinon c'est la dépression." (répété ad nauséam)
"Un groupe d'entraide, c'est essentiel sinon tu ne t'en sortiras pas."
"Tu en es à quelle étape? As-tu vécu ta colère? c'est une étape essentielle du deuil par suicide."
"Je suis inquiète pour toi. Je sais que ta vie n'a plus aucun sens."
"Tu connais X? Elle ne s'est jamais remise de la mort de son fils."
"Je te comprends tellement! Ma mère de 93 ans vient de mourir du cancer."
"Tu es donc courageuse, moi, franchement, je n'y survivrais pas."
"Pauvre toi! Perdre un enfant, c'est le pire drame de la vie. Je ne vois vraiment pas ce qui pourrait être plus dur que ça."


Et puis, si vous êtes un proche ami ou si vous faites partie de la famille de la personne endeuillée, lui dire vos sympathies par ... courriel ou texto, non. Parlez-lui, pas pour lui dire grand chose et surtout pas les phrases qui précèdent, juste pour lui dire que vous êtes désolé et qu'elle peut faire appel à vous si elle en a besoin. Elle ne le fera pas mais ça fait plaisir à entendre. 

Et j'ai une amie (la mère d'une amie de ma plus jeune qui est devenue mon amie à moi aussi) qui s'est présentée non invitée chez moi pour me remettre deux pleins sacs de nourriture santé faite de ses mains et congelable! Wow! Comme si j'étais une nouvelle accouchée. J'en suis une, j'accouche d'une peine spéciale. Vraiment, ça, c'était l'idée du siècle. Je n'ai pas envie de cuisiner et là, je peux bien me nourrir et bien nourrir ma fille. Quel cadeau intelligent et utile!