jeudi 17 décembre 2009

La conseillère conjugale

Mon amie P étant au bord de la séparation, son chum l'a senti et a décidé de les inscrire en thérapie conjugale auprès de la meilleure thérapeute en ville. Cent dollars pour cinquante minutes. Les trois premières rencontres ont été désastreuses. Ils se sont engueulé comme du poisson pourri pendant tout le temps alloué. Au bout des cinquante minutes, la thérapeute, qui ne pipait mot, ouvrait enfin la bouche pour leur déclarer: "C'est terminé. Merci et à la semaine prochaine, " tout en tendant la main pour réclamer son chèque.

Le conjoint reconduisait P chez elle, (ils n'habitent pas ensemble), le plus souvent en silence et ils ne se voyaient pas avant le soir de la rencontre suivante de thérapie. Après trois semaines et trois cents dollars, voilà que le chum de P se plaint dans la voiture en route vers le bureau de la psy, cette thérapeute qui lui avait été pourtant chaudement recommandée, est carrément nulle. P est du même avis, ils se font avoir! Enfin un point commun, ils déblatéreront ensemble contre cette thérapie inutile jusqu'à l'entrée dans le bureau de la dame. Cette fois, ils font front commun. "Vous ne nous aidez pas!" dit l'homme. "Tout va plus mal entre nous depuis que nous venons vous voir" dit P. La psychologue arbore un grand sourire: "Qu'attendez-vous de moi?" Le cinquante minutes se passera à définir les attentes. La psychologue écoute, encourage mais se mêle bien peu du discours. À la fin, elle leur donne un seul conseil:" Cette semaine, si vous vous adressez l'un à l'autre, vous devrez obligatoirement commencer toutes vos phrases par "I feel... (la thérapie se déroule en anglais).

Le "devoir" a été difficile. C'est tout de même différent de dire à quelqu'un "You are selfish." et " I feel that you are selfish." Ça a l'air pareil mais ce ne l'est pas. Dans un cas, c'est une condemnation sans appel, dans l'autre, on admet que ce n'est que question de perception et l'autre a l'ouverture nécessaire pour s'expliquer. Moins menaçant. Moins destructeur. Ils s'en amusent toute la semaine du "I feel" et arrivent même à rire ensemble, ce qui n'était pas arrivé depuis .... des années!, me dira P.

La cinquième rencontre à été la dernière! Cette fois, la psychologue leur remet cahier et crayon et leur donne des conseils concrets, des numéro un et deux et trois. Des incontournables à mettre en place. Des outils de communication. Et puis deux livres à lire, prescrits. Et bonjour madame et monsieur. C'est votre tour. Je pourrais vous garder un an ici, mais la vraie thérapie est amorcée et c'est à vous de la continuer. Mon amie est ravie de l'approche et son chum aussi et d'importants changements ont déjà eu lieu. Il y a de l'espoir.

12 commentaires:

Quelqu'une a dit...

Je leur souhaite tout le succès possible.

Méli a dit...

Ils semblent vouloir y arriver, ce qui est déjà beaucoup, il faut que les deux le veuillent et soient prêt à faire les efforts nécessaires... C'est pas simple... Le meilleur livre que j'ai lu sur le sujet reste : les couples heureux ont leurs secrets, les 7 lois de la réussite... que j'ai perdu et espère retrouver pour en relire des bouts...

Une femme libre a dit...

En fait, ce qui me surprend vraiment dans cette histoire, c'est la brièveté de la thérapie, surtout si on considère l'ampleur de la mésentente. Je pensais qu'une thérapie conjugale, ça durait des mois! Cinq séances, c'est assez surprenant. D'autant plus que, curieusement, ça semble assez bien marcher jusqu'ici. Je me demande si le chum, qui a des tendances radines (pas autant que ton ancien chum, Méli, tout de même!), n'a pas dit à la psy qu'il payait cinq cents dollars, pas un sou de plus, en cachette de P évidemment. Une idée comme ça....

Magnolia a dit...

Sans s'en rendre compte, c'est ce que l'on fait mon mari et moi! Parce que l'on a vite compris qu'il y a une tres grande différence entre ce que l"on dit et ce que l'autre le comprends et le ressent!

Quand on a un différent,on parle chacun notre tour sans dire un mot (et ca c'est sur des fois!) et on doit dire "j'ai ressenti ca de ta part". Des fois, l'autre n'a absoluement rien a dire sauf "Excuse-moi, je ne pensais pas que tu l'avais compris comme ca."

C'est le conseil le plus pratique que j'ai recue. Et il vient de mon ami qui est...prêtre!

Pierre F. a dit...

Brillante cette psychologue. Son action visant à ce qu'ils se lignent "ensemble" contre elle a été efficace. Avoir un ennemi commun est souvent une bonne façon de rapprocher les parties et il semble que c'était délibéré. Bon, on ne règle pas tout en 5 séances et le boulot demeure important, mais déjà de commencer ses phrases par "je" est un énorme changement dans la dynamique et pour que ça marche, il est clair que les deux doivent accepter de se conformer.

Pur bonheur a dit...

Dans notre couple, nous avons toujours commencer les discussions avec le JE.
C'est moins agressant que le TU! Et ça fonctionne.
Et aussi, même aux moments les plus difficiles, ne jamais s'injurier , respecter l'autre. Parce que les paroles blessantes sont longues à oublier.

Une femme libre a dit...

Les couples qui marchent ont certainement des trucs, Magnolia! Il semble que ce soit la base, écouter l'autre et dire comment on se sent, votre ami prêtre est de bon conseil!

Je suppose que c'était délibéré, Pierre. Cette psychologue dirige le département de psychologie de McGill et elle est spécialisée en thérapie conjugale, elle doit savoir ce qu'elle fait!

En effet, Pur Bonheur, les paroles blessantes font plus mal qu'une claque en pleine face. Il y a des conjoints qui sont vraiment maltraités et qui jouent un rôle de punching bag. Ma fille, qui est douce et gentille avec son bébé, est beaucoup moins aimable avec son conjoint. Je le lui faisais remarquer aujourd'hui. Elle me dit que c'est seulement quand elle est en colère, mais comme elle a un tempérament colérique...

Pur bonheur a dit...

Une fois mon frère m'appelle en plein milieu d'une dispute conjugale (je ne sais pas pourquoi mes frères m'ont souvent fait ça..).
Pendant qu'il me parlait j'entendais sa conjointe crier en arrière LOOSER! DÉGUEULASSE! je vous épargne le reste.
Et moi de lui répondre : Michel, ramasse tes affaires et fou le camp tout de suite(parce que les autres fois elle appelait la police pour dire qu'il venait de la battre alors qu'elle s'était elle même affligé des blessures au bras en se le cognant sur la rampe d'escalier..Une vraie bitch.

Solange a dit...

Ouf! Comment ça ce fait que c'est si difficile?

herbert a dit...

Bonjour, Femme libre...
Cette technique du silence puis de la subtilité...
Exquis et profitable.
Merci beaucoup.
Je t'embrasse.

cryzal a dit...

Bon temps des fêtes xx

Méli a dit...

Le respect est effectivement fondamental et ne jamais s'injurier en effet aide énormément... C'est vrai qu'il y a des insultes qui ne s'oublient pas...