vendredi 11 décembre 2009

Le stress

Pas le mien, celui de Quinze ans. Il est immense. Et en fait, c'est devenu le mien un peu beaucoup aussi, ce qui ne devrait pas et ce qui n'aide surtout pas. Elle en a énormément à gérer pour une fille dysphasique et dyslexique et tda et compagnie. Même sans handicaps, ce serait beaucoup en même temps. Premièrement, il y a ce spectacle de hip-hop dans une grande salle devant des centaines de spectateurs samedi prochain. Elle est dans une classe avec des adultes, ne l'oublions pas, car c'était la seule qui convenait à son horaire chargé. Elle a eu bien de la misère à comprendre c'était quoi le fameux costume à se procurer. Difficulté à gérer plusieurs informations à la fois (dysphasie). Et cette fois, on ne leur a pas dit qu'elle avait des difficultés, alors c'est "débrouille-toi". Sa vie va être comme ça parfois, souvent peut-être. Elle ne va pas toujours se présenter en disant "Je suis X, dysphasique et dyslexique." D'autant plus que c'est une belle fille aux yeux brillants qui s'exprime bien. Invisibles, ses handicaps.

Et puis, elle va changer de programme à l'école. C'est en préparation. Autre stress énorme. Peur de l'inconnu.

Et le cheerleading qui lui demande tant de temps et qui implique des compétitions dès janvier. Là encore, aucun élève, à part elle, ne vient des classes spéciales. Elle a de la misère à se rappeler des chorégraphies et répète encore encore dans notre salon. Une courageuse, ma fille. Une courageuse anxieuse. On le serait à moins.

Elle ne dort plus, a oublié son sac à lunch, ses clés, perdu son cadenas. S'inquiète, se ronge par en dedans. J'en arrive vraiment à me demander si c'était une bonne idée de la laisser faire tout ça et de l'y encourager. Je souffre avec elle et je doute. Je ne suis pas le roc que je voudrais être. Plus je vieillis, plus je me dis que c'était une folie d'adopter trois enfants toute seule. J'aimerais tant qu'il y ait un père pour prendre la relève de temps en temps. Je ne ressentais pas ça avant. C'est nouveau comme émotion. Je me sens moins à la hauteur et pourtant, il ne me reste qu'une enfant à m'occuper.

17 commentaires:

Quelqu'une a dit...

Ça lui fait beaucoup de choses à gérer.

Vous savez Femme Libre peut-être que même si vous étiez mariée que votre époux ne vous aiderait pas plus.

J'ai été mariée au père de mes filles 14 ans et quand je l'ai quitté alors que mes filles avaient 7 et 9 ans je les avais élevées seule comme si j'étais monoparentale.

Et j'ai remarqué (dans mon cas) que bien souvent je m'en fais beaucoup plus pour elles qu'elles s'en font elles-mêmes.

Et moi aussi bien souvent je me sens pas toujours à la hauteur.

Bon courage!

Pur bonheur a dit...

Mon fils aussi est un grand anxieux (c'est le cas de le dire avec ses 6'4''). Pour avoir été moi-même très stressée dans la vingtaine, je lui donnes des trucs comme la relaxation, une bonne marche dans le bois etc.
Et je vous ai toujours trouvé courageuse depuis que je sais que vous avez adopté ces trois filles toute seule! Super woman!

Karim'Agine a dit...

Anxieuse, je suis, orthopédagogue également. Je peux donc comprendre les difficultés auxquelles votre fille est confrontée. Sincèrement, je crois que vous faites ce qu'il faut. ces jeunes qui présentent des handicaps ont besoin de faire des choses qu'ils aiment, qui les stimulent et dans lesquelles ils peuvent vivre des réussites.

Ce n'est guère facile, mais le chemin que votre fille piétinne en ce moment fera d'elle une vraie battante dans la vie. Elle développe des stratégies de compassation qui lui serviront toute sa vie.

La route est ardue, parfois pénible pour arriver à une quelquonque position une fois adulte, mais qui a dit qu'il devait être plat et sans embûche?

Votre fille apprend à la dure que pour réussir, il faut faire des efforts dans la vie.

Je comprends toutefois votre de coeur de maman qui voudrait tant que ce soit plus évident.

Bravo à vous. Vous êtes là derrière elle et c'est la chose la plus importante qui soit pour une enfant avec handicap ou non.

Petite Fadette a dit...

Étrange quand-même de souhaiter la présence d'un père alors que votre "bébé" a 15 ans! Décidémment, vous ne faites rien comme les autres!! :)

Bravo à 15 ans! Je la trouve TRÈS courageuse. Elle semble avoir des "couilles", celle-là... comme sa mère! :p

Bonne chance!

unautreprof a dit...

Je suis toujours surprise de lire que votre fille a les deux dys, souvent, dans le trouble spécifique, un exclut l'autre.

Ça chicote l'ortho en moi;)

Mes dyslexiques (j'en ai une douzaine!) sont presque tous anxieux. Normal. Avoir un si bon raisonnement et ne pas arriver à produire ou à lire au niveau de leur compréhension.
Le TDA n'aide pas, ce qui est simple pour bien des gens ne l'est pas pour le TDA. Tant à oublier, malgré chaque effort, encore perdre...
Elle voudrait se mettre au Yoga votre fille dites?
Toute l'activité physique qu'elle fait doit aider à diminuer, j'espère.

Anonyme a dit...

Ouffff ! Ça fait vraiment beaucoup... et pour vous aussi !
Normal alors de se remettre en question...

etk, je la trouve vraiment, vraiment bonne votre fille... ma Grande n'aurait jamais pu faire ça, Ohhh non!

Mais cette grande anxiété est certainement un signe que votre 15 ans en a trop... il faudrait peut-être revoir tout ça avec elle pour rétablir un certain équilibre...

Solange a dit...

C'est vrai quand vieillissant on devient plus inquiet,mais c'est vrai aussi que quand on a quelqu'un sur qui s'appuyer ça aide.

Solange a dit...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Josie a dit...

Elle apprendra à gérer son anxiété, et vous aussi Femme Libre, et vos succès n'en seront que plus mérités.
Vous serez toutes deux extrêmement fières d'être passées au travers tout ça et vous conclurez pour les prochaines activités en temps et lieux.

Je ne connais pas ces troubles, je ne les vis pas et je ne suis pas anxieuse de nature. Mais sachez que quand on a plusieurs projets qui nous tiennent à coeur, on devient nerveux. Cette nervosité, fébrilité devient pour moi un carburant à produire et à être au meilleur de moi. Un défi enivrant.

Croyez-y. C'est possible!
Et continuez votre belle relation avec votre fille, elle est merveilleuse :)

Pierre F. a dit...

Les défis auxquelles est fait face sont à sa portée, même si cela comporte du stress. Les situations que l'on peut réaliser sans aucun stress, sont généralement similaires à celles qu'on a déjà réussit par le passé.

Je pense personnellement que c'est à travers les défis qu'on grandit et qu'on développe les outils pour faire face à d'autres défis plus grands. Sa vie comportera des difficultés que d'autres n'auront pas, c'est vrai. Vous le savez et elle s'en doute bien aussi. Elle a toutefois une excellente attitude, elle est tenace et ne tourne pas le dos aux efforts requis pour arriver à ses fins.

J'adhère personnellement beaucoup à la culture de l'effort. Réussir sans effort, signifie que l'on n'est pas allé au bout de soi. Cela signifie qu'on n'a pas fait bon usage de tout ce qui nous a été donné. Il ne s'agit pas de se mesurer aux autres, mais de se mesurer à soi, à la mesure de ce qu'on peut réaliser, de notre potentiel.

C'est essentiellement la Fable du lièvre et de la tortue. À la ligne d'arrivée, ceux qui ont fournis le meilleur d'eux-même sont toujours des gagnants. Elle sera peut-être plus lente que d'autres à réaliser certaines choses, mais son tempérament de gagnante la servira toute sa vie. En la supportant et l'encourageant ainsi, vous lui donnez de formidables outils.

Vouloir adopter et élever seule, trois enfants ayant eu un début de vie très difficile était de la folie, c'est bien vrai. La plupart des gens n'auraient pas osé un tel défi comportant autant de risques et de responsabilités. Il fallait du cran, du courage et beaucoup d'amour à donner. Quand je pense aux perspectives d'avenir qui s'offraient à elles auparavant et celui auquel elle font face maintenant, toutes les trois, il y a là de quoi être vraiment fière de vous. À travers votre façon d'agir, vous leur avez transmis ces valeurs de courage, de tenacité et d'amour.

Je vous donne un A+.

Pierre F. a dit...

J'aurais dû me relire, mais bon, désolé pour les fautes.

Anonyme a dit...

Vous parlez de votre fille ou de la mienne ? La mienne qui à déjà perdue deux ou trois tuques depuis le début de décembre mais qui se souvient de tous les noms des mangas japonais qu'elle écoute sur you tube...

Vous avez raisons, elle ne se présenteras pas dans sa vie de par sa différence. Il faut la laisser aller... et vous, personne ne vous as demandé d'être un roc, mais d'être que vous même.

herbert a dit...

Bonjour, Femme libre.
Ta fille est belle, de l'exterieur comme de l'intérieur.Elle a de la volonté. Elle franchit ses handicaps et tu l'aides à les franchir.
Personne ne peut l'aider mieux que toi.Avec discrétion et sans faille.Un père ne pourrait pas mieux faire. Au contraire il risquerait de rompre cette harmonie qui est toujours sous-jacente.
Que je ressens.
Un grand courage pour vous deux.
Je t'embrasse et je pense à elle.

Une femme libre a dit...

Quelqu'une, mais si j'étais mariée ce serait avec un homme extraordinaire et parfait qui serait aussi un père infaillible. Bon, comprenez-vous pourquoi je ne me suis jamais mariée.... (rires)

Je trouve aussi que l'exercice est souverain contre le stress, Pur Bonheur. Pour moi en tout cas. Ma fille en fait pourtant en masse de l'exercice. Aujourd'hui, elle va beaucoup mieux. Tout son linge de spectacle est acheté et ça la rassure. Très important l'image à l'adolescence (et après aussi!) ;o)

Karim'Agine, en effet, ce serait bien pire si elle ne faisait plus rien de son corps! Là, ça bouge en masse et elle en retire quand même certaines satisfactions et ça devrait aider beaucoup son estime de soi si le spectacle se passe bien. Il se passera bien.

C'est vrai que je vis parfois les choses à l'envers, petite Fadette. Avant, avec quatre enfants à élever,un job à temps plein et une maison à tenir, j'étais bien trop occupée pour même me rendre compte qu'il n'y en avait pas de père!

Elle a bien les deux, Un autre prof! Plus la dysorthographie et le trouble de l'attention sans hyperactivité. Écrit noir sur blanc dans tous les rapports et il y en eu des évaluations, son dossier est épais! La dyscalculie, tous ses professeurs sont certains qu'elle en souffre aussi mais là, il faudrait que je retourne voir une neurophychologue pour avoir un diagnostic écrit officiel, à mes frais.

Angelika, elle a tendance à l'anxiété et moi aussi des fois. On se parle, on se calme, on respire... Je pense qu'elle va passer à travers et moi aussi! On va réévaluer pour l'autre session.

Une femme libre a dit...

Solange, je ne suis pas d'accord que l'on devienne plus inquiet en vieillissant. En tout cas, pas tout le monde et pas ceux qui m'entourent. Ma mère n'a jamais été plus relax que depuis que mon père est mort et qu'elle est totalement libre. Il la stressait, je pense! Et moi aussi, je ne m'énerve plus autant. Le yoga aide et l'expérience que tout finit par se régler.

C'est vrai qu'on va être extrêmement fières d'être passées au travers. Merci de le rappeler, Sage Josie!

@Pierre. La culture de l'effort, mausus que les enfants en trouble d'apprentissage l'ont donc malgré eux! Ce qui est facile pour le voisin n'est pas évident pour eux et ils doivent en mettre de l'effort dans tout ce qu'ils font. J'ai de l'admiration pour ce courage et cette détermination. Et merci pour le A+, il est chaudement apprécié! ;o)

Nos enfants sont tellement surprenantes, Mazsellan, ne trouvez-vous pas? Je vous remercie de me rappeler que je n'aie pas à être un roc. J'avais justement besoin de ce sommentaire.

Herbert, c'est fantastique parce qu'on dirait vraiment que vous la connaissez. Je vous embrasse aussi, chaleureusement!

unautreprof a dit...

J'ai une copine qui travaille avec les dysphasiques et nos élèves sont souvent bien différents dans leurs difficultés tout en ayant en commun ce potentiel intellectuel dit " normal" .

Dysorthographie accompagne bien souvent la dyslexie, certains orthophonistes et neuropsys avancent même que les deux n'existent pas séparément. Un beau débat.

Quant à la dyscalculie, on en parle peu dans le monde scolaire. J'ai eu une excellente formation là-dessus avec Brigitte Stanké, mais je remarque que jamais je n'ai vu dans le dossier d'un de mes élèves une évaluation qui abordait cette difficilté, pourtant, je ne serais pas surprise d'avoir au moins 4 élèves qui ont cette difficulté dans ma classe.
Vous tombez dans mon intérêt professionnel ++++++ ici!

Une femme libre a dit...

C'est vrai que la dyscalculie est fort peu diagnostiquée et qu'il y a bien moins de documentation là-dessus, Un autre prof!