jeudi 30 mai 2013

Psychologue

Je suis psychologue. Il y a cette nouvelle cliente. Une femme de près de 60 ans, en forme. Elle me parle d'ailleurs de la montagne et du gym et du yoga et de sa perte de poids récente. Perte de poids qu'elle doit compléter pour atteindre son poids santé dans moins d'un mois. Elle a l'air certaine de son coup et comme elle n'est qu'à quatre livres de son objectif, je la crois.

Elle me parle d'elle. C'est pour ça qu'elle est venue me voir, pour préciser ses projets de vie.  Voulait déménager dans un tout-petit appart neuf pas loin de celui qu'elle habite tout en haut tout en haut et voyager. C'était ça qu'elle avait en vue pour ses 60 ans. Et voilà que sa plus jeune fille de 19 ans est revenue à la maison alors elle va garder son deux chambres à coucher. Pour l'instant. Et puis, la plus vieille est en psychose à l'hôpital psychiatrique et la celle du milieu bon, la celle du milieu ne va pas parfaitement mais elle ne nuit pas vraiment aux projets de petit condo-voyages de la madame.

Elle a un fils aussi. Il ne nuit pas non plus, il fait sa vie.

Bon, le problème, c'est la fille de 24 ans et celle de 19 ans. Bien que celle de 24 ans, quand elle sortira soignée de l'hôpital, on ne pourra pas faire grand chose contre ses choix de vie et si son choix c'est la prostitution et la drogue et les vieux messieurs riches, la madame n'y pourra absolument rien, et si elle s'empêche de voyager pour ça, ce serait du gaspillage d'énergie et d'opportunités. Elle est d'accord avec moi.

Maintenant la petite. Elle a 19 ans mais est comme bien plus jeune. Sa mère (ma cliente) a tenté de la placer chez sa soeur à la fois pour la responsabiliser et pour s'en débarrasser. Elle ne savait pas trop pour la partie pour s'en débarrasser, ce n'était pas clair mais sa culpabilité permanente au moment où la jeune habitait chez sa soeur lui fait penser que c'était le cas. Inconsciemment. Mais là, c'est devenu conscient. Elle a voulu s'en débarrasser. Qu'y-a-t-il de si terrible à ça, lui ai-je demandé? Votre fille était majeure. Les parents aussi ont le droit de vivre leur vie. Un contrat d'élevage d'enfant a une fin et il faut savoir décrocher. C'est ce que vous avez voulu faire, décrocher et lancer votre fille dans la vie et vous n'avez pas à culpabiliser pour ça.

Exact, m'a-t-elle répondu, rassérénée. J'ai fait des essais, j'ai cru que ma plus jeune était prête à être lancée dans la vie et depuis son retour, j'ai décidé d'attendre qu'elle décide elle-même qu'elle est prête au lieu de le faire à sa place.

C'est bien, lui ai-je répondu, mais avez-vous mis vos limites? Absolument! me dit-elle. Ma fille est revenue, elle a pleine jouissance de sa chambre et des repas et de ma compagnie si elle en a envie, mais je n'ai plus envie de rencontrer des jeunes hommes inconnus chez moi, alors ma grande ouverture à ce niveau a fondu.  Elle peut inviter une amie à la fois, ou plusieurs, si je les connais et les aime. Je me priorise. Je suis chez moi et elle est chez moi.

Excellent, mettre ses limites, respecter votre fille adulte mais vous respecter également.

Et les voyages qui étaient au départ un élément important de votre avenir, vous faites quoi avec ça?

Elle a hésité. Je venais de toucher un point sensible.

"Je ne veux pas laisser ma fille. Pas pour l'instant. Je pense qu'elle a besoin de moi. Et j'ai besoin d'elle aussi, de savoir ce qui lui arrive. Alors, j'ai pensé à voyager avec elle. Elle adore les voyages et nous nous entendons super bien dans ce contexte. Là, elle a trouvé un emploi, On va voir ce qui arrive avec ça et je vais m'ajuster en conséquence."

Va falloir revoir la dame mais je pense qu'elle a bien analysé la situation et fait des choix adéquats pour le moment.

11 commentaires:

Mélissa a dit...

Je le crois aussi :)

Petite libellule a dit...

Eh bien, je dirais que si vous n'êtes pas réellement psychologue, vos lectures et expériences de vie ont porté fruit...

Nanou La Terre a dit...

Je le crois aussi xxx

Une femme libre a dit...

C'est une psychiatre qu'on voyait pour ma plus vieille à laquelle je confiais que je devrais me trouvais un psy pour m'aider dans cette histoire qui m'avait dit: "Mais vous n'avez pas besoin de payer pour ça! vous pouvez facilement être votre propre psychologue. Vous avez l'intelligence, la logique et l'introspection nécessaires. Regardez-vous aller comme si vous étiez quelqu'un d'autre et analysez votre comportement."

Je le fais de temps en temps et ça m'est le plus souvent utile! ;o)

Une femme libre a dit...

Ceci dit, j'ai consulté une vraie psychologue également, au moment de l'adolescence de ma fille et ça m'a été utile, et même très utile à ce moment-là! Je lui suis encore reconnaissante pour l'assurance qu'elle m'a apportée.

cryzal a dit...

WOw !!! puis-je la consulté :)

Une femme libre a dit...

Avec plaisir. Elle sera toujours à ta disposition Cryzal! ;o)

Pur bonheur a dit...

Vous êtes plus compétente que des sois disant psychologues!

Une femme libre a dit...

Pur Bonheur, c'est que je connais bien ma cliente et depuis longtemps! ;o)

unautreprof a dit...

J'adore le ton de ce billet! Faire parler la psy pour parler de vous. Quel bel exercice d'écriture et de thérapie.

Une femme libre a dit...

Et je fais cet exercice pour vrai, Unautreprof, quand j'en ai besoin et ces temps-ci, j'en avais besoin!