jeudi 14 janvier 2016

Le troisième jour

Le deuxième jour de stage se passe aussi mal que le premier. Ma fille termine à 22 heures et rentre à 23h10. Le centre est très loin de chez nous. Elle m'apprend alors qu'elle sera de jour le lendemain et commencera à 7 heures et elle doit arriver d'avance pour se préparer et mettre son uniforme. On regarde les horaires d'autobus, il n'y en a pas beaucoup  très tôt le matin. Comme en plus, ça lui prend du temps avant de partir, elle devra se lever à quatre heures et demi!

Je décide de suivre son horaire et de me lever aux aurores avec elle le lendemain. Elle mange son repas du soir à 23h30, on jase de sa pénible journée. Il y a surtout une dame qui lui fend le coeur, elle a l'air terrorisée par Sadique. Elle a les bras pleins de bleus. Pour ce qui est des bleus cependant, j'apprendrai par mon amie qui a une maman souffrant de l'alzeihmer dans une excellente résidence et en plus visitée tous les jours par ses enfants que les personnes âgées ont souvent des bleus, la peau est plus fine et sa mère a les bras couverts de bleus et les avait comme ça avant même son entrée en résidence et il ne faut pas sauter aux conclusions trop hâtives. Sa mère accuse également les préposées de la voler, de la frapper, de la priver de nourriture et elle accuse également celle de ses filles qui ne la visite pas quand elle en voit une autre de lui faire vivre les même sévices. Or, ses accusations ne sont que le fruit de la maladie, pas de la réalité. Il faut faire attention. Pour ce qui est d'avoir l'air terrorisée, mon amie me dit que souvent les personnes qui souffrent de l'alzeihmer ont cet air-là même si elles sont traitées avec douceur. J'essaie de nuancer le plus possible. 

D'ailleurs, tout ce que je raconte ici, je ne l'ai pas vu de mes yeux. Je rapporte les paroles de ma fille mais j'ai cependant tout à fait confiance en elle. 

Elle dormira donc moins de quatre heures cette nuit-là  vu son arrivée tardive et son réveil hâtif. 

Le matin du troisième jour, à l'heure du départ, elle pleure à chaudes larmes. Épuisée et découragée,  elle dit qu'elle ne veut pas être complice des mauvais soins, que ne rien dire, c'est consentir, qu'elle va parler, qu'elle s'en fout de son stage. Le bien-être des résidents âgés est bien plus important. Et elle pleure et elle pleure. Je suis alors dure avec elle. Faut qu'elle parte tout de suite. Faut le faire ce stage et c'est comme ça. Allez ouste, dehors! Tu pleureras à ton retour. Là, tu pars! Je la porte presque sur mon dos. Et elle finit par quitter. Ouf! 

Mais j'apprends à son retour que cette troisième journée se passe bien mieux. Ni Incompétent ni Sadique ne travaillent avec elle ce jour-là, hourra! Elle passera la journée avec une autre stagiaire (hello la formation?) ou bien toute seule à donner des bains. Il lui arrivera même d'avoir des moments libres. Elle va alors tout de suite demander quelque chose à faire ou bien s'en va jaser avec les résidents qui en ont envie. On lui dira qu'elle est bien travaillante. Elle est fière de ça. 

C'est moins découragée qu'elle est repartie pour sa quatrième journée ce matin. J'ai hâte d'en avoir des nouvelles. 

32 commentaires:

Gen a dit...

Ouf! Un rayon de soleil finalement dans ce récit bien sombre.

J'espère que votre fille va s'accrocher, terminer son stage et se trouver une résidence où ses qualités seront appréciées.

Parce que j'ai bien vu avec mes grands-mères qu'il y a des résidences merveilleuses Ma grand-maman favorite a passé quelques mois dans une résidence qui ne payait pas de mine, mais dont la philosophie était "on met l'argent sur le personnel et les soins, pas sur la déco". J'espère que votre fille trouvera un endroit comme ça. :)

(Et pour l'anecdote, ma grand-maman, qui avait peu vu de Noirs dans sa vie et qui avaient une mauvaise vue à la fin, a eu deux jeunes préposées noires qu'elle appelait du même nom, croyant que c'était la même fille! Je m'en suis aperçue quand je l'ai visitée. Je suis sortie de la chambre pour m'excuser en son nom aux deux jeunes femmes (j'avais peur que ma pauvre grand-maman passe pour une raciste! :S), qui m'ont répondu, tous sourires, que c'était pas grave, que ma grand-mère était tellement gentille qu'elles ne voulaient pas la détromper et la mettre mal à l'aise, alors elles jouaient le jeu. Ça m'avait fait tellement chaud au cœur! :)

Une femme libre a dit...

Je le sais qu'il y a de très bonnes résidences et que la majorité des préposées (car ce sont des femmes pour la plupart) sont dévouées et patientes mais ma fille est vraiment mal tombée. Aujourd'hui,ça a été encore mieux cependant. Elle commence à connaître les résidentes et résident et m'en parle déjà avec affection. Elle a fait des lits et donné des bains et même jasé un peu (ce qu'elle adore!) et on lui laisse beaucoup d'autonomie. Les deux gars étaient toujours pas là. Ouf! Mais comme on lui a dit que c'était Sadique (un Blanc québécois pure laine, une espèce rare chez les préposés) qui devait l'évaluer, elle se demande bien comment il va le faire vu qu'il ne la voit jamais! ;o)

Une femme libre a dit...

Ma fille aime ça prendre son temps. Elle devait finir à trois heures mais elle n'a quitté la dame qu'elle lavait qu'à trois heures et demie. Elle ne voulait pas rusher les soins et puis elle aimait lui parler tranquillement. Ça ne la dérangeait pas de finir plus tard.

Zoreilles a dit...

Un peu de lumière au bout du tunnel, Sadique et Incompétent étaient en congé et elle a pu avoir une meilleure de ce que ça peut être, des fois, une journée au travail, à prendre soin...

Tu fais bien de t'informer et de nuancer, les bleus sont choses courantes chez certaines personnes âgées. L'anxiété, les hallucinations, les crises d'angoisse, les réactions imprévues et imprévisibles sont le lot quotidien des personnes atteintes de démences de toutes sortes, l'Alzheimer étant la plus connue des démences. C'est dur à voir et à vivre pour le personnel, pour les familles aussi. Plus on est présents, aidants et à l'écoute auprès de ces personnes, plus ça nous rentre dedans. Il y a par contre, et je souhaite qu'elle le découvrira bientôt, des membres des familles des résidents qui sont de véritables alliés, qui font équipe avec le personnel, j'ai vu des familles et des membres du personnel s'entraider beaucoup.

Anonyme a dit...

On l'aime ta fille...tu le sais?

J'espère tellement qu'elle sera bien dans ce travail...je crois que ses qualités humaines et à la limite même son délire religieux "fitteront" dans ce genre de travail et qu'elle pourra s'y sentir bien et surtout faire du bien. Très valorisant travailler avec des personnes âgées.

Laurence

Une femme libre a dit...

Zoreilles,

Je ne nuance pas tant que ça quand j'écris et je le sais. J'entre dans l'émotion vécue par ma fille. Je suis pas mal en symbiose avec elle ces jours-ci. J'ai énormément d'admiration pour ce qu'elle fait et que moi, je ne serais pas capable de faire!

Je sais que ce genre de maladie peut entraîner l'épuisement chez la famille et les soignants et qu'il y a eu des cas d'abus chez des personnes dévouées qui ne demandaient pas d'aide et pensaient s'en tirer toute seules. C'est très certainement très lourd que de s'occuper chez soi d'une personne qui souffre de démence. Et en institution, avec le temps, probable que certains préposés se protègent en mettant une distance affective avec les gens qu'ils soignent.

Ma fille ne sait pas tout, elle est fraîche comme une fleur et veut tellement bien faire! Idéaliste, elle ne voit pas du tout pourquoi on doit absolument parquer dans sa chambre une vieille dame qui a envie de prolonger son repas devant un café sans déranger personne. Moi non plus, je ne le sais pas en fait. Je suis certaine (pas certaine, non, mais j'espère!) que dans d'autres institutions on respecte le rythme des gens. Pas parce que t'es vieux que tu n'as pas de désirs et d'envies.

Parlant d'envies, il y a monsieur T dont elle soit s'occuper qui lui demande de le caresser et de faire l'amour avec! Elle lui dit non non, mon mari veut pas. "Tu lui dis que tu es mariée?" Oui, maman, dans mon cours, ils nous ont conseillé de toujours dire qu'on est mariée!

Une femme libre a dit...

Laurence

Je suis contente que vous l'aimiez! Je l'aime tellement moi aussi ;o)

Le délire religieux, elle n'a pas trop le temps pour ça pendant son stage! Hier, elle avait faim dès son arrivée à 17 heures. Elle a mangé et s'est couchée "pour une sieste" en disant qu'elle devait absolument se relever pour ses prières. La "sieste" s'est prolongée jusqu'à 4h45, son heure de levée!

Et elle n'arrêtera jamais de me surprendre. Si elle ne s'opposait pas à Sadique, hier, spontanément, elle est allée défendre une vieille dame qui était brusquée par une préposée. "Tu pourrais faire ça plus doucement", lui a-t-elle dit (j'ai pas réfléchi, maman, ça m'est venu tout seul). La réponse "Je suis ici depuis plus longtemps que toi. Je sais ce que j'ai à faire. Mêle-toi de tes affaires."

Zoreilles a dit...

« Ma fille ne sait pas tout, elle est fraîche comme une fleur et veut tellement bien faire! Idéaliste, elle ne voit pas du tout pourquoi on doit absolument parquer dans sa chambre une vieille dame qui a envie de prolonger son repas devant un café sans déranger personne.»

Sais-tu quoi, Une femme libre? C'est la plus belle qualité qu'elle a, ta file, et j'espère qu'elle restera toujours fraîche comme une fleur, aussi aimante et compréhensive. C'est ce qui me fait croire qu'elle est faite pour ce métier difficile mais combien admirable! Il lui suffira de se protéger un peu quand même mais je suis confiance que ça s'apprend.

Qu'elle soit « mariée » donc non disponible et fidèle est une excellente réponse, le monsieur ne sentira pas de rejet et les gens de cette génération ont parfois des principes! Dans les cas de démence, par exemple, il n'y a plus d'inhibitions et les vieux principes prennent le bord, alors elle aura sûrement à lui répéter plusieurs fois qu'elle est mariée. C'est cute quand même!

Je te raconte quelque chose que j'ai souvent vécu comme « famille » alors que Belle-Maman était en CHSLD dans la dernière année de sa vie. Oui, elle a raison, ça va trop vite au moment du repas quand ils ont une dizaine de personnes âgées à faire manger en même temps, c'est inhumain pour le personnel comme pour les personnes âgées, ça devient carrément impossible de réussir ce défi. Nous, ce qu'on faisait couramment, c'était d'amener Belle-Maman « au restaurant », donc 6 étages plus bas, dans son fauteuil gériatrique, et on la faisait manger nous-mêmes, ça en faisait une de moins et on était certains qu'elle mangerait à sa faim. Le personnel de la cafétéria nous connaissait de vue, ils collaboraient en nous suggérant un plat de résistance plutôt qu'un autre, etc. On la ramenait en haut après dîner, on les aidait à la mettre au lit comme on pouvait parce qu'il y a des machines pour la lever qu'on n'avait pas le droit d'opérer nous-mêmes mais le personnel appréciait notre présence et on passait notre temps à leur dire comment on appréciait leur dévouement et leur savoir-faire.

Il y en a des familles comme ça, tu sais, dis-le à ta fille... Une famille qui est présente auprès d'un résident, c'est toujours une famille extrêmement reconnaissante et aidante. C'est peut-être de là que viennent quelques sourires et les trop rares petites tapes dans le dos qui encouragent les bonnes personnes à persévérer dans le métier.

Une femme libre a dit...

Zoreilles,

Dans sa résidence, les personnes âgées qui ne peuvent se nourrir elles-mêmes, ils ne les descendent pas et les font manger dans leur chambre. Celles qui sont descendues sont capables de manger toutes seules mais elles doivent le faire vite et c'est le cas aussi pour celles qui font partie de la deuxième tablée. T'aimes pas toi ça juste rêver avec un bon café et prendre ton temps? Me semble qu'en vieillissant, c'est le temps de prendre son temps?

Ta belle-maman a été bien chanceuse de vous avoir et c'est certain que des familles aimantes allègent la tâche des préposés. Et en plus me semble qu'ils sont moins portés à brusquer les bénéficiaires quand ils ont des "observateurs."

Sauf que dans la résidence du stage de ma fille, des observateurs, il n'y en a pas!
Si elle avait voulu brusquer des résidents, elle aurait pu le faire à volonté car dès sa troisième journée de stage, elle était seule avec eux pour donner des bains! Est-on plus vulnérable que tout nu dans une baignoire?

Elle a été là quatre jours, de jour et de soir et me jure qu'elle n'a vu aucun visiteur. Elle les reconnaîtrait. Les préposés ont un uniforme. Les visiteurs seraient habillés "en civil" et probablement avec un manteau. Peut-être que les familles visitent la fin de semaine?

Pur bonheur a dit...

Hahaha! J'ai bien ri avec le monsieur T!!! Les hommes, ça peut être à l'article de la mort et avoir des idées érotiques quand même!
Je trouve qu'elle va de mieux en mieux. J'espère sincèrement qu'elle trouvera sa voie, et si c'est ce qu'elle aime faire dans la vie, qu'elle fonce. En espérant toutefois que ses conditions de travail soient acceptables..

Anonyme a dit...

Moi je trouve que c'est normal que les gens veuillent se faire toucher...c'est ce que je trouve presque de plus triste pour les personnes vieillissantes...ne plus avoir de sexe, de caresses, de peau contre la peau. J'ai déjà dit et je le pense encore que le contact sexuel c'est plus que des trips de cul, c'est vital au même titre que de se nourrir ou se laver.
J'ai déjà eu un ami préposé qui "soulageait" de temps en temps des hommes plus vieux qui ne pouvaient plus se masturber..c'est un gros tabou mais moi je trouvais cet ami vraiment humain.
Ceci dit, je ne veux pas dire que ta fille doit se dévouer et coucher avec le monsieur, naturellement!

Laurence

Zoreilles a dit...

Je pense que ça fait partie du gros problème dans les CHSLD, les familles ne sont pas là pour accompagner leur parent en perte d'autonomie et par le fait même, pour supporter le personnel dans leurs tâches trop lourdes et pas suffisamment reconnues. Tant de familles sont complètement déresponsabilisées face à « leurs vieux », ils les abandonnent à leur triste sort et ils braillent comme des veaux au salon funéraire. Comme tu dis, il n'y a pas d'observateurs, ta fille n'a pas encore eu connaissance de « la visite »... et elle constate que ce serait d'autant plus important que ces personnes en perte d'autonomie à plusieurs niveaux puissent avoir des soins et des services minimum qui ne soient pas complètement déshumanisés et gérés par statistiques comme c'est le cas présentement.

Ma belle-soeur qui a travaillé toute sa vie en CHSLD me disait la même chose, la visite est rare dans les CHSLD. Il faut avoir le cœur bien grand pour y travailler, pour y faire des petits miracles à chaque jour en dépit des contraintes de toutes sortes.

Zoreilles a dit...

Un dernier petit commentaire et après je me tais, c'est promis.

J'ai souvent entendu des gens dire : « Ah moi, je l'aime trop mon père, ma mère, je suis pas capable d'aller la/le voir, il/elle ne me reconnaît pas de toute manière, il/elle fait dans sa couche... blablabla »

Ben moi, y me feront pas brailler. On ne me fera pas croire que c'est d'aimer trop quelqu'un que de l'abandonner ainsi.

C'est pourquoi j'ai tant d'estime et de reconnaissance pour les gens qui travaillent là, à chaque jour/soir/nuit, dans des conditions difficiles, qui ont plus de cœur et de considération pour ces personnes si vulnérables que les propres familles de ces personnes.

Une femme libre a dit...

Pur Bonheur,
On vit vraiment ça un jour à la fois. J'ai toujours hâte qu'elle finisse ses journées pour pouvoir lui parler et elle parle! tu peux me croire. Je me sens vraiment utile comme soutien. Tout un choc qu'elle vit là ma fille et que je vis avec elle. Ça nous a beaucoup rapprochées. On fait front commun.

Une femme libre a dit...

Laurence, `

La vision de personnes adultes et matures et celle d'une jeune fille de 21 ans (qui en a l'air de 14, demande à Michèle!) qui a vécu et violence conjugale et agression sexuelle est pas mal différente.

C'est pas facile de s'occuper de M. T. pour ma fille. Les autres préposées féminines ont clairement voulu s'en débarrasser et c'est pas pour rien que ma fille qui ne refuse aucune tâche lui a été assignée.

Elle doit le laver partout et il ne bande pas mais "zigne" me dira ma fille. Mettons que ce n'est pas son choix de devenir une aide sexuelle pour qui que ce soit.

Ceci dit je pense qu'il serait utile et pertinent d'avoir des personnes engagées pour voir aux besoins sexuels des résidents ou handicapés qui le désirent. Mais si tu as lu mes billets sur ce centre d'accueil, mettons qu'il y a d'autres priorités de base qui ne sont pas satisfaites non plus! ;o)

Une femme libre a dit...

Oh! Mais je ne veux pas que tu te taises, Zoreilles! Ton avis est super utile et intéressant. Toi, tu y a mis les pieds souvent dans un chlsd alors tu sais de quoi tu parles, bien plus que moi qui ne parle de la résidence que par l'entremise de la vision de ma fille (à qui je fais totalement confiance, pas une menteuse ma fille!)

Et puis chsld et résidence privée, c'est différent. Ceux qui dirigent les résidences s'enrichissent et font des profits. Une grosse business. Tu te rappelles quand les revenus gargantuesques du propriétaire des Résidences Soleil avaient été révélés? Pas des pinottes, là.

Dans la résidence où ma fille travaille, il y a de tout et le tout dépend de ton revenu. Certaines personnes partagent une petite chambre à deux alors que d'autres ont tout un grand appartement pour eux tout seuls. Il y en a qui se paient des préposées privées. Une dame qui en a une a même dit à ma fille qu'elle s'en cherchait une pour la fin de semaine. Ma fille ne s'est pas proposée, elle est épuisée et a juste hâte de finir sa semaine! C'est certain que ceux qui ont leur propre préposée qu'ils paient eux-mêmes en ont des bons soins.

Zoreilles a dit...

C'est sûr qu'en accompagnant Belle-Maman pendant tant d'années, j'ai pu bien démêler toutes les ressources d'hébergement et suivre son parcours à partir de son domicile où on l'aidait le plus qu'on pouvait jusqu'à ce que ça ne soit plus possible, puis de son déménagement et installation en résidence privée pour personnes âgées autonomes, (à un moment donné elle pouvait l'être) puis plus tard pour semi-autonomes avec certains services facturés en surplus, et la pire place, ça a été à l'hôpital (parce que la résidence ne voulait plus la reprendre après l'une de ses nombreuses hospitalisations et personne ne peut les y obliger, ce sont des entreprises privées) en attente pendant 3 1/2 mois dans une chambre d'hôpital qui n'était pas adaptée à sa situation et finalement, d'une place libre en CHSLD, et là, elle passait d'un étage à l'autre selon le degré de perte d'autonomie et rendue au 6e étage, c'est là qu'on nous a dit que la prochaine place pour elle serait le ciel... ce qui a été le cas le 7 mars dernier après une très lente et pénible dégénérescence (démence à corps de Lewy plus de nombreux problèmes de santé physique complexes dus à son grand âge).

Oui, je sais que des grands propriétaires de résidences privées, comme des réseaux de résidences également qui sont des consortiums de gens d'affaires, tirent profit de la situation dans le cas de personnes âgées autonomes qui ont besoin de ces services pour lesquels elles paient. C'est lorsqu'elles ne le sont plus suffisamment que les gros problèmes commencent, c'est le réseau public de santé et des services sociaux qui les prend en charge mais je t'assure, ce n'est pas mieux qu'au privé, au contraire.

Quand tu paies, quand c'est toi le client, c'est comme chez le vétérinaire, tu as plus de chances d'avoir de bons soins et de meilleurs services.

Une femme libre a dit...

"c'est comme chez le vétérinaire", non, c'est mieux chez le vétérinaire! Médecine de pointe accessible le jour même où tu le demandes. Scans, résonnances magnétiques, opérations, le même jour si tu veux et si tu paies pour! Les animaux mieux traités que les humains quand leur propriétaire (euh... faut pas dire ça non plus, tu n'es pas le propriétaire d'un animal, tu es son "papa" ou sa "maman"). Bon, je vais heurter les fanas des animaux ici et j'ai de bonnes amies qui le sont. Comprenez-moi bien, je n'en ai pas contre les bons soins prodigués aux animaux, j'en ai contre les mauvais soins prodigués à des humains vulnérables!

Ouais, c'est un parcours du combattant que vous avez connu avec Belle-maman! Dur dur.

Anonyme a dit...

Naturellement.
Je ne parlais pas que ta fille devienne une aide sexuelle!!
Je parlais en général de la vieillesse et de la sexualité.
C'est un beau sujet je crois...et très présent j'imagine pour les gens qui travaillent dans le milieu.
;-)

Laurence

Une femme libre a dit...

Même problème pour les handicapés. Pas simple la vie sexuelle. Beau sujet en effet.

Une femme libre a dit...

Laurence,
J'en ai parlé avec ma fille (qui est revenue de sa cinquième journée bien contente que sa première semaine soit enfin finie, ouf!) du préposé généreux qui masturbe des bénéficiaires qui ne peuvent le faire (à leur demande) et elle dit que s'il est pris à faire ça il perdrait sa job et pourrait être accusé d'agression sexuelle. Ils en ont parlé de ça dans leur cours. En tant que préposé aux bénéficiaires, on est responsable des gens en perte d'autonomie dont on s'occupe et ne jamais jamais rien faire de sexuel avec eux. C'est ce qu'on lui a appris.

Éphémère a dit...

Votre fille me redonne le sourire. Elle a l'air tellement à sa place dans ce milieu. Elle est patiente, aimante et a de l'empathie. C'est important pour ce qu'elle fait. Un vrai rayon de soleil !

Une femme libre a dit...

Oui, en effet, Éphémère et elle prend ça à coeur! Hier, elle avait les larmes aux yeux en parlant d'un monsieur qui souffre énormément. Elle voudrait qu'on l'envoie à l'hôpital mais ça ne sera pas fait. Il va falloir qu'elle se protège là-dedans, c'est sûr et l'idéal serait un autre milieu, plus chaleureux et avec les mêmes valeurs de respect et d'amour qui sont les siennes.

PassionArts et plus... a dit...

Voilà un sujet, le respect, qui touche mes valeurs au plus haut point! Qu'on le veuille ou non, nous y serons confrontés à la veille de notre fin de vie si nous vivons jusqu'à un âge avancé... Ayant accompagnée ma mère qui est décédée à 85 ans voilà quelques années, et qui a passé sa dernière année en milieu hospitalier, je peux dire qu'il y a toutes sortes de gens qui les entourent pour leurs donner des soins... et comme ta fille, il y avait, entre autres un infirmier des plus sympathiques que ma mère aimait beaucoup et qui prenait même le temps de lui parler et de l'apaiser dans ses souffrances... je crois sincèrement que ta fille a la "vocation" et qu'elle devrait continuer dans cette voie, nous avons besoin d'aide comme elle.

Une femme libre a dit...

J'espère bien qu'elle fera cette job, PassionArts et plus, mais comme tu le sais, la mère propose mais c'est la fille qui dispose, eheh!

Tout comme toi, je pense qu'elle serait une excellente préposée.

Merci de ton commentaire! ;o)

Pierre Forest a dit...

Cette façon qu'elle a de ne pas tolérer les injustices et oser s'en mêler et le dire, elle tient cela de toi, j'en suis persuadé.

Une femme libre a dit...

Tellement! Pierre. Je me suis vue en elle! Ce stage nous rapproche beaucoup. Mêmes valeurs, même combat! Je l'aime ma fille.

Une femme libre a dit...

Je me suis vue en elle mais je ne pourrais jamais faire la job qu'elle fait. Même avec ma propre mère à moi que j'adore, ça me prend tout mon petit change pour rester patiente, alors que pour ma fille, c'est seconde nature, je le vois bien. Je l'admire vraiment, cette enfant! J'exulte de fierté.

mijo a dit...

Je viens de lire tous les commentaires. De très belles discussions. J'ai appris plusieurs choses.
Oui, tu peux exulter de fierté, elle est bien ta fille.

Une femme libre a dit...

Oui, je suis fière mais euh... moins fière aujourd'hui....

Demain sera un autre jour heureusement! ;o))

Nanou La Terre a dit...

Ta fille est intelligente et a le coeur bien à sa place. J'en suis toute émue...

Une femme libre a dit...

Actuellement, je ne le sais plus trop comment va son stage, Nanou. Elle n'en parle plus! Je respecte ça aussi. Elle est bien contente d'être en fin de semaine et ça paraît. Rigole avec son amie qui est encore ici. C'est bien.