mercredi 6 avril 2016

Autocentrisme et maternité

J'accuse Un autreprof d'égocentrisme (en fait il s'agit plus d'autocentrisme) et elle m'accuse de porter des jugements.

Dans les deux cas, nous sommes normales! Le couple maman bébé est souvent un monde clos, complet, prenant et envahissant. Même le père de l'enfant peine à y faire sa place! C'est un phénomène encore plus marqué quand la mère avait une vie professionnelle prenante et valorisante et qu'elle se retrouve abruptement avec une seule source de valorisation: son bébé! Du coup, tout conseil ou façon de faire différente de la sienne lui apparaissent comme une agression ou "un jugement".

C'est quoi "un jugement"? Ça a beaucoup à voir avec la loi mais dans ce cas-ci, ça correspondrait surtout à la définition 4 du Petit Larousse "action de se faire une opinion, appréciation portée sur quelqu'un ou quelque chose, opinion ou sentiment" . Selon la définition du dictionnaire, toute personne pensante porte des jugements, devant une œuvre d'art, des actions politiques, des  choix écologiques ou pas etc et pourquoi pas sur l'éducation des enfants. Si je dis qu'une voiture électrique est meilleure qu'une voiture à essence pour l'environnement, aucun propriétaire de voiture à essence ne va s'en formaliser! Mais si j'écris que l'allaitement est meilleur que le biberon pour la santé et le développement du bébé, il y aura un tollé immédiat et féroce. Celles qui auraient bien voulu, qui n'ont pas pu, vont se sentir directement et personnellement attaquées, flouées, vilipendées. Vont m'accuser de vouloir leur faire de la peine. Et puis, elles n'ont pas été allaitées, elles et sont pleines d'intelligence ce qui prouverait par leur cas d'espèce que la théorie sur la supériorité de l'allaitement n'est peut-être pas si vraie que ça. Et on assistera à un débat "émotif" et personnalisé sans fin. C'est pour ça que bien des mères qui ont un allaitement facile n'osent même plus en parler!

C'est tout à fait vrai que je trouve inadéquat de nourrir un bébé à la seringue tout comme de le laisser attaché dans un appareil qui freine son exploration et ses mouvements. Mais c'est le portrait global qu'il faut regarder. Y a-t-il de l'attachement? Les enfants ont-ils l'air raisonnablement heureux? Sont-ils en sécurité?

Gen se demande pourquoi je suis intervenue à propos de la chaise et pas à propos du gavage, qui lui semble un problème plus grave qui va suivre le bébé pour toute sa vie? C'est clair que la relation fuckée à la nourriture est plus grave. Ces bébés ont déjà leur place en CPE pour le mois d'août et ils rattraperont bien leur retard moteur à ce moment- là si retard il y a. 

C'est pas gênant de dire tout bonnement que le transat c'est pas bon pour le dos. La mère ne s'est pas sentie attaquée. Mais tout ce qui touche l'alimentation est hautement émotif. Ce serait une critique directe de son maternage. Je l'ai vue punir et récompenser pour "faire manger" les deux filles plus vieilles. Ils ont seulement trois places à table (table minuscule dans cuisine minuscule)

12 commentaires:

unautreprof a dit...

Je suis une personne qui, comme toi, réagit et donne son opinion quand un sujet m'interpelle. Je n'aime pas vraiment les boîtes, les étiquettes, les commentaires très fermés du genre : ça c,est mal, ça c'est merveilleux. Je suis une personne de nuances, beaucoup de gris, peu de noir ou de blanc. J'avoue que j'ai l'impression marcher un peu sur des oeufs ici, parce que contrairement à ce qui a pu transparaitre, je n'ai pas été insulté, blessée, scandalisée, etc. J'ai pris le tout en riant parce que ce genre de commentaires ou de conversation est rendu très banal et monnaie courante pour moi. Quand j'ai dit que je m'en fichais, je voulais pas dire que je n'étais pas intéressée par une opinion différente de la mienne, mais que ça ne m'affecte pas moi dans ce que je pense. Je suis hyper chanceuse, je suis très entourée de gens qui sont curieux, qui aiment discuter et on confronte amicalement nos idées sans vouloir avoir raison. mais plutôt en étant soucieux de trouver ce qui nous convient le mieux. En cela, on finit effectivement par se centrer sur toi, au final, retourner à nos valeurs, à ce qui nous rend plus à l'aise, dans ce qui concerne la parentalité. Je vais donc ajouter ceci : on dirait que tu viens de me mettre dans une case et définir mon nouveau monde de maman comme étant dans un vase clos, ajoutant que le père a peu de place. Bon, écoute, c'est possible, mais tu te fies sur quoi pour dire ça? Me connais-u tant que ça? Es-tu dans ma vie quotidienne? Ça me semble très fermé et rigide comme vision non? Dire que mon enfant devient ma valorisation? Peut-être, peut-être pas, qu'en sais-tu? Je ne suis pas blessée ni insultée, mais surprise un peu. En fait tu ne m'as pas visée moi, mais tu as nommé que nous étions normales les deux et a analysé, selon ta vision des choses, comment vivent les mamans.
Comme on s'inspire l'une et l'autre, j'ai aussi pondu de quoi en lien avec ceci!

unautreprof a dit...

En passant, je me trompe peut-être dans ce que je dis hein! Quand on lit, on lit souvent à travers nos lunettes d'interprétation. (drôle d'image mais bon...)

Une femme libre a dit...

Oh! Tiens, de l'autocentrisme encore! Je t'ai nommée directement pour parler de l'autocentrisme maternel oui et du fait que tu dises que je porte des jugements (ce qui est vrai!) mais ensuite, ce n'est plus directement de toi que je parle. Il est très commun que le père soit exclus de la bulle mère-bébé, ce n'est évidemment pas nécessairement ton cas, ni même pas du tout ton cas, je n'en sais rien de rien! Mais dans les textes et recherches, cette bulle mère- enfant existe bel et bien dans plusieurs familles, pas toutes, pas toutes, et de moins en moins actuellement avec les pères qui prennent ou partagent le congé parental. Quand j'ai fait mon certificat "Enfance et famille: intervention précoce" tous mes travaux portaient par choix sur le développement des bébés, j'en ai lu des livres et textes portant sur la relation mère- enfant! À la fin de ton commentaire, tu le dis bien que je ne vise pas toi personnellement, je parle de constantes, d'études générales. Tu peux t'y retrouver ou pas du tout.

Une femme libre a dit...

Mes études ont pris fin en 1985. La plupart des textes parlaient de la mère et de l'enfant. Comme je continue à lire sur le sujet, je constate qu'on parle maintenant "d'attitude parentale", de "parentage" au lieu d'attitude maternelle" et de "maternage", ce qui reflète tout à fait l'implication du père dans l'éducation de son bébé. En cas de divorce, il est de plus en plus commun que la garde soit partagée même si le bébé est jeune. Ce n'était à peu près jamais le cas avant. La société évolue et les deux parents prennent leur place auprès des enfants.

Gen a dit...

Tiens, c'est drôle, en lisant, je voyais clairement que la question du papa qui a du mal à se faire de la place ne concernait pas du tout Unautreprof.

Mais mon cerveau a ensuite analysé "Et ce commentaire ne s'applique pas non plus chez nous, où mon chum avait en masse de place pendant les 9 mois qu'il a passé à la maison".

Comme quoi on finit toujours par tout rapporter à nous.

Et pour la question de l'allaitement (et des autres "meilleures" approches parentales), il faudrait juste qu'un paquet de gens comprennent que "meilleur" exprime une préférence, pas un absolu. Le mieux, c'est l'allaitement exclusif. C'est l'idéal. Ça a plein de bienfaits. Cela étant dit, "le pire", ce n'est pas le biberon! Le "pire", c'est pas de bouffe du tout! Le biberon, c'est moins idéal, mais des fois c'est ça qu'il faut. (Moi, je ne produisais pas assez de lait au début, alors il a fallu quelques semaines de mix biberon/sein). Faut sortir de l'émotivité et revenir à un peu plus de raison!

De la même manière, le mieux c'est qu'un bébé ait des périodes de stimulation au sol, sur le ventre et le dos. Ma puce refusait le ventre. Et quand je dis "refusais", je parle de crises de hurlements jusqu'à s'en faire vomir! (À un mois! Oui, elle a du caractère!) Alors, bon, on utilisait d'autres manières de la stimuler à tenir sa tête (notamment le porte-bébé et le fait de la tenir "debout" contre notre épaule au lieu de couchée dans nos bras). C'était pas "le mieux", mais pour elle, c'est ce qu'il fallait.

unautreprof a dit...

Ah Gen c'est bien exprimé :« Et pour la question de l'allaitement (et des autres "meilleures" approches parentales), il faudrait juste qu'un paquet de gens comprennent que "meilleur" exprime une préférence, pas un absolu. Le mieux, c'est l'allaitement exclusif. C'est l'idéal. Ça a plein de bienfaits. Cela étant dit, "le pire", ce n'est pas le biberon! Le "pire", c'est pas de bouffe du tout! Le biberon, c'est moins idéal, mais des fois c'est ça qu'il faut. (Moi, je ne produisais pas assez de lait au début, alors il a fallu quelques semaines de mix biberon/sein). Faut sortir de l'émotivité et revenir à un peu plus de raison!»

Gen a dit...

@unautreprof : Ben merci! :)

Une femme libre a dit...

Mes études ont pas pris fin en 1985 pantoute! C'est mon certificat en créativité que j' ai fini à cette date-là! Comme les études supplémentaires augmentent le salaire de l'enseignant et comme aussi j'aime étudier, j'ai toujours pris des cours après mon bac! Le certificat Petite enfance et famille: intervention précoce, je l'ai terminé en 2005, c'est pas si vieux! Je voulais travailler en garderie à la retraite. J'ai bel et bien été engagée et j'ai haï ça! Alors la job n'a pas fait long feu! Ce n'est évidemment pas les enfants que j'haïssais mais bien le fonctionnement rigide du cpe qui m'avait engagée. J'aurais pu chercher ailleurs ou me donner plus de temps pour m'habituer. Je ne l'ai pas fait.

De toutes façons, mon but premier n'était pas tant de travailler que de me donner une compétence académique reconnue pour valider mes lectures. J'ai en effet toujours été extraordinairement intéressée par le développement du jeune enfant. Ma "carrière" de famille d'accueil et même d'adoptante s'inscrivait en ce sens.

Une femme libre a dit...

Je pense que de favoriser le développement global du bébé dans le respect et l'amour est une formidable façon d'aider la société et de combattre le crime et la violence. La douceur et la compréhension s'apprennent au berceau, la violence et la haine aussi. Les criminels ont trop souvent vécu une petite enfance traumatisante.

Une femme libre a dit...

Et les problèmes de santé mentale d'une de mes filles sont fort probablement reliés à quatre années et demi de maltraitance en Haïti. Abus de plusieurs ordres dont elle a parlé et portait la trace (coups de bâton le matin à l'orphelinat pour les pipis au lit) et d'autres dont elle n'a jamais parlé (abus sexuels).

Gen a dit...

Lolol! On finit par perdre les dates de vue, hein?

Brrrr... Lire des histoires comme celle de votre fille, ça me rend tellement triste. :(

Une femme libre a dit...

C'est à cause d'elle que j'ai voulu faire ce cours. Pour comprendre...