dimanche 9 décembre 2007

La charité

Une jolie petite fille d'une dizaine d'années vient de sonner à la porte. Dans ses mains, une boîte
en métal où il est inscrit "La guignolée". Je questionne "Quelle guignolée?", elle répète "La guignolée!".

-Oui, mais laquelle , qui t'envoie? Où sont les adultes?

Elle crie alors "Maman!" Une jeune femme blonde beaucoup moins jolie que la fillette apparaît. Elle porte aussi une boîte marquée "guignolée" et est suivie d'une plus petite fille encore avec une boîte identique en main. La femme demeure sur le trottoir. Je lui crie "C'est pour quelle guignolée?" Elle ne répond pas et dit "Viens-t-en Amélie. La madame veut pas donner."

-Mais je n'ai pas dit ça. Quelle guignolée? Celle de la paroisse?

-Oui, c'est ça. Celle de la paroisse.

-C'est bien. Qui vous envoie? Qui est le coordonnateur?

La femme panique. "Amélie, viens-t-en tout de suite!" et elle part sans attendre. Amélie se met à courir à ses trousses, en pleurnichant "Maman, attends-moi!"

11 commentaires:

La Souimi a dit...

Ouais.... Je préfère ne pas commenter... Je peux juste dire que lorsque certains attribuent à leur enfant le rôle d'intermédiaire, ça fait frémir...

Une femme libre a dit...

Pas seulement ça, Souimi, il n'y en a pas de guignolée aujourd'hui. Cette femme est une fraudeuse et elle entraîne ses enfants à sa suite. On est en plein dans le temps des guignolées, celle de Radio-Canada, du docteur Julien, celle de ma paroisse aussi mais elle n'était pas aujourd'hui!, alors son stratagème peut sembler véridique. Et dans le temps de Noël, les gens ouvrent plus facilement leur bourse.

Je suis très prudente quand je donne. Je veux que mon argent soit bien employé. Mais je suis certaine que cette famille va faire beaucoup d'argent aujourd'hui, facilement et frauduleusement.

Anonyme a dit...

Bonjour FemmeLibre,

Que Robin des bois volent les riches pour donner aux pauvres, passe encore...qu'il garde tout le butin pour lui, sous prétexte qu'il se trouve pauvre, c'est autre chose. Loll

C'est la difficulté du don. Il y en a toujours qui vont abuser du système et l'effet pervers, c'est que ces abus peuvent amener à limiter les dons. Là où il y a de l'homme, il y a de l'hommerie.

Il y a quelques années, j'ai été bénévole pour Centraide. Ma blonde, le bébé et moi avions fait du porte à porte dans tout le quartier pour ramasser des dons. Quelques semaines plus tard, nous avions reçu un magnifique drapeau et un certificat pour nous remercier de nos efforts...ça m'avait profondément déçu, de savoir qu'une partie de l'argent recueilli avait été utilisé à cette fin. J'ai été de nombreuses années à ne plus donner à ces organisme "trop bien organisés", me limitant aux dons locaux, directement à des mendiants ou à la gignolée organisée par le Club Optimiste local. Au cours de la dernière année, ma blonde m'a convaincu que l'on devrait parrainer un enfant du Tchad à travers Vision Mondiale. J'ai hésité, au départ, mais je me suis finalement réconcilié à l'idée après avoir fouillé le web au sujet de cet organisme.

Cette année, à l'initiative de ma 15 ans, plutôt que de s'offrir des cadeaux, les uns les autres, on va plutôt prendre cet argent pour faire des cadeaux à travers Vision Mondiale qui publie un catalogue de trucs du genre "un coq et deux poules" pour une famille, une machine à coudre, etc. Ça va donner une couleur particulière à notre soirée de Noel.

Une femme libre a dit...

Donner directement aux mendiants sur la rue est un autre piège que j'évite depuis le reportage du Journal de Montréal où un journaliste déguisé en mendiant se faisait un taux horaire qui dépassait très largement le salaire minimum! Pas certaine que je souhaite encourager le désoeuvrement.

Je donne à Haïti, parce que mes trois filles viennent de là, aux Frères des écoles chrétiennes, bien que je ne sois pas pratiquante et pas trop d'accord avec l'embrigadement religieux non plus. Mais ils ont un fonctionnement presque direct. Ils m'envoient une sollication écrite sur du papier recyclé avec un petit sommaire des activités dans leurs écoles une fois par année et l'argent sert vraiment pour leurs écoles, pas pour de la publicité ou de l'administration. Ce n'est qu'à travers l'éducation que ce peuple va peut-être finir par s'en sortir.

Je donne aussi à l'hôpital psychiatrique Douglas parce que je le connais et qu'il s'y fait des choses extraordinaires à l'interne et à l'externe aussi.

Je donne un peu à Centraide mais pas beaucoup à cause des raisons que tu évoques, Pierre, c'est devenu une grosse industrie et je ne suis pas nécessairement d'accord avec tous les organismes qu'ils subventionnent.

Je donne à une association pour les aveugles parce que ça me fends le coeur de penser à ce que ce doit être de vivre sans voir.

Mais quand on vient sonner à ma porte pour me demander de l'argent pour quoi que ce soit, j'exige des preuves d'identification qui prouvent le sérieux de l'organisme. Il y a trop de fraudes.

Et puis puisque tu parles de Robin des Bois je songe aller bénévoler au restaurant de ce nom qui est une super belle initiative!

Je trouve que ta quinze ans a eu une initiative extraordinairement généreuse de se passer de cadeaux de Noël pour aider les autres. Admirable! Je serais bien fière qu'un de mes enfants propose ça et j'embarquerais comme vous le faites, c'est sûr!

Ce Bref Réveil a dit...

Bof, peu importe à qui l'on donne dans l'Avent, l'important n'est pas d'aider mais de se donner une bonne conscience pour mieux jouir de nos biens le restant de l'année.

Une femme libre a dit...

Bien dit, Ce bref réveil. On donne d'abord pour soi, pour se donner bonne conscience je suis pleinement d'accord avec vous, c'est un acte égoïste finalement. Et même si l'argent était mal employé, tant qu'on ne le sait pas, notre plaisir de donner et de se sentir temporairement une bonne personne ne sera aucunement altéré. Si on aide vraiment quelqu'un en plus, ce n'est que la cerise sur le sundae.

Anonyme a dit...

Il faut donner à ceux qui quêtent car lorsqu'ils te demandent ils te donnent beaucoup plus que tu pourrais leur donner!
Gibran Khalil Gibran, Le Prophète.

Anonyme a dit...

Bonjour FemmeLibre,

Il y a un mendiant qui a réquisitionné le coin Berri et Viger. Ça fait des années que je le vois là, toujours au même endroit et avec le même sourire et ses yeux rieurs. Peut-être en effet, qu'il déjoue un peu le système, mais sûrement pas au point de se payer un condo, du moins, je ne pense pas. Loll

Je lui donne maintenant, à chaque fois que je passe là et ça me fait du bien. Je ne sais pas s'il me reconnaît, mais l'autre jour, il m'a serré la main en me souhaitant de belles fêtes. Des mains noircies et rugueuses.

Au fond, je le considère comme un type qui s'organise au mieux de ses capacités pour survivre. Lui donner, c'est pour moi surtout une façon de lui dire que je ne suis pas indifférent à ce qu'il vit. La pire tare de notre société, c'est souvent cette indifférence.... Tiens, ça m'inspire un billet ça! :)

C'est vrai, par contre que je suis un peu comme vous. Quand on vient me soliciter directement chez moi,a la porte ma porte ou au telephone, je demande davantage de compte, peut-être parce que j'ai un sentiment d'intrusion.

P.S. Jolie photo! lol

Mathieu a dit...

hmmm..

Mouin, ça craint, comme on dit.

Pur bonheur a dit...

Ben voyons donc! Belle façon de quêter...
Dans mon village, c'est toujours le même monsieur qui passe, un homme d'affaire à la retraite de la région. Pas inquiétant.

En direct des îles a dit...

Un seul commentaire: pauvres petites filles.
Et à propos de Robin des bois: on risque de s'y rencontrer, lorsque je suis à Montréal, j'y bénévole régulièrement - j'en ai même parlé sur mon blog il y a quelques semaines! C'est vrai que c'est une belle initiative.