mercredi 16 avril 2008

Le bénévolat

L'histoire suivante est assez authentique mais j'ai changé des faits pour que les personnes impliquées ne soient pas reconnues. Quand j'ai adopté mes filles, je me suis fait des amies du milieu de l'adoption. L'une d'elle adoptait des enfants plus âgés, dont personne ne voulait et faisait beaucoup de bénévolat dans des colloques pour parents adoptants et dans une agence d'adoption tout en travaillant à temps plein. D'une grande sagesse, bien informée, elle était connue et respectée. On donnait souvent son numéro de téléphone à des parents en détresse et elle savait écouter, réconforter et conseiller. Elle trouvait toujours le temps. Pour assister aux nombreux événements dans lesquels elle exerçait son bénévolat, il lui fallait assez souvent faire garder ses enfants quand elle ne pouvait pas les emmener et nous mettions tous et toutes la main à la pâte, sachant qu'elle était seule pour assumer la marmaille.

Et voilà que la chanceuse tombe en amour. Un homme tout ce qu'il y a de bien et qui a des enfants lui aussi. Ils achètent une immense maison et emménagent ensemble. Au début, notre amie est heureuse et souriante. Et puis, elle se désiste de l'organisation d'un colloque. Au dernier moment en plus, ce qui était un peu embêtant. Par la suite, quand on appelle, on a maintenant affaire au répondeur donc on cesse de lui envoyer des parents en détresse. Elle finira par abandonner aussi son poste bénévole au sein de l'agence d'adoption. Or, ce poste la remplissait de joie. C'est elle qui avait le bonheur d'appeler les parents pour leur proposer un enfant. Elle n'a plus le temps. Et bientôt, elle ne retournera même plus les appels. Nous, les amies et admiratrices, sommes surprises, comment se fait-il que cette femme qui réussissait à mener de front bénévolat, travail et éducation de trois enfants pas si faciles toute seule se retrouve maintenant avec moins de temps quand elle a de l'aide?

On apprendra par la bande que le nouvel ami n'aimait pas trop ces activités accaparantes et qu'il la pressait d'être plus souvent à la maison et plus disponible à la famille. Elle a fini par céder. Maintenant, quand on réussit à la voir (rarement), elle semble éteinte et ses enfants, qui allaient relativement bien, ont de nouveaux problèmes tous les jours.

Bien sûr, je n'ai pas la version du monsieur. Ce que je retiens, c'est que la vie de couple est difficile, très difficile.

11 commentaires:

Anonyme a dit...

La vie de couple peut parfois être une prison. Et la responsabilité en incombe autant à l'un qu`à l'autre.
Je ne sais pas si je serai capable, un jour, d'envisager la vie de couple autrement... je ne sais pas.

En direct des îles a dit...

Être en couple ne devrait pas impliquer l'abandon d'activités que l'on aime et dans lesquelles on se sent bien. Vivre à deux change la vie, et il faut s'adapter l'un à l'autre, mais il me semble que le cas de votre amie ressemble hélas à ce qui arrive souvent: c'est la femme qui doit céder et laisser en arrière d'elle ce qui faisait son bonheur.
C'est la qualité de temps que l'on passe ensemble qui compte, et non la quantité. Cela m'attriste beaucoup de lire cette histoire qui est malheureusement assez courante...

Mathieu a dit...

Tous les couples ne sont pas tous pareils.

Toutefois, lors de notre séparation, ma blonde avait l'air rayonnante et libérée!

Heureusement, elle a toujours cet air aujourd'hui!

Lud. a dit...

La vie de couple peut être bien souvent une prison, comme le dir circé. J'ai été pour ainsi dire prisonnière d'un chum pendant près de trois ans. Peu à peu, il a fait le vide autour de moi. Je n'avais plus d'amis (ou je ne pouvais les fréquenter) et il me faisait sentir terriblement mal aussitôt que j'accordais du temps à d'autres que lui. En dehors du travail et de l'école, je ne vivais que pour cette relation malsaine. Heureusement, j'ai réussi à m'en sortir. Celui-là, je ne le veux même pas comme ami...

Pour en revenir à votre histoire, je trouve cela triste qu'une femme épanouie comme votre amie semblait l'être souffre de l'accaparement d'un mari aussi douteux et égoiste. Heureusement que dans mon cas, bien que semblable, je n'étais qu'une adolescente et que le poids de la vie familiale ne pesait pas sur la balance. Autrement, je serais p-e encore prise là-dedans. Déjà que seule, j'ai eu du mal en m'en sortir, je n'aurais pas vu le bout du tunnel, dans une situation semblable!

Grande-Dame a dit...

Abordée sous cet angle, cette histoire est triste parce qu'une personne semble renoncer à une partie de ce qu'elle est par le contrôle de l'autre.

J'ai aussi une histoire: un homme est très engagé dans sa communauté. Il s'implique dans le hockey mineur. Tous les parents du village le connaissent et l'apprécient. Partout où il va, on l'interpelle. On a besoin de lui pour mille raisons car on l'estime et connaît ses capacités, sa sagesse et son bon jugement.

Cet homme a cinq enfants, dont un voyou en devenir et un enfant dont la mère a contracté une maladie infectieuse enceinte de lui, donc l'enfant est malade et a plusieurs malformations nécessitant de nombreuses hospitalisations.

La femme, bonne vivante, sociable, forte, s'occupe de la maison et des problèmes des enfants et le père, très travaillant, s'occupe du gagne-pain et du hockey.

Il est souvent absent (incapable de dire non) et sa femme, bien que fière de son époux, est amère de n'avoir pas plus de soutien pour ses propres enfants alors qu'il est si dévoué pour les enfants des autres.

La femme, bien qu'elle ait aussi ses propres engagements dans un organisme, doit elle concilier ses responsabilités avec ses loisirs. Elle bénéficie certes des avantages d'être la femme de son époux mais souffre de solitude et d'épuisement.

Les enfants sont maintenant grands, le bénévole et son épouse sont maintenant âgés, heureux et ont des occupations communes et d'autres individuelles.

Ensemble, ils sont reconnus comme un couple fort du village. Au hockey mineur, un prix annuel porte maintenant le nom de l'homme.

Même s'ils sont aujourd'hui un adorable couple de septuagénaire, c'est surtout la femme qui a dû faire les sacrifices et cela, je trouve dommage car à vivre dans l'ombre à assurer les arrières de l'autre, on peut aussi finir par se faire tout petit et faner.

Il y a certainement des zones de compromis dans tous les couples. Je deviens chatouilleuse par contre lorsque les sacrifices reposent essentiellement sur les épaules de la même personne alors que des choix de projets communs ont été faits au départ et se retrouvent maintenus à bout de bras par une seule personne du couple.

Miss Patata a dit...

Je trouve ça un peu inquiétant cette histoire là... Je crains les hommes qui cherchent à créer de l'isolement autours de leur compagnes, ça me questionne toujours... En espérant que mes impressions soient fausses...

Solange a dit...

Il me semble qu'entre deux personnes intelligentes un bon dosage est possible, sinon il y en a toujours un qui en souffre. Mais pour ça il faut beaucoup d'amour.

Anonyme a dit...

Chère Femme libre, cette histoire est très intéressante et suscite diverses réactions.
À mon avis, nous avons toujours le choix, à tout moment, dans tous les aspects de notre vie. Nous ne pouvons blâmer l'autre si nous décidons d'abandonner nos activités et nos amis. NOUS faisons le choix de passer plus de temps avec notre conjoint, avec notre famille. NOUS faisons le choix de laisser notre conjoint nous suggérer "fortement" de ne plus voir celui-ci ou celle-là. Que sommes-nous prêts à faire ou à endurer pour garder l'amour de l'autre. Et justement, de quel type d'amour sagit-il? NOUS avons aussi et surtout le choix du type d'amour que nous désirons vivre! Ce n'est pas toujours évident, j'en conviens... mais c'est possible et ça me rend très heureuse de savoir que je peux choisir et re-choisir ma vie à chaque instant!
S.B.

Annette a dit...

Femme libre,

S'investir dans une cause est une source reconnue de bonheur. La dame dont tu parles a permis à cette source de se tarir par son choix de vie.

Dans son livre Guérir, David Servan-Schreiber écrit :


Dans les études sur les gens qui sont plus heureux dans leur vie que les autres, on décèle systématiquement deux facteurs : ils ont des relations affectives stables avec des êtres proches, et ils sont impliqués dans leur communauté.

L'implication dans la communauté, c'est le fait de donner de sa personne et de son temps pour une cause dont nous ne tirons pas de bénéfice matériel en retour. C'est une des activités les plus efficaces lorsqu'il s'agit de pallier le sentiment de vide.

Une étude publiée dans l'American Journal of Cardiology souligne que, à conditions de santé égales, la mortalité des gens âgés et pauvres qui participent à des activités bénévoles tournées vers les autres est inférieure de 60 % à celle des gens qui ne le font pas.

Mamzell_McJ a dit...

moi c'est comme ça que j'avais recommencer à boire après 7 ans d'abstinence...

Anonyme a dit...

Bonjour FemmeLibre,

Triste histoire qui demeure malgré tout assez fréquente. Donner du sang est un geste noble et très utile, mais vivre en compagnie d'un vampire dénature forcément l'échange.

J'ai l'impression que cette dame s'est trouvée piégée par l'amour. Pas tant celui qu'elle éprouvait face au monsieur que celui face à ses enfants à lui qu'elle avait probablement adopté officieusement. Piégée dans le sens ou si elle mettait fin à cette relation qui ne lui convenait plus, c'était aussi perdre "ses" enfants.

La mathématique du couple est relativement simple: On vise toujours "1 + 1 = 3", mais malheureusement, trop souvent ça se termine par des "1 + 1 = 1".

À quoi bon former un couple si c'est pour devenir moins que ce qu'on était avant.