vendredi 18 avril 2008

La prison

La vie de couple est parfois une prison, me disent certains des intéressants commentaires du billet précédent sur le bénévolat. En effet! Mais la vie aussi peut être une prison et on n'a pas vraiment besoin d'un autre pour s'emprisonner soi-même.

Tout est question de point de vue. On peut probablement se sentir libre dans un couple aussi. J'ai souvent été surprise en entendant une amie me dire qu'elle doit en parler à son mari avant d'accepter mon invitation à sortir. Le mari n'est pas invité là! C'est elle que je voulais. Or, elle ne peut pas me dire de but en blanc comme moi je le pourrais, si elle vient ou pas. Ça m'embêterait profondément. Je me sentirais brimée. Et pourtant , c'est probablement tout à fait correct et un signe de respect pour l'autre peut-être? Vraiment, je ne sais pas. Je n'ai jamais vécu de couple comme ça. Si j'acceptais une invitation, je mettais tout simplement mon amoureux au courant de la chose et j'y allais. Je n'ai jamais pensé demander la permission. Ça explique peut-être pourquoi je ne vis pas en couple d'ailleurs!

Je ne peux pas croire que tous les gens en couple se sentent en prison. Il y aurait alors un fort pourcentage de la population qui souffrirait de masochisme. Des couples heureux et épanouis, j'en connais peu. Existent-ils? En plus, j'ai déjà entendu une de mes amies clamer l'amour extraordinaire et la complicité indicible de son couple tout en sachant que non seulement le mari avait des aventures extraconjugales mais aussi qu'il s'était essayé avec moi (mais non, ça n'a pas marché, voyons! J'ai des principes solides, vous ne le saviez pas?)

Je ne sais pas trop où je veux en venir avec ce billet qui tourne en rond et me met vaguement mal à l'aise. Ma vision est probablement biaisée. J'ai eu une relation stable et aimante pendant dix-sept ans avec un amoureux que je voyais plusieurs fois par semaine et avec lequel je prenais avec joie toutes mes vacances et pourtant nous avons toujours utilisé le condom. Par mesure de contraception mais aussi pour ne pas m'inquiéter d'attrapper des maladies. Or, mon ami m'était tout probablement fidèle. Mais jamais je ne le lui aurais demandé ni n'aurais osé exiger la fidélité. Lui non plus d'ailleurs et c'est dans la plus totale liberté que je lui étais fidèle, en sachant que ce n'était pas une obligation. Un choix librement consenti mais pas une obligation.

Entre-t-on en couple comme on entre en religion? En laissant son passé derrière (les gens demandent "un passé réglé"), ses intérêts personnels, ses passe-temps, ses soirées de célibataire (pourquoi appelle-t-on ainsi les soirées de fête, de folie et de plaisir?)? Dites-moi, existe-t-il des couples heureux?


17 commentaires:

Anonyme a dit...

Allo FEMME LIBRE... enfin un blog en français.
BRAVO pour tes idées et convictions si bien étalées.
Je ne crois pas que ton amie se sente obligée de demander la permission pour aller prendre un café ou un repas avec toi mais tout comme je fais moi aussi, à l'occasion, c'est simplement de voir si mon amoureux n'avait rien d'autre de planifié pour nous deux.
C'est comme ça que je vois ça, pour moi en tout cas.
C'est vrai qu'on ne doit pas se sentir en prison quand on est en couple et ce n'est vraiment pas mon cas.
J'aime ma vie d'épouse depuis 43 ans, avec le même homme et je n'envie personne et je suis toute aussi heureuse que n'importe qui, alors que je suis tout simplement assise dans mon salon et me dis en moi-même ou à mon amoureux "On est bien ici, c'est beau chez-nous!"
C'est bizarre mais c'est vrai.
BRAVO encore une fois et je reviendrai te lire.

Grande-Dame a dit...

Un couple en prison est nécessairement un couple malsain, à moins que ce qu'il n'apporte de positif nourrisse plus que les restrictions qu'il impose ne meurtrissent...?

Je ne crois pas que les membres d'un couple doivent vivre en prison, mais il doit certainement y avoir des compromis. Les compromis font toujours partie de la vie de deux personnes différentes.

Nombre de fois, il nous arrive de nous priver de faire certaines choses en croyant que cela incommodera l'autre alors que lorsqu'on communique réellement, on se rend compte que l'autre n'est pas dérangé, que les limites vécues sont celles que l'on s'impose soi-même.

Élevée par une mère monoparentale n'ayant de comptes à rendre à personne, j'ai souvent pensé que j'étais faite pour vivre ainsi: libre, sans attache, sans contraintes, sans compromis (je déteste). Il y a pourtant bien des désolations à ne vivre qu'avec l'amour temporaire des amants.

Le genre de relation que vous viviez avec cet homme durant 17 ans aurait été mon idéal. Mais je prends un grand plaisir, je le dis amoureusement, à partager ma vie avec un homme que j'aime et dont l'esprit et la présence me comblent au quotidien en dépit de tout ce que je peux lui reprocher.

Lud. a dit...

Des couples heureux il ene xiste. Lemien (actuel), en est un, j'en suis convaincue. Il dure maintenant autant qu'a duré la relation malsaine dont je vous ai parlé dans mon commentaire de votre billet précédent. Aujourd'hui, je comprends votre manière d'être en couple. Libre en tant qu'individus uniques et fidèles par le fait même. cependant, ça m'a pris quelques mois à m'adapter d'un extrême à l'autre. Alors que ex voulait savoir tout de ma journée (à la minute près et je n'exagère pas), chéri, lui, me demandait de ne pas être exhaustive sur les détails inutiles... ON APPREND! Les gens ne sont pas masochistes, ainsi que vous le croyez. Simplement, je pense que la société impose un modèle depuis fort longtemps, celui de la femme qui se sacrifie pour l'unité de la famille et pour le bonheur de son mari. Autant que cela puisse paraître moyen oriental comme culture, on se trompe de ne penser que ça se passe QU'AILLEURS. La société catholique (occidentale) préconise aussi cette pensée, ce mode de vivre. Au Brésil, malgré toute la modernité et l'égalité hommes-femmes, cette mentalité est encore visible dans le comportement des maman vis-a-vis leurs petits garçons, qui diffère amplement de celui vis-à-vis leurs filles, et ce, dans toutes sortes de contextes. Ma venue au Qc a contribué à me faire grandir et à comprendre, avec le recul, cette manière d'agir. Votre liberté est belle et m'impressionne. Malheureusement, nous ne sommes pas toutes aussi conscientes de cette possibilité. Heureusement, plusieurs d'entre nous apprennent, comme ce fut mon cas, et c'est tant mieux!!

Une femme libre a dit...

Charlotte, quel beau témoignage vous nous faites là. Depuis 43 ans en couple heureux, c'est fantastique! Vous savez, je ne demande qu'à être contredite et à me le faire dire qu'il y en a des couples heureux!

"...je prends un grand plaisir,je le dis amoureusement, à partager ma vie avec un homme que j'aime et dont l'esprit et la présence me comblent au quotidien..." (Grande Dame)

Vous avez tout dit, Grande Dame, avec votre éloquence habituelle. Une relation amoureuse heureuse où le plaisir de la présence de l'autre prime au quotidien vaut bien quelques compromis. Même moi qui y suis allergique (aux compromis!), je consentirais à m'y plier si l'enjeu amoureux en valait la peine. Les détails ne devraient pas cacher l'essentiel. Il serait fort intéressant que votre prochain livre porte sur les relations de couple.

Vous avez raison encore une fois, Lud, la tradition catholique a aussi préconisé l'esprit de sacrifice. Je suis heureuse que vous ayez trouvé un conjoint si ouvert d'esprit et si beau garçon en plus (ben quoi, j'ai vu les photos... ;o)

Mamzell_McJ a dit...

Toute qu'une question existentielle ?

Oui.

Tine et son homme. Deux vieilles âmes qui se complètent. De toute beauté les voir ensemble.

Ce sont eux qui me font croire que l'amour est encore possible. L'amour sain.

17 ans à faire l'amour avec un condom... nanhhhh pas moi, par exemple. Y'a quand même des choses qui se discutent.

Annette a dit...

Femme libre,

Avec un jeune enfant, cela prend un minimum de coordination pour s'assurer d'avoir un des membres du couple avec lui... Si les deux parents s'engagent chacun de son côté à accepter une invitation sans en parler à l'autre, l'enfant pourrait risquer d'être 'oublié' à la garderie...

Anonyme a dit...

Bonjour FemmeLibre,

Un couple heureux, ça n'existe pas!

Ce n'est pas le couple qui est heureux, ce sont les individus qui le compose. Des individus heureux qui vivent en couple? Ah oui, évidemment, il y en a beaucoup. Certains sont juste heureux moins longtemps que d'autres, c'est tout! lolll.

On peut être heureux ou malheureux seul ou en couple. À mon avis, le bonheur ou le malheur ne vient pas de l'autre, puisque c'est une émotion qui nait en nous. On a tous, en tant qu'adulte d'une société libre et démocratique, pleinement le contrôle sur son propre bonheur. L'environnement dans lequel on vit peut favoriser les sentiments heureux ou malheureux et on peut choisir de subir, d'être victime, d'accepter ou de refuser ce qui ne nous convient pas, on doit comprendre notre partie de "non-négociable", l'exprimer, afficher nos besoins, dire non et prendre les moyens pour adapter cet environnement de façon à le rendre favorable.

Au fond, la bonne conjointe est essentiellement celle avec qui je n'ai pas à négocier mon non-négociable et qui est dans la même situation. Si je suis incapable de faire des compromis, si la totalité de ce que je pense, exprime, ressent, si mes rêves, projets de vie sont tous non-négociables, il suffirait alors de trouver LA personne qui aura exactement ces mêmes éléments non-négociables et je serai heureux en couple.

En ce qui me concerne, le non-négociable se situe au niveau des valeurs et au niveau physique.J'ai besoin que ma blonde me plaise physiquement. On a pas les mêmes intérêts. J'aime les films d'action, les suspenses, elle préfère les comédies et les films d'amour. J'aime la boxe, elle aime les chanteurs d'opéra (Bocelli et cie). J'aime voyager, elle préfère enjoliver notre maison en plantant des centaines de fleurs ici et là. Je préfère écrire, elle préfère parler. Je n'écris que sur un clavier, elle préfère crayon et papier. J'aime la politique, la philosophie, elle préfère la botanique, les plantes et les romans Harlequin. Mais tout cela, pour moi, c'est du négociable. Un soir, on va souper au Médina et manger du couscous, puis assister à un spectacle de danse contemporaire de Margie Gillis. Un autre soir, elle se collera contre moi pendant que nous écouterons un film d'action en mangeant du popcorn. Notre vision de la vie, les valeurs de respect, de générosité, d'honnêté, de fidélité, de partage, notre approche face à l'argent, la consommation, la façon dont on voit l'éducation de nos enfants, la dynamique de la cellule familiale sont les mêmes.Voilà des éléments-clé.

Au fond, pour être heureux en couple, on doit avant toute chose avoir compris qui l'on est et quels sont nos éléments non-négociables. Faire cet inventaire à 20 ans n'est pas facile et honnêtement, je me considère chanceux d'être tombé en amour avec celle qui me correspondait si bien.

Pur bonheur a dit...

Pour avoir le plaisir d'avoir un homme bien à soi pour se garder au chaud la nuit, se faire masser les pieds en regardant la télé, se faire ouvrir la portière de la voiture, se faire inviter au resto plusieurs fois par semaine, se faire bécoter dans le cou à tout moment de la journée, se faire sentir que l'on est le centre de son univers, que l'on est désirable au suprême degré, pour tout ça et encore plus vaut bien la peine de prendre 3 minutes pour voir avec sa tendre moitié s'il pourrait 'survivre' à deux heures sans notre compagnie.

De toute façon, moi je l'emmène partout avec moi, enfin presque et il fait pareil avec moi.

Me retrouver seule demain pour diner avec une copine 3 fois l'an? Euh....non merci!

Une femme libre a dit...

Juliette, tout se discute si les deux partenaires en ont envie et il n'y a pas qu'un seul modèle, heureusement! Et puis, si jamais je reformais un couple, je changerais probablement de formule. Évolution et adaptation, voilà mon mantra du jour!

Annette, c'est certain qu'avec des enfants communs, il faut se consulter. Mais certains s'organisent d'une façon fixe (même sans être séparés), par exemple c'est toujours maman qui va chercher l'enfant les mardis et mercredis et toujours papa les autres jours. Alors, les coudées sont libres et on peut accepter des invitations les jours où on n'est pas "de garde". Les enfants de mes amies sont élevés ou grands alors, la question ne se pose pas dans leur cas.

Pierre, très beau témoignage d'amour pour votre femme et d'appréciation pour votre couple. Réaliste aussi. Je me doutais bien qu'il devait y avoir un respect et une entente exceptionnelles pour que vous puissiez partir trois semaines à Compostelle en laissant la charge de la famille à votre femme. Vous n'avez pas dû abandonner vos rêves et projets pour votre famille et c'est sûrement aussi le cas de votre femme. Elle vous appuie dans vos projets personnels et vous l'appuyez dans ses projets à elle. C'est beau. Et vous avez aussi des projets communs (vous ne le dites pas expressément, mais je suppose que c'est le cas). Et en plus, vous l'admirez, vous me l'avez déjà écrit dans un commentaire. Vous admirez son audace, sa manière de s'impliquer activement pour défendre la veuve et l'orphelin et vous lui prêtez main- forte. Vraiment, je suis impressionnée!

Pur bonheur, je sais bien que votre mari est un homme exceptionnel et que vous formez un couple heureux et comblé. Mais moi, j'étoufferais à être tout le temps avec la même personne. J'ai besoin d'espace à moi et de projets à moi. Et d'avoir des amis à moi également. Il n'y a pas de formule supérieure à l'autre, juste des façons différentes d'envisager le couple et la vie. Et pourquoi vous retrouveriez-vous seule demain pour dîner avec une copine trois fois l'an? Je ne comprends pas cette phrase.

Pur bonheur a dit...

Je connais des filles qui se sont divorcées dans le but de retrouver leur chère liberté. Mais que font-elle une fois seule? Elles repartent à la recherche d'un homme!
Depuis l'âge de 16 ans que je suis en couple, j'ai été 'célibataire' que 3 mois depuis. Et pourtant je ne suis pas 'dépendante affective' loin de là. Mais quand je pèse le pour et le contre, je préfère de loin être en couple, sans doute parce que j'y suis heureuse.
C'est pour ça que je disais 'me retrouver toute seule (divorcée) pour avoir le 'plaisir' de diner avec une copine trois fois l'an, ne m'intéressait pas.
La plupart des mes amies sont en couple depuis plus de 25 ans et je ne sens aucunes d'elles emprisonnées. Nous avons toujours le choix et il faut croire que si on reste mariées c'est que ça nous va très bien.
Et puis moi mes copines veulent toujours que Chéri soit du dîner et il se joint à nous avec plaisir.

Une femme libre a dit...

Votre mari est bien patient d'endurer les conversations féminines, ma chère Pur Bonheur! À moins que vous n'ayiez que des amies mariées et qu'il discute avec les maris.

Solange a dit...

Depuis 2 jours je me demande si je vais laisser un commentaire. Dire qu'on est heureux avec la même personne depuis 44 ans c'est presque aussi indécent que de parler de notre bonne santé devant un grand malade. On nous croit imbécile et naive, ou héroïque d'avoir duré si longtemps. C'est tellement simple quand on s'aime que ça va de soi. Oui il y a des moments difficiles comme pour tout le monde, mais on est deux pour les surmonter. Une formule à la mode aujourd'hui c'est de dire "On va faire un bout de chemin ensemble". Est-ce que l'on croit à l'amour quand on dit cela? Au premier coup dur va-t-on tout essayer pour s'entendre, où se dire que c'est le temps de partir? Voilà. Le bonheur ça ne s'explique pas il faut le vouloir.

Une femme libre a dit...

Merci pour ce beau message indécent Solange! Il est rempli d'espoir.

Anonyme a dit...

Je pense que ce n'est pas de demander la permission, comme de savoir s'il ont déjà quelque chose de prévu ou que lui avait prévu quelque chose avec elle. La vie de couple n'est pas une prison (pour le monde en général), mais il ne faut pas s'attendre à vivre une vie de célibataire à deux. Et c'est probablement pour ça que la plupart des couples de durent plus. Chacun voit uniquement ses propres intérêts et ne consulte pas l'autre.

Une femme libre a dit...

Quelle sagesse, Mayieve. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre, vous avez bien raison.

Méli a dit...

Mais oui, ça existe des couples heureux, heureusement... Il y a plein de formules et pleins de façons, ce qui est le plus important, c'est le respect...

J'ai jamais connu de chum possessif et j,ai toujours vu mes ami(e)s lorsque j'en avais envie, pour ça aucun problème... Bien sûr, il y a plusieurs façons d'être en couple...

Je vis une relation à distance dans laquelle, je suis très heureuse, la qualité est plus importante que la quantité... je me sens plus proche de mon chum actuel, que je me suis sentie proche de mon ex-mari avec qui j,ai pourtant habité 11 ans... Il ne me consultait pas pour sortir, mais c'était au point de ne même pas me prévenir lorsqu'il sortait et c'était un énorme manque de respect de ne même pas me dire bonjour, en fait, on était des colocs et non pas des amoureux...

Je n'habite pas avec mon amoureux, mais il me consulte sur tout ce qui est important pour lui, bref, l'intimité est un art et est importante... Je n'ai plus d'opinion absolue... Je cultive le bonheur au jour le jour, simplement en essayant de vivre des moments agréables avec les gens que j'aime lorsque je suis avec eux... autant avec ma fille, mes parents, mes amis que mon amoureux...

J'ai vécu une relation malsaine et je n'en veux plus jamais dans ma vie... Je vis une relation qui pour moi est saine et douce et j'y trouve beaucoup de bonheur et je fais des compromis pour la vivre, sans effort, tout simplement parce que ça fait partie de la vie...

Oui, les couples heureux existent, j,en connais plusieurs... tout comme il y a des couples malheureux qui essaient sans doute de l'être sans le succès escompté...

Il faut souvent être bien soi-même pour pouvoir l'être en compagnie de l'autre... Il y a beaucoup de vrai dans cela...

Une femme libre a dit...

Beau témoignage Méli. Je commence à me raviser et à constater que oui, il y en a des couples heureux! ;o)