mercredi 4 juin 2008

Conférence sur la dyslexie

Ce billet est dédié à Un autre prof, une amie virtuelle qui a quitté son blogue depuis qu'elle a aménagé avec un autre blogueur dont elle est follement amoureuse. Bon, elle n'a pas écrit ça littéralement, mais comme je la sais passionnée et que je sais lire entre les lignes... et j'ai comme l'impression qu'elle nous reviendra prochainement dans un blogue de maman, pas besoin de beaucoup de clairvoyance pour deviner ça!

La conférence se tenait à la polyvalente Pierre-Dupuy, dans l'est de Montréal, samedi dernier, jour de pluie. On attendait une cinquantaine de parents, il y avait plus de deux cents personnes. Des parents mais aussi des intervenants scolaires. C'est la présidente de l'association des orthopédagogues du Québec, la très compétente, claire et accessible Lise Bibaud qui donnait la conférence, accompagnée de Guy Audet, un professeur du secondaire. Comme prise de contact, on nous a projeté un texte tel que perçu par un élève dyslexique avec plein d'obstacles à la lecture. Guy Audet nous faisait lire à haute voix et les pauvres parents-élèves peinaient, butaient sur les mots, se trompaient et là le professeur leur disait "Concentre-toi, prends ton temps, regarde bien ton texte, fais une pause à la fin de la phrase. " et nous, les élèves, qui peinions tellement, faisions des efforts grandioses et avions mal à la tête, on avait envie de l'étrangler ce prof avec ses remarques idiotes. Or, ces remarques "aidantes", je les avais déjà faites à ma fille et tous les parents s'y reconnaissaient!!! Fabuleuse entrée en matière que de nous faire vivre ce à quoi nos enfants se butaient quotidiennement! Brillant!

Après trois paragraphes ardus, le professeur Audet nous dit: Bravo! Bel effort! et s'adressant à un parent après lui avoir demandé son prénom: "Martine, peux-tu nous expliquer de quoi parle ce texte?" Héhé! autre écueil, aucun d'entre nous n'aurait pu le dire, l'effort de déchiffrage ayant été trop grand, on n'avait aucune idée du contenu du texte. Seulement pour avoir vécu cette expérience qui a modifié dramatiquement et pour toujours mon interraction avec ma fille et ma compréhension de son handicap, l'assistance à cette conférence aurait valu la peine. "Et alors, aimez-vous ça lire et avez-vous envie de recommencer? Allez, un petit effort!", nous relança le professeur Audet. Assez! Pitié! on avait compris.

On était donc fatigués. Le dyslexique est fatigué, épuisé, à bout. Chaque lecture lui demande un effort intense. Il peine à se repérer dans le temps, dans l'espace, il a très souvent un trouble d'attention associé. En fait, les fonctions touchées par ce handicap sont multiples: attention, mémoire, notions d'espace, de temps, capacité de logique, de séquentialisation, d'abstraction.

Et le dyslexique le sait qu'il est dans le trouble car il est intelligent ou très intelligent. La dyslexie ne touche que les personnes d'intelligence normale ou supérieure. Un enfant déficient peut avoir de la difficulté à lire mais il ne souffrira pas de dyslexie.

Le cerveau de la personne dyslexique est différent et on peut maintenant le voir à la résonnance magnétique. La facteur génétique et héréditaire est important. Donc, Un autre prof, si votre èlève est dyslexique, les chances que son ou ses parents le soient aussi sont grandes et vos communications écrites sont possiblement mal interprétées. Il faut aussi travailler différemment avec les parents de ces enfants-là.

La conférence a passé trop vite et le temps a été dépassé et des parents faisaient la queue pour parler ensuite à l'excellente communicatrice qu'est madame Bibeau. Cette rencontre a été organisée par l'Association québécoise des troubles d'apprentissage et par l'Association des orthopédagogues du Québec, une belle collaboration qu'ils projettent de poursuivre.

12 commentaires:

Mathieu a dit...

Je travaille pour une compagnie qui fait maintenant des produits pour aider les gens dyslexiques.

C'est très frustrant pour quelqu'un de dyslexique d'avoir de la difficulté et de s'en rendre compte. Nous avons eu beaucoup de formation sur le sujet.

www.humanware.ca pour un lien sur les produits. - voir le classmate -

Bonne journée!

Mathieu a dit...

http://www.humanware.com/fr-canada
/products/learning_disabilities

le mettre tout dans une seule ligne dans internet explorer pour avoir le lien correct.

:)

Une femme libre a dit...

Mais c'est super, Mathieu! J'ai bien hâte que le "Classmate Reader" sorte en français. Merci!

Anonyme a dit...

Très intéressant. Je prends note de l,exercice que vous avez fait. J'aurais aimé le subir avant que ma fille commene à lire, ça m'aurait allumé le cerveau plus vite même si elle fait de la dyphasie et non de la dyslexie, vis-à-vis sa façon qu'elle avait de lire, on pourrait croire le contraire.

Encre a dit...

Vous avez vraiment piqué ma curiosité! Moi aussi, j'aurais bien aimé faire cet exercice pour comprendre de quoi il ressort.

Une femme libre a dit...

Mazsellan, quand notre enfant a un ou des problèmes d'apprentissage et qu'on commence vraiment à en apprendre sur son handicap, toutes les "erreurs" qu'on a pu faire nous sautent en pleine face. Il faut se pardonner et je me pardonne. Pardonnez-leur car ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient! On continue sur d'autres bases. Ma vraie conclusion, c'est que le rôle du parent est de soutenir, de comprendre, de chercher des ressources, de persévérer, de servir d'ambassadeur pour son enfant mais pas de lui enseigner. Il y a alors trop de risques de bousiller la relation affective qui est la clé du lien parent-enfant.

C'était plus révélateur et ça en disait plus que les plus savants discours, Encre!

Solange a dit...

Très intéressant, difficile de se mettre dans la peau de quelqu'un qui a des difficultés d'apprentissage,et surtout quand il en est concient.

Lud. a dit...

J'ai eu vent de cette rencontre. J'aurais aimé y être... Et puis... toutes les occasions sont bonnes pour retourner dans mon anciencce école et me trouver en des lieux si connus et si emplis de souvenirs marquants. :)

Une femme libre a dit...

C'était d'autant plus utile d'avoir cette mise en scène pour nous mettre dans le bain et nous permettre de comprendre une parcelle des difficultés vécues par les dyslexiques, Solange.

Vraiment, Lud, vous avez étudié à Pierre-Dupuy? Il paraît que malgré les apparences plutôt glauques, il y règne une appartenance et un esprit d'équipe extraordinaires.

Anonyme a dit...

Wow, excellente expérience. Je conserve l'idée pour le futur.

unautreprof a dit...

vous me dédiez un billet!
Seule chose, j'habite seule!!!

PAs de plans d'aménager avec mon bloggeur pour le moment, encore moins de bébé!

J'ai bien ri toutefois en lisant votre intro.


Comme vous dites : "Et le dyslexique le sait qu'il est dans le trouble car il est intelligent ou très intelligent. "

voilà!

Une femme libre a dit...

C'est que j'extrapole parfois, ma belle un autre prof! L'aménagement et le bébé viendront peut-être. C'est à suivre...