jeudi 2 octobre 2008

De la relativité des valeurs

ou pourquoi il ne faut jamais dire jamais

Quand il s'agit de nos enfants, on est prêt à en faire en masse des concessions pour leur bonheur. La meilleure amie de Quatorze ans était malheureuse dans leur école, très malheureuse. On ne savait pas très clairement pourquoi, question de mutisme non-acccepté, de petites filles qui la mettaient de côté et probablement d'autres raisons dont elle n'a jamais parlé et d'autres qu'elle ignorait elle-même. Malheureuse au point de faire une fugue jusqu'à Toronto la veille de la rentrée scolaire. Là, les parents, morts d'inquiétude mais fous de joie de la retrouver, ont réagi. Ils sont allés rencontrer la direction de l'école et lui ont demandé de réserver la place de la jeune fille pendant deux ou trois semaines, le temps de voir où tournait le vent. Et puis, ils ont cherché une autre école.

Pas évident trouver une autre école quand l'année scolaire est commencée. Et puis, pas du tout évident quand en plus la jeune a des problèmes d'apprentissage, qu'elle est timide et qu'elle a toujours étudié dans une petite école. Ils sont tout de même allés l'inscrire en liste d'attente dans des polyvalentes qui avaient des classes spéciales pour troubles graves d'apprentissage. Sans enthousiasme. Et puis, il n'y en avait pas de place. Près de chez eux, il y avait une petite école avec des enfants en uniforme de tout âge, de très petits à très grands. Le papa cherche sur l'internet. Deux cent élèves en tout. Une grande famille. Beaucoup de discipline et de petites classes. Entièrement privée et non-subventionnée mais reconnue par le ministère de l'éducation.Le hic: Une école Adventiste. Ouverte a tous mais avec les prières et l'enseignement religieux obligatoires pour tous les élèves. Pas tout à fait ce qu'il recherche mais il téléphone à tout hasard. Un bel accueil. Ils n'ont pas de service particulier pour les enfants en trouble d'apprentissage mais l'élève est leur priorité, avec ses forces et ses faiblesses, comme Dieu le veut. Le ton très religieux est donné sans ambiguïté. Malgré tout, le père, tanné de voir sa grande jeune fille désoeuvrée à la maison ,prend rendez-vous. Une visite n'engage à rien. Il lui explique les règles très sévères, pas de bijoux, pas de maquillage, pas même de vernis à ongles, la prière tous les matins, les conférences religieuses une fois par semaine, la nourriture végétarienne obligatoire. Elle veut aller voir quand même. Et c'est le coup de foudre. On lui fait visiter la classe de secondaire deux où on va la placer (elle aura seize ans la semaine prochaine), il y a vingt élèves, elle se sent bien tout de suite. C'est là que je veux aller, papa. Elle est venue nous visiter hier soir, après l'école, épanouie, heureuse comme je l'avais rarement vue.

22 commentaires:

Anonyme a dit...

a la première lecture j'ai comme une drole impression comme école ....trop de restriction , on dirait une secte ...enfin le but qu'ele soit heureuse alors tant mieux pour elle et l'avenir le dira

et je continu a te lire religieusement hé hé ;)

Marie

Mamzell_McJ a dit...

peut-être que le cadre rigide la sécurise.

Fistounet a besoin de cadre précis et ferme pour être bien.

Si vous avez des nouvelles ça serait bien d'en avoir.

Et qu'est-il arrivé avec la jeune fille des broches ?

Anonyme a dit...

Bonjour FemmeLibre,

Et pourquoi pas!

Il y a une dizaine d'années, j'ai dû prendre une gardienne à la maison pour prendre soin des enfants pendant que j'étais au travail. À un moment donné, une dame s'est présentée pour l'entrevue d'embauche et elle nous a annoncé, durant l'entretien, qu'elle était Témoins de Jehovah.

J'avais alors énormément de réticences à la laisser entrer chez moi, à être en contact quotidiennement avec ma blonde et les enfants, d'autant que ma blonde était assez fragile à ce moment-là. Je craignais l'endoctrinement.

Finalement, on a fait un essai et elle est restée avec nous pendant 5 ans. Jamais elle n'a cherché à inculquer ses croyances. Par contre, elle mettait tout à fait en pratique ses valeurs chrétiennes, de générosité, de patience, d'honnêteté. Encore aujourd'hui, elle vient à la maison, à l'occasion pour nous dire bonjour et voir comment les enfants ont grandi.

D'une certaine façon, je pense que cette dame a contribué à ces belles valeurs que mes enfants mettent de l'avant aujourd'hui et aucun d'entre eux n'est pour autant particulièrement croyant.

Mère Térésa a déjà dit: "je ne pense pas avoir jamais converti qui que ce soit au Catholicisme, mais si j'en ai fait de meilleurs individus, j'en suis très heureuse".

Solange a dit...

L'important c'est que l'enfant se sente bien. Si cela la fait progresser tant mieux.

herbert a dit...

Je suis natutellement très interessé par ce texte et en même temps stupéfait que cette jeune fille se plaise dans cette école sectaire.
Tant mieux, mais il faudra beaucoup de vigilance.
Beaucoup.
Bonne journée pour toi.

Anonyme a dit...

C'est de l'apologie indirecte de ces écoles de sectes qui sont là, pignon sur rue, comme des filets tendus pour engluer nos enfants. Cette engeance devrait être illégale. C'est du pur et simple endoctrinement et "le bien de l'enfant" ne vaut pas cher comme argument. Si l'enfant se sentait bien et en famille dans un gang de rue, il faudrait obtempérer aussi?
Paul Laurendeau

Une femme libre a dit...

Ce n'est pas une secte, c'est une religion, Marie. Merci de me lire religieusement (rires).

Le cadre rigide, la petitesse des lieux et la chaleur humaine aussi. C'est vraiment familial une si petite école, les grands s'occupant des petits. Ça avait vraiment l'air idyllique quand elle nous en parlait, Juliette. Évidemment, vous me connaissez, je me méfie un peu de tout ce qui semble trop parfait.

Je pense qu'il faut faire fi des préjugés, Pierre. Tant qu'on ne cherche pas à nous embrigader,évidemment.

Oui, l'important, c'est que l'enfant se sente bien, Solange, d'autant plus que l'enfant, ici, est une grande ado qui sera bientôt adulte. On a tendance à l'oublier dans le cas de l'amie de Quatorze ans car elle vient des Philippines et elle est vraiment minuscule, tout comme ses parents d'ailleurs!

Je pense qu'en France, les adventistes du septième jour sont considérés comme une secte, Herbert. Pas ici ni aux États-Unis. Ce sont des gens particulièrement en bonne santé car leur hygiène de vie prescrite est impeccable. Végétarisme strict, ni viande ni poisson, exercice physique, pas d'alcool ni tabac. Pour ce qui est de la vie sexuelle, c'est dans le mariage seulement, mais si on se rend là, le plaisir est permis et encouragé, on dit dans leurs textes que "L'homme doit être un paradis pour sa femme et la femme doit être un paradis pour son mari." Très joli, je trouve! Je suis cependant très vigilante et je vais étudier la situation de près (facile, on voit souvent l'amie en question et je fréquente aussi ses parents que j'adore).

Une femme libre a dit...

Quand nos enfants sont malheureux et ne fittent nulle part dans les système régulier, Paul, et qu'on découvre un hâvre de paix pour ces enfants en difficulté grave d'aprentissage dont personne ne veut, quand ils sont accueillis comme de vrais personnes plutôt que comme des handicapés qui ne pourront pas faire ci ou ça, quand on voit leurs possibilités plutôt que leurs limites, c'est plutôt de la reconnaissance qui est ressentie face à cette école qui n'a englué personne et où on est allés sonner de nous-mêmes. La démarche de ces parents est aussi la mienne. Je donne la chance aux coureurs, quelles que soient leurs croyances, d'autant plus qu'ils les étalent ouvertement leurs croyances, pas de cachette, pas de secret. Votre comparaison avec un gang de rue est plus que boîteuse. Valeurs morales comparées à gangstérisme, rien à voir.

Une femme libre a dit...

apprentissage

Une femme libre a dit...

Juliette, la jeune fille des broches a... des broches! Je l'ai vue et ça la change vraiment beaucoup. Je suis très heureuse pour elle, vraiment.

Anonyme a dit...

Les vraies valeurs morales sont athées. Je suis fatigué de me faire seriner que les cagoules ont le monopole de la morale. Enfin, je ne vais pas me mettre à combattre vos croyances ici. Je vous remercie car vous venez d'inspirer mon prochain billet sur le Carnet d'Ysengrimus. Il posera la question de savoir si les athées doivent militer pour leur athéisme. Pas simple...
Paul Laurendeau

Anonyme a dit...

Bravo ! Elle est bien là et bien c'est tout ce qui compte !

Anonyme a dit...

Un billet sur la politique suivi d'un autre sur la religion, vraiment vous faites dans le risqué ces jours-ci et on le voit, cela soulève des passions.

J'ai lu le billet ainsi que les commentaires et pour ma part, si l'enfant est bien et qu'elle peut réussir, rester accrochée à l'école et "devenir une meilleure personne" comme l'indique cette citation de mère Théresa, alors pourquoi pas.

C'est plutôt la réaction démagogique qu'on certain qui me fait me questionner. N'empêche, je suis non pratiquant, ce qui est différent d'être athé et je ne vois pas du mal partout. J'aurais crier s'il eut s'agit d'une école raélienne par contre ;-) ;-)

Une femme libre a dit...

Les cagoules? Voulez-vous parler des femmes voilées,Paul? Si oui, je serais déçue,très déçue, je croyais que vous respectiez les femmes, toutes les femmes.

C'est important qu'elle soit bien en effet, Cricri, mais c'est vrai qu'il faut rester vigilant. Cependant, il est possible, très possible qu'elle soit influencée par la religion adventiste car on la place en plein dans l'environnement pour qu'elle le soit. Accepter qu'elle aille dans une école Adventiste c'est aussi accepter qu'elle fasse sienne leurs croyances, ou pas. Ce n'est pas une jeune fille désespérée à la recherche d'un gourou, elle a des parents qui l'aiment, un entourage supportant. Ce que cette jeune fille cherche, c'est surtout une bonne école où elle sera acceptée comme elle est, vraiment acceptée, pas dévalorisée parce qu'elle ne performe pas comme les autres. C'est à suivre..

Mais oui, Mazsellan, politique et religion, je n'ai peur de rien et je n'ai même pas fait exprès en plus... École raélienne, moi aussi, j'aurais crié! ;o)

Anonyme a dit...

Cagoule = calotte = hommes [sic] d'églises. Comme pour la capine d'Hugue Capet. Ma position sur les femmes voilées la voici, comme vous le savez.

http://ysengrimus.wordpress.com/2008/05/24/athee-rationaliste-et%E2%80%A6-solidaire-de-ma-compatriote-au-hidjab/

Vous allez nuire à votre enfant à long terme. Les dommages de ces écoles sont des poisons lents...
Paul Laurendeau

Encre a dit...

Quelle décision difficile, je n'aimerais pas être ans la tête de ces parents.
Je suis prête à faire pas mal de concessions pour le bonheur de mon enfant. Que peut-on craindre davantage que les inhibitions que risquent de causer les souffrances qu'elle endure dans son école actuelle, si tous les efforts ont été faits (en vain) pour résoudre autrement le problème.
J'ai mis de côté des principes qui me tiennent à coeur pour que mon enfant ne soit pas malheureuse : l'enfant, seule élève de première année à suivre les cours de morale avec les grands, ne voulait plus aller à l'école si je ne lui permettait pas d'intégrer la classe d'enseignement religieux. De la même façon, j'accepterais qu'elle aille dans une école secondaire catholique si c'est une bonne école et qu'elle désire y aller. On sortira Hume et Voltaire à la maison pour lui apprendre à relativiser tout ça ;-)
Ce qui est plus compliqué dans ce cas-ci, c'est que cette enfant est peut-être plus facile à influencer. Malgré le handicap, peut-elle faire preuve d'un certain sens critique si on l'encourage et on l'accompagne dans ce sens ou sera-t-elle, au contraire, facile à manipuler, à influencer? La conviction avec laquelle on lui présentera des idées obscurantistes risque de faire beaucoup d'effet sur elle, non?
Pas facile, pas facile à prendre comme décision. Mais des parents vigilants pourront certainement retirer l'enfant de l'école s'ils perçoivent des problèmes.

Anonyme a dit...

Je paie des taxes pharaoniques pour que mes enfants soient mis en contact avec le savoir. S'il faut en plus que je me mette à être "vigilant" à la petite semaine pour que cela ne parte pas à délirer... Ah, excusez moi d'intervenir constamment, mais cela me fout en rogne, ce mixage pris pour acquis de religion et de connaissance. J'ai l'air un peu con, moi qui juge en principe que les athées ne doivent pas militer...
Paul Laurendeau

Encre a dit...

Il me semble assez évident que quelque soit l'école où peuvent aller mes enfants, je dois être vigilante à la petite semaine. Pas le choix.

Cours de géographie en 5ème année, la classe était divisée en équipes qui devaient choisir un pays dans la liste des "pays plusss Noël" pour faire un exposé.
-- Pays "nordiques"?
-- Non: "pays pluss Noël"!

Pour l'exposé n.2, il fallait se choisir une religon et ma fille s'est vu attribué "l'islamisme" (sic)! Elle a eu beau essayer de parler au prof, elle s'est fait dire qu'il y avait le bouddhisme, le catholicisme, le protestatisme et l'islamisme!

Le privé, ce qu'il coûte, et l'école laïque, ce sont deux débats différents même s'ils se recoupent souvent. Pour la question du privé ou ce qu'il coûte, je peux dire qu'au collégial, un élève au privé coûte moins cher à l'état qu'un élève dans le public. Je sais qu'il y a des tas d'autres considérations à prendre en compte mais pour la question des sous, on est souvent à côté de la plaque.

Anonyme a dit...

Bonjour FemmeLibre,

Vous songez peut-être à envoyer 14 ans dans cette école...

Compte tenu de l'accueil qu'ils semblent faire aux enfants avec des difficultés d'apprentissage, je pense que personnellement, j'irais de l'avant, si c'était mon enfant.

Même s'ils mettent beaucoup de leurs croyances adventistes dans le contenu, vous aurez toujours le loisir de rebalancer tout cela dans le cadre d'intéressantes discussions avec votre fille. L'important, c'est que votre fille progresse, qu'elle se sente heureuse et fière d'elle. Le reste, on s'arrange toujours avec.

Anonyme a dit...

Sur les exemples introduits par encre. Confondre ignorance crasse d'enseignant inculte et endoctrinement religieux structuré, c'est pas fort fort. Le premier est regrettable mais facilement curable. Le second est factieux, dogmatique, insidieux et socialement nuisible.
Paul Laurendeau

unautreprof a dit...

Il faut rester ouverts ET vigilant.
L'orthopédagogue que je suis reconnait que la première chose qui compte avec tout élève, surtout avec celui en difficulté est qu'il soit bien dans son établissement, avec son enseignant.
Toutefois, un milieu qui répond aux besoins affectifs de l'enfant se doit aussi d'être stimulant intellectuellement, sinon, même si l'enfant trouvera sa zone de confort, cognitivement, il stagnera.
À quoi ressemblent les classes? Les cours?

unautreprof a dit...

ouverts et vigilants, ouvert et vigilant.
À votre guise;)