dimanche 30 novembre 2008

Melting-pot multiculturel

Une école de musique, quelque part dans la région de Montréal. Des étudiants fébriles. Un public survolté, ému, qui vient voir Fiston ou Fistonne en spectacle. Le silence facilement obtenu et remarquablement respecté. La présentatrice, bilingue. Le premier numéro donne le ton. Une adorable petite fille habillée comme une princesse qui chante le Ô Canada en anglais. Et puis, tout s'enchaîne, du piano, de la guitare, du violon, de la flûte le tout entrecoupé de numéros de chant. Les numéros de chant! Mon Dieu! Senor! My God! Pitié! Des petites filles de huit ou dix ans avec des robes longues à sequins, les épaules nues, juchées sur des talons, qui chantent, le micro à la main, des chansons d'amour pas du tout de leur âge. En anglais. Tout est en anglais. Le directeur prend ensuite la petite par l'épaule, la main sur son épaule nue, elle tient son diplôme à la main et il y a une photo, avec un sourire synthétique sur la photo. Une après l'autre, identiques. Certaines reprennent la même chanson d'amour que la précédente. My heart will go on sera ainsi chantée trois fois. "Every night in my dreams I see you I feel you... " sonne drôle dans la bouche de si petites filles maquillées comme des femmes. Je suis vaguement mal à l'aise. Mais pas la famille des petites. Ce sont les familles qui les ont habillées comme ça après tout. Ce sont peut-être les familles qui ont suggéré les chansons de Celine Dion? prononcé à l'anglaise, le nom de Celine.

C'est bien facile de jouer à la féministe enragée et de porter des jugements, mais ces petites filles sont de toute évidence investies, aimées, valorisées. Leur robe coûte cher, les cours de chant aussi et on n'est pas dans un milieu aisé ici. Ces familles immigrantes tricotées serré, elles investissent clairement dans leurs enfants, sont là en grand nombre pour les encourager et à treize dollars le billet, c'est un gros investissement que d'amener les oncles, cousins et grands-parents voir la petite.

Les petits garçons sont moins nombreux et c'est drôle, eux, ils ont le droit d'avoir leur âge et ils nous chanteront des extraits du Roi Lion ou bien d'Aladin. Mais certains sont tout petits et portent habit cravate. Et pourquoi pas? C'est vrai qu'ils sont bien mignons.

Quelques numéros sortent du rang. Ceux des élèves du professeur de guitare électrique qui accompagne ses élèves en duo et nous livre des numéros ma foi qui étonnent. Led Zeppelin, les Beatles, les Stones se retrouvent entre des numéros classiques et sont joués avec justesse et intensité par des jeunes interprètes en connivence totale avec leur prof.

Le long spectacle (toujours long de faire chanter une école entière avec des numéros individuels pour chacun) se termine dans les embrassades et les bouquets de fleurs. L'amie de Quatorze ans que nous sommes venues applaudir est ravie que nous soyons là et ses parents encore plus.

3 commentaires:

herbert a dit...

J'aime beaucoup le titre de ton billet.
A lui seul, il résume tout et je trouve toujours en toi l'analyste pertinente et bienveillante que tu es...
Tu n'as pas perdu ton temps et 14 ans et son amie étaient contentes.
C'est vraiment l'essentiel...
Merci.
Je t'embrasse.

Solange a dit...

C'est bizare se besoin de ne pas laisser les petites filles être des petites filles.

Une femme libre a dit...

Je n'ai pas perdu mnn temps, c'est certain, Herbert! Maintenant,Quatorze ans veut une guitare électrique!

Peut-être le rêve de créer une seconde Céline Dion, Solange?