mardi 20 octobre 2009

Mazsellan

Ce jeune homme qui danse la salsa pose la question suivante, en apparence innocente, en réalité source d'intense réflexion:

"On le sait quand on aime, n'est-ce-pas?"

Hého amigo! Je n'en suis pas si certaine qu'on le sait. Quand on éprouve de la passion pour quelqu'un, là, on le sait. Mains moites, coeur qui débat, lubrification, érection, obsession, la passion est un trouble physique facilement identifiable. On n'a plus d'appétit, on fait des folies, on s'achète de nouveaux vêtements, on s'observe dans le miroir, on voit l'autre partout, on a le souffle court et on court littéralement quand on va le rejoindre. Il fait nos jours, nos nuits, il occupe chaque parcelle de notre temps et de notre corps. On est exalté(e), on perd du poids et le sommeil aussi. On est en état d'alerte perpétuelle. C'est à la limite du supportable. Quand il est là, on exulte, quand il quitte, on s'en ennuie, d'un ennui physique, comme s'il nous manquait un morceau.

La passion aime les obstacles. Vous lirez le blogue de Groopie et Mister B, qui est un exemple parfait de la passion amoureuse à distance et adultère en plus. Ces deux amoureux quitteraient-ils leur conjoint respectif pour vivre ensemble dans un petit appartement que les chicanes de pâte à dents sur le miroir ou d'oeufs au plat ratés ne tarderaient pas à ternir l'intensité de leur passion que l'on sent si réelle. Le quotidien tue ce genre d'amour. Rapidement. Et on se cherche inconsciemment une autre flamme adultère pour revivre le coeur qui bat si intensément et le déchirement de l'absence.

Une fois la passion un peu décrite, en quoi diffère-t-elle de l'amour? Là, chers lecteurs, je suis en terrain un peu inconnu, glissant, je risque d'écrire pas mal de niaiseries, vous me corrigerez. Bon... l'amour là. Ai-je déjà été en amour, coudons, pour tant peiner à en parler? La réponse est oui. Je pense. Je ne me posais pas la question. Ça allait de soi. Deux couples long terme dans ma vie et les deux fois, j'étais amoureuse. Contente de voir le conjoint. N'y pensant plus du tout dès qu'il repartait. Des discussion. Des projets. Du sexe aussi. Du bon sexe. Satisfaisant et réconfortant. Et de la sécurité. Celle d'être aimée, de se sentir aimée, de savoir qu'il reviendrait et de n'en pas douter. De la liberté. Je n'ai jamais été emprisonnée par mes couples.

Mais je ne suis pas un exemple. Tant de couples différents autour de moi et qui s'aiment aussi. Tant de chicanes autour du quotidien. C'est ce que j'observe. On se chicane peu pour l'essentiel, beaucoup pour l'accessoire. Le danger de l'amour, c'est qu'il finisse par disparaître enfoui sous la vaisselle sale, les cris des enfants et le partage des tâches. L'amour devient lourd, pesant et on en vient à détester ce conjoint qui nous enchaîne. Et puis, la passion, c'est tellement tentant.

Je ne réponds pas à l'autre question de Mazsellan "C'est quoi l'amour véritable?" trop complexe cette question-là, j'y réfléchis encore. Mais l'amour est fragile et il y a du travail à faire pour le laisser s'épanouir. Pas la passion. Elle nous submerge, pas de travail là-dedans, on s'y laisse prendre et on est parti pour la gloire. L'amour, lui, doit s'apprivoiser. Et si on cherche la passion en amour, il est possible qu'on laisse partir une personne qui était notre amoureux pour ne découvrir cet amour qu'après coup, dans le manque léger mais réel qui nous révèle que dans cette présence qui ne faisait pas battre notre coeur, dans ces conversations amicales, dans ce souci de l'autre que nous avions, dans ces goûts communs qui allaient de soi, il y avait le potentiel pour une belle relation, tout en douceur et en nuances, et qu'on aurait donc dû se donner une chance, prendre notre temps, apprécier au lieu de se torturer à se demander si ce qu'on vivait était bien de l'amour. À trop vouloir aimer, on demande l'impossible, la perfection, on compare, on soupèse et hop! on passe au suivant. Le marché de l'amour est devenu du prêt-à-jeter et jamais il n'y aura eu de gens aussi désabusés qui masquent leur mal-être dans des relations sexuelles intensives et de plus en plus osées. Les sites spécialisés basés sur le sexe uniquement foisonnent. On ne veut plus seulement pénétrer et sucer, plate ça, on veut aller faire des échanges dans des donjons, manier le fouet, aller toujours plus loin. Plus loin de l'amour, oui, absolument. On se perd, je me perds aussi, alors, non, je ne fais pas la morale. Je réfléchis tout haut avec vous.

18 commentaires:

Zolasoleil a dit...

J'aime votre billet ce matin. Je n'ai pas de commentaire spécifique mais vos mots font réfléchir.
Bonne journée!

Unknown a dit...

Voilà en tous les cas une très belle analyse. J'ai vécu très longtemps dans la passion, c'était ma manière d'aimer, je ne supporte pas le tiède. Et je dois dire que c'est plus déstabilisant qu'épanouissant. Après avoir beaucoup travaillé sur moi-même, j'ai appris à aimer autrement et j'ai découvert que c'était loin d'être tiède, puisqu'aujourd'hui je vis l'amour beaucoup plus intensément qu'autrefois. Ce n'est plus de la passion destructrice, mais un immense amour pour l'autre qui m'emplit, me porte et me fait rayonner. Même l'absence de l'autre n'est pas vécue de façon douloureuse, je pense à son regard dans le mien et je suis reliée, je le sens en moi. C'est l'amour conscient.

Juste moi a dit...

Merci. Vraiment. C'est ce que j'avais besoin (viscéralement) de lire ce matin. Ça n'enlève pas tous les questionnements mais ça apaise l'intense intensive.

herbert a dit...

Bonjour, Femme libre.

L'opéra et l'amour...
Finalement ces deux mots se marient fort bien...Tous les deux sont un gouffre...
A explorer sans modération.
Je t'embrasse.

Méli a dit...

Belle réflexion... Il est vrai que dans certains cas, il y a des personnes désabusées, pourquoi ? Parce qu'elles consomment les autres êtres humains... elles ne les aiment pas, elles les consomment et ça ne peut pas être satisfaisant...

Pas simple ces questions... Je vis une belle relation, je suis amoureuse et c'est réciproque ! Je chérie cette relation qui me rend profondément heureuse, car je m'y sens bien, je sens le soucis de l'autre pour mon bien-être et j'ai ce même intérêt à faire de mon mieux pour qu'il se sente heureux avec moi... C'est très satisfaisant et enrichissant... J'ai été amoureuse souvent auparavant, mais cette fois, c'est mieux, c'est mieux parce qu'il y a une réelle réciprocité, une belle complicité...

Pierre F. a dit...

La passion que vous décrivez, me rappelle les premiers temps de la relation avec ma blonde. Cette passion animale est véritable, pas de faux-semblants, je doute qu'on puisse la simuler. Les acteurs qui nous y font croire ne bandent probablement pas durant la scène. À mon sens, cette passion, aussi intense soit-elle, n'est qu'un ingrédient de l'amour, pas l'amour en soi. Pour que le gâteau soit bon, il faut tous les ingrédients et avec la bonne dose de chacun.

Une Peste! a dit...

Je suis amoureuse. Un nouvel amour.

Tout en douceur, tout en nuance. C'est nouveau pour moi cette absence de feux d'artifices qui coupent le souffle, qui nous éclatent au visage. Il me nourrit. Pourtant, j'ai peur souvent. Qu'il disparaisse. Que mes petits pas vers lui... lui fasse peur. Ou m'effraie moi-même. Je ne sais pas. Ou plutôt, si. Je sais que je l'aime. Mais cela ne ressemble à rien de ce que j'ai connu jusqu'ici. Des trucs qui font mal tout le temps. Parce que l'autre n'est pas assez. Pas assez présent, pas assez aimant, pas assez amant.

Lui, je l'aime bien doucement.
Je crois que c'est réciproque.

Mamzell_McJ a dit...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Mamzell_McJ a dit...

ahahah!!!
Tout comme "Juste moi" c'est ce dont j'avais besoin.
Merci.

J'en suis à ses réflexions par les temps qui courent.

Est-ce que j'aime : oui ou non?

La passion c'était jeune homme, il y a deux ans. L'envie de folies, de tout ce qui ne fait pas de sens. S'abaisser à des bassesses à la limite de l'immoral, du genre l'attendre plus d'une heure assise par terre près de sa porte. Oui.. oui... j'ai fait ça.

Évidemment, le temps a estompé mais le désir du corps y est encore. Sinon, ce courriel ne m'aurait pas ébranlée, mais je dois avouer que oui, j'ai été ébranlée.

L'amour... si c'est d'être bien avec quelqu'un et d'être capable de vivre sans. Si c'est désirer sa présence, sans pour autant en faire une obsession. Si c'est accepté ses travers et même y trouver un certain charme. Si c'est avoir peur de perdre pour mille et une raisons plus folles que sensées. Peut-être que je suis en train de tomber dedans, devrais-je plutôt dire glisser dedans :-)

Merci... pour cette réflexion "à voix haute"

unautreprof a dit...

Votre réflexion me parle.
Tous les couples si différents autour de nous! Ceux qui nous semblent heureux et qui ne le sont pas. Ceux qui nous semblent chaotiques et qui pourtant, sont heureux.
Plus de questions que de réponses...

Anonyme a dit...

Oh que j'aime pouvoir vous relire !!! Quel plaisir de sentir votre plume déliée !

Anonyme a dit...

Ce n'est pas que je n'ai pas lu mais je suis trop débordé pour lire tranquillement et comprendre convenablement. Donnez-moi juste un peu de temps.

;-)

Mijo a dit...

Je dirais aussi qu'on le sait quand ON N'AIME PLUS. Et quand j'en arrive à ce point là, ça m'obsède et me ronge. Je ne supporte pas le ronron d'un amour sans surprise, pour moi ce n'est plus de l'amour mais une habitude, un banal quotidien même pas rassurant et surtout bête et ennuyant.
Je suis loin d'être une volcanique mais il me faut pimenter ma vie, il me faut voir des étincelles dans les yeux de l'autre et que je me brûle à son contact. Souvent, bien souvent, il suffit de presque rien pour retrouver le souffle vital et essentiel de l'amour. J'aime quand ça repart pour un tour, j'aime quand je sais que j'aime.

Anonyme a dit...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit...

Alors selon votre billet, et votre point de vue, j'ai vécu une passion très forte avec ma première amante et c'en est devenue une balise référentielle dans ma vie... Je ne peux imaginer moins que cela, même si ça me déchire encore en dedans.

L'amour-amoureux, je ne sais donc pas ce que c'est ;-( ;-( quoique j'ai du le vivre un moment donné avec la mère de ma fille, c'est tellement loin, au 20e siècle.

Et la fin de votre texte rejoint mon prochain billet sur la source "du vide". Tellement en plus ;-) Mais je ne renonce pas à y toucher encore à ces jeux... tabous.

Solange a dit...

Je suis entièrement d'accord avec Pierre F.

Une femme libre a dit...

Merci, Zolasoleil!

L'amour conscient? Absolument, Monique!

Juste moi et Juliette, je suis contente que ma petite réflexion ait pu vous être utile!

L'opéra et l'amour, c'est immense, grandiose, exaltant, Herbert, je suis tellement d'accord avec vous et en plus ça va fichtrement bien ensemble!

C'est bien de vous savoir si heureuse en amour Méli!

Exact, Pierre (et Solange!), cette immense passion, c'est ce que j'ai vécu avec monsieur Relation et tout s'est écroulé comme un château de cartes et je n'ai même pas envie de devenir son ami. Fini. Comme si j'avais un peu honte de tant de folie. Comme si la source s'était complètement tarie. Je pense cependant et malgré tout que c'est une chance d'avoir vibré si intensément dans ma vie. Il y a des gens qui ne connaissent jamais une passion aussi absolue.

Juliette, j'ai comme l'impression que vous glissez un peu malgré vous dans l'amour. Reste à savoir si cet amour est partagé. Je sais que vous êtes aussi dans ce questionnement. Votre vie est palpitante. J'attends la suite...

Vous soulevez là un point important, Un autre prof, l'image qu'un couple projette et leur réalité intime sont parfois contradictoires. Ne jamais se fier aux apparences...

@Une peste, c'est bon de vous lire amoureuse et ... adoucie! ;o)

Rebienvenue chez moi, Rouge!

Quand on n'aime plus,Mijo, c'est vrai que c'est plus facile d'y voir clair, malgré la peine et le goût d'échec et d'amertume.

Vous ne devez pas renoncer, Mazsellan. L'amour devrait être une joie, pas un renoncement.

Anonyme a dit...

"C'est quoi l'amour véritable?" Votre texte est très beau, très simple, très vrai. Je me suis permis d'en copier une partie sur mon Blog. Si cela vous dérange, je l'enlève.
Tony