Le tour de l'Île, ça se passe chez moi. Tout se passe chez moi depuis que j'habite en plein centre-ville. Je suis allée les voir les cyclistes, évidemment. Tout trempés. Par solidarité, je n'avais pas pris de parapluie. Devant ma porte, il y avait une camionnette de stationnée. En sont sortis deux jeunes adultes, les bicyclettes ont suivi. Une fois prêts à partir, vêtus de leur super imperméable, ils sont allés embrasser la conductrice, qui était leur mère, je l'ai su quand ils ont dit "Thanks, mom." Un frère et sa soeur. "If there is any problem, call me. I will be around", leur a dit la mom. "You will be around all day?" a demandé la jeune femme. "Sure, just in case", a répondu la mom.
Cette mom allait donc passer la journée à attendre après ses enfants adultes, "just in case". Ces mères qui sont trop mères, celles qui ne décrochent pas, celles qui vivent leur vie à travers celle de leurs enfants, existent. Celles qui pleurent quand leur enfant prend un appartement. Celles qui attendent leur appel ou bien qui les appellent tous les jours, encore pire. Celles qui n'ont rien réalisé de leur vie personnelle mais qui peuvent vous parler pendant des heures des exploits de leur magnifique et géniale progéniture.
Hier, nous allions à la rencontre pré-départ de Seize ans. Une de ses amies fera le voyage avec elle. Elles vont partager la même chambre. Je suis amie avec la mère de la jeune fille. Super pour tout le monde. La responsable distribuait les enveloppes au nom de chacun. Quelle ne fût pas ma surprise de voir mon amie (la mère, pas la fille!) se précipiter quand le nom de la jeune fût nommé. Sa fille courait derrière, mais la plus excitée, celle qui voulait ouvrir l'enveloppe et contempler avec ravissement le billet d'avion, c'était la mère! J'ai l'impression qu'elle n'avait même pas réalisé son geste. Elle a gardé la précieuse enveloppe tout contre elle pendant la rencontre, permettant à peine à sa fille d'y jeter un coup d'oeil. On avait vraiment l'impression que c'était la mère qui partait, pas sa fille.
Le parent s'investit auprès de son enfant, c'est normal et sain. Mais à un moment donné, me semble qu'il faut décrocher un peu, avoir ses propres rêves, ses propres accomplissements, sa vie, quoi! Il y a des mères qui sont trop mères, qui oublient d'être des femmes aussi.
29 commentaires:
Oui, moi ca me creep out, les femmes qui n'existe QUE comme "maman." En plus celles que je connait son tres bebe, c'est leur homme qui fait tous les trucs "adultes" genre travailler, payer les factures, reparer les choses, appeler le plombier, il y en a meme qui ne savent pas conduire. Incroyable, je ne sais pas comment elle s'expliquent ce comportement a elles-memes.
D'un autre cote c'est aussi pourquoi je n'aurai probablement pas d'enfants, meme si je me trouvais un mari, moi je ne peux pas m'imaginer d'etre a la maison pendant des annees avec les momes et de n'avoir rien de plus interessant dans la vie que l'etat de leurs couches. Vivre pour quelqu'un d'autre a ce point-la, je trouve ca vraiment malsain.
ouf Mongoose.... je t'assure qu'éduquer des enfants, c'est bien plus intéressant que les couches. Mettre au monde des petits bébés, et les rendre à l'âge adulte, c'est d'une richesse.. ;-)
@Femme libre, je retiens et note tout. Très riche enseignement. Merci.
Bonjour FemmeLibre,
Je comprend ce que vous voulez dire.
Je dois vous avouer que j'ai par contre sursauté en lisant "Celles qui n'ont rien réalisé de leur vie personnelle mais qui peuvent vous parler pendant des heures des exploits de leur magnifique et géniale progéniture."
Au fond, ces femmes en ont fait une carrière et ont réalisé et se sont réalisées à travers celle-ci. Pour celles qui l'ont fait à l'extrême, ce n'est pas très différent des workaholics, qui ne se définissent que par leur travail: Ils peuvent parler des heures durant de leurs réalisations professionnelles, mais le reste de leur vie sociale ou familiale est sous-développée.
Quand ces gens prennent leur retraite, ils sont souvent un peu déboussolés, se sentent inutiles et sans but. À mon avis, pour ces mères qui se sont beaucoup, voire trop investies dans l'éducation de leurs enfants, c'est un peu la même chose. Le départ des enfants signifient la retraite pour elles.
Dans un cas comme dans l'autre, il faut revoir ses priorités, se redécouvrir, se fixer de nouveaux objectifs et démarrer une seconde carrière.
J'ai un ami, qui après avoir vendu la compagnie qu'il avait fondé, est devenu un bénévole très actif et très compétent et s'est aussi mis à la sculpture. Lui, un homme de chiffre, voilà une toute nouvelle carrière qui s'offre à lui.
Oh! boy... c'était pour moi, ce texte, hein? Je travaille fort pour les aider à grandir, je le jure! Bisous.
quel beau billet.
Je laisse de l'air à mes fils à grand coup de culpabilité. Je vais le conduire au travail quand il pleut... et le chercher au grand dam de mon amoureux. Il trouve que je les gâte trop.
Mais j'essaie de rester mère dans les limites de l'acceptable.
Michele - si c'est d'une telle richesse, pourquoi la conversation des meres est-elle si pauvre?
Lorsque Fils est parti en appart, l'automne dernier, j'ai passé quelques semaines plutôt difficiles. Je m'en confesse.
Que dois-je en conclure de moi-même? De ma maternité? De ma féminité?
@Mongoose,
C'parce que tu ne te tiens pas aux bons endroits, ou avec les mauvaises personnes. That's it.
Je ne pense pas que les mères qui en font trop sont pour autant des femmes "bébés". J'ai l'impression, au contraire, que ce sont des filles qui en font trop à tous les niveaux, au travail, à la maison, avec les amies.
Bien sûr, il ne faut pas les couver au point de les empêcher de devenir autonomes ni s'oublier, mais comme dit Juliette, on se sent parfois tellement coupables. Même quand on sait que les laisser à eux-mêmes est bon pour eux. C'est pas si facile, être mère. Même si c'est vrai, comme dit Michèle, c'est merveilleux de les rendre à l'âge adulte.
Ça, c'est trop vrai!
J'espère que j'aurai assez de considération pour mon entourage et moi pour être assez femme quand j'aurai des enfants à mon tour...
Mongoose,
ouf...Je ne sais pas dans quel secteur vous vivez.Je trouve que vous avez une bien piètre opinion de la mère à la maison. Beaucoup d'entre elles seraient franchement offusquées de votre jugement à leur égard. J'ose imaginer que c'est votre manque d'expérience qui anime votre discours si peu valorisant à l'endroit des jeunes femmes devenues mères et qui ont fait le choix de demeurer à la maison.
Je ne crois pas qu'on puisse se former une idée de ce qu'est la maternité avant d'avoir eu nous-même des enfants. Des enfants, ça change une vie, pour le meilleur et bien au delà de toutes les difficultés et inquiétudes que nous font vivre nos jeunes.Je pense qu'avoir des enfants est la plus belle expérience de vie que l'on ne puisse recevoir.
Femme Libre,
excellent billet... t l,expérience que tu décris ici, j'appelle ça, dans le premier cas, du contrôle à outrance et dans le 2e cas, de la projection. J'aurai aussi été choquée de voir des mères agirent ainsi mais elles ne sont tout simplement pas consciente.
Personnellement, j'ai toujours senti quand je devais tirer sur la corde et quand il était temps de laisser un peu plus de "lousse".
Dans les deux cas présentés ici, laisse-moi te dire que Fafouin m'aurait fait sentir assez rapidement que je dépassais les limites!
Désolée pour les fautes, j'ai encore une fois écrit trop vite...
Je dois avouer que j'ai quelquefois une attitude similaire à votre amie... je suis du genre "Mère poule", surtout avec Grande Fille dysphasique... je me demande si je serais comme ça si ma fille était "normale" ?!?
Quoi qu'il en soit, je crois que ma vie serait très vide de sens, et que moi-même je ne serais "rien" sans mes précieux enfants... Est-ce que je vis à travers eux ? probablement trop, mais bon ! je m'assume...
Par ailleurs, tout comme Nanou, je considère que la maternité change une vie pour le meilleur et qu'elle l'enrichie au delà de toutes espérances...
Pour moi avoir des enfants fut ce qui est arrivé de plus beau dans ma vie.
Quand ils sont nés , je leur ai consacré 5 ans à chacun pour leur donner le maximum avant de prendre le chemin de l'école. J'ai retourné travailler à temps plein en gérant 2 enfants d'âge scolaire dans leur devoir et leur cours autres à leur choix. Résultats? Deux universitaires qui réussisse dans la vie et qui sont heureux.
Et pour moi, c'est la plus grande gratification.
J'ai tout le reste de ma vie pour faire ce que j'en veux.
Intéressant ce billet, j'imagine que tout est une question de dosage et le dosage ce n'est pas facile, parfois on en fait trop, parfois pas assez...
Pourquoi seulement les mères ? mon mari est très papapoule et très près de ses 3 enfants surtout de ses deux filles. Il aurait probablement fait comme la "Mom" et resté disponible (bien sur nos filles ne sont pas encore très agées non plus) Possiblement aussi qu'il aurait enfourché son vélo avec elles. Pour lui c'est normal car il a souffert du manque de disponiblité et intérêt de son propre père envers ses activités.
Ma fille partira en aout pour l'uni, elle sera à 5 heures de route et j'avoue sans honte que je verserai surement quelques larmes, c'est notre rayon soleil à tous dans la maison, notre source de fou-rire, elle va nous manquer et pourtant ma vie est pleinement intéressante.
Bonjour, Femme libre.
Ah! les mères chéries qui chérissent...N'est-ce pas?
Bonne journée.
Je t'embrasse.
Moi je suis "très mère" mais contrairement à ce que Mongoose dit je sais subvenir à tous mes besoins et à ceux de mes filles qui ont 18 et 19 ans et je n'ai pas besoin d'un homme pour le faire.
Non je ne décroche pas de ce rôle de mère.
Oui j'ai de la misère à les voir grandir.
Oui ça m'attriste (mais je ne le montre pas à elle) quand je vois ma grande fille parler avenir et appartement avec le fiancé.
Même hier soir quand les 2 me parlaient bébé je ne tente pas de "péter leur bulle".
Mais oui je fais bien partie de cette catégorie de "trop mère" peut-être parce que j'en aurais tellement voulu une que je leur donne ce que j'aurais tellement et si ardemment désiré et qui est tant précieux pour un enfant c'est-à-dire avoir un parent aimant et présent et sur qui on peut compter en tout temps.
(Désolée je m'emballe dans ce temps-là)
Mongoose, je vous ai en partie répondu dans un autre billet.
Michèle, je ne croyais pas m'adresser à vous. Mais semble-t-il que quelque chose vous rejoint dans ce billet... (rires). Je m'y retrouve aussi en partie car je remarque que plusieurs de mes billets concernent mes enfants. Mes enfants ou ma perte de poids. Des voyages. Mais plus d'hommes. Serait-ce la fin de ma vie sentimentale? (écrit avec un feeling de non, non, j'espère que non!)
Des enfants peuvent-ils constituer une carrière, Pierre? Bon, il faut bien que je réponde oui, qui suis-je pour juger de la vie de quelqu'un? Il faut alors en effet s'en trouver une seconde carrière avant d'étouffer nos enfants adultes de nos demandes affectives. C'est ce dont traite ce billet, Pierre, de ces femmes qui ne décrochent pas du maternage une fois les enfants adultes. C'est très écrasant d'avoir une mère dépendante. Culpabilisant pour l'enfant adulte une mère qui ne décroche pas, encore plus quand c'était une "bonne" mère et qu'il a l'impression de lui en devoir beaucoup.
Pour vous et pour moi aussi, Joan! héhé! Pour celles qui en ont besoin. J'ai le bonheur d'avoir une mère autonome, organisée, occupée et que je vais voir par plaisir en l'avertissant d'avance pour qu'elle me fasse une place dans son horaire. J'ai des amies qui se sentent obligées d'aller voir la leur qui s'ennuie et leur fait cher payer en culpabilité de ne pas assez s'en occuper.
Et non, ce n'est pas si facile d'être mère, je suis tellement d'accord avec vous, Joan!
Votre chum a l'air d'avoir bien du bon sens, belle Juliette! ;o)
Confessez-vous, chère Peste, confessez-vous, on peut tout entendre...
Avoir assez de considération pour soi et pour son entourage, j'adore cette réflexion, car c'est bien de cela qu'il s'agit. La mère qui n'est plus une femme a perdu cette considération pour elle-même qui fait qu'on a confiance en soi et qu'on a envie de se réaliser. Elle se cache derrìère ses enfants pour pallier ses propres manques et ça, c'est vraiment triste.
Le dernier paragraphe du commentaire précédent s'adresse à Josie.
Les enfants "culpabilisés" des mères parfaites n'ont pas l'espace nécessaire pour mettre un hola à l'amour envahissant de leur mère, Nanou. Il leur arrive bien de lui en vouloir mais comme ils ne savent pas pourquoi (après tout, peut-on lui reprocher de tant les aimer?) c'est souvent contre eux-mêmes qu'ils retournent leur agressivité.
Angelika, faut faire attention de ne pas les étouffer nos chères enfants dyslexiques ou dysphasiques. Elles sont souvent bien plus capables qu'on ne le pense. Je m'en convaincs car j'envoie tout de même la mienne un mois en Espagne... (en pillant sur mon inquiétude. Il faut ce qu'il faut!)
Mais ils sont partis, vos jeunes adultes, Pur bonheur! Alors, liberté chérie, vous voilà! ;o)
Pourquoi seulement les mères? Vous y répondez en partie dans votre commentaire, Éléonore. Le papa aurait accompagné ses enfants adultes en bicyclette, c'est bien différent que de passer la journée à attendre, sans aucun intérêt personnel, comme s'apprétait à le faire la mum de mon histoire.
Il y a aussi des pères qui ne décrochent pas mais ils sont bien rares, peut-être parce que les pères font rarement une profession de l'élevage de leurs marmots.
Les mères chéries qui chérissent trop, Herbert... nuance!
"j'ai de la misère à les voir grandir" (Quelqu'une)
C'est pourtant le plus beau succès de l'éducation d'un enfant que de l'amener à l'âge adulte, de l'avoir aidé à devenir un individu responsable et de le voir quitter pour voler de ses propres ailes et devenir un apport pour la société. Soyez fière de vous!
J'ai lu "Ces parents qui aiment trop" (il y a quelques années) de Laurie Ashner et Mitch Meyerson. Ce bouquin s'adresse surtout aux enfants adultes de ces parents qui aiment trop, car les dommages sont considérables et la situation insidieuse. En effet, comment peut-on en vouloir à des parents qui ont tout fait pour soi, qui se sont sacrifiés, qui nous ont consacré leur vie et qui continuent à le faire dans l'amour et l'altruisme le plus total? Le symptôme premier, c'est donc la culpabilité. L'impression de ne jamais en faire assez pour ses parents, de ne pas arriver à leur remettre le quart de ce qu'ils donnent. L'adulte pris dans cette situation pernicieuse le découvre souvent lors d'une thérapie pour soigner son alcoolisme ou sa boulimie ou ses tentatives de suicide. Car, systématiquement, c'est envers soi qu'il retourne cette agressivité qu'il ne saurait éprouver envers ses parents si aimants. Se défaire de leur emprise pour vivre enfin sa vie à soi se révèle un processus douloureux mais possible.
On peut faire beaucoup de mal en aimant trop.
J'essaie de vous lire depuis 5 minutes, mais je suis mère et en étant mère, c'est dur dur dur de faire quoi que ce soit quand les enfants sont dans la même pièce...
Couchez-les, Fadette! ;o)
me viens à l'esprit ce texte qui m'avait parlé et que j'ai fait résonner sur mon coin de toile le jour de la fête des mères: http://minutepapillon8.canalblog.com/archives/2010/05/30/18046258.html#
@Quel sujet passionnant et qui fait couler beaucoup d'encre que celui des mères, Minutepapillon. Et comme elles sont toutes différentes, il en reste toujours à dire...
Merci pour cet article. J'y reconnais malheureusement ma mère et ma belle-mère, toutes deux n'ayant vécu que pour leurs enfants, sans autre passion ou activité. Aujourd'hui, à la retraite elle exprime cela de façons différentes: ma mère souhaite que je reste avec elle, trouve que j'habite loin (20km), ne me parle que de ses problèmes, ne s'intéresse pas à ma vie mais aimerait que je gère la sienne. Ma belle-mère a adopté la stratégie inverse, elle se mèle à outrance de la vie de ses deux garçons de 38 et 43 ans, veut gérer leurs affaires et tout savoir de leur vie.
Dans un cas comme dans l'autre c'est pesant pour les enfants qui sont aujourd'hui des adultes à part entière. Ces mères ont du mal à imaginer que leurs enfants puissent vivre autrement, avoir des avis et des activités différentes des leurs, une identité propre en somme. Elles nous freinent pour pas mal de choses au final.
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