samedi 6 novembre 2010

Les trophées

Nos enfants ne sont pas des trophées que nous pouvons brandir pour justifier notre existence. Nos enfants ne nous appartiennent pas, ils sont les enfants de la liberté, bon, vous lirez Klalil Gibran si ce n'est déjà fait, il a tout dit.

Petits, ils dépendent de nous et c'est notre devoir de les protéger et de voir à leur éducation.

Ensuite, ils deviennent ce qu'ils veulent et il est sage de les considérer comme des personnes à part entière et non pas comme des morceaux de nous, comme notre oeuvre.

Ils deviendront bien ce qu'ils voudront, ce qu'ils pourront.

Certains prendront le chemin le moins fréquenté ou celui que nous aurions préféré qu'ils n'empruntent pas. Nous ne pourrons pas accrocher leur diplôme universitaire comme preuve tangible de notre bon maternage. Serons-nous moins fiers de ceux-là? Les aimerons-nous moins? Notre amour est-il conditionnel?

J'avais lu un bouquin intéressant sur les parents qui aiment trop. Ces parents qui se définissent comme parents. Identité unique et valorisante. J'ai des enfants donc je suis. Toute la vie centrée sur cette progéniture. Pas d'autre réel intérêt. Ces parents qui tournent en rond quand un divorce leur prend leur raison de vivre ne serait-ce que pour deux fins de semaine par mois. Ces parents qui font une dépression majeure quand les enfants quittent le nid. Vide leur vie.

Se dévouer pour ses enfants, se nier comme individu, se consacrer entièrement à ce rôle est pourtant valorisé socialement. Et il est exact que des enfants remplissent une vie. Mais quel fardeau pour ces jeunes ou plus très jeunes d'être la raison de vivre d'une autre personne. Ils sont emprisonnés par cet amour névrosé et obsessif.

Aimer ses enfants, oui. Mais les considérer comme des êtres indépendants de soi. Et avoir une vie personnelle en dehors d'eux, des réalisations propres, des succès personnels, des amitiés avec d'autres adultes.

23 commentaires:

Véro a dit...

C'est une façon de pensée que j'espère conserver lorsque ça sera mon tour. J'avais déjà lu là-dessus et c'est vrai que les enfants ne nous appartiennent pas.

C'est une belle philosophie :)

Petite libellule a dit...

Je suis assez d'accord avec vous sur le fait que les enfants sont des êtres libres et non des trophées. Par ailleurs, les enfants arrivent avec leur propre petit bagage aussi. L'éducation fait partie de l'équation, mais il y a d'autres facteurs qui déterminent ce qu'ils deviendront. Pour ma part, la seule chose que j'espère avec mes deux petits mousses, c'est de réussir à leur transmettre la confiance en eux et dans la vie. Pour le reste, ils feront bien ce qu'ils voudront. Par contre, j'aimerais pouvoir leur permettre de choisir, peu importe ce qu'ils choisissent de faire.

Et finalement, si je réponds à leurs besoins actuels avec tout l'amour dont je suis capable au jeune âge qu'ils ont, j'entrevois avec allégresse le jour où je retrouverai un peu de liberté...! :-)

Pur bonheur a dit...

N'empêche que les enfants qui ont bien réussit ne sont pas des boulets pour les parents qui ont fait le nécessaire pour voir à leur éducation. Et ceux-ci peuvent ensuite jouir d'une belle retraite paisible.
C'est surtout ça la récompense au bout. Leur avoir appris à voler de leur propre aile.

Lud. a dit...

Je suis l'enfant d'une mère comme ça. Dépendante de moi, de ma présence à ses côtés. Que de parler de mon départ imminent la rend littéralement malade. Puis-je la blâmer? Nous ne sommes que deux au QC, le reste de la famille étant au Brésil. Elle n'a que moi. Et pendant les 7 dernières années, elle a travaillé comme éducatrice en milieu familial. Maintenant elle se réoriente. À 53 ans. Elle est forte. Mais tout de même fragile. Et seule. Pas de chum, pas d'amant. Tout à coup, ça ne l'intéresse plus. Moi, je me sens responsable d'elle. De son bien-être. Elle s'est sacrifiée dans la quarantaine en quittant une vie facile au Brésil pour moi. Ma liberté. Ma chance d'exercer une profession qui me passionne. Je ne peux la quitter malgré l'envie de fonder mon foyer. J'ai l'impression qu'elle ne survivrait pas. Si au moins elle avait quelqu'un pour partager sa vie... je serais plus libre, de mon côté. Je pourrais aller de l'avant avec ma propre vie.

Pierre F. a dit...

Trop se définir par ce qu'on fait plutôt que par ce qu'on est nous rattrape forcément quand on cesse de faire.

C'est vrai pour ceux qui sont des workoliques et qui perdent leur boulot ou prennent leur retraite. S'étant définit par ce qu'ils font, ils ont l'impression de cesser d'exister.

Et ça peut aussi être le cas de ces parents, surtout des mamans à la maison (même si vous ne le dites pas :) ), qui se sentent perdues quand les enfants quittent le nid familial.

Chantalou a dit...

Super ce texte une femme libre! Je suis de ton avis, il faut aimer nos enfants tout en ayant une vie pour soi où il est bon de se réaliser. Les enfants ne sont en fait que de passage et nous sommes là pour les guider dans leur cheminement mais pas pour s'imposer...Ils ont des choix à faire et ils doivent finir un jour par être capables de cibler ce qu'ils veulent , ce qui les intéresse. Nous sommes donc là comme parents pour répondre à leurs questions en étant disponibles mais en leur laissant le libre choix de choisir et de décider ce qui les rend heureux dans la vie... Chantalou xx

Anonyme a dit...

Khalil Gibran et ce texte. J'ai écrit là-dessus... http://trex58.wordpress.com/2009/02/07/des-enfants-khalil-gibran/

Quant à une mère qui ne vit que par son fils, et mourrait s'il mourrait, c'est le portrait craché de ma belle-soeur !

Fc a dit...

Je me suis appropriée le droit d'être une enfant... pas un prolongement de mes parents.

À leur grand désespoir.

Et mes fils... sont déjà loin.

Vivement la liberté d'être libre

Vous devriez lire Anthony De Mello.

Petite Fadette a dit...

Les enfants ne nous appartiennent pas!

Vous dites vrai. Comme (presque) toujours.

Quel bien fou que de lire ce billet!

Anonyme a dit...

Merci Femme libre D'encourager la discussion:-)))
Oui il y en a des enfants trophées...Et aimer TROP C'est aimer MAL !!
Mais il y a aussi un plus grand nombre d'enfants ROI .Ces petits princes et princesses auxquels on ne dit jamais non de peur de blesser sous pretexte qu'il ne faut surtout pas brimer leur estime de soi!!!Dire non c'est mettre des limites, c'est donner une ligne directrice , c'est encadrer et sécuriser...
Pourquoi est ce que je me sens toujours si seule comme parent à dire non à mes enfants?Pourquoi je me sens comme la méchante mère de la rue quand je dis non à mon fils pour aller jouer avec un ami?Je suis pourtant une mère aimante dévouée généreuse mais je dis non parfois...Et j'enrage seule dans mon coin quand je vois les enfants qui ne se font jamais rien refuser de peur qu'il pique une crise ou amener à faire quelquechose d'une façon détournée...
Suis-je la seule à penser comme cela???
Elyse

herbert a dit...

Bonjour, Femme libre.

Je partage complétement ton analyse.
Aidet le jeune à trouver son chemin et non le contraindre à suivre celui que l'on voudrait pour lui.
Il y a trop de Mozart assassinés...
Merci beaucoup.
Je t'embrasse.

Anonyme a dit...

Il y a aussi les enfants faits parce que la société dit que c'est bien d'en faire.
Les mamans qui n'arrivent pas à décrocher de leur création et celles qui ne ressentiront au fond jamais grand chose, bien qu'elles s'en défendent.
Ces enfants qui ne sont pas la priorité, au mieux un devoir à remplir en pourvoyant presque uniquement à leur besoin matériel.
Difficile de trouver le juste milieu dans tous ces extrèmes!
Bisous femme libre, très joli billet!

Nad

Valéry a dit...

Ce qui est bien quand on en a plusieurs, c'est que nos rêves, nos espoirs et notre attention sont diluées sur chacun, plutôt que focussés sur juste un ou deux qui porte alors un lourd fardeau... :-) (Bon pas toujours là mais ce type de comportement ultra-maternant est plus fréquent chez les parents d'enfants uniques...) Ce qui rend chacun d'eux plus libres... On se rend compte aussi qu'ils sont tous différents et qu'on a des affinités plus avec certains qu'avec d'autres... Finalement une famille, c'est un microcosme de la vraie vie...

Personnellement, je pense que la vie est bien faite!!! Autant quand ils sont petits on a de la misère à s'imaginer qu'ils devront nous quitter un jour, autant au fur et à mesure qu'ils grandissent, le cordon se coupe naturellement... Trois de mes six enfants étant maintenant adultes ou presque (22, 20 et 17 ans), je fantasme souvent au jour où ils seront partis faire leur vie pour de bon, me laissant une liberté fort appréciée après des années à gérer une telle maisonnée... ;-) lol J'imagine ma vie et ma maison avec juste les trois plus jeunes... lol Le bonheur!!! Vient un moment où leur vie d'adulte empiète sur la tienne!!! :-o lol

Je ne pense pas que je serai du genre à me prendre la tête et faire une dépression quand ils seront tous partis... :-) Au contraire, j'entrevois une vie enfin pour moi, après des années à penser et à travailler pour sept personnes!!! :-o lol

Une femme libre a dit...

N'est-ce-pas, Véro? ;o)

La confiance en eux et dans la vie et le goût du travail et de persévérer,Petite libellule. Il paraîtrait que les enfants actuels ont beaucoup de confiance en eux, on le leur dit tellement qu'ils sont bons et capables, mais qu'ils laissent tomber à la première difficulté. Après tout, qu'ils persévèrent ou non, ils vont être encouragés et complimentés, alors ils vont vers le plus facile.

Une femme libre a dit...

Lud, et pourtant votre mère voulait bien faire. Je pense que vous devez vous en libérer, ne plus être son bâton de vieillesse alors qu'elle est toute jeune. Vivre une relation égalitaire, dans laquelle on se visite en adultes et on s'apporte de l'affection en toute liberté. Partez. En restant, vous encouragez sa dépendance. Elle se débrouillera probablement bien mieux que vous ne le croyez. Et si ce n'était pas le cas, vous n'en êtes aucunement responsable. On ne met pas des enfants au monde pour qu'ils répondent à nos propres besoins. Vous n'êtes pas la mère de votre mère. On est responsable de ses enfants, pas de ses parents. Ne vous mettez pas sur le dos ce qui ne vous appartient pas. Vous devez vivre votre propre vie.

Et cette histoire de mère sacrifiée pour les enfants, je n'y crois pas. Trop facile de culpabiliser les enfants avec ça. Si une femme décide de mettre sa vie de côté pour ses enfants, ça lui appartient, qu'elle ne vienne pas le leur reprocher après.

Mais il est possible que votre mère ne vous demande rien et que c'est vous qui vous vous en demandiez trop et qui vous imaginiiez (par culpabilité, mauvais et destructeur la culpabilité) qu'elle ne peut vivre sans vous.

Une femme libre a dit...

C'est quoi, bien réussir, Pur Bonheur? Vaste question à laquelle il y a tant de réponses.

Une femme libre a dit...

On est très portés à se définir par son occupation. C'est la réponse attendue à "Tu fais quoi dans la vie?" Une question que je déteste. Il faudrait inventer une autre réponse que "je suis professeur" ou "je suis comptable, Pierre F.

Une femme libre a dit...

Les fameux enfants rois qui vivent sans cadres et sans balises sont des enfants malheureux, Élyse.

Des Mozart assassinés, comme c'est bien dit, Herbert!

Tout un art la parentalité, Chantalou! Et quoi qu'on fasse, on sera critiqué de toutes façons, alors suivons notre instinct.

Tony, Gibran a écrit de magnifiques poésies.

On n'a plus vraiment besoin d'en faire des enfants pour se conformer à un idéal social, Nad. Ce sont plutôt ceux qui en font qui sont critiqués constamment!

Avez-vous remarqué, par exemple,Valery, que les enfants de famille nombreuse n'ont à peu près jamais de problèmes alimentaires alors que l'enfant unique, lui, en a si souvent. Quand on a six enfants, on n'a pas le temps de vérifier ce que chacun mange, résultat, chacun mange à sa faim sans nous embêter. Mais quand un enfant unique a deux parents qui étudient chaque bouchée du repas super équilibré qu'ils ont préparé à la prunelle de leurs yeux, le petit a tôt fait de saisir quel magnifique instrument de chantage il détient là et il se met à chipoter et les parents anxieux s'inquiètent et plus ils s'inquiètent et plus il chipote et un méchant cercle vicieux vient de se créer.

Une femme libre a dit...

Petite Fadette,

Presque??? Héhé! Haha!

Une femme libre a dit...

Anthony de Mello, je prends note, FC.

Valéry a dit...

En tout cas je ne parlerai pas pour les autres Femme libre... :-D lol Mais ce que je sais, c'est qu'ici je ne me suis jamais pris la tête avec la nourriture ingurgitée par chacun... lol J'ai une façon très claire de fonctionner... Je fais des menus différents à chaque jour, parfois, ça adonne que c'est le menu qu'un tel aime, parfois un autre... Évidemment, il s'en trouve toujours un pour être plus ou moins content mais je n'en ai rien à cirer... Mais j'peux pas tenir compte des caprices de tout un chacun sinon on ne mangerait rien car il s'en trouve toujours un pour pas être content... lol

La règle ici c'est: je mets un peu de tout dans ton assiette, peu importe que tu aimes ou non et ça, je suis inflexible!!! lol Tu manges??? Tant mieux... Tu peux prendre une deuxième portion ou un dessert (généralement yogourt, compote ou fruits)... Si tu ne manges pas tant pis!!! Tu sors de table et ça ira au prochain repas, sans possibilité de négocier de collation entretemps sinon ça devient trop facile... :-) lol (On prend des trucs avec l'expérience!!! lol)

Mes trois gars ont toujours été de gros mangeurs... On donne dans le grand gabarit ici et ils sont sportifs alors ils ont vite compris qu'ils avaient intérêt à manger même si ce n'était pas leur menu préféré... :-D lol Quant aux filles, j'en ai une qui de l'âge de un an à cinq ans, mangeait une bouchée de chacun de ses repas... lol Mais bon, elle n'était jamais malade, se développait bien, avait de bonnes notes à l'école... et était (et est toujours) faite sur une frame d'allumette... lol

En tout cas, c'est la même chose pour l'école ou tout le reste... Jamais je ne vais m'assoir et superviser tout de près, sauf avec les vraiment jeunes, genre 1ère, 2e année... Au secondaire, no wayyyyyy!!! Je fais de temps à autre des vérifications randoms sans plus sinon ça deviendrait fastidieux... lol Rendu au secondaire, je ne vois pas pourquoi on devrait suivre un enfant au pas là-dessus... T'sais ça devient SON problème et SA responsabilité... Certe pas la mienne!!! Les larmes de ces grands de 17 ans, dont il était question à l'autre sujet, ne m'émeuvent pas!!! À cet âge, tu devrais te prendre en mains pour tes devoirs et leçons... Que tes parents le fasse à ta place, ça ne t'aide pas à t'autonomiser, au contraire ça te nuit selon moi... :-S

Et je sais par expérience que ça ne change pas grand chose à la donne de toute façon... Certains ne sont pas portés sur les études et la chose scolaire... Pas grave!!! On peut avoir une belle vie et bien se débrouiller professionnellement sans avoir un diplôme j'en suis la preuve vivante!!! lol Et pour d'autres, c'est naturel d'avoir envie d'apprendre et d'aimer l'école... :-) Ce n'est pas nous qui faisons la plus grosse différence mais EUX!!! Arrêtons de les déresponsabiliser de grâce!!! :-S

Valéry a dit...

J'ajouterais même: arrêtons d'avoir des attentes démesurées qui ne correspondent pas nécessairement à leurs rêves, leurs besoins et leurs capacités mais... aux nôtres!!!

La Mère Michèle a dit...

"Personnellement, je pense que la vie est bien faite!!! Autant quand ils sont petits on a de la misère à s'imaginer qu'ils devront nous quitter un jour, autant au fur et à mesure qu'ils grandissent, le cordon se coupe naturellement... "

Celà corresponds à ma réalité, ce que je vis personnellement. Et heureusement d'ailleurs.