J'aime lire le blogue de La Marâtre joyeuse. Je pensais justement à ma propre vie de belle-mère, dans un passé qui devient, ma foi, de plus en plus lointain. J'avais rencontré un amoureux dans la nuit noire. Nos corps qui dansent ensemble, près l'un de l'autre, mais sans jamais se toucher, érotisés. Et puis une marche irréelle dans la nuit, sans trop savoir où on allait. C'est chez moi qu'on allait mais ça n'avait pas de bon sens de marcher jusque là. Des heures et des heures. On n'a pas vu le temps passer. On a ouvert la porte de ma demeure et on est demeurés amoureux pendant dix-sept ans.
Il avait deux enfants, j'en avais un. Sa femme était dans une secte et l'empêchait de les voir. Avec du recul, je dois dire qu'il s'en accommodait plutôt bien de la situation et n'avait jamais rien fait pour y remédier. Dans le feu de l'action, j'ai vu une souffrance où il n'y en avait peut-être pas tant que ça, j'ai évidemment voulu aider, pas aider, RÉSOUDRE cette situation et ça pressait en plus. Avocat, témoins lors des visites où on ne lui ouvrait pas la porte, cour, évaluation psycho-sociale. Le papa s'est retrouvé avec la garde exclusive de ses jeunes enfants!
Il est alors devenu absent. Littéralement. Il avait repris ses études à l'université, en génie mécanique, et était donc tout le temps occupé. Cours, séminaires, bibliothèque, rencontres. Il n'était pas là. J'ai pris les enfants en charge avec enthousiasme au début, et puis avec rancoeur. Ils étaient bourrés de problèmes ces enfants-là, une secte religieuse fuckée et la privation de nourriture et de sommeil n'étant pas ce qu'il y a de meilleur pour le développement des enfants. Mais la rancoeur ne venait pas de là. C'était même valorisant de leur offrir un bon milieu de vie et de les voir faire des progrès. Non, j'en voulais au père de ne pas faire équipe, de s'être mis hors-jeu. Je ne voulais pas être monoparentale malgré moi! Au bout d'un an de cohabitation, à ma demande mais d'un commun accord, monsieur est allé s'établir ailleurs avec ses enfants.
Après un certain temps, on s'est revus et on est demeurés amoureux de fin de semaine. On a pris nos vacances ensemble chaque année avec nos enfants. J'en garde de merveilleux souvenirs. Aujourd'hui, je suis encore en contact avec sa fille qui était ma locataire dans mon autre maison. Son fils, qui est schizophrène, avait l'habitude d'appeler chez nous quand il était en crise, mais il n'a pas mon nouveau numéro.
13 commentaires:
elle est quand même pas banale votre vie...
Ce billet décrit plus votre rôle d'amoureuse que de belle-mère...
Comme je comprends...
C'est fou, tout ce que la vie nous réserve n'est-ce pas, chère femme libre?
On avance avec beaucoup de coeur et juste assez d'inconscience (heureusement), puis la vie nous conduit là où on veut aller au fond!
J'aime tellement te lire.
Bisous
Ça n'a pas du toujours être facile surtout sans le soutient du père.
Si j'ai bien compris vous avez vécu 1 année ensembles et vous avez vécu le reste de votre relation avec chacun sa maison pendant 17 ans !!!
Pourquoi pas?On peut presque dire que vous en avez élevé 6 des enfants sans compter les fois ou vous étiez famille d'acceuil?
Wow vraiment incroyable!!!
elyse
Bonjour, Femme libre.
Certes c'est une histoire d'amour.
Mais, finalement elle n'est pas si drôle.
Merci beaucoup.
Je t'embrasse.
J'allais dire, mot pout mot, ce que dit Fc.
C'est quand même génial hein Femme libre de ne pas avoir des vies banales??? :-D Des fois la mienne me pèse parce que ce n'est pas toujours facile à assumer... Mais je réalise vite que je ne pourrais pas supporter autre chose si c'était autrement... :-S Karma quand tu nous tiens!!! :-S
C'est un beau témoignage de générosité et de don de soi cette histoire... :-) J'admire votre capacité à donner aux enfants sans attendre en retour dans plusieurs situations de votre vie... :-) Et ce, même s'ils ne sont pas les vôtres... :-) J'avoue humblement que je le fais pour les miens, mais pas sûr que je pourrais le faire pour d'autres égoïstement... :-S
Tu es une femme spéciale, j'aime bien lire tes posts toujours très intéressants. Merci de te livrer à nous, Chantalou xx
FC et unautreprof, c'est vrai, hein? Je ne le réalise pas vraiment!
Mayiève, je n'aurais jamais été belle-mère si je n'avais été amoureuse de cet homme!
Le coeur et l'inconscience, c'est moi ça, Marico! ;o)
Solange, pas facile mais j'ai quand même surtout de bons souvenirs (j'ai dû oublier les autres, héhé!)
Élyse, j'ai, en effet, élevé plein d'enfants pendant des petits ou grands bouts de leur vie.
L'histoire a eu pourtant de forts beaux moments de bonheur, Herbert, surtout quand nous vivions chacun chez nous!
Je pense que si on s'attend à du retour de la part de nos enfants ou de ceux qu'on aide, on se met le doigt dans l'oeil, Valery. Mais vous le savez fort bien. Nos enfants, c'est du vrai bénévolat. Notre gratification, c'est de les voir grandir le mieux possible et de passer de beaux moments ici maintenant avec eux!
J'aime beaucoup te lire aussi, Chantalou et voir ton adorable Manuela.
Je le sais que vous comprenez, Nanou la Terre!
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