jeudi 10 octobre 2013

Handicapée

Dix-neuf ans ne se débrouille pas si bien que ça. Elle fait des erreurs de jugement, ne sait pas compter, se fie aveuglément à ceux qui gagnent sa confiance et sa confiance se gagne facilement. Comme là, elle est dans la religion par-dessus la tête, me parle du diable et de l'enfer, bref, elle a été convertie par son nouvel ami. Nouvel ami qu'elle voit de moins en moins, elle est donc pas mal tout le temps ici, ne fait rien, dort, fait des achats compulsifs, ne mange pas ma nourriture santé, d'ailleurs je ne cuisine plus pour elle, j'en ai assez de cuisiner de toutes façons. Non, je ne maigris pas du tout, au contraire. Je m'en fous un peu, juste un peu. Me semble que j'ai des problèmes plus grands.

J'ai peur d'être prise pour la vie avec Dix-neuf ans et d'en parler encore quand elle deviendra Vingt-neuf ans et Trente-neuf ans ...   En fait, je crains de partir en voyage sans elle parce que j'ai peu confiance en ses capacités de débrouillardise et de simple bon sens. Je suis devenue négative et ses belles qualités, je les vois moins. J'ai l'impression que je dois rester pour la protéger.

 Vingt-deux ans qui appelle hier soir, son fils a vomi, elle n'a plus de couvertures. Les couvertures ont l'air bien plus importantes que l'enfant. Elle rappelle encore et encore. Tellement que je décide d'envoyer Dix-neuf ans lui porter des sacs de couchage en autobus. Je ne peux pas conduire le soir. Une heure d'autobus pour se rendre là, minimum, avec des gros bagages. Dix-neuf ans, qui a tout de même bon coeur, accepte. Mais une fois cette solution trouvée, Vingt-deux ans la rejette. Va se débrouiller autrement et me raccroche la ligne au nez. Elle voulait quoi au juste? La voiture probablement. Pas clair. Ce matin, elle me dit qu'elle doit aller acheter un lit chez Ikea pour Petit-fils et ça semble urgent. Et puis, ses draps pleins de vomi, elle fait quoi avec. Pas de laveuse chez Vingt-deux ans, elle fait son lavage ici. Rince-les et je vais aller les chercher, que je lui dis. Mais je n'offre pas de lui laisser la voiture. Je la conduirai au magasin si elle veut acheter un lit au petit. Sevrage.

6 commentaires:

Nanou La Terre a dit...

Bien dit, sevrage!
Je trouve tellement que tu as le mot juste dans tes propos écrits. Tout coule, tout est vrai, sans détour.
J'aimerais ça relever un petit défi tiens: celui d'écrire un billet par jour, un billet limpide, clair comme de l'eau de roche, vrai, franc, direct, sans détour, comme tes petits billets qu'on savoure toujours, jour après jour, en se disant: et demain, qu'est-ce qu'elle va écrire, j'ai hâte de lire?
Tendresse, je t'admire xxx

Une femme libre a dit...

Va pour le défi, j'aimerais bien te lire tous les jours Nanou! Et merci pour les compliments. Je les prends avec plaisir. ;o)

Solange a dit...

Nanou a raison, c'est un exploit de pouvoir écrire régulièrement et garder ces lecteurs intéressés.

Mélissa a dit...

Je crois que l'on s'inquiète toute notre vie pour nos enfants et sans aucun doute encore plus quand ils ont des difficultés ou handicap.

Une femme libre a dit...

Chère Solange,

En fait, mon blogue est un journal dans lequel je me retrouve. Je m'en sers entre autres pour me situer dans ma vie. Par exemple, c'est facile de voir que je stagne pour mon histoire de perte de poids, je n'ai qu'à lire ce que j'écrivais à ce sujet, il y a un an, deux, trois... quatre! Des fois, j'en tire une leçon. D'autres fois, non et je recommence! ;o)) Dans ma tête, je me dis que je vais bien finir par y arriver, que ça ne peut pas faire autrement.

Je vois aussi aussi que ma vie amoureuse est inexistante depuis cinq ans, alors que ça avait énormément d'importance pour moi avant. Conclusions à ce sujet? Je vais écrire là-dessus...

Et que mes enfants prenaient beaucoup de place et en prennent encore beaucoup.

Et que j'avais commencé à voyager et que j'ai arrêté.

Des fois, je prends mon blogue-journal et j'analyse ma vie et je décide d'orientations nouvelles. J'en suis là justement. Tant mieux si je garde des lecteurs intéressés! J'aime beaucoup avoir l'avis de mes lecteurs. Ça me fait réfléchir et cheminer et c'est vraiment utile pour prendre des décisions. Je ne me sens pas seule.

Une femme libre a dit...

Mélissa,

Il ne sert à rien de s'inquiéter et ça ne rend service à personne, surtout pas à ceux dont on s'inquiète. J'essaie et je réussis de plus en plus à juguler l'inquiétude. Je me soigne. Mon fils, je n'y pense pas et même ma plus grande, j'en prends des nouvelles mais pas tout le temps et j'arrive à ne pas y penser non plus. Vingt-deux ans se rappelle beaucoup à mon souvenir et Dix-neuf ans habite avec moi. C'est certain que je m'inquiète de Dix-neuf ans parce que je ne suis pas certaine qu'elle saura se débrouiller dans la vie sans aide et je ne serai pas toujours là.