lundi 11 novembre 2013

La beauté

Je dis dans mon dernier billet que je me sens belle et c'est vrai. Ma relation à la beauté a beaucoup changé avec les années. Ado et dans la vingtaine, je me trouvais plein de défauts. Et pourtant, quand on regarde mes photos, j'avais la beauté du diable. Mince et jolie, je me trouvais grosse. Mes nombreux amants de l'époque me rassuraient cependant. Ma beauté dépendait de l'oeil des autres et j'étais avide de compliments. Plutôt hippie, j'étais cependant naturelle et me maquillais peu. Rouge à lèvres, crayon à yeux et mascara. De toute ma vie, je n'ai jamais mis de fond de teint.

Quand mon fils naît, j'ai 27 ans et je suis à mon plus mince sur les photos. Mince, souriante et heureuse dans ma maternité. Le père de mon fils vient pourtant de me quitter pour une grande blonde. Je suis grande aussi alors c'est pas ça le problème. Il est où le problème? Je recommence à travailler quand Fiston a deux mois et demi et je l'emmène avec moi à la garderie du travail et l'allaite le matin en y arrivant, dans mes pauses, dans mon heure de dîner et après mon travail  Je l'ai allaité dix-huit mois et je me rappelle qu'un peu passé ses deux ans, il a été bien malade et j'avais encore du lait pour le consoler.

Et puis, je grossis. Je ne me rappelle pas exactement quand ça s'est produit. Probablement quand je suis devenue famille d'accueil et que je me suis perdue en aidant les autres. Chose certaine, début quarantaine, plein d'enfants dans les bras (j'en avais adopté trois et j'avais encore des enfants en accueil plus mon fils à moi), je suis carrément grosse. Cent quatre-vingt-dix livres.  Je suis montée jusque là. J'ai le sourire fendu jusqu'aux oreilles et je suis heureuse. Mon apparence n'a aucune importance. Je ne fais aucun exercice. Travail à temps plein, tenir la maison, cuisiner pour tout le monde, aller aux nombreux rendez-vous pour mes enfants dont certains ont des difficultés majeures, réunions à l'école, courses et puis les bercer, les aimer. les cajoler.

J'ai un chum et il m'aime comme je suis. On se voit toutes les fins de semaine, il a des enfants aussi et on prend nos vacances ensemble. Notre vie sexuelle est heureuse et épanouie. Je ne me sentais pas belle à cette époque mais ça avait peu d'importance. J'étais trop occupée pour penser à ça.

Sur les photos, j'ai l'air négligée mais mes enfants sont magnifiques. Mes filles ont des robes de matelot, des petits bas à frills, des souliers en cuir verni. Rien de trop beau.

Et puis, à 48 ans, mon père meurt et je fais partie d'une étude. Le diagnostic tombe: intolérante au glucose donc pré-diabétique. Panique. Je me  mets à faire de l'exercice. Je parviens à retrouver la santé et ce faisant, je me sens plus belle.

Car la beauté, ce n'est pas tant ce qu'on voit dans le miroir que ce qu'on sent en soi. Belle et forte. Les deux vont ensemble pour moi.

5 commentaires:

Une femme libre a dit...

"Il m'aime comme je suis."

Peut-être pas. Je ne le lui demandais pas. Probable qu'il m'aurait préférée plus mince. Mais ça non plus, je ne le sais pas. Je ne peux pas parler à sa place

unautreprof a dit...

Forte ça veut dire quoi pour vous?

Une femme libre a dit...

Forte, solide, grande, droite, physiquement forte, à force de travail. Mais à bien y penser, la force physique favorise la force morale. Celle qui fait vaincre les obstacles, se tenir debout, aller plus loin. La force, c'est l'énergie, la stamina,le courage.

Pur bonheur a dit...

Quand on regarde en arrière, on se demande où on prenait l'énergie, c'est aussi mon cas avec les quatre enfants et le travail. Hier il y avait un article sur une dame de 107 ans je crois, qui avait encore son permis de conduire mais qui venait de vendre sa voiture pour un ordinateur avec lequel elle veut écrire sa bio. Elle dit que le truc pour vivre vieille c'est d'avoir toujours des projets, et elle a bien raison!

Une femme libre a dit...

Avoir des projets, absolument, et ne jamais cesser d'apprendre et ne pas rester dans sa zone de confort. Se secouer les puces un peu!

Je me sens en grande forme ces temps-ci, ce qui est assez extraordinaire parce qu'en novembre, décembre, d'habitude, je déprime! Cette année, j'ai pris ça de front la déprime automnale et elle ne m'aura pas.