jeudi 16 juillet 2015

Parler allaitement

On le fait toujours à ses risques et périls et encore plus si on veut en faire l'éloge et proclamer que c'est naturel et facile. Les roches ne sont alors jamais bien loin. Même dire qu'on a réussi son allaitement est un terme à proscrire, pour ne pas faire croire à celles qui n'ont pas réussi à allaiter qu'elles ont vécu un échec. La vie est pourtant faite de succès et d'échecs, on va de l'un à l'autre et ça nous forge.

J'ai 62 ans, je ne suis plus une poulette du printemps, des roches, je peux en prendre un peu pour dire ce que je pense. Et puis, je me suis demandé pourquoi c'est si important de le dire? Pas trop clair en fait. Autant Juste moi, qui a pourtant allaité, se demande ce qui la heurte tant dans mon billet précédent, autant je me demande pourquoi je tiens tant à me sentir libre d'exprimer sans détour ce que j'ai ressenti  dans la seule maternité non-adoptive que j'ai vécue et à quel point, malgré les circonstances difficiles (une séparation à la naissance et un retour obligé au travail à temps plein alors que le bébé avait deux mois et demi) cette maternité m'a remplie de bonheur.

Évidemment, les temps ont changé. Ce que je raconte remonte à 1980 et la vie était différente,  mais il y a encore des mères qui vivent une maternité naturelle aujourd'hui.

Je le sais bien qu'il y a deux jeunes femmes enceintes et qui vont accoucher bientôt qui me lisent. Si je ne les savais pas équilibrées, particulièrement informées et très capables de me remettre à ma place, possible qu'alors je n'aie pas osé écrire mon billet tel quel. Même Un autre prof pense que je manque de nuances. Des nuances, il y en eu pas mal dans ma réalité si on considère que je suis retournée travailler quand le bébé avait deux mois et demi sinon je perdais ma job. Je n'étais pas permanente, les longs congés de maternité payés sont arrivés bien plus tard, je n'étais pas en couple alors fallait aller gagner la vie de la nouvelle famille. Alors, non, je ne l'ai pas eu dans les bras pendant neuf mois. Mais il allait à la garderie de mon cofi, je l'allaitais le matin en arrivant, dans mes pauses et je passais mon heure de dîner avec lui. J'allaitais avant de rentrer à la maison et il dormait dans mon lit. La fin de semaine et les congés, on était tout le temps ensemble. On a donc pu conserver un allaitement exclusif jusqu'à six mois et on a évidemment continué ensuite jusqu'au sevrage naturel. 

Pour ce qui est du rôle du papa, vous en savez plus que moi là-dessus, les mamans en couple et Pierre aussi. Je pense cependant que si la nature avait voulu que le père comme la mère nourrisse le nouveau-né, elle aurait pourvu les hommes aussi d'une paire de seins. Bon, je sais, je ne suis pas nuancée, on me l'a déjà dit! ;o) 

Un père peut prendre son bébé, le caresser, le bercer, le changer, lui chanter des chansons, il peut presque tout faire et créer des liens très forts sans pour autant allaiter. L'allaitement, c'est une partie de la parentalité, ce n'est pas tout le parentage. Évidemment, c'est une grosse partie, qui répond (quand ça va bien) à presque tous les besoins, nourriture, réconfort, chaleur et sécurité. 

Il y a une partie de mon texte précédent que je changerais. Il est tout à fait possible qu'un bébé allaité à la demande, avec des parents heureux et relax soit braillard quand même! Gen fait bien de le rappeler. 

La maternité, l'allaitement, tout ça, j'aime beaucoup le terme employé par Quatre fois maman dans son blogue, c'est un privilège. Un grand privilège et on est chanceuses d'avoir accès à ça. 

Porter un enfant, accoucher, allaiter sont probablement les expériences les plus marquantes d'une vie. Et j'ai envie d'enlever le probablement. Après avoir eu un enfant, rien n'est plus pareil. 

20 commentaires:

unautreprof a dit...

Tu sais que j'ai aimé ton billet, d'abord parce qu'il était beau, Femme Libre. Quelle jolie expérience! Ce fut ma première réaction. Ensuite, en lisant les commentaires de Juste moi, j'ai relu et le manque de nuance que je relève (dans le billet, dans certaines phrases et non pas en général, quoique des fois oui, je remarque que tu énonces quelque chose qui semble peu nuancé mais la nuance arrive bien souvent après, je me reconnais bien là-dedans) m'a alors frappé ainsi que certains termes employés.

J'aime aussi le billet car il a permis la réflexion. Le débat. De voir chacun : «moi, j'en pense quoi?, J'espère quoi? Mes limites, je les mets où?». Je n'ai en rien été heurtée ou déstabilisée. Chacun son histoire. La tienne est inspirante même. Pas un modèle à atteindre nécessairement, la barre est haute, mais wow!

Est-il possible justement que des choses difficiles extérieures à ce moment t'ont fait apprécier davantage ton lien si superbement décrit avec ton fils? Toi qui est une battante, ça aurait tout son sens. De voir tout cela comme un succès, ce fils qui va bien, qui a une vie affective stable et qui est indépendant. Quelle belle réussite de maman!

Alors parler allaitement c'est riche. Euh, comme le lait maternel, ça a plein de bienfaits. Hihi!

Juste moi a dit...

Héhé... effectivement, la nuance ... est nuancée. Prenons par exemple la phrase : "Un bébé allaité à volonté, jour et nuit, sans regarder l'heure, en étant heureuse et détendue, en faisant ce qu'on aime, en lui parlant constamment parce que ça vient tout seul, ne pleure jamais"... on change le "Un bébé" par "Mon bébé-fils" et ca fait toute la différence.

Parce que j'ai continué, comme vous, à réfléchir tranquillement à tout ca hier. Vous avez écrit un 2e billet, moi j'ai cogité ! Et c'est tout ce qui manque (à mon humble avis) à votre premier texte. Plus de "je" pour que le tout deviennent votre histoire (belle et riche).

Bon vendredi !

Une femme libre a dit...

Comme je l'ai dit, je ne m'inquiétais pas trop pour ce qui est de te déstabiliser eheh! Je ne te perçois pas comme fragile. Tu as tes fragilités évidemment, tout comme j'ai les miennes, mais tu sais te défendre!

J'ai également beaucoup aimé la réaction de Tiffany qui se donne le droit de ne pas aimer allaiter et celui d'arrêter! Bien évidemment, la mère a tous les droits. Je ne parlais pas tant de droits que de plaisir, car allaiter a été pour moi un grand plaisir. Même sexuel. Les femmes n'osent pas le dire, mais c'est agréable d'allaiter, physiquement agréable. Pas pour tout le monde, je sais, je sais, ma fille détestait ça!

Bien sûr que les choses extérieures difficiles ont aussi fait que ma bulle fils et moi était si réconfortante. Comme le dit si bien Quatre fois maman dans son dernier billet, quand une mère allaite, généralement on lui fout la paix. Je me rappelle des magnifiques moments quand je rentrais du travail que je garrochais mes souliers et que je m'installais dans un fauteuil pour mettre le bébé au sein, de ses sourires, du temps qui s'arrête, du souper qui peut attendre. La détente totale. En plus, il y a des endorphines de sécrétées qui sont des hormones anti-dépression et pro-plaisir.

C'est bien si on débat et réfléchit ensemble. J'aime ça. Et j'aime un peu provoquer aussi. Tiens, je vais pondre un billet plus provocateur encore. Sur les gadgets bébés, eheh!

Une femme libre a dit...

Juste moi,

Ouais, on cogite chacune de notre bord, c'est le fun! Un peu plus de "je", je veux bien eheh!

Anonyme a dit...

Personnellement, je trouve drôle le débat sur l'Allaitement...Je ne me suis jamais posée la question sur le vais-je aimé ou pas ? Vais-je réussir ou pas? Pour moi, ça allait de soi que j'allais allaiter en accouchant. C'est vrai que j'entendais toutes sortes d'histoires...
J'ai été moi aussi en fusion avec mes bébés en voulant que l'allaitement dure le plus longtemps possible. L'accouchement et l'allaitement me donnent un "buzz" incroyable...
Il est vrai que j'ai entendu des mères exprimer leur dégoût vis à vis de l'allaitement mais c'est rare...

Une femme libre a dit...

Élyse,
Moi non plus, je ne me suis jamais posé la question tellement ça allait de soi. Mais il faut bien se rendre compte que pour la jeune femme moderne, ça ne va pas de soi du tout. On lui dit que c'est le mieux, le meilleur et elle n'y arrive pas. Peut-être que ça se perd comme instinct? Bon, je dis n'importe quoi, mais n'empêche, dans mon temps (tousse! tousse! et que ça fait vieux d'écrire ça), la seule question qui se posait était j'allaite ou pas? Dans les deux cas, ça marchait! (en général, en général, je sais je sais).

Mais maintenant, on n'entend plus parler que de ça, des mères qui veulent allaiter et qui n'y arrivent pas. J'ai bien des théories là-dessus aussi mais là, je n'ose plus trop les énoncer. La sociologie de l'allaitement est un sujet passionnant et énormément émotif.

Zoreilles a dit...

C'est très plaisant de réfléchir et discuter ensemble là-dessus, on y va de nos expériences, de celles de nos filles, comme tu dis « la sociologie de l'allaitement est un sujet passionnant et énormément émotif », on le conçoit tout à fait.

Moi, j'aime quand tu nous racontes quelque chose qui t'emballe et qui t'anime, que ce soit au passé ou au présent. Ça ne m'enlève rien, au contraire, ça m'apporte beaucoup, ces confidences sur l'un des grands bonheurs de ta vie.

Pendant toutes ces années d'infertilité où j'ai espéré tomber enceinte plus que tout au monde, où j'avais des demandes d'adoption faites à l'international sur des listes d'attente qui n'en finissaient plus, chaque fois qu'une amie tombait enceinte, on s'empêchait de me le dire ou de se réjouir en ma présence et ça, tu vois, c'est ce qui me faisait le plus de peinie. Qu'on puisse penser que je n'allais pas me réjouir du bonheur des autres? Au contraire, ça me donnait de l'espoir qu'autour de moi, il y aurait un bébé tout neuf!

Ben l'allaitement, c'est pareil. Je n'ai pas pu mais je me le reproche pas et j'aime entendre parler celles qui l'ont vécu avec tant de bonheur comme tu le dis dans ton billet précédent.

unautreprof a dit...

Oh j'ai bien hâte de lire ton billet sur les gadgets. C'est un monde de fou maintenant la maternité. Toutes les bébelles devenues indispensables, toutes les poussettes hors de prix, les coquilles d'auto obligatoires, la girafe Sophie (bon, j'en ai reçue une et elle est super mignonne, mais vraiment, pourquoi il fallait que ma fille ait la même jouet que tant d'autres enfants? Parce qu'on m'a dit plus d'une fois qu'il me FALLAIT une Sophie la girafe. Vraiment, elle est cute, mais moi j'avais pas demandé ça). Le monde des couches lavables est aussi complètement dément. C'est tout un marché. On a essayé mon copain et moi de ne pas être contaminés par ça. J'ai reçu plein de dons, dont ma fameuse poussette usagée en super état qui vaut, usagée, encore dans les 400$ (neuve, elle est au dessus de 1 000). La seule chose pour laquelle j'ai flanché, c'est la coquille d'auto, selon les normes, qui n'est pas la moins dispendieuse mais qui m'a semblé la plus pratique. Mon père me l'a offerte.

C'est pas une question d'économie d'argent, on a la chance d'être financièrement à l'aise et de pouvoir se payer tout en neuf pour bébé si on le voulait, mais nos valeurs écologiques et notre sens critique nous a poussé à ne pas le faire.

Anonyme a dit...

Ce qui a changé je trouve c'est le sens du sacrifice vis à vis des enfants. Et quand je dis "se sacrifier" ce n'est pas péjoratif.Cela n'a rien à voir avec se brimer ou souffrir. C'Est accepter de donner à son enfant car tu es sa mère et rien d'autre...C'est ma vision de la maternité...
La maternité est vécue de façon "individualiste" comme notre société, c'est une vague...qui va surement passer un jour...Je trouve dommage que les grands-parents ou autres membres de la famille soient de moins en moins impliqués avec les enfants (en général bien entendu). Si j'avais eu une famille plus impliquée auprès de mes enfants il aurait été plus simple pour moi de me sentir épanouie et enjouée.J'aurais aimé vivre plus d'accompagnement et d'échanges mais je n'ai que très peu de famille habitant proche de chez moi.J'ai pourtant fait toutes les activités (piscine, rencontre, bibliothèque, théâtre) avec bébé et après encore...mais rien n'est aussi bien que le support d'une famille proche.

Gen a dit...

En effet, pour les générations précédentes, allaiter allait de soi, mais...

Ma mère m'avait toujours dit qu'elle m'avait allaité et qu'elle avait allaité ma soeur, sans problème. Ma mère n'étant plus là, j'ai fini par vérifier ces dires auprès de ma grand-maman maternelle. Résultat : Oh oui, ma mère m'a allaitée. Deux semaines. Ensuite, elle est passée au biberon, parce que je demandais le sein continuellement et qu'elle voulait dormir la nuit. Et personne, à l'époque, ne l'a écoeurée avec ça.

Ma grand-mère a eu quatre enfants et m'a dit les avoir allaités tous les quatre. J'ai gratté un peu. Elle a allaité le premier six mois. Le second un mois, parce qu'il ne semblait jamais satisfait. Le troisième, elle l'a allaité jusqu'à ce qu'il marche. Le quatrième (ma mère), elle l'a sevré au bout de quatre mois, parce que son lait semblait faire régurgiter le bébé.

Bref, à l'époque, on allaitait à la naissance, puis on avisait, selon comment ça allait. Si ça allait bien, on continuait. Si ça allait pas bien, on laissait tomber. Sans pression sociale, les femmes prenaient leur décision en rapport avec leurs besoins et ceux du bébé. Pas selon les conseils de l'infirmière du CLSC.

Infirmière qui a toujours l'air de croire que si l'allaitement ne va pas bien, c'est à cause de la mère, qui serait trop stressée ou individualiste ou pas assez dévouée... Alors qu'en tant qu'historienne, je peux vous certifier quelque chose : des femmes incapables d'allaiter, il y en a toujours eu. Les nourrices, c'était pas uniquement pour les riches.

Une femme libre a dit...

Zoreilles, être bien avec les choix qu'on a faits ou en paix avec les circonstances qui ont obligé à modifier certains plans, c'est le secret du bonheur, selon mes lectures eheh! Être content de ce qu'on a plutôt que de courir après ce qu'on n'a pas et se réjouir des succès et bonheurs des autres autant que des nôtres, voilà une belle philosophie de vie vers laquelle je tends.

Je ne savais pas que tu avais connu l'infertilité. J'aime bien en apprendre un peu plus sur toi!

Une femme libre a dit...

Un monde de fou et un marché extrêmement lucratif, le bébé marketing, à qui le dis-tu, chère Un autre prof!

Finalement, je ne sais plus si ou quand je vais en parler eheh! Pas une bonne idée d'annoncer d'avance ce que je vais écrire plus tard, rendue là, ça ne me tente plus!

Mais j'ai repensé à notre affaire (Zoreilles a raison, c'est le fun de partager sur ces sujets chauds et tellement humains), et ma théorie adaptée est la suivante:

Ce qui compte beaucoup, c'est l'assurance. Le parent qui sait ce qui est bien pour lui et son enfant et qui ne doute pas de tout. Je suis persuadée qu'un parent qui a décidé de donner et le sein et le biberon en même temps dès le premier jour va réussir son affaire s'il y croît et s'il pense que c'est le mieux. Peu importent les recommandations générales et particulières. Le parent, une fois chez lui, fait bien ce qu'il/elle veut (tu vois que j'essaie d'inclure les pères eheh, j'ai cogité là-dessus aussi). Faire et laisser braire. Et puis, toujours moyen de se réajuster aussi. Personne ne le saura ;o)

La confiance en soi et en ses capacités, c'est un gros morceau.

Et ce n'est pas si important pour tout le monde d'allaiter non plus. Faut moyenner un peu là-dedans comme sur tout le reste. Tu vois, je deviens de plus en plus nuancée. ;o)

Une femme libre a dit...

Élyse,

Ce qui a changé, c'est le sens du plaisir. Un bébé tout chaud collé sur soi, le sein stimulé, le calme parfait dans le bruit, la poussière et même la chicane.

Allaiter, ça calme, ça détend, c'est mieux qu'une bière et dans mon temps, on ne se badrait pas trop avec ça, on en prenait une bière en allaitant en plus. Les brunes étaient même conseillées pour aider à la lactation.

Il y a aussi la fameuse performance. Gen, dans son commentaire, le fait remarquer à juste titre. Avant, les femmes qui voulaient allaiter essayaient, soit ça marchait bien et elles aimaient ça, soit ça ne marchait pas à leur goût, le bébé ou la mère étaient pas content et elles le mettaient à la formule et ça finissait là. Personne était gêné ni de dire qu'on ne voulait pas allaiter (bon, plus ou moins vrai, c'était déjà dit que fumer était mauvais enceinte et allaiter bon une fois le bébé né, on est pas dans la préhistoire, là!) et surtout de dire qu'on avait essayé et que ça n'avait pas marché ou qu'on avait pas aimé.

C'est dommage que ta famille n'ait pas été là pour t'aider. Toi, tu seras là quand tes enfants auront des enfants pour les épauler et ils te trouveront peut-être fatigante et envahissante eheh! La vie nous surprend parfois tellement.

Une femme libre a dit...

Oui, ce qui a changé, c'est qu'allaiter est maintenant vu par certaines comme une tâche à accomplir plutôt que comme un grand plaisir que le corps nous donne. Car c'est sexuel allaiter, accoucher aussi d'ailleurs, tout ce qui concerne la reproduction est sexuel et peut donner du plaisir.

Allez lire le magnifique accouchement dans le blogue "Maman professionnelle", son avant-dernier billet. J'ai adoré. Tout simple.

Une femme libre a dit...

Gen,

J'aime ta vision d'historienne. C'est certain que dans ton cas à toi, le fait qu'il y ait eu tant d'interventions médicales nécessaires pour la santé de ta fille n'ait pas aidé à la relaxation! C'est d'ailleurs extraordinaire que tu aies persisté et réussi finalement à allaiter. Ça me fait d'ailleurs penser que quand ça a fonctionné, tu avais lâché prise et décide de laisser faire l'allaitement dans le but de nourrir ta fille, de passer au biberon et de juste donner le sein pour le plaisir. Me semble que tu avais dit ça mais peut-être bien que je me trompe aussi...

PassionArts et plus... a dit...

Ton billet m'a fait réfléchir sur cette question d'allaitement ! En 1970, lorsque j'ai accouché de ma première fille, je ne me suis pas longtemps demandé si je voulais vraiment allaiter... ce n'était pas une de mes priorités à l'époque et personne ne m'en avait vanté les bénéfices... Même à mes deux autres accouchements (en 1972 et 1975), je n'avais pas changé d'idée! Je n'ai pas de regrets aujourd'hui car ce n'est pas quelque chose qui m'a manqué et je crois être très proche de mes filles malgré tout! Cependant, c'était ma décision et je la respecte encore aujourd'hui !
Petit bémol par contre... je ne saurai jamais si c'est quelque chose qui leur a manqué et si cela aurait vraiment fait une différence pour elles!!!

Une femme libre a dit...

On ne le saura jamais, PassionArts et plus. L'important, c'est ce que tu vis et as vécu pas ce que tu aurais pu vivre! Et ce que tu vis avec tes filles est joyeux et harmonieux et vous êtes une famille tricotée serré. Je le sais, je lis ton blogue!

"c'était ma décision et je la respecte" j'adore! ;o)

Gen a dit...

@Femme libre : Non, j'ai jamais complètement lâché prise. Je donnais le sein en début de boire, pour le plaisir de la chose, oui, mais ensuite, quand ma fille commençait à montrer des signes que la tétée ralentissait, je la passais à mon chum qui lui donnait le biberon et moi j'allais me brancher 15 minutes sur mon tire-lait. À force de faire ça à chaque boire pendant quasiment 2 mois, ma production de lait a fini par rattraper les besoins de ma fille.

Mais ça a été de l'acharnement, pas du lâcher-prise! Lol! Les deux premières semaines, je l'ai fait par acquis de conscience, pour me dire que j'aurais vraiment tout essayé... Mais on a bien vite constaté que ma fille ne réclamait pas plus de formule, même si elle grandissait, ce qui signifiait que ma production de lait augmentait et que la tétée la satisfaisait de plus en plus.

J'ai jamais été aussi heureuse que le jour où j'ai pu la nourrir uniquement au sein! Parce que oui, c'est un moment fort plaisant. :)

Une femme libre a dit...

Je trouve ça super, moi, que tu aies tenu bon, Gen. Que de persévérance! Tu peux être fière.

Tiffany a dit...

Tout un débat que vous avez abordé Femme libre. Ma mère ne m'a pas allaitée, ni moi ni mon frère. Je suis née en 1983. Pourtant, elle était infirmière. Elle m'a dit qu'à cette époque, on ne parlait pas vraiment des bienfaits de l'allaitement. Elle avait trouvé cela plus pratique de donner la bouteille. Ma grand-mère non plus d'ailleurs n'a pas allaité ma mère, ni son frère. Elle m'a dit que dans le années 50, pour celles qui pouvaient se le permettre, c'était plus chic de donner la formule. Et oui, vous avez raison, c'est naturel d'allaiter. Je ne devrais même pas me poser la question. Je devrais naturellement allaiter. C'est ce que je souhaite d'ailleurs. Mais j'ai trop entendu d'histoires pour ne pas ressentir cette pression que l'on nous met pour allaiter au moins un an (minimum!), pour accoucher naturellement (sans épidurale non! non!), pour être cette maman à la fois nourricière, attentionnée, douce, patiente, qui continue de prendre soin d'elle-même (pression de retrouver son poids d'avant grossesse en quelques mois), qui prends soin de son couple (retrouver une vie sexuelle épanouie en quelques semaines), qui doit s'épanouir à la maison avec son bébé la première année au minimum, etc.

Je la sens cette pression, partout, autour de moi, elle est constante. Ce couple d'amis de mon chum qui viennent d'avoir un bébé. Et bien la première chose que lui écrit sur Facebook après l'accouchement est qu'il est tellement fière de sa blonde qui ELLE a accouché naturellement sans pédurale, qui ELLE allaite sa fille et se dévoue corps et âme, qui ELLE restera à la maison avec bébé jusqu'à ses 3 ans et s'acrifiera sa vie professionnelle car rien n'est plus important pour eux que de savoir leur fille à la maison, etc... Bien beau tout ca, et je suis sincèrement contente pour eux que ca marche si bien, mais je trouve qu'insidieusement, cela met de la pression sur ceux qui ne se conforment pas à ce modèle. Qui n'ont pas eu un accouchement rêvé, pour qui l'allaitement est difficile, pour celles qui ne peuvent pas se permette (ou qui ne veulent tout simplement pas) rester à la maison avec bébé si longtemps.

Alors moi je dis qu'il faut se fier à notre instinct, qu'il faut faire ce qui nous rends heureux comme parents, que chaque modèle de couple et de famille est différent et qu'il n'y a rien qui est noir ou blanc.

Chaque histoire est différent. Votre histoire est très belle. Je me souhaite une belle histoire. Mais je ne veux pas me limiter à une seule belle histoire. Si jamais l'allaitement, pour X raison, ne marche pas, je veux tout de même une belle histoire avec ma puce.