mardi 22 septembre 2015

Je ne comprends pas

La façon de fonctionner de ma fille. Tout en comprenant un peu quand même. Je suis en colère contre elle. Je sais cependant que cette colère ne va pas durer. Je suis en colère dans le silence. J'ai déjà parlé, plutôt calmement, presque calmement et j'ai déjà dit ce que j'avais à dire. Ce que je pensais vraiment. Elle s'est fâchée elle aussi et est allée manger dans sa chambre.

C'est à cause de l'étude. Le semblant d'espoir qui est apparu une journée semble vraiment mort. Elle ne veut rien savoir, refuse intensément. Ce ne sont plus des problèmes d'apprentissage, c'est de la paresse. Mais ce sont peut-être bien des problèmes d'apprentissage aussi qui causent ce dégoût et ce refus même d'essayer. "¨Ça ne me tente pas." 

-Mais on s'en fout que ça te tente. Penses-tu que les gens se lèvent le matin avec une immense envie d'étudier? Ça demande un effort à tout le monde. Tu le sais que tu ne vas pas réussir ton cours sans études, tu as le temps, tu as de l'aide, pourquoi tu ne veux pas au moins essayer? On va mettre la minuterie seulement quinze minutes, non, dix, dix minutes d'efforts et tu retournes à ta télé. Pas si mal, non? 

-Ça ne me tente pas. 

-Mais tu vas étudier quand alors? 

-Quand ça me tentera. 

-Mais ça ne va jamais te tenter! (c'est là que je hausse un peu le ton). Faut le faire, que ça te tente ou pas! 

-Laisse-moi tranquille (elle lève la voix elle aussi). 

-Non, je ne vais pas te laisser tranquille. Je ne vais pas te laisser couler ce cours que tu aimes juste parce que ça ne te tente pas d'étudier. Il y a toujours de la nouvelle matière qui s'ajoute. 

Elle répète "Laisse-moi tranquille." et se lève avec son assiette. "Je vais aller manger ailleurs si je ne peux pas avoir la paix". 

Et la voilà dans sa chambre. Je ne peux pas aller plus loin. J'ai fait tout ce que je pouvais, me semble. Lâcher prise. Je vais continuer les bons repas et me taire pour le reste. 

Le petit espoir de la semaine passée vient d'être éteint aujourd'hui. 

Je n'y peux rien. 

Passer à autre chose tout en acceptant de vivre une autre déception. Pas encore tout à fait accepté, trop frais encore. 

25 commentaires:

Solange a dit...

Moi je bouderais aussi, jusqu'à ce qu'elle fasse un effort.

Pur bonheur a dit...

Je comprend ta déception. Elle n'a pas une travailleuse sociale qui pourrait la motiver aussi?
Parfois quand ça vient d'une tierce personne ça a plus d'impact. Ce serait dommage qu'elle passe à coté de ce cours qui avait l'air de la motiver au début.

Une femme libre a dit...

Solange,
Ça ne sert à rien de bouder, elle ne couchera pas ici ce soir. Je ne la verrai donc qu'à 23 heures passées demain soir (ses cours se terminent à 22h30).
Je pense que c'est mieux que je sois heureuse et de bonne humeur. Il ne faut pas que je me laisse affecter. Je travaille beaucoup le lâcher prise, c'est une bonne pratique! ;o)

Une femme libre a dit...

Pur Bonheur,
Elle a une super psychologue à 95$ de l'heure. Ce n'est plus moi qui paie mais bien l'IVAC. Elle la voit lundi prochain (c'est maintenant aux deux semaines). C'est sa vie, pas la mienne. C'est pas mal relié cependant vu qu'elle vit chez moi et qui si elle n'a pas de revenu, je la fais vivre. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Je vis ça un jour à la fois. Je me dis que la patience et la bonté, ce n'est jamais vraiment perdu à long terme. Je ne la comprends pas mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a rien à comprendre.

unautreprof a dit...

Solange : ta réponse me fait rigoler ;)

Je pense que tu dois toujours te rappeler d'où elle vient ta fille, avec ses échecs et tout. Avoir de la compassion.

Michèle a dit...

Tu dois être découragée...

Entoucas, moi ça me décourage quand un de mes enfants "ça y tente pas".

J'ai comme un p'tit monstre dans ma tête qui hurle des trucs comme "Moi non plus ça me tente pas, de te torcher, de payer tes dépenses, ton école, te nourrir, ramasser ton bordel en revenant de travailler".

C'est drôle hein ? J'ai eu beaucoup de plaisir à les éduquer jusqu'à l'adolescence, mais quand ils sont rendu jeunes adultes, ma tolérance est très faible...

Anonyme a dit...

J'espère qu'elle en parlera à sa psychologue de son avenir. ça ne lui tente pas car elle est habituée à étudier sans résultat au final...Vraiment pas évident comme situation. Il faudrait peut=être contacter sa psychologue pour qu'elle en discute avec elle...

Une femme libre a dit...

Un autre prof,
En effet, elle vient avec des défis supplémentaires, comme dit la travailleuse sociale spécialiste de l'adoption Johanne Lemieux.

De la compassion j'en ai mais j'en ai moins que j'en avais! ;o) et ça dépend des jours aussi.

Elle va bien finir par partir et faire sa vie. Un jour. La patience est de mise cependant, je le réalise.

Une femme libre a dit...

Michèle,

Tu me fais sourire. J'ai plus de patience pour celle-là que pour les autres en général. Mais aujourd'hui, vraiment, j'ai trouvé qu'elle exagérait et courait après le trouble. C'est normal que les enfants quittent leurs parents. On les élève pour ça, pour qu'ils deviennent indépendants, heureux, productifs etc. pas pour qu'ils s'accrochent à nos baskets.

Une femme libre a dit...

Élyse,
C'est vrai que ses efforts passés ont donné peu de résultats. Mais là, c'est une matière concrète qui l'intéresse. Je ne comprends pas qu'elle ne veuille même pas essayer. Je ne peux pas aller passer les examens à sa place. Je ne peux pas contacter sa psychologue sans son consentement. Une thérapie c'est privé et confidentiel.

Éphémère a dit...

Déçue de quoi, exactement ? Je ne sais pas, vous faites beaucoup pour elle, mais en bout de ligne, elle prendra ses propres décisions qui ne vous feront pas toujours plaisir. Peut-être devriez-vous être présente quand elle en a besoin et sinon, la laisser faire un peu, malgré ce que cela implique ? Parce que c'est beaucoup de temps et d'énergie pour vous et pour elle, ce n'est peut-être pas valorisant de savoir sa mère toujours sur son dos. Je ne sais pas...

Une femme libre a dit...

Je suis déçue personnellement parce que si elle devient indépendante en se trouvant un travail, moi aussi je deviens indépendante, plus libre de vivre ma vie sans devoir l'avoir à ma charge. C'est une déception en grande partie égoïste et reliée à mes intérêts personnels, oui, certainement. Il y a aussi la déception d'entendre ses plaintes constantes sur son incapacité à se trouver du travail justement, alors qu'elle n'en cherche pas et je la comprends là-dessus, elle n'a vécu que rejets et déceptions dans le monde du travail. Mais déçue de constater qu'elle a enfin une chance réelle qui s'offre à elle, du travail concret et accessible qui s'offrirait à elle si elle réussit ce cours et qu'elle refuse cette chance, en n'étudiant pas pour réussir ce cours. En voyant ce qu'elle a à apprendre, je pense vraiment qu'avec des efforts quotidiens soutenus, elle pourrait passer les examens. C'est plutôt simple. Faut le savoir mais rien d'impossible. Les quatorze besoins fondamentaux de la personne par exemple, on apprend dans l'ordre. Elle sait déjà les six premiers et s'est arrêtée là! Pourquoi? Fouille-moi! Ce ne sont pas des questions à développement (ça serait trop dur pour elle) mais bien des trucs très concrets. Tiens le premier besoin, c'est respirer. Pas sorcier! Le deuxième boire et manger et ça continue comme ça en se complexifiant un peu mais à peine. Accessible, je te dis. Mais ça s beau être accessible, si elle n'étudie pas, elle ne le saura pas.

Une femme libre a dit...

C'est certain que je vais être moins sur son dos. Inutile de continuer à pousser sans résultats. Elle prend ses propres décisions et sa "décision" de ne pas réussir un cours qu'elle aime me désole mais c'est sa décision en effet et faut que je m'y fasse. Elle a absolument besoin d'aide pour étudier, elle ne sait pas comment s'y prendre. Bon, je tourne en rond. Vois-tu, il n'est pas trop tard encore, si elle s'y mettait, elle pourrait encore étudier et réussir les examens. Il faut 60%. Décroche la mère, c'est ce que je me dis mais c'est très difficile.

Michèle a dit...

Suis pas tout à fait d'accord avec ton message précédent :

"sa décision de ne pas réussir un cours qu'elle aime me désole mais c'est sa décision en effet et faut que je m'y fasse"

Si sa décision a un impact sur ta vie (sa dépendance financière), je ne vois pas pourquoi il faut que tu t'y fasses.

J'ai beaucoup insisté pour que no 2 parte en appartement. A 20 ans, en sabbatique et en réflexion, je ne pouvais plus la supporter (presqu'un an à "réfléchir").

Elle réfléchit toujours, mais avec 2 emplois pour payer son appartement. Non mais...

C'est ça la vie d'adulte. On réfléchit dans nos temps libres, si on décide de prendre une sabbatique, c'est qu'on a économisé l'argent pour ou on attend la retraite après 40 ans de service.

C'est bien de l'accompagner, de l'encourager, de l'aider, je fais pareil, c'est le rôle des parents pendant toute leur vie.

Nourrir, héberger, nettoyer ? Non.

Juste moi a dit...

Et si elle était "normale" (on s'entend, elle l'est, "normale" mais avec des problématiques" évidentes), laisseriez-vous passer ? Se dire constamment "c'est pas ma faute, c'est parce que..." on appelle ca une béquille. Et la béquille, c'est vous ! J'ai hésité avant de commenter mais à la lecture, c'est plus fort que moi, ce que j'avais en tête c'est : y'a des coups de pieds au cul qui manquent. Mais bon, c'est votre choix (et les siens !)

Une femme libre a dit...

Michèle et Juste moi, `

J'ai déjà essayé de la mettre à la porte. Elle s'est trouvé un mec abuseur qui l'a hébergée et lui a fait un mal considérable que la psychologue essaie de réparer. Elle doit passer des radiographies pulmonaires, cette fois, je lui ai dit où appeler et je ne m'en suis plus mêlé, allant dans ma chambre pour ne pas entendre les appels. Pour réaliser, vu que ça prenait plus d'une heure son truc, qu'on lui avait donné un autre numéro lors du premier appel, qu'elle l'avait mal retranscrit (elle avait écrit un numéro de 11 chiffres! les chiffres pour elle quels qu'ils soient, c'est du chinois) et que c'est ce numéro fictif qu'elle rappelait sans arrêt! Même prendre un rendez-vous, c'est trop pour elle. On ne parle plus de béquille mais bien de handicap réel.

Handicap dont elle est consciente.

Je ne suis cependant pas une martyre et si ce cours ne mène à rien, c'est sa condition de personne handicapée et inapte au travail que je vais essayer de faire reconnaître. Notre vie ensemble va se terminer éventuellement, on se visitera et tout sera plus sain. Elle aura cependant besoin d'aide, mais pas nécessairement de moi. Ni d'un gars abuseur, misère! J'avoue que cette histoire m'a ébranlée. Elle est jolie, elle pogne mais elle ne pogne pas les bons.

Une femme libre a dit...

Mais c'est bien de me brasser un peu, les amies! Merci, ;o)

Une femme libre a dit...

Pour l'instant, elle fait quelque chose. Ce cours est vraiment à temps plein et il serait à temps plus que plein si elle étudiait en plus. Ce n'est pas le cas et de ça, je ne me mêle plus. Qu'elle soit à ne rien faire à mes frais, non, je ne l'accepterais pas à long terme. Cet été, elle n'a rien fait mais elle a vraiment essayé de bonne foi de travailler dans les fermes et on ne l'a appelée qu'une seule journée. Avant ça, elle étudiait à temps plein à Champagnat.

Gen a dit...

En effet, il serait temps que sa condition "inapte au travail" soit reconnue. À son âge, les gens de l'aide sociale se fendraient en 48 morceaux pour lui trouver un semi-bénévolat (un truc qui donne quelques sous de plus aux bénéficiaires de l'aide sociale) intéressant à faire. Elle aurait une occupation valorisante, vous auriez un peu de liberté, vous pourriez l'aider avec ses rendez-vous, etc, sans avoir à la supporter en permanence.

mijo a dit...

Oh mince alors !
C'est de la "paresse" qui cache une trouille de ne pas y arriver ?

Éphémère a dit...

Je ne veux pas ramener à moi, mais je me souviens et je fais ça encore (malheureusement) que plus on me dit quoi faire, moins je le fais. En fait, je ne le fais pas du tout, que ça soit logique ou pas. Juste pour tenir tête et ne pas me faire dire ce que j'ai à faire. Par après, si je trouve que ce qu'on m'a dit avait du sens, je vais probablement le faire mais sans en parler et l'autre personne à intérêt à pas relever.

Je sais qu'elle a des problèmes, mais elle est peut-être butée un peu aussi ? Si vous essayiez une autre technique d'approche, moins directe ?

Une femme libre a dit...

Recevoir de l'aide sociale n'est pas si simple qu'il y paraît. Il y a un devoir de subvenir aux besoins de son enfant et de son parent aussi, c'est légal et si on en a les moyens et que l'enfant n'est pas handicapé, il n'y en aura pas de bien-être. Il faudrait donc qu'elle quitte la maison et même là, le parent est responsable de payer pendant un an avant que l'enfant adulte ne reçoive de l'aide au dernier recours. L'aide pour quelqu'un d'apte au travail, c'est à peu près 600$ par mois. Tu vas pas loin avec ça. Être déclarée inapte au travail quand tu es jeune et en santé, c'est toute une galère. Et même malade, ça ne va pas de soi. Ma plus vieille, schyzophrène qui entend des voix et a les yeux qui révulsent sans avertissement, était déclarée apte au travail jusqu'à ce qu'elle change de psychiatre et d'hôpital. Elle reçoit maintenant trois cents dollars de plus et n'est pas riche avec ça. L'aide sociale, c'est triste et dévalorisant. Tu n'as plus de vie privée, on a accès à ton compte de banque. Je serais vraiment très très triste qu'elle soit là-dessus.

Une femme libre a dit...

Je répondais à Gen plus haut.

Une femme libre a dit...

Éphémère,

Elle est butée, oui et j'ai l'impression qu'elle ne sait pas pourquoi. Elle parle encore beaucoup de son ex-violent. J'en ai pas mal marre de ça aussi. Se rappelle de bons moments. Se demande ce qu'il pense. Je lui réponds "On s'en câlisse de ce qu'il pense!" Je deviens vulgaire quand il est question de lui. Misère!

Ce que je fais de nouveau c'est partir monter la montagne avant que ce ne soit son heure de partir de la maison. Comme ça, je ne lui dis pas tout le temps l'heure, ni qu'elle devrait faire son lunch au lieu de se maquiller, ni qu'il ne lui reste que cinq minutes etc. Je ne suis plus là alors je ne m'en mêle pas.

Gen a dit...

C'est sûr que c'est pas l'idéal l'aide sociale, mais même sans aller jusque là, faire reconnaître maintenant son inaptitude au travail lui assurerait au moins ce minimum-là si un jour il vous arrivait quelque chose.