jeudi 3 avril 2008

Bof!

Je crois que ma déprime d'aujourd'hui d'origine inconnue en a une origine connue. Il y a bien sûr ma grande fille qui a sonné à ma porte tard un soir, ruisselante de larmes. Ma grande fille qui ne pleure jamais qui me sanglotait dans les bras. Je l'ai repoussée pour l'observer. Rien de cassé en apparence du moins. Et puis je l'ai reprise dans mes bras. Tellement rare qu'elle se laisse faire. Son corps est tellement frêle. "Manges-tu?" "Oui", qu'elle me répond à travers son torrent de larmes. Et c'est un bébé, une toute petite fille qui se laisse bercer. Histoire d'argent. Tout son argent. Celui qui était placé pour son avenir, pour ses études. Celui qu'elle a retiré une fois majeure. Elle pouvait, c'était à elle. Flambé le douze mille dollars. Par le chum. Mais le chum la fait vivre depuis longtemps et comme ils ont la philosophie " ce qui est à toi est à moi"... Ils voulaient s'ouvrir un restaurant. Elle s'accrochait à ce rêve. Elle veut que je lui prête de l'argent.

Je suis moins affectée qu'avant par les difficultés de la vie de ma fille aînée. J'ai appris à m'en protéger. Pour ne pas sombrer avec elle. En fait, elle va mal mais tellement mieux que ce que les spécialistes prédisaient. Drogue, prostitution et suicide. Rien de tout cela n'est arrivé.

Il y a aussi l'échec de mes projets de professeure de yoga. J'ai quitté un cours de professeure pour m'inscrire à un autre. Or, le deuxième cours devient de plus en plus hypothétique. Pas assez d'inscriptions. Et puis c'est broche-à-foin, je m'en rendais pourtant compte, mais je mettais le manque d'organisation sur le côté ésotérique de l'école. Je me retrouve le bec à l'eau un peu. C'était mon projet de vie principal. Je tourne en rond, fais du yoga le matin ce qui est très bien mais je ne retrouve plus l'intensité de la pratique de l'école, l'adrénaline et le sentiment extatique d'être vivante et de poursuivre un but.

Et puis aujourd'hui, en accompagnant Voisin à l'hôpital, j'ai vu des travailleuses tellement extraordinaires, efficaces, charmantes, pleines d'humour malgré la difficulté de la tâche. Et je me suis sentie vide et inutile en comparaison. Bon, je sais, il n'en tient qu'à moi. Il n'en tient qu'à moi.

Peut-être les hormones aussi? Commodes les hormones pour les femmes. On peut leur mettre bien des choses sur le dos. Facile.

Je vais aller marcher et courir un peu. Je ne peux pas faire de yoga tout de suite, je viens de manger. Bouger, c'est toujours approprié quand ça ne va pas et quand ça va aussi. Ce qu'il y a de magnifique, ce sont ces journées qui allongent. Il fait même encore soleil.

5 commentaires:

Pur bonheur a dit...

Je suis d'accord! Aller prendre l'air ça met les choses en perspective, on dédramatise et on se revigore. C'est mon remède à moi!
Pour ta fille, franchement c'est avec ses erreurs qu'elle va apprendre...

Lud. a dit...

Les fins d'après-midi ensoleillée qu'on connait cette semaine y sont pour bcp dans notre bien être! Tout comme vous, cela me fait bcp de bien!

Anonyme a dit...

Je comprends, je vis souvent de ces déprimes et pourtant ma vie semble plus simple que la vôtre. J'ai deux filles de 17 et 21 ans, qui vivent encore à la maison. La plus jeune va entrer au cegep l'année prochaine et l'ainée, qui participe à un projet Katimavik jusqu'au mois d'aoûst, va entrer à l'Université à son retour (c'est vous dire qu'elles ne sont pas prêt de nous quitter). Je n'ai pas de problèmes avec eux, ni avec ma femme avec qui je suis depuis bientôt trente-deux ans. J'ai le même emploi depuis trente et un ans, mais comme je suis permanent depuis seulement vingt ans je ne peux prendre de retraite avant au moins huit ans. Bref pas de quoi se plaindre, si on fait abstraction de la dépression que j'ai fais à 38 ans (et que je suis depuis ce temps sur anti-dépresseur), des six opérations, dont deux majeurs, que j'ai eu depuis sept ans, sans compter les traitements de radio-thérapie (j'ai eu un cancer qui semble me laisser en paix maintenant mais qui est quand même parti avec mon nez), et mon père est mort dans mes bras une semaine avant Noël, pendant que j'étais en grève depuis près de deux mois.
Bref...Pourquoi je vous raconte ça au juste?
Ah! Oui. Je voulais dire que ma job commence à me taper sur les nerfs, que ma petite vie de famille sans vagues est plate et monotone, et que j'ai toujours eu une propension à la déprime plus qu'au bonheur..Je compatise donc avec vous, mais ne lâchez pas l'été arrive avec le soleil, les belles soirées...et les canicules évidemment...
Corto

Mamzell_McJ a dit...

oui ce soleil... même derrière les nuages il est là. Il ne faut jamais l'oublier. À l'heure où je vous lis c'est la lune qui me berce. Au retour d'un café... prometteur je l'espère.

Une femme libre a dit...

Tangerine,l'exercice au grand air a en effet des vertus incontestables.

Lud, on sent le printemps dans l'air malgré la neige.

Corto, votre vie est plus simple que la mienne? Pas certaine de ça moi. Vous avez été confronté à la maladie, ce qui est une épreuve considérable. Je suis heureuse que vous l'ayiez vaincue.

Juliette, j'ai hâte que vous nous donniez des nouvelles de ce café prometteur.